J’avais l’habitude de rigoler avec le maire de ma commune.
Dès qu’un truc n’allait pas, un nid de poule sur le trottoir, une poubelle renversée,
un vélo garé dans le passage, un vendeur de cigarettes à la sauvette qui
engueule ses collègues, un SDF qui prend comme domicile un ban public, une
voiture arrêtée dans la voie de bus… Je lui disais : « c’est la faute
de la commune ! » Il me répondait : « Non, c’est la faute
du maire ! » Et on se marrait, sincèrement… (il plaisante moins
depuis son enterrement). La liste qu’il menait avait gagné les municipales de
1995, 2001, 2008, 2014 et 2020 et il a été élu maire dans la foulée, à chaque
fois. C’est ça qui nous amusait : les gens passaient leur temps à gueuler
contre lui mais votaient toujours pour lui !
Il reste que Le Kremlin-Bicêtre n’est pas Paris… mais que
tout le monde gueule contre Anne Hidalgo et beaucoup de personnes s’imaginent
qu’elle n’osera pas se représenter ou qu’elle ne sera pas réélue. Au fait !
Ca fera dix ans, demain, qu’elle est mairesse de la capitale et, comme on dit
chez nous, ça se fête la vieille !
Dans la meute des zozos qui la critiquent, beaucoup n’habitent
pas Paris, mais ça ne les empêche pas de parier pour une défaite en 2026 sans
vraiment s’intéresser aux sujets qui sont de la responsabilité de la mairie, à
part la circulation automobile, la propreté et le ramassage des ordures.
Rien sur les crèches, les écoles, l’urbanisme, l’action sociale…
Je n’habite pas, non plus, ce patelin mais cela ne m’empêche
pas de donner mon avis absolument pas éclairé.
Tout d’abord, je ne comprendrais pas qu’un militant
socialiste puisse ne pas espérer sincèrement que Mme Hidalgo (ou son successeur
à la tête des équipes socialistes de la capitale) l’emporte.
On peut soutenir la majorité présidentielle mais n’oublions
pas qu’elle va probablement elle-même se ranger derrière Mme Dati, qu’elle
vient de nommer ministre de la culture et qui est issue d’une droite proche de
Nicolas Sarkozy.
2017 est loin ! Je comprends très bien qu’on ait pu
suivre Emmanuel Macron à l’époque en étant de gauche. Moi-même, j’ai voté pour
lui au premier tour. Je suppose qu’il y a environ la moitié des électeurs de
François Hollande, en 2012, qui ont fait comme moi. Je vais rappeler mes motivations.
La première est que le candidat du PS n’avait aucune chance même s’il portait
les seuls sujets ayant en intérêt pour moi (autour de l’avenir du travail),
montant une vision de la société que l’on voulait préparer et pas un catalogue
de la Redoute de mesures pour faire gauchiste. La deuxième est qu’on avait un
fort risque d’un second tour entre François Fillon et Marine Le Pen. Ces deux
raisons sont bêtement électorales.
Il y en a une, par contre, qui explique le suivi : l’épisode
des frondeurs avait marqué une impasse à gauche et il n’étais pas idiot de
chercher une voie vers le centre, symbolisée par le « ni de droite ni de
gauche ».
Or la politique menée a progressivement basculé à droite,
proche du sarkozysme (d’ailleurs Sarkozy a « adoubé » Attal pour la
prochaine présidentielle, pas
plus tard qu’hier). La nomination de Rachida Dati à un ministère important
(façon de parler…) est une ultime provocation. La macronerie va soutenir la
liste de droite aux prochaines municipales à Paris.
On peut aussi soutenir « Les Ecologistes – Europes Ecologie
Les Verts » (je ne sais pas trop quel est le nom de ces sapajous) parce qu’on
est sincèrement écologiste (il est d’ailleurs amusant de voir que les écolos l’emportent
surtout dans les grandes villes) mais…
Tout d’abord, EELV a signé un accord pour les dernières
législatives, pour entrer dans la Nupes, avec expressément la possibilité de ne
pas respecter les accords européens quand on les juge néfastes. Quand on a le
mot « Europe » dans son parti, c’est inadmissible. Surtout, quand on
est des défenseurs de l’environnement et qu’on ne comprend pas que les accords
internationaux, surtout au niveau de l’Europe, sont indispensable pour imposer
des normes diverses de défense de l’environnement, on mérite plus le cabanon
que l’isoloir.
Ensuite, cet été, EELV a promu l’invitation d’un antisémite
notoire à son université d’été. C’est inacceptable. Enfin, ce parti a lancé une
cabale interne contre un de ses cadres historiques, François Bayrou Julien
Bayou qui l’a poussé à la démission : EELV est haïssable. Je vous parle
les propos grotesques enfilés par Mme Rousseau, comme le machisme des entrecôtes
au barbecue…
Je voulais faire un billet complet pour casser EELV ce qui
explique pourquoi j’en cause ici.
Les électeurs (surtout ceux d’ailleurs) critiquent beaucoup
les travaux à Paris mais il est probable que la plupart sera terminée pour les JO
et, s’il restera forcément des queues de chantiers, les grosses gènes, dans
Paris, se termineront rapidement et auront été oubliées.
En outre, ce ne sont pas nécessairement les habitants de Paris
qui supportent les problèmes de circulation.
Les électeurs ne mettront pas sur le dos de Mme Hidalgo la
grève des éboueurs… qui protestaient contre la réforme des retraites et
voudront bien admettre qu’une gêne temporaire ne mérite pas nécessairement des
coûts supplémentaires.
Des coûts supplémentaires ! Beaucoup d’imbéciles
critiquent la gestion financière de la ville. Mais, Moody’s vient d’attribuer
la meilleure note possible, correspondant à une « gouvernance et une gestion
très solides ». En outre, si la dette est passée de 1 à 8 milliards depuis l’arrivée
des socialos à la Marie, le patrimoine, quant à lui, a augmenté de 30 milliards !
La vérité est donc sans doute que la collectivité s’est enrichie de plus 20
milliards en 23 ans.
Quant aux rats, je n’en ai pas vu (à part des patrons de
bistro).
Enfin, on voit beaucoup dans les réseaux sociaux des
remarques sur la baisse de la population parisienne. On nous dit : les
pauvres quittent la commune. Il faudrait faire des études possibles (je parle
de cliquer ce qu’il faut dans Google vu que je suppose que les vrais travaux
ont été menés) mais on pourra aussi observer « les chiffres bruts » :
la population est stable et le gros de la baisse a eu lieu avant l’arrivée de la
gauche (voir le schéma moche)…
En outre, comme l’avait relevé Cédric
Villani : « Avec 20.754 habitants par
kilomètre carré, Paris se classe en effet très loin devant New Delhi (5.855
habitants) et New York (7.101 habitants). Cette densité fait de Paris la 8e
capitale la plus dense au monde, derrière Manille (Philippines), Bagdad (Irak),
Dacca (Bangladesh), Port-au-Prince (Haïti), Katmandou (Népal), Malé (Maldives)
et Damas (Syrie). » Je traduis dans des termes sans doute moins
corrects : Paris est la ville la plus dense du « monde occidental ».
Une baisse de la population (et donc de la densité) est pas très
grave, au contraire ! C’est un pas vers la normalité… et cela diminuera
peut-être la pression sur les logements.
Le logement, justement ! Autre sujet important
(sûrement plus que la circulation de trois scooters) : les
objectifs de la loi SRU sont atteints. On a évidemment une mauvaise
répartition géographique entre les arrondissements et un ralentissement des
nouveaux logements dans les dernières années (à cause de la diminution du
foncier disponible), mais le boulot est fait. En 2001, il y avait 13,5% de
logements sociaux. En 2025, le seuil de 25% sera atteint. En d’autres termes,
depuis que la gauche est responsable de la municipalité, le nombre de logements
sociaux a quasiment doublé (permettant le respect d’une loi mise en place par
la gauche qui a ensuite durci les conditions).
Il ne s’agit pas de dire que tout va bien : les prix
des logements « normaux » augmentent et les ménages avec des enfants
ne peuvent plus habiter à Paris. Il faut néanmoins relativiser certaines
informations (si les prix à l’achat grimpent, c’est aussi parce que l’offre
baisse à cause de la multiplication des logements sociaux et même que je dis ça
au hasard).
Toujours est-il qu’on pourrait avoir une baisse des prix
avant la
prochaine élection !
Toujours est-il que les JO vont bien se passer. Paris va redevenir
un havre de paix, les transports en commun du Grand Paris (qui ne sont d’ailleurs
que très peu parisiens) vont se développer, les bonnes nouvelles vont arriver
sur différents fronts.
Anne Hidalgo aura réussi son mandat, en foutant le bordel
surtout au début, et la ville sera bientôt, à nouveau, reconnue comme la plus
belle du monde !
Ca s’arrose et ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain
(surtout dans la Seine, d’ailleurs, pauvre bébé).
Il reste une étape à franchir : qu'Anne Hidalgo se représente ou nous dégote une personnalité un peu connue pour le faire...