12 novembre 2023

Le texte dans Facebook et son ridicule pour les nuls

 


Il y a quelques jours, les utilisateurs de Facebook se sont vu proposer le passage à une version payante de Facebook ce qui leur permettrait d’éviter la publicité. L’encart était assez mal fait et loin d’être aussi clair que ma phrase d’introduction. Je vais même la reprendre  « option 1, vous prenez l’abonnement et vous n’avez pas de publicité, option 2, on ne change rien ». Il s’agit de toute évidence d’une sorte de subterfuge de la part de Facebook, pas tant pour inciter les gens à payer, mais pour respecter les textes européens.

En d’autres termes, « soit vous payez soit vous nous autorisez à exploiter vos données pour vous présenter de la publicité orientée en fonction des activités que vous avez avec nos réseaux. »

 

Les utilisateurs n’ont rien compris et ils se sont mis à recopier sur leur mur un texte (qui circule pourtant depuis plus de dix) expliquant qu’ils interdisent « par la présente » à Facebook d’utiliser leurs données personnelles. C’était franchement ridicule, pour au moins trois raisons, mais, plein de mansuétude, je les comprends…

Ce texte était : « Je ne donne pas à Facebook ou toute entité associée à Facebook la permission d'utiliser mes images, informations ou publications, messages, à la fois le passé et le futur. Avec cette déclaration, j'avise facebook qu'il est strictement interdit de divulguer, copier, distribuer, ou prendre toute autre action contre moi sur la base de ce profil et / ou de son contenu. Le contenu de ce profil est privé et des informations confidentielles. La violation de la vie privée peut être punie par la loi (UCC 1-308-1 1 308-103 et le statut de Rome). » Il y a eu plusieurs variantes (dont une un peu louche qui parlait de Facebook comme d’une entité publique, ce qui ne veut rien dire)…

 


La première raison est que ceci ne peut évidemment pas être efficace ou donner des interdictions à Facebook vu que Facebook n’a rien signé. C’est complètement grotesque d’autant que le statut de Rome porte sur le traité mettant en place le tribunal pénal international. Il n’y a strictement aucune valeur juridique dans ces quelques mots. C’est tellement évident que l’on peut se demander comment tant de crédibilité a pu voir le jour… L’effet de meute est terrible. Il n’empêche que le gentil internaute dans son salon pourrait se demander comment il peut se croire plus fort, juridiquement, que les armées de Facebook.

La deuxième est que le « contrat » qui régit vos relations avec Facebook est sous la forme des conditions générales d’utilisation, ces fameuses CGU, que la moitié des Français prétendent avoir lu de bout en bout (ce qui est aussi ridicule). Les changements sont à l’initiative de Facebook qui vous demandent périodiquement de valider des évolutions et vous n’avez pas le choix (on imagine les centaines de millions d’utilisateurs vouloir imposer leurs conditions à cette multinationale…).

La troisième est une mécompréhension de ce que veux être les données privées, souvent confondues avec les données personnelles (elles bien régies par les textes européens, la fameuse RGPD).

 


Cela mérite un zoom un peu plus précis. Les données personnelles sont celles que vous transmettez à des organismes divers, par quelque méthode que ce soit, oralement, par mail, par saisie d’un formulaire… et qui, pour des raisons pratiques, doivent être stockées dans des fichiers informatiques. Par exemple, votre fils est inscrit à une association d’éducation sexuelle mais néanmoins populaire. Vous donnez à l’animateur votre numéro de téléphone et votre adresse mail. Il va les communiquer au secrétaire ou au trésorier qui va les saisir, par commodité et par exemple, dans un fichier Excel. Ce sont des données personnelles. Le type qui les gère doit les protéger et vous donner un droit de regard, de modification… Tout cela n’est pas simple mais je suis sûr qu’il y a, parmi les types qui ont diffusé le texte dans Facebook, des andouilles qui sont secrétaires ou trésoriers d’une association, d’un CE… et qui ont un fichier des membres dans leur disque dur qui n’a pas été protégé par un mot de passe…

Ils sont hors la loi. Et je peux vous dire qu’il y a beaucoup d’entités (associations, entreprises,…) hors la loi. Vous pensez réellement que le trésorier de votre CSE qui a besoin de données personnelles sur vous, comme le nombre d’enfants, les stocke dans un espace vraiment sécurisé ?

 

Les « données privées », ça ne veut pas dire grand-chose. Vous prenez une photo de vos enfants avec votre smartphone, c’est une donnée privée, sans doute. Il n’empêche que votre smartphone peut être volé.

Par contre, si vous la diffusez sur les réseaux sociaux, vous ne pouvez pas la considérer comme une donnée privée. Ou alors, franchement, vous avez des problèmes d’interconnexion des neurones. Les gens font de drôles de confusion. Par exemple, l’autre jour, j’ai fait un billet où j’ai raconté une de mes cuites. Certains pourraient se dire que j’ai fait une erreur vu que c’est personnel ou intime mais j’ai fait le choix d’en rire et d’en assumer les risques (assez faibles : ma mère ne risque plus de m’engueuler). D’autres lascars vont mettre un texte dans Facebook pour dire qu’ils sont en vacances à Niort pour deux semaines, dans la famille. Vous vous direz qu’on peut le dire vu que tout le monde s’en fout (mais si tout le monde s’en fout, pourquoi le dire ?). Or ce texte pourra être interprété par des malveillants : les occupants de la maison sont partis, vous pouvez venir la cambrioler.

Portant ma cuite dans un réseau social, j’en ai fait une information « qui n’est plus privée » et basta. Quand vous diffusez quelque chose, ce n’est plus privé, quel que soit le niveau de sécurisation de votre compte. Vous avez un compte Twitter dit « privé ». N’importe qui y étant abonné peut en faire des copies d’écran et l’exposer au grand public. C’est contraire aux règles de bienséance mais si vous portez plainte, le tribunal se foutra de votre gueule et vous réclamera une tournée générale en guise de frais de justice.

 


Il faut bien vous mettre dans le crâne que si vous diffusez quelque chose dans un réseau social, la chose ne peut plus être considérée comme privée. Point barre. Arrêtez donc de jouer aux juristes en herbe, c’est presque une question de principe. C’est même totalement une question de principe si l’on considère que l’on diffuse quelque chose dans ce qu’on appelle « un réseau social » : c’est bien naturel que cela ne soit pas privé.

Dans la suite logique, on pourrait parler de ce qu’on appelle le droit à l’image. J’ai parfaitement le droit de vous prendre en photo et de vous diffuser sur le net. Point barre. Ce que je n’ai pas le droit, je crois, c’est de mettre une photo de vous avec votre nom ou des éléments qui pourraient permettre à des malotrus de vous nuire. Tout le reste n’est que bon sens : on ne diffusera pas des photos des gamins des autres parce qu’on ne sait pas si quelques pédophiles pourraient envisager… On ne diffusera pas une photo d’un type en terrasse d’un bistro (je le fais, nananère) parce quelqu’un qui vous connait pourrait détecter une présence inappropriée et, surtout, que cela pourrait nuire au bistro.

Il faut tout peser. Par exemple, dans mon billet au sujet de ma récente cuite, je n’ai pas indiqué le nom de mon compère car une recherche Google pourrait lui être néfaste. Par contre, j’ai indiqué son nom dans Facebook, il peut lui-même enlever « l’identification » et que je sais que, compte tenu de son âge, de ses publications habituelles, de son style de vie, ce genre de connerie ne peut pas lui nuire.

 


Je crois que vous êtes assez grand pour juger de ce qu’il faut faire mais encore faut-il que vous preniez en compte les bons arguments… Vous avez diffusé un texte d’avertissement à Facebook : en fait, c’est très personnel, cela montre votre crédulité.

Qu’allez-vous penser que Facebook fasse des données ? Vous croyez vraiment qu’il les utilise parce qu’il s’intéresse à vous ? Mais que fait untel ? Non, ils étudient les vidéos que vous regardez le plus souvent pour vous en présentez des équivalentes ou déterminent sur quelles publicités vous avez cliqué pour vous proposer des services ou produits similaires.

 

C’est tout et il n’y a pas de quoi en chier une pendule. Même si mon hébergeur (google, en l’occurrence) pourrait en conclure que je suis un être grossier pour me catégoriser dans le groupe des gros cons.

10 commentaires:

  1. Ouais. C'est quand même assez révélateur de la période actuelle. Tout à chacun veut que tout soit gratuit sans contrepartie, que les RS seraient des services publics (ce que tu soulignes d'ailleurs à un moment). Si c'est gratuit tu es le produit disait l'autre...
    Ça fait écho aussi à une autre publication prévenant que Facebook allait devenir payant et qu'il fallait se mobiliser pour maintenir la gratuité...
    il y a aussi celles qui concernent l'augmentation de Netflix...personne ne travaille gratuitement non? Si? Pas moi
    Quant à la vie privée, pour vivre heureux vivons cachés

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    1. Je pense que tout le monde est en train de devenir fou...

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  2. ça va faire des semaines que je n'ai pas vu de publicité facebook :adblkock plus est efficace semble-t-il.

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    1. La plupart des gens n'ont pas adblock. En plus, les publicités Facebook sont souvent des publications suggérées donc adblock ne servirait pas. En outre, je n'ai pas envie d'installer ce machin sur mon iphone. Les vraies publicité sont sur le web dans la colonne de droite et, en fait, elles ne sont pas gênantes.

      Par ailleurs, j'utilise surtout le PC du bureau et je ne peux pas installer de trucs avec.

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    2. oui je sais , il faut avoir un know-how de l'internet pour utiliser de tels outils.

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  3. Dans notre monde de fous, tout service public est gratuit. Un ancien président avait même confirmé cette réalité économique. Comme on ne paye pas Facebook pour afficher la photo de son chat ou de son dernier kebab, c'est donc que c'est un service public, et donc, si Facebook tire profit de mes photos, c'est que nous vivons dans un état hyper libéral et vraiment très méchant. Il faut vraiment que cela cesse !

    La Dive

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  4. AYé , une personne a posté le truc dans ma TL Facebook que je croyais propre, du coup je l'ai masquée pendant 30 jours. Elle explique qu'elle a vu un avocat sur M6 expliquer que..... décidément ces zozos imaginent n'importe quoi.

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    1. Ils sont partout !

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    2. oui partout dans les champs, les villes, les villages, partout : les neuneus.

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