Dans un
article, Challenges revient sur la stratégie de Jean-Luc Mélenchon (lisez-le
donc, je ne vais pas me fatiguer à résumer) notamment pour les Européennes vu
qu’il commencer à défendre Ségolène Royal puis l’a laissée tomber comme une
vieille capote. Voila un extrait de la conclusion : « À gauche, la politique reste un sport de combat, mais un
combat interne, une lutte fratricide. Le camp macroniste, la droite et
l’extrême droite observent la scène non sans délectation. Les électeurs de
gauche, eux, sont accablés. On le serait à moins. »
Ce n’est pas faux…
Néanmoins, je vais rassurer le sympathique (je suppose)
rédacteur : j’ai dépassé le stade de l’accablement. Je suis même redevenu
serein et stoïque… Ca date de la campagne pour la présidentielle de 2017, quand
j’ai vu que le Parti Socialiste ne se battait même plus (d’ailleurs, la fin de
l’article de Challenges évoque Benoît Hamon comme nouveau pion dans la
stratégie de Méluche). Il y a eu plusieurs phases, avant. Honnêtement, quand j’ai
vu les images de François Hollande aller prendre le TGV pour partir en congés,
j’ai compris que ça allait partir en vrille. Il y a eu, ensuite, les pigeons, l’affaire
Cahuzac, la courbe qui refusait méthodiquement de s’inverser et, surtout, les
frondeurs. Chacun de ses événements est de nature différente mais on peut les
observer avec un œil précis. Par exemple, François Hollande n’est pas
responsable de l’affaire Cahuzac et a même eu raison de lui faire confiance. Il
n’empêche que c’est surtout la gauche qui est tombé sur l’ex-ministre et,
honnêtement, j’ai vécu comme une trahison le fait d’avoir le ministre en charge
de la lutte contre la fraude fiscale se faire prendre la main dans le sac.
Les frondeurs ont marqué une étape. Peu importe de savoir
qui est responsable mais voir que le parti et ses chefs étaient incapables de
se ranger pendant cinq ans devant celui qui a été élu chef m’a accablé.
Parallèlement, on a eu l’affaire de la déchéance de nationalité. François
Hollande avait choisi un geste de réconciliation nationale mais il s’est fait
trainer dans la boue par la gauche.
La gauche conne, devrais-je dire. Ils disaient que c’était
une proposition de droite alors que la question n’était pas là (sans compter
que défendre la nationalité n’est pas franchement un truc de gauche) et que
virer du territoire un type qui cherche à la détruire n’est pas spécialement
idiot. Cette gauche conne s’est mise à tout politiser selon des a priori
théorique. Admettez que c’est accablant.
Vers 2016, on a compris que François Hollande ne pourrait
pas être réélu ce qui n’était pas surprenant (jamais un président n’avait été réélu
hors phases de cohabitation) donc pas accablant… La deuxième phrase d’accablement
est venue plus tard. Peut-être pendant la campagne de 2017, comme je le disais.
La primaire avait marqué la fin de la social-démocratie ou du « centrisme
de gauche ». Son représentant le plus fort était Manuel Valls mais ce
pitre insipide, hautain et prétentieux devait être viré. J’ai d’ailleurs fait
la campagne de Benoît Hamon, à mon modeste niveau, vu que ces idées me
paraissaient intéressantes (je n’ai pas voté pour autant). Quand j’ai vu,
ensuite, qu’il ne faisait pas campagne pour la présidentielle, je me suis
décidé à voter pour Emmanuel Macron d’une part parce que j’avais encore l’espoir
qu’il soit un peu à gauche et d’autre part parce que c’était encore la
meilleure des solutions pour éliminer François Fillon.
Après l’élection de Macron, l’accablement a continué. La
logique électorale aurait voulu que le centre gauche se rapproche intelligemment
de Macron (et pas opportunément, comme beaucoup ont fait). Au fond, ses
électeurs venaient essentiellement du centre (au sens bayrouesque du terme) et
de la gauche. Les partis de gauche sont pourtant entrés dans une franche
opposition malgré quelques tentatives de fédération de « macronistes de
gauche », toutes risibles.
Je ne veux pas refaire l’histoire ou faire un procès. Au
fond, Macron a progressivement commencé à faire une politique plutôt à droite, ce
qu’il n’aurait sans doute pas pu faire s’il avait réellement eu des alliés à
gauche. Ce que je veux, c’est montrer les raisons de mon accablement vu que j’ai
compris, disons fin 2017, que la gauche de gouvernement était durablement dans
les choux. Aucun procès, je dis. Par exemple, je parle des alliés de gauche et
certains auront lu « traitres » mais j’aurais pu en faire partie,
étant beaucoup plus proche de Macron que de la gauche radicale.
Pendant les deux ans qui ont suivi, disons jusqu’à fin 2019,
il y a eu une autre phase avec deux faits que je tiens à souligner et qui ont marqué,
pour moi, la fin du Parti Socialiste. Il y a eu, d’abord, le fait que le Parti
Socialiste aille chercher une tête de liste pour les Européennes à l’extérieur.
Il y a eu, ensuite, le constat que le parti serait incapable de faire un
inventaire public et positif du quinquennat d’Hollande. J’insiste sur le terme « positif »
car on pourrait penser le contraire. Il n’empêche que la communication
politique voudrait que l’on n’explique aux électeurs qu’on est nul. Les
socialos ont échoué, collectivement. Ils n’ont fait que confirmer qu’ils
étaient incompétents. Leurs bisbilles pendant le quinquennat avaient perturbé
les électeurs (c’est pour ça que je soulignais l’importance de suivre le chef
élu) et cerise sur le gâteau, ils étaient incapables de prendre un graphique,
dans Google Image pour montrer que l’inversion de la courbe a réellement eu
lieu à la suite de mesures, certes controversées, prises vers 2015.
Le fait que l’on soit actuellement dans la plus longue phase
de baisse du chômage depuis très longtemps ne me fera jamais rougir même si tous
les indicateurs ne sont pas au beau fixe.
Ainsi, ça fait quatre bonnes années que je n’ai plus d’accablement.
Mon blog est parti en jachère (regardez le nombre de billets par an, dans ma
colonne de gauche) même s’il est un peu remonté avec le COVID… puis mon acharnement
contre la Nupes en 2022, le tout avant de sombrer à nouveau. Il faudrait d’ailleurs
que je parle plus souvent des statistiques de ce blog. J’évoque ici, le nombre
de billets par an mais il faudrait regarder le nombre de lecteurs par billet (l’exercice
est très difficile : si je fais un billet le jour d’une polémique, le
nombre de lecteurs va dépasser les 1000, si j’attends trois jours, il
plafonnera à 150, mais faire du chiffre sur une polémique n’a aucun intérêt.
Par ailleurs, des chiffres exceptionnels viennent de Google mais les billets n’ont
aucun intérêt : mon meilleur score, pour un billet, vient de celui-ci,
à cause de la photo d’illustration, le suivant vient du fait que j’ai parlé de
Paris Hilton nue dans le titre, le troisième d’une vidéo que j’avais diffusée
de la Comète quand un type qui se prétendait journaliste avait agressé un
serveur… Le tout est bien loin de l’objet du blog).
Mon blog a connu différentes phases, pour ce qui concerne ces
statistiques : un nombre élevé de visites entre le moment où j’ai commencé
à soutenir Hollande en 2011 jusqu’à début 2016, une baisse régulière ensuite
puis un redémarrage en flèche avec la crise sanitaire et une baisse depuis mi
2021, un léger rebond avec les dernières élections, une grosse baisse ensuite
et un redémarrage en flèche depuis un mois, sans doute expliqué par les polémiques
autour de l’abaya, du Connemara et de Médine mais cela reste surprenant –
vraiment – pour un mois d’août, d’autant que j’ai passé plus de temps devant
Netflix que devant Blogger.
Vous vous demandez peut-être pourquoi je parle de chiffres
dans ce billet sur l’accablement mais dites-vous bien que mon engagement
politique est surtout exprimé dans mon blog (avec un lectorat dérisoire mais
tout de même supérieur à celui des blogs politiques de simples particuliers) et
que, à part mes copains, mes lecteurs sont assez proches de moi, entre la
gauche de la majorité et le centre de la gauche. Différents indicateurs (le
nombre de « likes », de partages, de lecteurs,…) me laisse donc
imaginer la part des internautes d’accord avec moi et ayant dépassé le stade de
l’accablement.
Avant ces chiffres, je parlais du Covid puis de la Nupes.
Le Covid a clairement introduit un nouveau clivage entre les
partisans et les opposants des mesures prises par le gouvernement. Ce clivage
est durable et n’a pas grand-chose à voir avec nos fameuses gauches irréconciliables
traditionnelles. D’ailleurs, peu de parti se sont opposés à la politique officielle
(on en parlait un peu, hier, avec un commentateur). C’est extrêmement
compliqué, pour un parti politique, de s’opposer à une politique sanitaire qui
semble s’imposer même s’il y a un vivier d’électeurs. On n’a pas fini d’en parler.
Ce nouveau clivage ne m’accable pas dans la mesure où je me
suis rapidement fait une raison (au sujet de l’existence du clivage, pas de la
crise sanitaire). Il me montre tout simplement qu’on n’arrivera plus à
travailler ensemble alors que nos partis républicains sont acculés entre deux
formations populistes (sans positionnement sur la crise sanitaire, d’ailleurs).
Le phénomène Nupes ne m’accable pas. Rappelons tout de même
que ce machin a été créé à l’occasion de la dernière élection et est en train
de crever. C’est un parti « one shot » en quelque sorte. Par contre,
je suis sidéré par le nombre de copains issus du centre gauche qui se sont mis
à soutenir ce bordel, pourtant, à l’évidence depuis le début, éphémère. Je ne
vais pas ressortir mes arguments contre la Nupes par contre, si j’ai parlé des
chiffres de ce blog, c’est aussi pour montrer que sa fréquentation a été en baisse
depuis la création de cette alliance jusqu’à ce que ses composantes dépassent
les bornes : Médine, abaya… le tout illustré autour de folie autour de la
chanson de Sardou.
Alors, je vais répondre à mon journaliste qui disait : « Les électeurs de gauche, eux, sont accablés. On le serait
à moins. » Non. On ne l’est pas. Jean-Luc Mélenchon, puisque l’article
parle de lui, est en train de couler la Nupes et LFI en entrainant dans son
sillage deux gros toxiques du PS même s’ils ont représenté une majorité :
Ségolène Royal et Benoît Hamon.
Si la campagne pour les européennes est bien menées, d’un
côté par la tête de liste, Raphaël Glucksmann, extérieur au PS, par le PS et
ses militants lui-même et par les partisans de Bernard Cazeneuve, que je
considère un peu comme les héritiers du centre gauche, les espoirs sont permis.
Commençons par cela. Il y aura, ensuite, les municipales. Paris
est peut-être perdu mais « nous » pourrons néanmoins, dans beaucoup
de grande ville, nous retrouver derrière le Parti Socialiste. Et il y aura,
ensuite les présidentielles de 2027. Beaucoup de chemin à parcourir mais, selon
toute logique, Edouard Philippe devrait dérouler un programme de droite. Les
autres clampins seront carbonisés.
On aura un boulevard. Je me plante peut-être mais je suis tout sauf accablé.
la gauche aura un boulevard ? mais elle avait tous les pouvoirs et a tout perdu ou presque. Et dans son état actuel faire des plans sur l'avenir est assez risqué. Ses électeurs ne sont pas accablés, ils sont partis à 50% chez LREM/Renaissance et ne reviendront pas, ils étaient centristes en fait.
RépondreSupprimerJe ne fais.aucun plan sur l’avenir. Je constate qu’une page est tournée. Je ne fais que répondre au journaliste : les électeurs de gauche n’ont plus rien à foutre des bisbilles actuelles autour de Méluche.
SupprimerPar contre, j’ai bien un espoir, formulé dans le billet, c’est que le candidat Renaissance soit bien à droite et décourage certains.
NJ
j'ai un espoir different , qu'il soit dans le ni-ni
Supprimeret pour les européennes tu dois attendre encore quelques jours, c'est le 5 octobre que le PS va voter à ce sujet avec ses 10 000 militants. On verra à ce moment s'ils prolongent la liste avec Glucksman ou pas. Ce dernier n'ayant pas démérité, mais les places étant cher au vue des sondages actuels (encore loin du vote), ça va sûrement couiner en interne.
SupprimerJ’ai le temps… Mais il me semble soutenu par Delga et Faure.
SupprimerJe vais encore être obligé de soutenir un type que je ne peux pas blairer. ;-)
SupprimerJe partage votre espoir de voir le PS revivre. A défaut il y a Fabien Roussel, qui se démarque de plus en plus de la NUPES de Mélenchon. Il y a quelques jours il a signé avec les députés socialistes et la majorité une tribune en faveur de la régularisation des sans papiers. Un texte qu'aucun député LFI n'a évidemment signé...
RépondreSupprimerDans les sondages il est devenu la personnalité préférée des électeurs de gauche. Donc à défaut d'avoir un chef socialiste qui soit à la hauteur, pourquoi pas Roussel ?
Il est sympathique mais reste communiste (ce qui ne m’empêchera pas de voter pour lui si les conditions sont reunies). Mais laissons le temps au temps.
SupprimerJuste une observation.Tu sembles croire au retour de deux blocs. Tu oublies le RN. Mon sentiment est que nos élites économiques, politiques et médiatiques ont fait le choix de la fille du borgne.
RépondreSupprimerNon, je ne crois rien à part à l'opportunité de rééquilibrer les trois blocs avant que le bloc de droite "traditionnelle" ne sombre à son tour.
SupprimerNos élites - si elles existent - n'ont choisi MLP que comme strapontin vers "le pire" (genre Maréchal - Zemmour qui, eux, sont de purs libéraux pour nos élites, MLP n'est qu'une gauchiste en peau de fesses). Mais pour l'instant, ce n'est pas mon sujet.
hein ? les médias ont donc choisi la mère le pen ? non mais là si je regarde F5 ce n'est pas le cas dans les C ce soir et autres... quand même réduire les débats à ce genre d'affirmation péremptoire c'est pas malin.
SupprimerBah ! Le truc des élites…
SupprimerNJ