En salle

03 juillet 2023

Le petit vélo traverse les villes

 


Les discussions autour de la circulation des vélos en ville sont pour moi une éternelle source d’émerveillement surtout que ça finit souvent en engueulade, comme dimanche midi avec des copains, pendant l’apéro. C’est d’ailleurs la preuve qu’on ne devrait pas discuter politique après plusieurs verres, les lascars finissent généralement par manquer de recul alors que j’ai une fâcheuse tendance à tenir un tantinet la marée, comme on dit…

Peu après cet apéro, je me suis installé en terrasse pour déjeuner. Il faut savoir que, le dimanche matin, on a un marché, à Bicêtre. Les trottoirs sont bien encombrés mais la chaussée aussi vu que les commerçants y garent leurs camionnettes. Un zozo descendait de l’avenue à vélo et s’est pris des tables de la terrasse en voulant éviter de piétons. Il s’est cassé la gueule mais est retombé sur sa pédale qui lui a arraché une partie de la peau d’un mollet, au point qu’il a fallu qu’on appelle les pompiers (qui ont fini par déléguer à je ne sais quel service de sécurité, genre sous-branche du Samu, tant ils étaient débordés).

Mes voisins ne comprenaient pas mon hilarité…

 

Manifestation de cyclistes mécontents car
on les empêche d'écraser les piétons.

La veille au soir, j’étais tombé sur un groupe Facebook tenu par des clowns du Kremlin-Bicêtre qui gueulaient parce que les pistes cyclables sur les trottoirs avaient disparu sur une partie de l’Avenue de Fontainebleau (la Nationale 7). Je leur ai dit que j’étais résident du coin et que la suppression avait été un grand soulagement. Il se trouve que les cyclistes (et les abrutis en patinette) roulaient trop vite et activaient leurs sonnettes pour dégager les piétons sur la zone marquée en bleu puis les engueulaient s’ils ne bougeaient pas… Il se trouve que, à des endroits, le trottoir laissé à la disposition des piétons n’était pas assez large pour marcher sereinement à deux de front…

Ils ont répondu avec des exemples complètement cons, comme les voitures qui se garaient devant le grand commerce du coin (le Leclerc) pour charger leurs courses, ce qui est une très grosse connerie vu que la magasin à un parking (très peu de clients trouvent de la place pour se garer en face de la grosse échoppe), qu’il y a une rangée d’arbre le long des place de parkings et qu’il ne venait à l’idée d’aucun piéton d’y circuler dans ce coin, que le trottoir était très large à cet endroit. Je ne vais pas vous embêter longtemps avec des particularités locales mais, d’un côté du Leclerc, il y a La Comète et une terrasse qui empiète sur le trottoir, plus un kiosque à journaux et des foodtrucks qui s’installent à peu près tous les jours. Plus loin vers Paris, il y a les trois grands escaliers du métro. Devant Leclerc, il y a la foule le matin à cause des andouilles qui attendent l’ouverture. De l’autre côté, il y a un laboratoire d’analyses médicales avec aussi une grosse file d’attente. Ensuite, il y a un autre bistro avec une terrasse. J’ai oublié ce qu’il y a après mais, plus loin, on trouve une station-service puis une espèce de commerce avec des étalages à l’extérieur.

Il est clair qu’il n’y a pas de place à mettre une piste cyclable sur le trottoir sur « la moitié sud » de l’Avenue…

 


Les arguments de mes contradictrices (ben oui, j’ai eu à supporter une volée de gonzesses, ce que je dis sans méchanceté, seulement pour me foutre de la gueule de mes copines féministes) étaient délirants. Certaines accusaient la mairie du Bicêtre… Or c’est une route dite, à tort, Nationale vu qu’elle est départementale mais son entretien et ses trottoirs ne sont pas à la charge de la municipalité.

Et une des pouffes (là je suis méchant, mais elle m’avait énervé) m’expliquait qu’il fallait pratiquer le vivre-ensemble et que les vélos, les piétons et les voitures cohabitent ! Comme si le vivre-ensemble pouvait s’appliquer à des cyclistes de passage engueulant des piétons qui, eux, résident ou travaillent dans le quartier.

Le vivre-ensemble a bien été tenté vu que la piste avait été créée, peinte en bleu et tout ça. Les cyclistes ont refusé de prendre en compte les besoins des piétons tout comme celui des voitures (celles qui entrent et sortent des parkings des résidences ou de la station-service). L’arrêt de l’expérience a été précipité avant qu’un de ces crétins ne provoque un accident.

 

Je conçois leur désappointement mais il y a des priorités à choisir. Les vélos peuvent emprunter la voie de bus et ce n’est pas eux les plus emmerdés mais les voitures qui doivent ralentir quand les bus dépassent les vélos.

Ces voies cyclables sont parfois une catastrophe. Quand j’allais souvent à l’hôpital, il fallait que je traverse le terrain que s’étaient appropriés nos cyclistes pour monter dans le bus. Ces imbéciles ne ralentissaient jamais. Sans compter les fois où j’étais emmerdé, en prenant le taxi, à cause des cyclistes qui roulent dans les voies de bus (ce n’est pas spécialement défendable, je ne vois pas au nom de quoi les taxis auraient une dérogation et pourraient rouler dans ces machins).

Dans mes discussions facebookiennes j’ai eu le dernier mot, ce qui est facile. Je n’ai pas à utiliser l’argument suprême : ce n’est pas à des gens n’habitant pas la commune et n’y passant que deux fois par jour de décider de ce qu’on faisait de nos trottoirs et le fait qu’ils donnent leur avis dans des groupes destinés aux Kremlinois est osé !

 

Rue de Rivoli encombrée par des vélos

A l’apéro, hier, nous étions quatre. Je n’écoutais pas la discussion mais j’ai été sorti de ma rêverie par Philippe qui a crié « de toute manière, Hidalgo est une conne », ce qui semble l’argument suprême. Je me suis donc mis à défendre la politique de la ville de Paris en matière ce circulation des vélos, ce qui était surréaliste compte tenu de ma position habituelle à ce sujet.

Aucun des deux n’a une voiture pour circuler dans Paris alors que les deux y travaillent. L’un y va en scooter et l’autre en transports en commun. La circulation des scooters est encore la plus facile dans la capitale même si le stationnement n’est pas facile. Quant aux transports en commun, on a un des réseaux les plus pratiques du monde, quoiqu’on en dise. D’ailleurs, celui des deux qui les utilise avait des arguments délirants. Il disait par exemple que la rue de Rivoli était une catastrophe pour lui qui allait souvent au Louvre. Je lui ai rappelé qu’il y avait une ligne de métro directe entre Bicêtre et Palais-Royal. Il m’a répondu qu’il voyait bien que les bus avaient du mal à circuler depuis qu’il n’y avait plus de voiture mais des vélos ce qui m’a laissé rêveur…

Il y a des sujets qui font perdre toute objectivité.

Il parlait donc des difficultés qu’il pensait rencontrées par les autres sans penser à lui ce qui n’en fait pas un Saint pour autant. L’autre copain avouait également ne ressentir aucune gêne mais imaginait les difficultés des autres, me parlant d’une rue avec des artisans qui ne pouvaient plus aller travailler en voiture (il a peut-être raison, je ne connais pas le coin, mais j’ai tout de même un doute quant à l’absence de solutions apportées par la mairie).

A un moment de la discussion, je les ai envoyé franchement chier : vous n’habitez pas Paris, ce n’est pas à vous de décider, de savoir comment sont utiliser les impôts et tout ça. Après, on peut toujours regretter le fait que Paris ferme ses portes aux banlieusards mais la question n’est même pas là.

Au fond, la circulation à Paris a toujours été un beau bordel. Limiter le nombre de voiture en diminuant les voies utilisables m’a toujours paru de bon sens.

Le seul truc regrettable est la part belle faite aux vélos dans la mesure où elle est néfaste pour les cyclistes… Allez trimbaler une poussette ou une chaise roulante sur un trottoir réduit…

 


Le plus drôle est qu’un sondage était sorti le matin même mais ils ne l’avaient pas vu, mes potes. Réalisé auprès des Parisiens, il montrait qu’ils étaient totalement insatisfaits de la politique d’Anne Hidalgo mais les questions portaient surtout la propreté et sur les transports en commun. Il se trouve que la ville a surtout été salle à cause des grèves qui ont également expliqué les dysfonctionnements.

Il revient à Anne Hidalgo de se débrouiller avec ses électeurs si elle veut être réélue mais la rendre responsable de tous les malheurs du monde est pitoyable.

Et les cyclistes qui traversent Bicêtre peuvent aussi s’imaginer qu’ils seraient mieux reçus s’ils étaient courtois…

6 commentaires:

  1. J'ai une petite anecdote déjà ancienne (2007) sur les débuts de Velib à Paris. Un de mes amis travaillait chez JC Decaux sur l'appel d'offre de la ville de Paris pour la mise en place et l'exploitation des Vélibs. Quelques mois après le contrat remporté par JC Decaux, je le croise et lui demande si le contrat fonctionne bien. Il me répond que la réalité est assez différente des scénarios prévus pour le modèle économique. Le vandalisme ? lui retorquai-je. Non, ça nous l'avions prévu, sous-estimé peut-être, mais prévu. Quoi alors ? Et bien tout simplement que Paris n'est pas plat et que les parisiens le savent : Ils sont enthousiastes pour prendre les vélos à Montmartre, à l'Etoile, ou à Ménilmontant pour descendre vers la Seine mais préfèrent le bus pour remonter.... et nous, on passe notre temps à remonter les vélos pour qu'ils glissent les pentes de nouveau.

    La Dive

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    1. Oui. Je fais beaucoup de vélo (électrique) quand je suis en Bretagne et j’ai souvent des discussions idiotes avec des imbéciles qui pensent que tout est plat,,,

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  2. Très bon billet comme les précédents !
    Le partage des trottoirs avec les vélos sont devenus mon pire cauchemar. Et comme je n'entends pas leur sonnette et que j'ai essuyé quelques belles insultes, je passe mon temps à vérifier qu'un vélo n'est pas derrière moi.
    Sylvie

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    1. Merci !

      Ouais. Ca n'a rien à voir mais hier, j'étais en terrasse d'un bistro, c'est une moto qui a failli me rentrer dedans (je ne lui jette pas la pierre, le plan de circulation pour les voitures et les motos est pourris dans le coin : les lascars sont obligés de faire plus d'un kilomètre pour faire demi-tour alors ils choisissent de passer par le trottoir).

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  3. Mme Hidalgo sera réélue tant sa politique de stationnement est démagogique : 8 ou 9 euros/semaine en résidentiel, 4/5/6 euros/h pour les visiteurs. Paris est donc plein de voitures scotchées, des essuie-glaces disparaissaient sous les poussières vertes sahariennes de l'année dernière...
    Il suffit de voir Londres : rues rouges de bus, pas ou peu de vélos, des taxis en pagaille et un stationnement résidentiel prohibitif.
    Non les transports en commun.ne fonctionnent pas bien : voies bus vides, bus énormes bloquant la circulation en tournant à gauche.
    Allez observer la porte d'Orléans c'en est presque drôle tellement c'est dingue.

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    1. Mais qu’est-ce que j’irai foutre à la Porte d’Orléans ?

      Chez nous, Porte d’Italie, ça fonctionne bien.

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