En salle

27 juillet 2023

Mélenchon, ce looser électoral

 


Depuis la création de la Nupes, je dis dans ce blog que c’est une mauvaise stratégie électorale. J’avais – et j’ai toujours – deux arguments essentiels. La premier c’est qu’une totale union de la gauche n’a jamais permis de gagner des élections nationales dans les cent dernières années (je ne suis pas remonté plus loin, mais cela inclus bien le Front Populaire, contrairement à ce que disent beaucoup de défenseur de cette alliance). Le deuxième est qu’une personne opposée à une des composantes ou des volets du programme (comme moi avec le nucléaire) ne votera jamais pour un candidat la représentant. Un élément de preuve pourrait être apportée par les récents sondages pour des présidentielles (le cumul des candidatures diversifiées de gauche fait un tiers de voix en plus qu’un candidat unique).

Cette stratégie est portée par Jean-Luc Mélenchon mais il n’a été élu qu’une fois en son nom propre dans toute sa carrière : c’est donc un mauvais stratège.

La seule fois était en 2017 à Marseille, dans une circonscription acquise à la gauche, dans une période d’extrême faiblesse des autres formations de gauche dans l’élection présidentielle qui a précédé alors qu’il avait eu une très bonne exposition pendant la campagne correspondante. Cela étant, il avait été parachuté. Auparavant, il avait été élu (sur un scrutin de liste) en région parisienne. Il me semble qu’il habite Paris et sa présente candidature était dans ce qui est devenu les « Hauts-de-France ». On ne peut donc pas dire que cette seule victoire est due au mérite…

Pour être objectif, il avait été élu deux fois Conseiller général mais ce n’est pas une élection nationale.

 


N'allez pas voir une critique de la personne, je me limite à la stratégie. Pour le reste, il est un excellent orateur, je partage ses positions et c’est, cerise sur le bateau, le seul leader politique à avoir pu me convaincre au sujet de la politique migratoire dans un discours.

Parmi ces erreurs de stratégie, il n’y a pas que ces histoires électoralistes. Il y a une posture qui le fait passer pour étant en marge de la République, à la limite du clientélisme. A un niveau électoral, le résultat est mortel si je puis dire : en qualifiant la loi sur les conditions d’usage par la police de « permis de tuer », il se met fatalement une partie de la population à dos. A un niveau programmatique, il y a ce dont je parlais plus haut, le nucléaire, qui est rédhibitoire pour certains. Notre Méluche gagnerait à mettre un peu d’eau dans son vin s’il veut que sa formation arrive au pouvoir et arrive à mettre en place une large partie de son projet.

On pourrait aussi parler de guignolades diverses comme le slogan de la Nupes aux législatives qui visait à proposer aux électeurs de voter pour Mélenchon comme premier ministre.

On peut discuter de la justification de ces points, la nécessité de changer la loi pour l’usage des armes par les forces de l’ordre, le nucléaire… Il n’empêche est que la vérité est que cela fait fuir les électeurs.

 


La gauche n’oublie jamais de s’indigner. Il y a eu, il y a quelques jours, le bordel autour du chef de la Police nationale Frédéric Veaux, soutenu par le préfet de police de Paris, Laurent Nunez. Il a dit : « qu’avant un éventuel procès, un policier n’a pas sa place en prison. » Certains ont prétendu qu’il contrevenait à la séparation des pouvoirs (ce qui est n’importe quoi, il n’a pas envoyé la police pour libérer le type) et au devoir de réserve (ce qui est aussi n’importe quoi : il n’aurait pas respecté le devoir de réserve, par exemple, s’il avait dénigré son institution). En fait, il y a deux aspects qui auraient dû être pris en compte. D’une part, il y a la présomption d’innocence et le fait que cela s’applique à tout le monde : on n’a pas à mettre en prison un type qui ne présente pas spécialement de danger tant qu’il n’a pas été jugé. D’autre part, il y un chef qui défend un subordonné mis en cause par la justice pour des actions faites dans le cadre de son métier. C’est un peu la moindre des choses. Voir des gens de gauche expliquer qu’un patron ne devrait pas défendre ses subordonnés est assez rigolo, tout comme, d’ailleurs, ces histoires d’arrêts de maladie.

On peut évidemment en discuter mais ce n’est pas l’objet de mon billet. Cependant, il y a plus des trois-quarts des Français qui soutiennent la police selon les sondages. Aller contre trois quarts des électeurs quand on aspire à gagner des élections nationales n’est pas très fin.

Et si Jean-Luc Mélenchon (c’est quand même l’objet de mon billet…) avait le moindre sens politique (autre que révolutionnaire…), il aurait sifflé la fin du match. Ce n’est pas le tout de voir ses proches se parler entre eux dans Twitter… Ca ne fait pas un victoire.

Et, en fin de compte, c’est Nunez qui l’a sifflé en appelant ses troupes à se calmer. Il a fait son job.

 

Il y a eu des élections, récemment, en Espagne. Je ne sais pas où ils en sont de la constitution d’un gouvernement, mais elles ont montré que la gauche pouvait gagner. Et Olivier Faure l’a tweeté : « Nous venons de vivre une élection législative en Espagne qui devrait nous inspirer. Le @PSOE, le PS espagnol, et @sumar, la gauche radicale, sont alliés dans une coalition au gouvernement et sont partis chacun sous leurs couleurs aux élections législatives. »

Non seulement il a parfaitement raison mais, en plus, c’est purement factuel.

 

Jean-Luc Mélenchon lui a répondu : « Olivier Faure raconte des histoires. Le système électoral espagnol est complètement différent. À l'heure du danger, de tels conseils sont désastreux. »

Il ment. Point. Olivier Faure n’a pas raconté des histoires mais relaté la vérité. Et il n’a pas prodigué de conseil. Le système électoral est effectivement différent et l’on pourrait en discuter mais, au fond, vous connaissez ma position. Si le scrutin était « de liste », chez nous, la gauche, par sa diversité, aurait plus d’élus et donc plus de facilité à participer à un gouvernement.

 


Toujours est-il que je ne pense pas qu’il soit très judicieux d’envoyer un tel boulet dans la tronche du chef d’un parti politique, celui à gauche qui a le plus d’élus locaux, qui le soutien, alors que seuls à peu près la moitié des membres soutiennent le chef en question quand il souligne une stratégie gagnante, proche de celle souhaités par ses opposants internes.

Olivier Faure a fait de la politique. Jean-Luc Mélenchon a voulu le torpiller.

Il ne sait faire que ça et la majorité des socialistes ne l’oubliera pas. Notamment vu que les prochains scrutins sont plus favorables au PS qu’à LFI.

 

Ou alors Mélenchon a voulu sauver le PS. Gloire à lui.

Notons par ailleurs, pour rebondir sur mon avant dernier billet, c'est encore un type de la gauche radical qui tape sur les autres. Pas le contraire.

3 commentaires:

  1. J'étais en train d'écrire un billet sur Mélenchon (enfin, en train d'écrire, ça fait une semaine qui j'y suis dessus). Tu me motives pour le terminer et le mettre en ligne.

    De toutes manières les outrances de cet homme et des disciples de sa secte auront réussi à le hisser au niveau de Jean-Marie Le Pen dans l'histoire. Il aura laissé une trace...

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    1. Courage et au boulot !

      Oui, il a des outrances. Il a parfois, par contre des propos très bien. Je parle dans mon billet, je crois, d'un discours sur l'immigration. Je suis tombé, pendant la sieste, d'une allocution au parlement du temps où il était député. Il parlait des racines chrétiennes de la France que certains, à droite, voulaient inscrire dans la Constitution. Il était très bien. (évidemment, tu ne serais pas d'accord, mais ton cher pont du Gard n'a pas été construit pas des chrétiens, non plus...).

      Donc, parfois, il est très bien. C'est sur certains sujet qu'il part en vrille, ce qui le rend évidemment détestable.

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    2. Fais gaffe, il parait aussi que Jean-Marie Le Pen a des fois des propos top :) (un jour de beau temps, il a fait remarquer qu'on était mieux dehors que dedans) :)

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