Un mois et demi après Jacques Delors, c’est Robert Badinter
qui est mort. Quand je l’ai su, j’ai écrit dans un des réseaux sociaux : « c’est
bien la peine de s’être autant investi contre la peine de mort ». Il faut bien
rigoler (mais il vaudrait mieux parler français). Ce que j’ai craint est
évidemment arrivé : les murs Twitter, Facebook et autres se sont remplis d’hommages,
dont les trois quarts étaient ridicules.
Le pire que j’ai vu est : « Robert Badinter est mort,
je suis triste. » Comment peut-on être triste du trépas d’un type de 95
ans qui n’est pas de la famille ? Soit on est fou, auquel cas c’est à la médecine
de prendre des mesures, soit on est très au faux cul… Allez ! Je vous
laisse une dernière chance : on peut aussi être juste un peu con.
J’ai vu aussi : « Il faut que Macron fasse entrer
Delors et Badinter au Panthéon. » Je ne veux pas minimiser les actions des
saints hommes mais Badinter n’a fait que mettre en œuvre un élément du
programme de Mitterrand et il l’a fait quand il en a reçu l’autorisation. Quant
à Delors, voir les gauchistes lui adresser des compliments m’a plongé dans l’hilarité.
Delors a été successivement l’homme de la rigueur puis de la construction
européenne. De fait, je suis bien plus proche de lui que tous ces imbéciles… qui,
a une époque, n’arrêtaient pas de dire que j’étais de droite.
C’étaient des hommes de conviction. Toute sa vie, par
exemple, Robert Badinter a lutté contre la peine de mort. C’étaient des hommes
profondément intègres et honnêtes, je crois. Je vais citer mon
confrère Authueil : « La notion même d’autorité morale semble désormais étrangère à notre
classe politique. Elle nécessite en effet un mélange de valeurs morales et
politiques, incarnées dans une action et par des personnes dont la vie « réelle
» est en cohérence avec les valeurs qu’ils expriment. Badinter comme Delors ont
à la fois une colonne vertébrale idéologique (qu’on peut ne pas partager, mais
au moins, ils en ont une), qui guide leur action, sur des sujets d’ampleur, la
construction européenne pour l’un, la justice et l’abolition de la peine de
mort pour l’autre. Ils ont en plus cette capacité à prendre de la hauteur, à
savoir passer à autre chose, une fois leur moment passé, sans chercher à
continuer, encore et encore, une quête de pouvoir qui sert surtout à satisfaire
l’ego. Renoncer à être candidat à la présidence de la République, alors que les
sondages vous sont favorables, et retourner dans la discrétion de la vie privée
(sans venir emmerder ses successeurs), c’est chose rare. »
C’est pour ça que nos Dupont et Dupond du jour méritent des
hommages sincères et, surtout, autre chose que trois mots vomis dans un réseau
social à la mode. Ils étaient des grands hommes.
Je ne sais pas quels sont les critères pour être admis au
Panthéon. Depuis qu’Emmanuel Macron a été élu, nous avons Antoine Veil, entré ici
pour accompagner son épouse, cette dernière Simone Veil, hautement méritante,
mais peut-être bien sélectionnée juste après sa mort car il fallait une femme,
Joséphine Baker, sans doute parce qu’une femme noire manquait au tableau, et
Maurice Genevoix (Tiens !).
Un de ces jours, il y en a qui vont réclamer l’admission de
Chevènement… (ben quoi, il est déjà mort une première fois !).
Robert Badinter et Jacques Delors méritent de grands
hommages et de rester « à la postérité » mais leurs places dans nos cœurs,
dans nos esprits, suffit peut-être.
Il reste quelques éléphants, au PS, un peu moins âges que
nos deux lascars mais ils doivent se dire qu’ils sont sans doute les prochains
sur la liste. On pense évidemment à Lionel Jospin. Encore un qui recevra des
hommages de tout une floppée de gauchistes, lui a fait tant de privatisations
mais qui est à l’origine, avec DSK et la fille de Delors, d’une des dernières
avancées sociales.
Quand c’est moi qui dit qu’il faut baisser le temps de travail
mais laisser la liberté aux entreprises, personne ne me rend hommage. Tant pis.
Je ne sais même pas s’il y a une buvette, au Panthéon.
Hier, je pensais aux derniers éléphants et procédais à
quelques vérifications dans Wikipédia. J’étais stupéfait de voir que Pierre
Mauroy est mort depuis plus de dix ans. Quels compagnons de route de Mitterrand
sont encore parmi nous ? Pierre Joxe mais il a été accusé d’agression
sexuelle, le pauvre vieux. 89 ans. Paul Quilès. Ah non, il est mort ! Le
Covid, peut-être. 79 ans, seulement. Le gars qui avait démantelé les PTT. Vive
la gauche. Louis Mexandeau ? Mort aussi, assez récemment. Jack Lang. 84
ans. Au moins, il n’est pas mort. Mais il est déjà momifié, ça accélèrera
peut-être le transfert.
Edit Cresson, tiens ! Elle ferait une bonne candidate.
Elle vient d’avoir 90 balais et il faut des gonzesses. Première femme première
ministre, c’est un critère ? Ou plus courte durée dans le poste…
Genevoix qu’eux…
Ou Mitterrand lui-même, tiens ! Ca serait rigolo de demander sa panthéonisation...
Votre début de billet est excellent : pourquoi avoir tout gâché en citant (et longuement encore !) cet âne solennel d'Authueil, incapable de s'exprimer autrement que par poncifs usés à la trame ?
RépondreSupprimerSinon, il y a peu de choses dont je sois sûr, sur cette consternante planète. Mais je serais prêt à parier ma chemise que ni Delors, ni Badinter n'ont la moindre chance d'accéder à un semblant de postérité.
Ils sont tellement insignifiants qu'ils mériteraient en effet le Panthéon.
Je cite Authueil car c’est un blogueur politique actif. Et il fallait bien que je rende un vague hommage aux deux lascars pour montrer que j’ai bon fond à mes lecteurs gauchistes.
SupprimerVu que je crois dire qu’ils sont insignifiants.
D'autre part, je commence à en avoir ras les gonades de lire partout que Badinter "a aboli la peine de mort". Non seulement, comme vous le soulignez en commençant, il n'a fait qu'obéir aux directives de son supérieur hiérarchique, en l'occurrence Mitterrand, mais en plus, même ensuite, ce n'est pas lui qui a aboli la peine de mort, mais les députés qui, en la votant, ont permis cette abolition.
RépondreSupprimerMais enfin, il semble que la volaille des réseaux sociopathes ait un cruel besoin de saints laïques. Laissons-les donc panthéoniser celui-là si ça les amuse…
On peut toujours le panthéoniser alors que ce n'est pas une meuf ?
SupprimerAh, oui, merde !
Supprimer(Allo ? Houston ? On a un problème avec la fusée Badinter, là…)
On n'a qu'à panthéoniser sa grosse et le mettre avec. Encore que, elle n'est pas bien vue par les féministes musulmanistes...
SupprimerD'un autre côté, la dame en question était bien plus jeune que lui. Je me demande si c'est bien moral, tout ça.
SupprimerPour ta panthéonisation, tu peux aller te brosser le cheveu breton avec du pilou-pilou. ;+)
RépondreSupprimerAh merde...
Supprimermais ceux qui refusent de se présenter au élections quand ils sont donnés gagnants ont-ils plus de panache que ceux qui le font sachant qu'ils n'auront aucune chance ? je me demande.
RépondreSupprimerAu moins, ils ne sont pas bouffés par l'ambition et d'orgueil à l'idée de pensée qu'ils pourraient tenir la route pendant une campagne tout en étant réaliste à ce que peut représenter les sondages...
SupprimerArié, ils t’ont descendu avant l’obligation.
RépondreSupprimerJe dois filer un mauvais coton, je suis d'accord avec Didier Goux.
RépondreSupprimerBadinter était sûrement un homme de conviction et honnête, mais il a été simplement le ministre appliquant le programme du président élu. Certes, il a été connu du fait de son rôle dans le procès de Patrick Henry, mais il y a bien d'autres militants qui se sont battus contre la peine de mort.
J'ajoute qu'il faut relire le discours de Victor Hugo contre la peine de mort, et qui marche très bien en classe avec les élèves.
Il a toujours raison quand il dit que j'ai raison.
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