Il y a quelques jours, les utilisateurs de Facebook se sont
vu proposer le passage à une version payante de Facebook ce qui leur
permettrait d’éviter la publicité. L’encart était assez mal fait et loin d’être
aussi clair que ma phrase d’introduction. Je vais même la reprendre « option 1, vous prenez l’abonnement et vous
n’avez pas de publicité, option 2, on ne change rien ». Il s’agit de toute
évidence d’une sorte de subterfuge de la part de Facebook, pas tant pour inciter
les gens à payer, mais pour respecter les textes européens.
En d’autres termes, « soit vous payez soit vous nous
autorisez à exploiter vos données pour vous présenter de la publicité orientée en
fonction des activités que vous avez avec nos réseaux. »
Les utilisateurs n’ont rien compris et ils se sont mis à recopier
sur leur mur un texte (qui circule pourtant depuis plus de dix) expliquant qu’ils
interdisent « par la présente » à Facebook d’utiliser leurs données
personnelles. C’était franchement ridicule, pour au moins trois raisons, mais,
plein de mansuétude, je les comprends…
Ce texte était : « Je
ne donne pas à Facebook ou toute entité associée à Facebook la permission
d'utiliser mes images, informations ou publications, messages, à la fois le
passé et le futur. Avec cette déclaration, j'avise facebook qu'il est
strictement interdit de divulguer, copier, distribuer, ou prendre toute autre
action contre moi sur la base de ce profil et / ou de son contenu. Le contenu
de ce profil est privé et des informations confidentielles. La violation de la
vie privée peut être punie par la loi (UCC 1-308-1 1 308-103 et le statut de
Rome). » Il y a eu plusieurs variantes (dont une un peu louche qui
parlait de Facebook comme d’une entité publique, ce qui ne veut rien dire)…
La première raison est que ceci ne peut évidemment pas être
efficace ou donner des interdictions à Facebook vu que Facebook n’a rien signé.
C’est complètement grotesque d’autant que le statut de Rome porte sur le traité
mettant en place le tribunal pénal international. Il n’y a strictement aucune valeur
juridique dans ces quelques mots. C’est tellement évident que l’on peut se demander
comment tant de crédibilité a pu voir le jour… L’effet de meute est terrible.
Il n’empêche que le gentil internaute dans son salon pourrait se demander
comment il peut se croire plus fort, juridiquement, que les armées de Facebook.
La deuxième est que le « contrat » qui régit vos
relations avec Facebook est sous la forme des conditions générales d’utilisation,
ces fameuses CGU, que la moitié des Français prétendent avoir lu de bout en
bout (ce qui est aussi ridicule). Les changements sont à l’initiative de
Facebook qui vous demandent périodiquement de valider des évolutions et vous n’avez
pas le choix (on imagine les centaines de millions d’utilisateurs vouloir
imposer leurs conditions à cette multinationale…).
La troisième est une mécompréhension de ce que veux être les
données privées, souvent confondues avec les données personnelles (elles bien
régies par les textes européens, la fameuse RGPD).
Cela mérite un zoom un peu plus précis. Les données
personnelles sont celles que vous transmettez à des organismes divers, par quelque
méthode que ce soit, oralement, par mail, par saisie d’un formulaire… et qui,
pour des raisons pratiques, doivent être stockées dans des fichiers
informatiques. Par exemple, votre fils est inscrit à une association d’éducation
sexuelle mais néanmoins populaire. Vous donnez à l’animateur votre numéro de
téléphone et votre adresse mail. Il va les communiquer au secrétaire ou au
trésorier qui va les saisir, par commodité et par exemple, dans un fichier
Excel. Ce sont des données personnelles. Le type qui les gère doit les protéger
et vous donner un droit de regard, de modification… Tout cela n’est pas simple
mais je suis sûr qu’il y a, parmi les types qui ont diffusé le texte dans
Facebook, des andouilles qui sont secrétaires ou trésoriers d’une association,
d’un CE… et qui ont un fichier des membres dans leur disque dur qui n’a pas été
protégé par un mot de passe…
Ils sont hors la loi. Et je peux vous dire qu’il y a
beaucoup d’entités (associations, entreprises,…) hors la loi. Vous pensez
réellement que le trésorier de votre CSE qui a besoin de données personnelles
sur vous, comme le nombre d’enfants, les stocke dans un espace vraiment
sécurisé ?
Les « données privées », ça ne veut pas dire grand-chose.
Vous prenez une photo de vos enfants avec votre smartphone, c’est une donnée
privée, sans doute. Il n’empêche que votre smartphone peut être volé.
Par contre, si vous la diffusez sur les réseaux sociaux,
vous ne pouvez pas la considérer comme une donnée privée. Ou alors,
franchement, vous avez des problèmes d’interconnexion des neurones. Les gens
font de drôles de confusion. Par exemple, l’autre jour, j’ai fait un billet où
j’ai raconté une de mes cuites. Certains pourraient se dire que j’ai fait une
erreur vu que c’est personnel ou intime mais j’ai fait le choix d’en rire et d’en
assumer les risques (assez faibles : ma mère ne risque plus de m’engueuler).
D’autres lascars vont mettre un texte dans Facebook pour dire qu’ils sont en
vacances à Niort pour deux semaines, dans la famille. Vous vous direz qu’on
peut le dire vu que tout le monde s’en fout (mais si tout le monde s’en fout,
pourquoi le dire ?). Or ce texte pourra être interprété par des malveillants :
les occupants de la maison sont partis, vous pouvez venir la cambrioler.
Portant ma cuite dans un réseau social, j’en ai fait une
information « qui n’est plus privée » et basta. Quand vous diffusez
quelque chose, ce n’est plus privé, quel que soit le niveau de sécurisation de
votre compte. Vous avez un compte Twitter dit « privé ». N’importe
qui y étant abonné peut en faire des copies d’écran et l’exposer au grand
public. C’est contraire aux règles de bienséance mais si vous portez plainte,
le tribunal se foutra de votre gueule et vous réclamera une tournée générale en
guise de frais de justice.
Il faut bien vous mettre dans le crâne que si vous diffusez
quelque chose dans un réseau social, la chose ne peut plus être considérée
comme privée. Point barre. Arrêtez donc de jouer aux juristes en herbe, c’est
presque une question de principe. C’est même totalement une question de
principe si l’on considère que l’on diffuse quelque chose dans ce qu’on appelle
« un réseau social » : c’est bien naturel que cela ne soit pas
privé.
Dans la suite logique, on pourrait parler de ce qu’on
appelle le droit à l’image. J’ai parfaitement le droit de vous prendre en photo
et de vous diffuser sur le net. Point barre. Ce que je n’ai pas le droit, je
crois, c’est de mettre une photo de vous avec votre nom ou des éléments qui
pourraient permettre à des malotrus de vous nuire. Tout le reste n’est que bon
sens : on ne diffusera pas des photos des gamins des autres parce qu’on ne
sait pas si quelques pédophiles pourraient envisager… On ne diffusera pas une
photo d’un type en terrasse d’un bistro (je le fais, nananère) parce quelqu’un
qui vous connait pourrait détecter une présence inappropriée et, surtout, que
cela pourrait nuire au bistro.
Il faut tout peser. Par exemple, dans mon billet au sujet de
ma récente cuite, je n’ai pas indiqué le nom de mon compère car une recherche Google
pourrait lui être néfaste. Par contre, j’ai indiqué son nom dans Facebook, il peut
lui-même enlever « l’identification » et que je sais que, compte tenu
de son âge, de ses publications habituelles, de son style de vie, ce genre de
connerie ne peut pas lui nuire.
Je crois que vous êtes assez grand pour juger de ce qu’il
faut faire mais encore faut-il que vous preniez en compte les bons arguments… Vous
avez diffusé un texte d’avertissement à Facebook : en fait, c’est très
personnel, cela montre votre crédulité.
Qu’allez-vous penser que Facebook fasse des données ?
Vous croyez vraiment qu’il les utilise parce qu’il s’intéresse à vous ?
Mais que fait untel ? Non, ils étudient les vidéos que vous regardez le
plus souvent pour vous en présentez des équivalentes ou déterminent sur quelles
publicités vous avez cliqué pour vous proposer des services ou produits
similaires.
C’est tout et il n’y a pas de quoi en chier une pendule.
Même si mon hébergeur (google, en l’occurrence) pourrait en conclure que je
suis un être grossier pour me catégoriser dans le groupe des gros cons.
Ouais. C'est quand même assez révélateur de la période actuelle. Tout à chacun veut que tout soit gratuit sans contrepartie, que les RS seraient des services publics (ce que tu soulignes d'ailleurs à un moment). Si c'est gratuit tu es le produit disait l'autre...
RépondreSupprimerÇa fait écho aussi à une autre publication prévenant que Facebook allait devenir payant et qu'il fallait se mobiliser pour maintenir la gratuité...
il y a aussi celles qui concernent l'augmentation de Netflix...personne ne travaille gratuitement non? Si? Pas moi
Quant à la vie privée, pour vivre heureux vivons cachés
Je pense que tout le monde est en train de devenir fou...
Supprimerça va faire des semaines que je n'ai pas vu de publicité facebook :adblkock plus est efficace semble-t-il.
RépondreSupprimerLa plupart des gens n'ont pas adblock. En plus, les publicités Facebook sont souvent des publications suggérées donc adblock ne servirait pas. En outre, je n'ai pas envie d'installer ce machin sur mon iphone. Les vraies publicité sont sur le web dans la colonne de droite et, en fait, elles ne sont pas gênantes.
SupprimerPar ailleurs, j'utilise surtout le PC du bureau et je ne peux pas installer de trucs avec.
oui je sais , il faut avoir un know-how de l'internet pour utiliser de tels outils.
SupprimerDans notre monde de fous, tout service public est gratuit. Un ancien président avait même confirmé cette réalité économique. Comme on ne paye pas Facebook pour afficher la photo de son chat ou de son dernier kebab, c'est donc que c'est un service public, et donc, si Facebook tire profit de mes photos, c'est que nous vivons dans un état hyper libéral et vraiment très méchant. Il faut vraiment que cela cesse !
RépondreSupprimerLa Dive
Oui mais comment ?
SupprimerAYé , une personne a posté le truc dans ma TL Facebook que je croyais propre, du coup je l'ai masquée pendant 30 jours. Elle explique qu'elle a vu un avocat sur M6 expliquer que..... décidément ces zozos imaginent n'importe quoi.
RépondreSupprimerIls sont partout !
Supprimeroui partout dans les champs, les villes, les villages, partout : les neuneus.
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