« A
l’occasion de la dernière édition de la Fête de l’Huma, l’Ifop et le journal
l’Humanité publient la dixième édition du baromètre « être de gauche
aujourd’hui » qui cherche à identifier les marqueurs de la gauche et leur
évolution. » Le détail du sondage (voir le
pdf) m’inspire quelques remarques que je vous ponds ici, dans l’ordre
séquentiel de leur présentation, pas du tout triées par catégories.
Page 5 : on apprend que de 2014 à 2023, le nombre de
personnes qui se présentent comme étant à gauche est passé de 47 à 43%. Parallèlement,
le nombre de ceux qui se pensent au centre gauche, comme moi, est passé de 14 à
18%. Je vais en tirer une conclusion, certes un peu hâtive, mais ce sont bien
la gauche « normale » et la radicale qui ont perdu 8 points alors que
mon camp en a gagné 4…
C’est encore plus flagrant, à droite, avec une hausse du
centre droit de 9 points. D’ailleurs, les deux centres arrivent à 42% soit plus
que chaque « côté ». Cela n’a pas grand-chose de surprenant, d’ailleurs.
Par contre, seuls 11% des Français se présentent comme d’extrême
droite. A comparer au 23% obtenus par Marine Le Pen à la présidentielle. On
peut quand même si ce n’est pas la droite de gouvernement qui chie dans la
colle et provoque la hausse de « son » extrême.
Page 7 : parmi les lascars qui se sentent de gauche, à
peu près la moitié pense qu’on peut être de gauche et de droite. Ils ont fumé
quoi ? Parmi ces gugusses de gauche, 33% estiment qu’on ne peut plus se
sentir fier d’être de gauche, aujourd’hui.
Ce n’est pas grave, docteur. Moi-même j’ai parfois peur d’être
assimilé à la gauche radicale alors je ferme ma gueule. Pour être objectif,
tout de même, je dois reconnaître que la pire baisse a été faite du temps de
François Hollande… Le sentiment de fierté était au top du temps de la Nupes
flamboyante mais s’est cassé la gueule depuis un an (ce qui rejoint un peu ce
que je voulais dire dans mes deux derniers billets).
Page 9 : l’Ifop évoque certains mots (liberté, laïcité,
solidarité…) et le fait de savoir s’ils évoquent quelque chose de positif ou de
négatif. Les différences entre les Français de gauche et l’ensemble de la population.
Cette section a assez peu d’intérêt, en fait et en conséquence, mais certains
points m’amusent.
Par exemple, la liberté semble être la valeur dominante, à
gauche. Nos amis militants qui passent leur journée à chier sur le libéralisme
en détournant « ce qu’il est » devraient y réfléchir (le libéralisme
est évoqué par la suite, j’y reviendrai donc). Le travail et le mérite sont
très importants, moins que pour la droite, « évidemment », mais il
faudrait arrêter de raconter des bêtises.
Les deux pages suivantes évoquant ce sujet (la dixième,
donc, essaie de suivre) sont, quant à elle, plus partagée sur les différences
entre les sentiments des gens de gauche et des autres. J’invite les militants à
la regarder, tout de même. Par exemple, l’immigration n’est pas franchement vue
comme quelque chose de très positif pour ceux qui se prétendent à gauche (je n’ai
pas dit que cette partie du sondage me parait importante ou significative).
Le libéralisme est jugé positif par 47% des Français de
gauche (contre 53% par rapport à l’ensemble des Français donc probablement près
de 60% par ceux de droite). A mon avis, il faudrait travailler sur le sujet et
mettre au clair certains thèmes… Le capitalisme est très mal vu à gauche (mais
aussi par l’ensemble des Français). Cela m’amuse. Surtout si on regarde dans le
détail : il y a deux fois plus de gens de gauche à avoir un bon œil vis-à-vis
du libéralisme que du capitalisme. C’est bien la preuve que je ne suis pas trop
loin de la vérité : la confusion entre les deux est néfastes…
Page 12 : il y a une espèce de synthèse des trois pages
précédentes. Elle n’est pas inintéressante. La liberté est plébiscité par toute
la « classe politique »… Surtout, on a l’impression que beaucoup moins
de valeurs sont plébiscités à droite.
Page 15 : à partir de la précédente, il y a une série d’affirmation
et les sondés sont invités à donner leur avis.
La première est : « Il faut que les richesses du
pays ne soient pas accaparées par une minorité ». J’ai du mal à concevoir
que 9% des gens de gauche ne soient pas d’accord. Comment faire de la
redistribution en tolérant que certains gardent la totalité des profits ?
La deuxième est : « Les très grands profits
réalisés par les entreprises de l’énergie et de l’agro-alimentaire devraient
être taxés. » Peu importe la réponse, pour moi. D’ailleurs, même les gens
de droite sont d’accord. Mon sentiment est que la question est posée à l’envers.
Il n’est tout simplement pas normal que certains secteurs fassent tant de
profits. C’est bien la preuve qu’il y a quelque chose qui fonctionne mal et,
sans doute, que ce quelque chose est la concurrence.
On ne peut pas exiger du gouvernement et des industriels une
diminution des prix sans réfléchir au système. S’il y avait vraiment plusieurs
distributeurs de carburant, en France, ils seraient bien obligés d’adapter les
prix de vente.
« L’article 49.3 de la Constitution (permettant au
gouvernement d’engager sa responsabilité lors d’un débat sur un texte de loi et
de le faire adopter sans le vote des députés) devrait être supprimé. »
Comment faire adopter un projet de loi de finance dans un pays comme le nôtre,
où les formations politiques sont bien dispersées ? Quant aux lois « pas
de finance », on peut juger de leur opportunité mais sans le 49.3, aucun
parti sans majorité absolue ne pourrait appliquer son programme.
« Tous les étrangers résidant en France depuis
plusieurs années devraient avoir le droit de vote aux élections Municipales. »
C’est une espèce de marronnier mais la vraie question devrait de se demander s’il
est normal qu’un type vivant en France depuis plusieurs années puisse ne pas
être Français.
« On ne se sent en sécurité nulle part » :
54% des gens de gauche sont d’accord. A méditer. « Les chômeurs pourraient
trouver du travail s’ils le voulaient vraiment ». 54% des gens de gauche
sont d’accord. A méditer.
« Il faut que l’Etat donne plus de liberté aux chefs
d’entreprise. » La moitié des gens de gauche sont d’accord (la proportion
est d’ailleurs la même à droite). A méditer aussi…
« La défense de l’environnement est compatible avec le
capitalisme. » Seuls 45% « du peuple de gauche » est d’accord. Donc
faire de l’écologie un grand thème de gauche n’est pas nécessairement une bonne
idée. Et surtout pas crédible.
Page 17 : les mêmes thèmes sont repris et répertoriés
selon le fait qu’ils soient, ou pas, « marqueurs de gauche ». Parmi
les 7 répertoriés, seuls 2 ont un rapport avec l’économie. Si les réponses à ces
deux sont logiques, en tant que marqueurs, on peut toutefois rigoler du fait
que la moitié des gens de gauche pensent que les chômeurs pourraient retrouver
du travail s’ils le voulaient ou pensent que l’Etat devrait donner plus de
liberté aux entreprises.
Page 18 : les données sont à peu près les mêmes que
pour la page précédente mais la présentation est centrée non plus entre « la
gauche » et l’ensemble des Français mais entre « la gauche » et « la
droite ». Tout ce beau monde est d’accord, largement, pour dire que les
plus riches ne doivent pas accaparer tout le pognon et que les gros profits
doivent être plus taxés (j’en parlais ci-dessus).
La suite est consacrée à la perception de la politique menée
par les gouvernements d’Emmanuel Macron. Depuis 2017, il n’y a que 5% des gens
en plus qui trouvent qu’elle est plutôt à droite.
Après, on passe directement à ce qu’on attendrait d’une
politique de gauche. Notons les points les moins importants (les plus
importants sont évidents et n’amènent pas spécialement de réflexion) : l’intégration
des étrangers, la compétitivité des entreprises et la démocratisation de la
culture. Ca m’amuse. Surtout que d’autres points sont également peu importants
comme la sixième république et la conquête de nouveaux droits pour les
salariés. Même l’égalité des droits est à la traîne : à vous dégoûter d’être
de gauche.
La dernière partie est consacrée à la Nupes. Une majorité du
« peuple de gauche » pense comme moi que c’est une coalition éphémères
mais, à mon grand dépit, une majorité est pour une liste commune aux élections
européennes.
A l’heure de conclure… Tout d’abord je parle des « gens
de gauche ». Vous avez le droit de penser que s’ils ne pensent pas comme
vous, ils ne sont pas vraiment à gauche. Il n’empêche que, comme ils
représentent uniquement 43% des électeurs, ils font bien partie d’une majorité
à construire, pour les urnes, j’entends.
Les avis doivent donc être pris en compte et l’on doit s’asseoir
sur les grands principes qui nous traversent…
Notons en marge que lors des billets que je rédige au sujet
des présidentielles, je rappelle qu’un gain au second tour, pour la gauche, ne
peut être prévisible que si elle réussit à obtenir, dans sa globalité, environ
43 ou 44% des voix au premier. Il faut donc faire le plein.
Et ce n’est pas en étant en tête qu’on y arrive mais en
faisant en sorte que la totalité des formations de gauche y arrive, pour
ratisser large.a
Ce qui me semble ressortir de tout cela c'est que vos sondés sont de malheureux décerveés, capable d'affirmer blanc, puis noir, à deux ou trois pages d'intervalle.
RépondreSupprimerEn ce sens, on peut les juger parfaitement représentatifs de l'ensemble des Français.
DG
C'est un peu le sens de mon paragraphe de la fin où je parle de conclusion. C'est aussi pourquoi j'aime bien charger les purs gauchistes de temps en temps. Par exemple, le machin parle de droit de vote des immigrés aux élections locales, j'aime bien leur rappeler qu'ils veulent créer une catégorie de sous-citoyens ce qui n'est pas franchement égalitariste.
SupprimerPour ce qui ressort de tout ça, je suis un peu d'accord avec vous mais on peut ajouter le fait que ce qui parait à l'évidence faire la différence entre la droite et la gauche n'est que du pipi de chat et donc qu'il y a autre chose.
Que nous chercherons à la fin de l'apéro.
Je ne vois pas là de trop grande incohérence de la part de nos concitoyens car cette étude (que je n'ai pas lu mais je me fie à exégèse du patron ) montre que finalement les Français de gauche pourraient très bien être de droite et c'est d'ailleurs ce qu'il disent parfois en votant pour Marine ou Macron aux élections présidentielles.
SupprimerVous notez "qu'une majorité est pour une liste commune aux élections européennes". Je ne suis pas étonné que des majorités de gauche ou de droite souhaitent des listes d'union pour leur camp. D'une part, les spécificités de chaque système de vote à un ou deux tours ne sont pas toujours bien comprises par les électeurs et d'autre part, la politique de moins en moins comprise comme un débat d'idées mais plutôt comme un jeu avec des gagnants et des perdants. Beaucoup de commentateurs politiques dans les journaux ou sur les réseaux sociaux vont dans ce sens et les électeurs finissent par suivre.
On est d’accord sur à peu près tout. Je vais juste ajouter un détail. Vous dites que les types qui se prétendent de gauche pourraient être à droite mais l’inverse est sans doute vrai.
SupprimerPeu de sujets sont clivants. Ça dépend beaucoup de la manière dont sont posées les questions. Ça aurait dû être le thème de mon billet mais j’ai divergé par rapport à mon idée initiale.
Je ne vais pas me donner le ridicule de me taper un sondage à 4 ans d'une présidentielle, mais je constate que celui-ci porte surtout sur les prévisions des sondés, qui, pas plus que les sondages de popularité, n' indiquent pas des intentions de vote : dès lors, je serais curieux de connaître la marge d'erreur des réponses.
RépondreSupprimerCe que j’aime bien avec toi, ducon, c’est justement ta connerie. Ce sondage ne porte pas sur des prévisions.
SupprimerLes marges d’erreur n’ont de fait aucun intérêt mais sans sont dans les liens que j’ai mis. Ta betise m’épate toujours. D’ailleurs, je me demande si je ne vais pas publier tes précédentes réponses à ce billet pour te traîner encore plus dans la merde.
Tu es vraiment un pauvre type.
Ah les incohérences de réponses cf libéralisme et autres items . Ceci dit ce sondage est intéressant cf les 42% de centristes qui se font vomir dessus par la lfi et ses hordes de militants trolleurs… qui les qualifient de droite voir pire.
RépondreSupprimerRva depuis l’hôpital et son iPhone
Ils pensent le peuple, voir veulent le faire … et évitent de le consulter. On comprend pourquoi
SupprimerTu peux pas signer tes commentaires. Avec tous mes trolls je suis perdu et j’oublie de mettre des trucs en spam.
SupprimerPour le fond, je ne sais pas si le peuple sait ce qu’il veut. Le consulter par une voie officielle ne sert à pas à grand chose.
NJ.
Votre article analyse parfaitement la situation actuelle - ou devrais-je dire depuis quelques années - de l'opinion française.
RépondreSupprimerEt c'est d'ailleurs Edouard Philippe qui l'avait ainsi résumé lorsqu'il a accédé au poste de Premier Ministre en 2017 : « On peut faire comme avant, on peut faire comme si rien ne s'était passé, on peut s'amuser à faire l'essuie-glace "gauche-droite"mais ce n'est pas ça que veulent les Français ».
Un parti socialiste tel qu'on l'a connu avec Rocard, Jospin puis Hollande ne peut plus exister. Les Français n'en veulent plus. Que fait-on ?
Ce n’est pas un article mais un billet de blog. Rocard n’a aucun intérêt, il n’a rien gagné (je le déplore, j’étais un de ses défenseurs). Le PS ne pourra plus gagner sans un remplaçant aux deux autres andouilles. Les Français sont faits ainsi. Ce n’est pas parce qu’on n’a personne sur le banc de touche qu’il faut baisser les bras. La question de la personne viendra plus tard (la gauche radicale, le centre droit et la vieille droite n’ont personne en stock non plus).
SupprimerNJ.
Tu rames.
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