Dans mon billet d’hier (qui bat le record du nombre de
lecteurs le plus bas depuis une quinzaine d’années, ça m’apprendra à bâcler particulièrement
– même quand je fais des tartines soporifiques, je fais plus du double ;
cela étant je me demande comment font les lecteurs pour éviter les billets
chiants sans les avoir lus). Je reprends : dans mon billet d’hier, je
disais, dans un court paragraphe, du bien de François Ruffin. Je disais entre
parenthèses, tout de même, que je ne croyais pas en lui (je pense qu’il n’a pas
encore une « stature » qui pousserait les électeurs à voter pour lui ;
c’est presque physique).
Il a néanmoins une analyse qui me plait bien, comme dans cette
émission récente de Médiapart, que je n’ai évidemment pas regardée sauf une
partie signalée par l’ami Gaël. Allez directement à la 50ème minute.
Pile poil. Allez ! On va dire 49 minutes et 45 secondes pour que vous ne loupiez
rien (et si vous vous en branlez et n’êtes là que pour lire mes conneries, je
vais résumer).
Il est interrogé au sujet des divergences entre Sandrine
Rousseau et Fabien Roussel. Ou entre le véganisme écolo et le bouffeur de steak
partisan du nucléaire. Vous connaissez ma préférence. Et François Ruffin évoque
la gauche plurielle, celle qui a gagné les législatives de 1997 et qui, au
fond, a conduit la France, sous la direction de Lionel Jospin, de bonne manière
(vous pouvez ne pas être d’accord, peu importe) et dans un contexte favorable.
Il cite plusieurs personnalités dont Martine Aubry, Christiane
Taubira, Dominique Voynet et Jean-Pierre Chevènement et rappelaient comment ces
personnes aussi différentes avaient pu travailler ensemble (Taubira n’a pas été
ministre mais elle tout de même pondu une loi qui porte son nom…).
François Ruffin semble nostalgique de cette époque et espère
que cela puisse se reproduire. C’est aussi mon rêve. C’est d’ailleurs pour ça
que je me « bats » dans mon blog, Twitter (oups, X) et Facebook
contre la Nupes et certaines personnalités de cette gauche radicale.
L’esprit de la Nupes est le contraire de la gauche
plurielle. Elle est faite pour aplanir les divergences, au niveau de l’esprit,
comme du programme et empêche la gauche de s’exprimer dans sa diversité.
Wikipedia
va m’aider à parler de la gauche aux élections législative de 1997 : « Contre toute attente, la gauche parvient à s'allier dans
un principe de désistement réciproques une fois passé le 25 mai et quelques
accords unitaires sont même engagés dès le premier tour. Outre les socialistes,
le PCF, Les Verts, le PRS et le Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement
acceptent l'idée que Lionel Jospin devienne Premier ministre en cas de
victoire. C'est donc le projet socialiste qui est le plus scruté par la presse,
sous le slogan « Changeons d'avenir ». »
Wikipedia
va aussi m’aider pour 2022 : « La France
insoumise, à la faveur de la troisième place obtenue par Jean-Luc Mélenchon au
premier tour de l'élection présidentielle, devient le principal parti de
gauche. Il fédère autour de lui Europe Écologie Les Verts, le Parti communiste
français et le Parti socialiste au sein d'une large coalition nommée la Nouvelle
Union populaire écologique et sociale (NUPES). Pour la première fois depuis la
Gauche plurielle en 1997, les partis de gauche se présentent rassemblés aux
élections législatives. »
La dernière phrase est presque fausse. Si les partis étaient
rassemblés, ce n’est pas du tout sur la même base. Il n’y a pas eu de partage
(officiel…) des circonscriptions et de candidatures unique. Ils ont dit :
Petit 1 : quoi qu’il arrive, on fait un désistement pour
le second tour.
Petit 2 : les partis minoritaires suivront le parti
majoritaire ensuite.
Mais on ne va pas s’éterniser sur mes aigreurs… Parlons
plutôt de 2012, vu qu’il s’agit de la dernière victoire de la gauche (on
connait les circonstances : la bonne campagne de François Hollande et son
accession à la présidence et le rejet du sarkozysme ; la gauche était à
peu près sûr de remporter la majorité). Il y avait eu un accord électoral mais
sans le Front de Gauche (regroupant le PCF et le Parti Gauche, plus ou moins l’ancêtre
de LFI). Il n’empêche que cet accord électoral a failli être une catastrophe.
Je passe le fait que les écolos aient présenté une candidate (par ailleurs
évidemment nulle) au premier tour… Il a gêné le candidat socialiste dans son
propre projet et, il faut regarder les chiffres. L’accord date de novembre
2011. Alors que François Hollande était donné vainqueur depuis avant l’affaire
DSK, les prévisions
ont commencé à baisser dès l’accord et la bataille finale n’a été gagnée que de
justesse… J’en connais qui me diront qu’il y a d’autres raisons. Ils n’ont pas
tort. Mais les promesses au sujet du nucléaire ou du droit de vote des immigrés
aux élections locales ne sont pas étrangères à cette descente.
J’avais dit qu’on allait s’arrêter avec mes aigreurs.
François Ruffin a donc raison : on peut espérer que les
gens de gauche pourront, un jour, travailler ensemble sans s’asseoir sur leurs
divergences mais en les gérant intelligemment. J’ai quand même précisé plus
haut que, en plus de la Nupes, je me battais contre certaines personnalités
politique dans les réseaux sociaux. Sandrine Rousseau en est une car je la
crois incapable de fermer sa gueule sur certains sujets et elle apparait comme
un repoussoir. Les personnes de la majorité plurielle de 1997 et François
Ruffin sont tout de même hautement plus respectables et moins « repoussantes »…
Ces personnalités représentaient quatre tendances de la
gauche de l’époque et elles ont bien travaillé ensemble pour l’élection et pour
le Gouvernement malgré quelques divergences (il faut bien donner à Chevènement
l’occasion de démissionner, aussi…). Mais tout est parti en vrille à la
présidentielle suivante. Ne l’oublions pas. Il y a eu trois candidatures dissidentes
à celle de Jospin au sein de la gauche écolo-socialiste, sans compter celle du
PCF, alors seul représentant de la gauche radicale (rappelons que les sondages
du second tour ont donné presque à égalité Jacques Chirac et Lionel Jospin
pendant à peu près un an).
Le Front National est arrivé au second tour pour la première
fois et la gauche a été écarté du pouvoir pour 10 ans.
Au bout desquels, donc, François Hollande a obtenu la victoire,
entrainant l’Assemblée avec lui mais cette victoire avait pu avoir lieu grâce au
travail du PS, sous l’impulsion de Martine Aubry, et à la primaire.
Progressivement, cette unité obtenue fin 2011 a fini par partir en vrille.
Nous avons donc deux fois où la gauche a gagné
intelligemment des législatives mais elles sont également deux fois où la
gauche a été écartée du gouvernement à l’issue des législatures. Peu importent
les fautifs : qu’ils soient du côté des « chefs », Jospin ou
Hollande, qui n’ont pas su rassembler, ou des « dissidents » qui ont
torpillé les majorités acquises.
Si François Ruffin a raison, du moins je l’espère, à savoir
que la gauche peut à nouveau s’entendre, encore faut-il qu’elle puisse le faire
durablement.
Il ne faut pas avoir d’a priori formel sur tout ce qui
pourrait faire gagner. C’était un peu mon billet d’hier : un retrait de la
candidature de Roussel n’aurait pas permis la qualification de Mélenchon. Alors
commençons, déjà, par observer cela paisiblement et arrêter de se foutre sur la
gueule. « Paisiblement » et « sans a priori » ne veut pas
dire « sans parti pris ».
Par exemple, le PS, EELV et le PCF ont parfaitement raison
de partir seuls aux européennes : il y aura ainsi plus de député de la
gauche Française au Parlement. LFI a tort de faire campagne sur une victoire
possible : la gauche française n’aura pas 353 députés (à peu près la
majorité absolue).
D’autant qu’il n’y aura que, à peu près, 80 députés français.
C’est bien LFI qui ment dans cette histoire mais c’est aussi LFI qui est le seul à pouvoir raisonnablement espérer une victoire à la prochaine présidentielle (sauf qu’on ne sait pas ce qui pourrait se passer d’ici là).
J'ai cité plein de gens donc je vais trouver des idées d'illustration pour ce billet qui sera, par ailleurs, publié à temps pour l'apéro. Par contre, je n'ai pas trouvé de titre.
Il a tout de même souvent raison, Ruffin. On va lui conseiller de mettre un costume et de changer de coiffeur. S'il pouvait créer l'unité avec les descendants des Jospin et autres Hollande, sans altérer ses opinions, nous pourrions rêver.
Ruffin est une des rares personnalités à pouvoir fédérer la gauche. Le seul sans doute. Tu ne voteras jamais Mélenchon et je ne voterai jamais pour Cazeneuve, Hollande ou Roussel.
RépondreSupprimerPeu importent les votes de Denis et de Nicolas comme des militants et des sympathisants. Ce qui compte est le vote du grand public.
SupprimerPar ailleurs, dans mon billet j'ai dit qu'il ne fallait pas d'a priori. Si je ne voterai jamais Méluche, c'est surtout parce qu'il ne devrait plus être candidat. Par contre, j'aurais voté pour lui s'il avait été à un second tour face à quelqu'un d'une droite dure. Et il ne tient qu'à lui (du moins il ne tenait qu'à lui) pour que je vote pour lui à un premier tour. Il suffirait qu'il se montre Républicain (et enseigne les notions à ses proches) et précise sa position pour le nucléaire (à savoir : on ne l'arrête pas tant qu'on n'a pas une production d'énergie verte pour assurer la consommation).
et pourquoi qu'il devrait changer de coiffeur ?!
RépondreSupprimerC'est une façon de parler...
SupprimerDisons qu'il a une tête de gamin qui pourrait dissuader les électeurs.
« Taubira n’a pas été ministre »
RépondreSupprimerAh bon ? On m'aurait donc trompé ?
Elle n’a pas été ministre de la gauche plurielle.
SupprimerLa perte des élections en 2002 est due à cette bêtise de la gauche plurielle qui s'est auto-dissoute elle-même, effectivement. Mais elle est liée aussi à ce phénomène qu'Edouard Philippe a su parfaitement décrire quand il a été nommé Premier Ministre : l'essuie-glace.
RépondreSupprimerDepuis 1981 les Français votent un programme qu'ils désavouent au coup suivant. Ruffin trouvera la solution s'il se social-démocratise, s'il propose un programme de centre gauche.
C'est pas gagné...
Tiens ! Je n'ai pas répondu. Honte sur moi.
SupprimerDe toute manière, on est d'accord. Par contre, mon billet ne porte pas sur Ruffin mais sur ses propos.
Donc, si je comprends bien, ce qu'il faudrait pour réconcilier le véganisme, les steaks et le nucléaire, c'est la gauche plurielle. Pour le véganisme, je crois que ça colle, pour les steaks, je ne sais pas trop, mais pour le nucléaire, je ne crois pas que la gauche plurielle ait beaucoup œuvré à son développement.
RépondreSupprimerLa Dive
« Si je comprends bien ».
SupprimerIl y a de la marge.
:-)
SupprimerJ'ai répondu brièvement (j'étais épuisé après une journée de formation en "visio") et je ne plaisais qu'à moitié : vous faites "semblant" de ne pas comprendre. Ce que je veux dire est que pour avoir une majorité, il faut des compromis. Il ne s'agit pas de réconcilier.
SupprimerPour le nucléaire, je crois que ce qu'on retiendra de la gauche plurielle est l'arrêt de Superphénix. Arrêter ce bordel a été une annonce de Jospin avec la pression des écolos mais, en fait, c'est bien le Conseil d'Etat qui a annulé l'autorisation de redémarrage car le truc était foireux. Il faut aussi prendre du recul, parfois, et arrêter les merdes, comme quand Hollande (plus précisément son ex), dans un tout autre domaine, avait arrêté "les portiques" parce qu'on avait déjà dépensé assez de pognon pour un truc foireux.
Après, si Roussel défend le steack et Rousseau le condamne, tant pis. Que chacun défende sa position. Mais, à un moment, il faut bâtir une position commune... Et le leader (en l'occurrence Mélenchon si on considère la Nupes) doit trancher. Et comme il n'est pas trop con, il ne va trancher contre le steak pour ne pas emmerder les potentiels électeurs.
Ce n'est peut-être pas le lieu d'épiloguer sur la politique énergétique de la gauche plurielle, mais si un jour vous faites un papier sur l'avenir du nucléaire en France, je serai très heureux de commenter.
SupprimerJe parle souvent du nucléaire, pourtant, mais jamais en tant que spécialiste. Je me limite à dire que l'on ne peut pas se contenter de dire "on va remplacer par du renouvelable" si on n'est pas sûr d'avoir la capacité à le faire à 100%. Je parle aussi à un niveau électoral : jamais les électeurs ne voteront pour quelqu'un qui fait prendre un risque à la fourniture d'électricité.
SupprimerLa gauche plurielle n'existe plus depuis 21 ans et sa principale décision en terme de nucléaire date de 26 ans (si je n'oublie rien).
Me considérant comme membre du "grand public" je ne voterai jamais pour un type comme Ruffin et pas que pour des histoires de coiffure. Je le ferai pour le type ou la gonzesse qui arrêtera de raconter des salades sous prétexte qu'il faut parler aussi aux abrutis. Ils n'auront qu'à suivre, comme d'habitude puisque c'est leur nature.
RépondreSupprimerTu n'es pas spécialement le "grand public". Tu as un blog et tu publies des positions politiques.
SupprimerPour ce qui concerne Ruffin, c'est largement le type de LFI qui dit le moins de conneries. Malheureusement, il a parfois des postures théatrales (comme quand il parle des femmes de ménage de l'Assemblée) et il a une tête qui fait qu'il ne parait pas sérieux.
C'est ces deux points (les postures et la tête) que je résume en "changer de coiffeur". Une fois changé, il sera écouté par les différentes catégories d'électeurs.