Le gouvernement a annoncé un
volet de mesures contre le tabagisme, comme une nouvelle augmentation des
tarifs ou l’interdiction de fumer dans d’autres lieux publics. On peut se
réjouir de certaines. L’interdiction de la clope dans les bistros et
restaurants en 2008, au fond, a permis d’éviter des puanteurs pendant les
repas.
Cela étant, les chiffres d’évolution du tabagisme en France sont
disponibles dans Google et nos neuneus gouvernementaux devraient apprendre à
faire des recherches. Voir la courbe en illustration (et sa source).
Depuis cinquante ans, la consommation de tabac a bien diminué (passant de 42% à
32% de la population présentée) même si elle a légèrement augmenté chez les femmes.
Par contre, c’est assez rigolo : la baisse a stoppé au lendemain de la loi
Evin. Cela revient à dire que toutes les mesures prises depuis environ trente
ans n’ont eu aucun impact.
Cela ne veut pas dire que les mesures sont mauvaises (on ne
se portera pas plus mal si on ne trouve pas de mégots dans les plages ou si des
crétins ne peuvent fumer dans des endroits « inflammables ») mais qu’on
arrête de nous faire croire que ces mesures sont liées à la santé de nos braves
concitoyens…
Fatalement, les consommateurs vont dire qu’ils font tout
pour récupérer de l’oseille mais je ne crois même pas que cela soit le cas.
Ce qu’il y a de sûr, c’est que les limitations dans certains
lieux n’ont eu aucun impact global et les mesures d’accompagnement sont
peut-être plus onéreuses que l’augmentation des recettes de l’Etat. En outre,
qui va vérifier les différentes restrictions ? Vous faites du camping sauvage,
en forêt, personne ne va venir vérifier si vous fumez une clope derrière un
talus…
Comme à peu près tous les débatteurs, je n’ai aucune idée d’où
en est la recherche « scientifique » sur ce qui pourrait diminuer le
tabac. Mais, comme eux, j’ai un avis.
Les mesures liées au prix ont sûrement un impact chez les
jeunes mais elle sont sûrement pénalisante chez les plus démunis qui ne vont
pas restreindre aussi facilement que ça leur consommation et vont privilégier d’autres
baisses de dépenses. Dans mon quartier, l’achat de cigarettes de contrebande auprès
de vendeurs à la sauvette est très facile et permet de faire une économie de
plus 50% ! Même si les clopes en question sont dégueulasses, ça donne à
réfléchir. Nos vaillants policiers municipaux leur font la chasse mais je ne
suis pas persuadé que cela rentre bien dans leurs missions prioritaires, du
moins pour celle qui me font penser que mes impôts sont utiles… En plus, ces
pauvres vendeurs ne font que chercher une source de revenus pour vivre, sont sans
doute, sous la coupe de quelques exploiteurs professionnels et n’ont pas mérité
de passer quelques heures de ci de là dans des postes de police.
Mon avis sur le tabac est forgé par mon expérience
personnelle. J’avais arrêté de fumer brutalement à l’occasion d’une
hospitalisation pour un problème de poumons. Je n’avais plus du tout envie de
fumer. Cela a duré onze mois puis j’ai repris une cigarette, lors d’une soirée,
comme le font la plupart des abrutis et, au bout de quelques semaines, le vice était
repris malgré quelques précautions. Par exemple, au début, je n’achetais jamais
de cigarettes et en taxait aux copains (tout en les remboursant
périodiquement). Plus tard, j’achetais des paquets et les laissais dans les
bistros pour les « continuer » lors de mes visites suivantes, puis j’ai
gardé les paquets avec moi…
Mon oncologue m’avait prescrit des patchs, ensuite. Ces
machins sont drôlement efficaces : quand vous ne pouvez pas fumer (pendant
les heures de transport, les réunions de boulot…), vous n’avez plus du tout
envie. C’est magique ! Par contre, à d’autres moments, vous ne pouvez pas
vous en empêcher, comme en terrasse de bistro, en attendant le train… Finalement,
rien ne m’empêchait de fumer chez moi et le télétravail a été dévastateur.
Prenez une journée comme aujourd’hui : j’ai fumé deux ou trois cigarettes
au réveil puis j’ai mis mes patchs, j’ai foncé dans le métro, j’ai bossé, j’ai
déjeuner, je suis allé faire des courses et j’ai fini par en allumer une à
13h45 (soit six heures après la précédente) en attendant le début une réunion.
L’oncologue m’avait aussi prescrit des gommes à la nicotine.
Je ne pouvais pas blairer ces machins. Ils ne remplacent pas du tout ce qu’on
appelle « le geste » (l’espèce de réflexe qui vous pousse à fumer alors
que vous n’êtes pas en manque de nicotine). Ils sont des désagréables (même pour
des détails, ils sont horripilants. Par exemple, les gommes sortent de leurs
plaquettes dans vos poches et se collent à tout ce que vous y avez…).
J’avais demandé au toubib en question si je pouvais prendre
des « vaporettes ». Il me l’avait fortement déconseillé. Un an après,
il avait changé d’avis (la science…) et me disait de le faire. Par contre, des gens
me prétendaient, exemples à l’appui, que l’on risquait des overdoses de nicotines.
Mon pneumologue m’a alors affirmé que c’était faux. J’étais bien décidé à en
acheter (et je vais sans doute le faire) mais un copain à moi qui avait arrêté
de fumer avec ces machins a recommencé le lendemain. Donc, je ne sais pas.
Pour en terminer avec mon expérience personnelle, ma
consommation de tabac avait largement augmenté avec le télétravail ou, plus
précisément du confinement. Elle a ensuite été arrêtée du jour au lendemain,
disais-je, et a repris au bout d’un an progressivement pour rejoindre la moitié
de ce que je fumais avant mon arrêt, au bout de quelques semaines et est
maintenant très variable, sans trop de logique. Je fume beaucoup plus chez moi
par rapport à avant mais beaucoup moins au bistro et plus jamais en marchant.
Comprenne qui peut…
Si je raconte tout cela, c’est pour essayer de décrire la
difficulté du phénomène et, franchement, je me demande si l’espèce de ministre
qui a annoncé les mesures s’est posé les moindres questions ou a étudié de
vraies études scientifiques, de celles qui ne sont pas faites par des militants
antitabac…
Mais il a fait des annonces. Elles ne feront même pas parler,
tant les gens sont habitués à subir les méfaits des fanatiques de la santé
publique.
On a vraiment l'air ridicule, quand on vapote, ou c'est le produit de mon imagination ?