Hier, nous avons fini le règlement la succession de ma mère.
Comme tous les sujets personnels, je l’ai plus évoqué dans Facebook que dans le
blog. Je parlais récemment de ces « sujets personnels » dans ce
réseau avec une copine alors qu’elle venait d’en évoquer un qui la touchait et
nous avons brièvement « philosopher » à ce propos. Quel degré d’intimité
pouvons-nous avoir ? Beaucoup de gens pensent que j’en dis beaucoup… mais
tout est relatif. Par exemple, il y a un an (et un jour), je sortais de l’hôpital
où je m’étais fait enlever un bête cancer dans les éponges et peu de mes
interlocuteurs savaient, avant l’opération, pourquoi j’allais passer sur le
billard.
Certains n’aiment pas parler d’eux, d’autres aiment diffuser
des photos, beaucoup ne sont pas doués (entre nous, je ne pense pas être très
mauvais pour mettre une couche d’émotion ou d’humour). Il y en a même qui ne se
rendent pas compte du ridicule. Par exemple, des tripotés d’andouilles ont
récemment annoncé fièrement que leur progéniture avait eu la mention assez bien
au machin qu’on appelait le BEPC avant que je n’arrive en troisième. Ils
auraient mieux fait de la fermer alors que ce brevet idiot est dorénavant
distribué dans des pochettes surprises (il y a d’autres couches, comme la
méchanceté gratuite et c’est assez rigolo).
Toujours est-il que, hier, après avoir signé chez le
notaire, on s’est retrouvé dans ce qui avait été pendant plus de 60 ans (64, je
crois), la résidence familiale mais qui était devenu, officiellement à 15h30,
ma résidence secondaire. Quand mon frère et ma sœur sont partis, avant l’aller
au bistro pour arroser ça avec mes copains, j’ai publié dans Facebook : « Tous papiers signés. Me voila propriétaire de la maison.
Ca devrait s'arroser mais je suis encore tout chose. Une belle page qui se
tourne. »
La seule chose importante est que j’ai presque atteint mon
record de « likes » (ce matin, j’approche les 70). Cela étant,
quelques réactions s’imposent. Il y a eu 39 « likes simples » (le
fameux « pousse levé », comme quand on fait du stop), 21 émojis « solidarité »
(l’espèce de soleil à visage vaguement humain qui tient un cœur dans ses mains
devant sa tronche) et 8 cœurs (tout court). Si j’avais vu cette publication, j’aurais
mis un émoji solidarité (de toute manière, on ne comprend pas trop ce que le
lascar – moi – a voulu dire mais comme il parle de page qui se tourne, il doit
cherche du soutien). Mais on n’en sait rien (je peux vous assurer que je ne
cherche aucun soutien, c’est une espèce de réflexe, pour moi, de dire des trucs
dans les réseaux sociaux). S’interroger est pourtant bien naturel mais comme je
ne sais pas, moi-même, pourquoi j’écris des trucs, vous pouvez philosopher.
Ah ! Si ! Je sais. Tout tient dans les deux
premières phrases. J’informe mes proches (les amis de la vraie vie) que les
démarches sont terminées. Les deux dernières sont là pour broder. Ca me fait
passer pour quelqu’un de sympathique alors que je suis quelqu’un de
sympathique. Les gens qui ne me connaissent pas n’ont, j’espère, rien à cirer
du fait que je sois maintenant propriétaire d’une maison. Regardez bien ce que
vous écrivez.
Il y a ceux qui font des publications pour l’anniversaire de
leur chien. Ceux qui ne pensent à rien d’autres qu’à pondre des citations d’incultes
(un exemple relevé à l’instant : « Tout
est possible à qui rêve, ose, travaille et n’abandonne jamais. » ;
j’ai corrigé les fautes de ponctuation)…
La lecture des commentaires est instructive. Une vieille
copine de blog (au moins 15 ans que je la connais) me dit « feliz ».
Je suppose que c’est un diminutif de « félicitations ». Au fond, dans
la publication, pouvait-elle savoir que la « page qui se tourne »
faisait référence à la fin de la période de gestion administrative de la mort
de ma mère… Me féliciter pour ça…
Un autre, que je ne connais pas, mais qui lit souvent mes
publications – béni soit-il – dit : « C'est
bien de pouvoir garder une maison de famille...c'est de plus en plus
rare...malgré la pelouse et tout ça. » Le fait de garder la maison
de famille n’entre absolument pas dans mes préoccupations. Il faut être pragmatique.
C’est plus simple ainsi. Je reparlerai de la pelouse.
Une autre (plus rencontrée dans Twitter, que j’ai déjà vu
deux ou trois fois) : « Tu y seras chez
toi et c’est bien. J’ai compris de tes précédents posts qu’il fallait refaire
la déco ». Je m’y sens chez moi depuis 57 ans. La déco n’est à
refaire qu’à la marge et comme je suis une grosse fainéasse, je suppose que je
vais renoncer à une partie.
Une autre (que je connais aussi) : « Je ne sais si dans ces circonstances on dit Mabrouk ».
On n’adresse pas une bénédiction à un athée qui vient de perdre sa mère. La
réponse est donc négative.
Un copain (jamais vu mais on a bien sympathisé dans les
réseaux) : « Mes félicitations Nicolas
c’est un beau symbole et une belle preuve d’amour. » J’ai déjà dit
ce que je pensais des félicitations. Quant à la preuve d’amour, elle est simple :
maintenant que ma mère « n’est plus là », je vais pouvoir entretenir
ce bordel comme je le veux et sans faire attention à une mauvaise herbe qui
dépasse.
Une « dame » (avec qui change parfois dans les
trucs) : « Et quel bonheur que de passer
sa future retraite à Loudeac ! » Honnêtement, c’est plutôt l’horreur
(d’ailleurs, je n’ai pas assez dit ma haine des gens qui ne pensent qu’à leur
retraite au sujet de la réforme du même nom ; ce que je veux, c’est arrêté
les contraintes liés à la nécessité de me lever tous les matins pour gagner du
pognon, pas de vivre heureux en attendant la mort).
Une amie proche (sans doute celle que je connais le mieux) :
« Ça s'arrose alors ». C’est à peu
près la seule à avoir trouver les mots justes (et je ne déconne pas : ce n’est
pas qu’une référence à la picole, mais une lecture attentive de ma publication.
Je traduis : laisse tomber la page qui se tourne, va voir tes potes au
bistro).
Une autre dame (que je connais un peu via ce bordel) me dit :
« Super ! ». Oui, ma mère est
morte et je peux l’oublier ?
Une inconnue : « Félicitations
je vous souhaite de tout cœur d'y passer de bonnes heures, que la maison de
votre maman reste dans votre famille c'est bien. » J’ai déjà parlé
des félicitations et mais le souhait qui suit est très sympathique. Pour le
reste, ma mère voulait vendre la maison pour payer sa maison de retraite et n’ayant
moi-même pas d’enfant, le fait que la baraque reste dans la famille n’a aucune
importance et ne durera pas. Ce n’est pas un manoir bicentenaire, tout de même.
Dagrouik (celui que je vois le plus souvent et depuis le
plus longtemps dans ma bande de potes des blogs) : « te voilà responsable a 100% de la pelouse ! »
C’est parfait.
Tiens ! Je vais en profiter de parler de ma pelouse.
Figurez-vous que j’ai absolument horreur de tous les travaux manuels dont l’entretien
du jardin. Mais comme c’est une nécessité, il faut bien que je m’y colle. Au
début, je le faisais pour éviter la honte à ma mère qui, elle, adorait ça et se
faisait un principe d’avoir un jardin parfait. A la longue, je finis par
entretenir le jardin par égard pour les voisins qui doivent supporter sa vue
mais vivre dans une espèce de brousse ne me dérange pas. Sauf d’avoir des
ronces qui poussent où je passe à vélo : ça pourrait crever les roues. Et
j’aime bien les trucs colorés, donc les fleurs (heureusement que je n’aime pas
les artificielles).
Parler des travaux que je fais dans Facebook est une façon
de me « passer les nerfs » ou de m’accorder un satisfecit. C’est idiot
mais je n’ai jamais prétendu le contraire.
Revenons à nos commentaires.
Une autre (que je connais de Facebook mais je crois que je
la croisais aussi dans un autre réseau que j’ai oublié, peut-être même un jeu, je
dirais bien « Jelly Splash ») « Félicitations,
à vous les joues du jardinage ». Je me suis foutu de sa gueule pour
la faute. Mais pour le jardinage, heu…
Je vais en passer quelques-uns dont mon cousin qui exige une
crémaillère (pour rigoler : il connaissait la maison avant moi).
Une copine (au sens RS du terme, je ne l’ai vu qu’une fois,
dans un bistro à La Défense) : « Après le
décès d’un parent, le passage chez le notaire, la transmission de biens
immobiliers, c’est une page qui se tourne. Ma sœur et moi avons eu l’impression
que notre vie avait basculé, c’est un nouvel équilibre à trouver. C’est un gros
changement, tu as désormais la maison dans laquelle tu vas passer ta retraite… »
Il y a du juste. L’équilibre est purement psychologique (ça fait un bout de
temps que j’ai plus la responsabilité de la maison que les autres ce qui est
une façon de parler) et il n’y a pas grand-chose à trouver. Sinon, je conchie
la propriété sauf que ça évite de payer un loyer et je me fous un peu de la
retraite que je passerai en partie à Paris, ça bouge quand même plus. Par
contre, c’est plus qu’un gros changement…
Un copain des RS : « Cela
doit être apaisant de savoir que tu peux te retrouver, quand tu le souhaites,
dans cet endroit chargé de ton histoire personnelle, je suppose ? »
J’ai assez peu de mémoire pour ne pas être sensible à mon histoire personnelle.
Qui est plus liée à des comptoirs de bistro, d’ailleurs.
Une bonne copine (connue dans les RS et passée dans la vraie
vie) : « C’est compliqué à gérer.
Apporter les changements nécessaires avec un sentiment de trahison. »
Il n’y a pas de sentiment de trahison pour les changements. Il est ailleurs !
Je vais raconter une anecdote, de celles sans intérêt que j’aime
bien lancer dans Facebook.
Hier, comme nous avions rendez-vous chez le notaire, ma sœur
et ma nièce sont venues manger à la maison et c’est elles qui devaient préparer
le repas (j’ai mis un « s » à « elles » pour faire joli).
Comme j’avais bossé comme un fou, le matin, je n’avais pas eu le temps de faire
ma vaisselle de la veille (et de l’avant-veille, j’avoue), je l’ai faite en
papotant pendant la préparation. Elles voulaient ajouter du riz et j’ai dit que
j’avais un sachet neuf. J’ai alors constaté que je n’avais plus de pates sauf
celles dans les bocaux où les rangeait ma mère. Je ne les utilisais jamais vu
que je suis incapable de juger de la cuisson : il me faut donc le paquet
avec la durée de cuisson.
Je crois que c’est ma sœur, en se foutant de ma gueule, qui
m’a fait penser qu’elles étaient probablement périmées. Alors, je les ai
foutues à la poubelle et ai lavé les bocaux (comme si j’allais faire de la
confiture…).
Voila la trahison : abandonner le principe de
classement des nouilles et les espèces de trucs tout plats qu’elle me faisait.
Il faut toujours broder, dans les anecdotes. Voire raconter des
contres anecdotes. Avant de partir, ma nièce a voulu boire un jus de fruit. Je
n’en avais pas à part des jus de tomate et je leur ai suggéré des les emporter
avec elles vu que je n’aime pas ça. Ma sœur m’a dit qu’ils étaient sans doute
périmés (comme les pates) alors que je les pensais récent. Elle avait raison. J’ai
donc vidé les bouteilles en verre (et les ai lavées, c’est un réflexe idiot et
peu écologique). Elles sont parties et je suis allé les saluer. C’est en
voulant faire mon café, ce matin, que j’ai constaté que l’évier était couvert
de jus de tomate…
D’un autre côté, ça tombe bien, j’ai fini avec les
commentaires de ma publication Facebook. Il ne me reste plus qu'à trouver un titre idiot pour ce billet. Qui ne fasse pas hommage à Kandera : vous m'avez gonflé, je pensais qu'il était déjà mort et vous ne parlez dans Facebook que d'un seul des livres qu'il a pondu que vous ne connaissez que parce qu'un film en a été tiré.
Milan sans remous ? Ou ce con de Milan ? L'insupportable légèreté de ma tondeuse à gazon ?
En tant qu'incorrigible sympathisant communiste, vous auriez pu tenter, en titre : Milan globalement positif.
RépondreSupprimerDG
Faites pas attention au Kandera-Thon !
SupprimerKundera, et non Kandera, bordel !
SupprimerOups.
SupprimerMais comme mon commentaire n’est pas signé on ne sait pas qui a fait la faute.
Et on ne sait pas non plus qui vous l'a fait lourdement remarquer…
SupprimerMais vous parlez à qui ?
SupprimerA celui dont on ne saura jamais qui il est…
SupprimerD'ailleurs, sait-on jamais à qui l'on parle ?
Est-ce vraiment important ?
SupprimerNJ
J'ai fais pareil pour le riz et les nouilles.
RépondreSupprimerJ'ai trouvé aussi des Heineken de 2006 que j'ai vidé dans les fleurs.Meme si en theorie ça se périme pas.
C'est un moment spécial en tout cas.
Comme un jalon pour ma part.
La bière s’évente, tout de même.
SupprimerNicolas
C'est bien gentil tout ça, mais c'est quand qu'on est invité à faire la fiesta en Bretagne?
RépondreSupprimerTu viens quand tu veux. Je fournis le taille haie et la tondeuse.
Supprimerah non ! je serai bien incapable de faire mal au moindre brin d'herbe. laissez-les vivre !
Supprimer