Ce sont les événements de Sciences Po, avant-hier, qui m’ont
poussé à faire mon billet évoquant l’antisémitisme de la gaugauche mais j’ai
oublié d’en parler, bête comme je suis. « L’Union
des étudiants juifs de France (UEJF) a dénoncé ce mardi l’occupation d’un
amphithéâtre de Sciences Po Paris par des étudiants propalestiniens. […] Les
étudiants de l’UEJF y sont pris à partie comme juifs et sionistes. »
Hier, Jean-Luc Mélenchon a tweeté : « À Sciences-Po aussi les indignations à géométrie variable
sont écœurantes. Comment et pourquoi un incident dérisoire devient-il une
affaire de cette ampleur médiatique nationale ? »
Je ne sais pas ce qui s’est passé réellement à Sciences Po. On
lit dans la presse : « Dans les colonnes
du Parisien ce mercredi 13 mars, l'étudiante qui a été "bloquée" à
l'entrée d'une salle de Sciences Po Paris lors d'une mobilisation
pro-palestinienne explique avoir pu entrer dans la salle. Elle affirme "ne
pas avoir entendu" être traitée de "juive" ou de
"sioniste". » Et : « L'Union
des étudiants juifs de France (UEJF) a affirmé sur X que ses membres ont été
"pris à partie comme juifs et sionistes". »
Visiblement, la justice tranchera…
A l’heure où Mélenchon a fait son tweet qualifiant ce pataquès
d’incident dérisoire, on n’en savait encore moins que maintenant. Il aurait donc
pu être prudent.
D’un autre côté, il l’a été… Il aurait pu dire que c’est « un
point de détail ».
Wikipedia a une
page dédiée à l’affaire du détail ce qui rafraîchit notre mémoire et me permet
de faire un billet à peu de frais grâce à
quelques copier-coller…
Tout d’abord, un rappel : « L'affaire du « détail » est une polémique faisant suite
aux déclarations de l’homme politique français Jean-Marie Le Pen, d'abord
exprimées en 1987, selon lesquelles les chambres à gaz sont un « point de
détail de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Ces propos lui valent
d’être condamné en justice et participent au processus de « diabolisation » du
parti qu'il préside alors, le Front national. »
« Jean-Marie Le Pen cherche
en parallèle à acquérir une stature internationale. Anticommuniste et
résolument libéral sur le plan économique, il rencontre plusieurs personnalités
étrangères, dont le président des États-Unis, Ronald Reagan, au début de l'année
1987. Il participe dans le même temps, à New York, au Congrès juif mondial,
lors duquel il tient un discours résolument en faveur d’Israël qui est
ovationné par l’assistance. »
« Le 13 septembre 1987,
Jean-Marie Le Pen est invité au Grand Jury RTL-Le Monde. Alors que la thèse
universitaire d'Henri Roques fait polémique concernant le révisionnisme, il est
interrogé par Olivier Mazerolle (le texte de la question est introuvable) à propos
de la contestation par des négationnistes de l'utilisation par les nazis de
chambres à gaz homicides.
Il répond alors : « Je n'ai pas
étudié spécialement la question, mais je crois que c'est un point de détail
de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale ». Face à la réaction du
journaliste, il répond : « Non, la question qui a été posée, c'est de savoir
comment ces gens ont été tués ou non » »
N’allez pas croire que je le défends : je me contente
de rigoler en imaginant les justifications que pourraient sortir les militants
de LFI au sujet des propos de Mélenchon.
Continuons :
« Près de dix ans plus
tard, à l'occasion du cinquantième anniversaire de la libération du camp
d'Auschwitz, Jean-Marie Le Pen exprime ses regrets pour avoir blessé lors de sa
déclaration. Le 31 janvier 1995, il fait, à la demande de Florence Belkacem, un
instant de silence à la mémoire des victimes juives de ce camp6.
Mais le 5 décembre 1997, lors
d'une conférence de presse organisée en compagnie de Franz Schönhuber, à
Munich, il réitère son idée en déclarant : « dans un livre de mille pages sur
la Seconde Guerre mondiale, les camps de concentration occupent deux pages et
les chambres à gaz dix à quinze lignes, ce qui s'appelle un détail ».
Il tient des propos similaires
le 4 avril 2008, dans le magazine Bretons, puis en séance au Parlement
européen, le 25 mars 2009. »
« D'après son conseiller en
communication Lorrain de Saint Affrique, il a convenu avec lui, avant son
entretien, qu’il convenait de donner une réponse « bateau » sur ce sujet en
mentionnant le thème de la liberté de recherche. Lorrain de Saint Affrique
indique également que Jean-Marie Le Pen regrette ses propos en privé
immédiatement après l'émission, indiquant : « Quand on est rentrés à
Saint-Cloud, il m'a dit : « En quarante ans de vie publique, c'est la plus
grosse connerie qui soit sortie de ma bouche » et il était accablé. Il était
persuadé que peut-être même, sa candidature à l'élection présidentielle un an
plus tard était compromise. Il m'a dit : « J'ai dérapé. C'est la première
fois de ma vie. J'ai dérapé. » »
« Lors de la septième fête
des Bleu-blanc-rouge de 1987, Jean-Marie Le Pen déclare que la polémique a
représenté un « succès », ajoutant : « Chaque attaque nous renforce. Notre
marche est invincible » »
De là à penser que les outrances de LFI soient programmées
pour les renforcer ! Loin de moi… Appliquer une stratégie d’extrême droite
pour la gauche radicale parait totalement ubuesque !
Il n’empêche que, en marge de ce billet, on voit dans la
presse, ce matin, des articles qui disent que les députés Macronistes ne savent
pas du tout quoi faire devant la montée prévisible de la liste de Jordan
Bardella dans les sondages en vue de l’élection européenne… La marche ne
serait-elle pas invincible ?
Vous pouvez lire la suite de la page Wikipedia. Jean-Marie
Le Pen a été condamné par la justice. Et : « À
la fin des années 2000, Marine Le Pen assure qu'elle « ne partage pas sur ces
événements la même vision » que son père et affirme ne « pas penser » que les
chambres à gaz soient « un détail de l'histoire », tout en défendant son père
qui selon elle n'a « jamais nié aucun des événements de la Seconde Guerre
mondiale ». En 2015, les propos réitérés de Jean-Marie Le Pen sur les
chambres à gaz font partie des griefs qui conduisent à son exclusion du FN. »
Aux deux présidentielles suivantes, Marine Le Pen était au
second tour (entre temps, son parti était arrivé en tête des élections
européennes).
N’allez pas tirer une mauvaise interprétation de ce billet
(même si j’ai lancé une pique à propos des stratégies, juste au-dessus, et même
si ça me ferait marrer que Méluche soit exclu d’LFI…). Ce ne sont pas les
propos de Jean-Marie Le Pen qui ont fait monter son parti mais le fait que tout
le monde en parle et crie au scandale.
Je publie réellement ce billet par pure fainéantise (et à
cause du fait que j’ai oublié d’en parler dans celui d’hier) mais aussi parce que
je suis préoccupé par la montée du Rassemblement National. Il ne me paraissait
pas inutile de rappeler ce point de détail dans l’histoire de cette montée,
point de détail qui a catalysé une partie de la dédiabolisation même si je me
demande si « catalyser une dédiabolisation » est bien français.
Wikipedia tient aussi une page avec les sondages en vue de l’élection
présidentielle de 2027 (on s’y intéressera sans oublier que les sondages
publiés trois ans à l’avance n’ont jamais été significatifs). Dans tous les cas
de figure, le candidat RN arrive en tête au premier tour avec un score
prodigieux s’il s’agit de Marine Le Pen. Elle gagnerait au second tour si elle
était opposée à Emmanuel Macron (ce qui est un cas d’école, sans doute) et face
à tous les autres candidats sauf, peut-être Edouard Philippe avec lequel elle
arrive à égalité.
Renaissance est à la poursuite du RN pour ces élections.
Grand bien lui fasse… Intéressons-nous plutôt à la gauche. Le cumul des partis
de gauche est du même ordre de grandeur que le score prévu pour le RN (qui n’est
néanmoins pas le seul parti de la droite de la droite). La dynamique,
comme on dit, semble être pour la liste soutenue par le PS.
En revanche, pour en revenir aux propos de Jean-Luc
Mélenchon, il ne faudrait pas qu’ils participent à la dédiabolisation du RN. A
sa décharge, le dédiabolisation est déjà faite… Mais s'il arrive à être autant odieux que JMLP, on est mal barrés.
Rien d'étonnant à ce que l'extrême gauche et l'extrême droite emploient des méthodes et développent des discours voisins : c'était de ja le cas en Allemagne in y a une petite centaine d'années...
RépondreSupprimerDG
Oui mais j’aime bien le rappeler.
SupprimerLa vieillesse désinhibe et accentue les travers, c'est connu. Y a qu'à regarder ce que je ponds dans mes billets.
RépondreSupprimerTu ponds pas beaucoup non plus…
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