Les discussions autour de la circulation des vélos en ville
sont pour moi une éternelle source d’émerveillement surtout que ça finit souvent
en engueulade, comme dimanche midi avec des copains, pendant l’apéro. C’est d’ailleurs
la preuve qu’on ne devrait pas discuter politique après plusieurs verres, les
lascars finissent généralement par manquer de recul alors que j’ai une fâcheuse
tendance à tenir un tantinet la marée, comme on dit…
Peu après cet apéro, je me suis installé en terrasse pour
déjeuner. Il faut savoir que, le dimanche matin, on a un marché, à Bicêtre. Les
trottoirs sont bien encombrés mais la chaussée aussi vu que les commerçants y
garent leurs camionnettes. Un zozo descendait de l’avenue à vélo et s’est pris
des tables de la terrasse en voulant éviter de piétons. Il s’est cassé la
gueule mais est retombé sur sa pédale qui lui a arraché une partie de la peau d’un
mollet, au point qu’il a fallu qu’on appelle les pompiers (qui ont fini par
déléguer à je ne sais quel service de sécurité, genre sous-branche du Samu,
tant ils étaient débordés).
Mes voisins ne comprenaient pas mon hilarité…
Manifestation de cyclistes mécontents car
on les empêche d'écraser les piétons.
La veille au soir, j’étais tombé sur un groupe Facebook tenu
par des clowns du Kremlin-Bicêtre qui gueulaient parce que les pistes cyclables
sur les trottoirs avaient disparu sur une partie de l’Avenue de Fontainebleau
(la Nationale 7). Je leur ai dit que j’étais résident du coin et que la
suppression avait été un grand soulagement. Il se trouve que les cyclistes (et
les abrutis en patinette) roulaient trop vite et activaient leurs sonnettes pour
dégager les piétons sur la zone marquée en bleu puis les engueulaient s’ils ne
bougeaient pas… Il se trouve que, à des endroits, le trottoir laissé à la
disposition des piétons n’était pas assez large pour marcher sereinement à deux
de front…
Ils ont répondu avec des exemples complètement cons, comme
les voitures qui se garaient devant le grand commerce du coin (le Leclerc) pour
charger leurs courses, ce qui est une très grosse connerie vu que la magasin à
un parking (très peu de clients trouvent de la place pour se garer en face de la
grosse échoppe), qu’il y a une rangée d’arbre le long des place de parkings et
qu’il ne venait à l’idée d’aucun piéton d’y circuler dans ce coin, que le
trottoir était très large à cet endroit. Je ne vais pas vous embêter longtemps
avec des particularités locales mais, d’un côté du Leclerc, il y a La Comète et
une terrasse qui empiète sur le trottoir, plus un kiosque à journaux et des foodtrucks
qui s’installent à peu près tous les jours. Plus loin vers Paris, il y a les
trois grands escaliers du métro. Devant Leclerc, il y a la foule le matin à
cause des andouilles qui attendent l’ouverture. De l’autre côté, il y a un
laboratoire d’analyses médicales avec aussi une grosse file d’attente. Ensuite,
il y a un autre bistro avec une terrasse. J’ai oublié ce qu’il y a après mais,
plus loin, on trouve une station-service puis une espèce de commerce avec des
étalages à l’extérieur.
Il est clair qu’il n’y a pas de place à mettre une piste
cyclable sur le trottoir sur « la moitié sud » de l’Avenue…
Les arguments de mes contradictrices (ben oui, j’ai eu à
supporter une volée de gonzesses, ce que je dis sans méchanceté, seulement pour
me foutre de la gueule de mes copines féministes) étaient délirants. Certaines
accusaient la mairie du Bicêtre… Or c’est une route dite, à tort, Nationale vu
qu’elle est départementale mais son entretien et ses trottoirs ne sont pas à la
charge de la municipalité.
Et une des pouffes (là je suis méchant, mais elle m’avait
énervé) m’expliquait qu’il fallait pratiquer le vivre-ensemble et que les
vélos, les piétons et les voitures cohabitent ! Comme si le vivre-ensemble
pouvait s’appliquer à des cyclistes de passage engueulant des piétons qui, eux,
résident ou travaillent dans le quartier.
Le vivre-ensemble a bien été tenté vu que la piste avait été
créée, peinte en bleu et tout ça. Les cyclistes ont refusé de prendre en compte
les besoins des piétons tout comme celui des voitures (celles qui entrent et
sortent des parkings des résidences ou de la station-service). L’arrêt de l’expérience
a été précipité avant qu’un de ces crétins ne provoque un accident.
Je conçois leur désappointement mais il y a des priorités à
choisir. Les vélos peuvent emprunter la voie de bus et ce n’est pas eux les
plus emmerdés mais les voitures qui doivent ralentir quand les bus dépassent
les vélos.
Ces voies cyclables sont parfois une catastrophe. Quand j’allais
souvent à l’hôpital, il fallait que je traverse le terrain que s’étaient
appropriés nos cyclistes pour monter dans le bus. Ces imbéciles ne ralentissaient
jamais. Sans compter les fois où j’étais emmerdé, en prenant le taxi, à cause
des cyclistes qui roulent dans les voies de bus (ce n’est pas spécialement
défendable, je ne vois pas au nom de quoi les taxis auraient une dérogation et
pourraient rouler dans ces machins).
Dans mes discussions facebookiennes j’ai eu le dernier mot,
ce qui est facile. Je n’ai pas à utiliser l’argument suprême : ce n’est
pas à des gens n’habitant pas la commune et n’y passant que deux fois par jour de
décider de ce qu’on faisait de nos trottoirs et le fait qu’ils donnent leur
avis dans des groupes destinés aux Kremlinois est osé !
Rue de Rivoli encombrée par des vélos
A l’apéro, hier, nous étions quatre. Je n’écoutais pas la
discussion mais j’ai été sorti de ma rêverie par Philippe qui a crié « de
toute manière, Hidalgo est une conne », ce qui semble l’argument suprême.
Je me suis donc mis à défendre la politique de la ville de Paris en matière ce
circulation des vélos, ce qui était surréaliste compte tenu de ma position
habituelle à ce sujet.
Aucun des deux n’a une voiture pour circuler dans Paris
alors que les deux y travaillent. L’un y va en scooter et l’autre en transports
en commun. La circulation des scooters est encore la plus facile dans la capitale
même si le stationnement n’est pas facile. Quant aux transports en commun, on a
un des réseaux les plus pratiques du monde, quoiqu’on en dise. D’ailleurs,
celui des deux qui les utilise avait des arguments délirants. Il disait par
exemple que la rue de Rivoli était une catastrophe pour lui qui allait souvent
au Louvre. Je lui ai rappelé qu’il y avait une ligne de métro directe entre
Bicêtre et Palais-Royal. Il m’a répondu qu’il voyait bien que les bus avaient du
mal à circuler depuis qu’il n’y avait plus de voiture mais des vélos ce qui m’a
laissé rêveur…
Il y a des sujets qui font perdre toute objectivité.
Il parlait donc des difficultés qu’il pensait rencontrées
par les autres sans penser à lui ce qui n’en fait pas un Saint pour autant. L’autre
copain avouait également ne ressentir aucune gêne mais imaginait les
difficultés des autres, me parlant d’une rue avec des artisans qui ne pouvaient
plus aller travailler en voiture (il a peut-être raison, je ne connais pas le
coin, mais j’ai tout de même un doute quant à l’absence de solutions apportées par
la mairie).
A un moment de la discussion, je les ai envoyé franchement
chier : vous n’habitez pas Paris, ce n’est pas à vous de décider, de savoir
comment sont utiliser les impôts et tout ça. Après, on peut toujours regretter
le fait que Paris ferme ses portes aux banlieusards mais la question n’est même
pas là.
Au fond, la circulation à Paris a toujours été un beau bordel.
Limiter le nombre de voiture en diminuant les voies utilisables m’a toujours
paru de bon sens.
Le seul truc regrettable est la part belle faite aux vélos
dans la mesure où elle est néfaste pour les cyclistes… Allez trimbaler une
poussette ou une chaise roulante sur un trottoir réduit…
Le plus drôle est qu’un sondage était sorti le matin même
mais ils ne l’avaient pas vu, mes potes. Réalisé auprès des Parisiens, il
montrait qu’ils étaient totalement insatisfaits de la politique d’Anne Hidalgo
mais les questions portaient surtout la propreté et sur les transports en
commun. Il se trouve que la ville a surtout été salle à cause des grèves qui
ont également expliqué les dysfonctionnements.
Il revient à Anne Hidalgo de se débrouiller avec ses
électeurs si elle veut être réélue mais la rendre responsable de tous les
malheurs du monde est pitoyable.
Et les cyclistes qui traversent Bicêtre peuvent aussi s’imaginer
qu’ils seraient mieux reçus s’ils étaient courtois…
J'ai une petite anecdote déjà ancienne (2007) sur les débuts de Velib à Paris. Un de mes amis travaillait chez JC Decaux sur l'appel d'offre de la ville de Paris pour la mise en place et l'exploitation des Vélibs. Quelques mois après le contrat remporté par JC Decaux, je le croise et lui demande si le contrat fonctionne bien. Il me répond que la réalité est assez différente des scénarios prévus pour le modèle économique. Le vandalisme ? lui retorquai-je. Non, ça nous l'avions prévu, sous-estimé peut-être, mais prévu. Quoi alors ? Et bien tout simplement que Paris n'est pas plat et que les parisiens le savent : Ils sont enthousiastes pour prendre les vélos à Montmartre, à l'Etoile, ou à Ménilmontant pour descendre vers la Seine mais préfèrent le bus pour remonter.... et nous, on passe notre temps à remonter les vélos pour qu'ils glissent les pentes de nouveau.
RépondreSupprimerLa Dive
Oui. Je fais beaucoup de vélo (électrique) quand je suis en Bretagne et j’ai souvent des discussions idiotes avec des imbéciles qui pensent que tout est plat,,,
SupprimerTrès bon billet comme les précédents !
RépondreSupprimerLe partage des trottoirs avec les vélos sont devenus mon pire cauchemar. Et comme je n'entends pas leur sonnette et que j'ai essuyé quelques belles insultes, je passe mon temps à vérifier qu'un vélo n'est pas derrière moi.
Sylvie
Merci !
SupprimerOuais. Ca n'a rien à voir mais hier, j'étais en terrasse d'un bistro, c'est une moto qui a failli me rentrer dedans (je ne lui jette pas la pierre, le plan de circulation pour les voitures et les motos est pourris dans le coin : les lascars sont obligés de faire plus d'un kilomètre pour faire demi-tour alors ils choisissent de passer par le trottoir).
Mme Hidalgo sera réélue tant sa politique de stationnement est démagogique : 8 ou 9 euros/semaine en résidentiel, 4/5/6 euros/h pour les visiteurs. Paris est donc plein de voitures scotchées, des essuie-glaces disparaissaient sous les poussières vertes sahariennes de l'année dernière...
RépondreSupprimerIl suffit de voir Londres : rues rouges de bus, pas ou peu de vélos, des taxis en pagaille et un stationnement résidentiel prohibitif.
Non les transports en commun.ne fonctionnent pas bien : voies bus vides, bus énormes bloquant la circulation en tournant à gauche.
Allez observer la porte d'Orléans c'en est presque drôle tellement c'est dingue.
Mais qu’est-ce que j’irai foutre à la Porte d’Orléans ?
SupprimerChez nous, Porte d’Italie, ça fonctionne bien.