Dès que l’écologie se perd dans des décisions politiques
puis technicoadministratives (ou lycée de Versailles), elles me gonflent
quasiment autant que les écologistes qui confondent leur combat avec une lutte
contre le système sans même se préoccuper de l’environnement. La deuxième
partie de la comparaison n’est pas l’objet de ce billet mais nous sommes en
droit de nous poser la question de savoir si les zadistes de Notre-Dame-des-Landes
défendaient les marais locaux ou luttaient contre ce que symbolise le transport
aérien, le tout en se foutant totalement des contraintes environnementales,
comme l’étalement urbain de la ville de Nantes ou la pollution de l’étang de Beaulieu.
Cette aversion pour les politiques environnementales ne fait
pas de moi, pour autant, un gros pollueur ni même un pollueur gros. Je joue le
jeu : je ne prends pas l’avion, je n’ai pas de voiture, je trie mes
déchets, je n’entretiens pas mon jardin, devenu un infini puits de biodiversité
et j’en passe… Je pisse sous la douche et, si je ne chie pas encore dans ma
baignoire, je me demande bien pourquoi.
Ce sont bien des décisions politiques retranscrites par des
administrations obtuses qui provoquent mon courroux matinal vu qu’elles me
touchent directement et vous allez vite comprendre pourquoi elles m’escagassent
de plus en plus. Je vais tout de même commencer ce billet par trois exemples qui
intéresseront plus ceux qui intéresseront plus ceux qui auront eu la chance d’entamer
la lecture de ce billet de blog fabuleux.
Le premier : vous vous rappelez certainement du « mouvement des Bonnets rouges [qui] est un mouvement de
protestation apparu en Bretagne en octobre 2013, en réaction à la taxe poids
lourds et aux nombreux plans sociaux de l'agroalimentaire ». J’aimerais
savoir ce qui est passé par la tête de politicien ou de haut fonctionnaire pour
croire que taxer les transports routiers des fournisseurs de denrées
alimentaires allait permettre de lutter contre le réchauffement climatique. J’aimerais
savoir comment ces andouilles ont pu croire que pénaliser les régions isolées
(la Bretagne est au bout « d’un pic ») aurait pu aider quoi que ce
soit. J’aimerais savoir comment ces ahuris ont pu penser qu’une taxe au kilométrage
donc lésant les régions éloignées des centres de consommation, donc les régions
qu’il faudrait aider à se développer économiquement, serait utile tout en aggravant
les inégalités entre les territoires. J’aimerais savoir comment ces imbéciles ont
pu imaginer un système de portiques (équipés de caméras pour scanner les
plaques d’immatriculation, et, au passage, restreignant la liberté de
circulation de tous) était le meilleur système (déjà, il suffirait de taxer les
producteurs – ce qui serait inique mais moins cher – et il serait tout de même
plus simple, d’utiliser des systèmes de géolocalisation).
Un pur délire.
Je ne parle pas du volet purement politique alors que le
machin a été conçu par la droite mais a du être arrêté par la gauche, a qui on
a reproché le coût de l’annulation qui n’était en fait que le coût de la mise
en place… à jeter à la poubelle.
Le deuxième : « l’Europe » qui a annoncé une
date d’interdiction des voitures « thermiques »… Qui sont les
imbéciles qui ont mis un arrêt à la recherche scientifique chez les
constructeurs pour interdire d’imaginer de nouveaux carburants nécessitant une
combustion ? Qui sont les crétins qui ont osé imposer une « technologie »
alors que personne n’est près, qu’il n’y a pas assez de bornes de rechargement,
que ces rechargements sont trop longs, que les voitures ne peuvent, en l’état,
faire de des grandes distances, que les gens allaient avoir des voitures
différentes pour les trajets du quotidien et pour les vacances ? Qui sont
ces fous furieux pour penser que l’industrie ne saurait pas s’adapter toute
seule, pas nécessairement pour répondre à des impératifs écologiques mais tout
simplement pour pallier l’inévitable augmentation du coût du pétrole voire la
raréfaction de ce dernier ? Qui a obligé
ces industriels à investir dans l’électrique, mettant de côté d’autres sources
potentielle d’énergie, comme l’hydrogène dont on parle tant (et dont je ne
connais rien à part qu’il entre dans la composition d’un ingrédient nécessaire
à la préparation finale du Ricard) ?
Le troisième, puisque nous sommes au niveau de l’Europe :
qui sont les débiles qui ont décidé de standardiser les câbles de chargement
des smartphones (donc des iPhone uniquement), limitant ainsi la capacité d’innovation
des industriels, toujours eux, le tout au nom de la limitation des déchets,
donc des productions ? Qui sont les attardés qui ont décidé de standardiser
un truc qui va disparaitre (la mode est au chargement sans contact, tout de
même, grâce à des technologies développées et standardisées… par les
industriels) ? Qui n’a pas vu que les câbles s’usaient souvent plus vite
que les appareils auxquels ils doivent se brancher ou qu’un individu devrait
avoir plusieurs dispositifs de rechargement (à la maison, au bureau, dans la
voiture…) ? Comment ces zozos n’ont-ils pas imaginé les « cas d’usage »
(comme on dit dans mon job) avant d’imposer des réglementations délirantes ?
On pourrait multiplier les exemples. Tenez ! Le glyphosate
est certainement mauvais. Il a donc été interdit par les « institutions ».
Puis il a été réautorisé au prétexte qu’il n’est pas si mauvais que ça. Puis
tout le monde doute de l’opportunité de cette réautorisation, voire de son honnêteté.
Pendant ce temps comment les particuliers et surtout les paysans vont traiter
leurs cultures, le tout en n’étant pas pénalisé par des textes différents d’un
pays à l’autre et en ne détruisant pas l’environnement ? Et paf ! On
a eu une belle crise dans le milieu agricole, cette année… Coïncidence ?
Je ne crois pas (surtout que je m’en fous).
Je vais néanmoins me contenter de deux exemples auxquels je
suis confronté actuellement et qui justifient mon énervement. Vous savez
peut-être que j’ai hérité de la maison de ma mère (en périphérie d’une petite
ville de Centre Bretagne) voire que je m’occupe de la maison depuis que sa
précédente propriétaire a déménagé pour l’hospice, si je puis me permettre. Je
vais les numéroter « quatrième » et « cinquième ».
Le quatrième, donc : Il y a des textes qui prévoient
que les eaux de pluie, recueillies sur les toitures, ne peuvent pas aller dans
le circuit des eaux usées. Déjà, c’est à moitié délirant de penser qu’ajouter
de l’eau propre à l’eau sale allait augmenter le nombre de salissures de l’eau sale…
On comprend néanmoins les motivations de ces braves professionnels de la
gestion de l’environnement : il ne faut pas augmenter les volumes à
traiter par les stations d’épuration pour ne pas qu’elles débordent.
Il n’empêche que j’ai reçu la visite d’un sous-traitant d’une
collectivité territoriale qui a inspecté mon système et m’a annoncé que je
devrais brancher mes gouttières sur un circuit spéciale d’évacuation des eaux
usées. Ce circuit équipe déjà la majorité des rues de la commune mais j’habite
dans une impasse (j’ignore le nombre d’habitations de cette ville de 10000
habitants mais il y avait un article dans le journal, la semaine dernière, où
était écrit qu’il reste 600 maisons à raccorder).
Il va donc falloir que je fasse des frais… (une partie des
charges sera couverte par la collectivité pour les grosses infrastructures)…
J’ai une maison qui occupe un tiers d’un terrain de 450 m2.
Je ne sais pas ce qui passe par la tête des imbéciles heureux qui pensent que la
pluie qui tombe sur ce tiers ne puisse pas être évacuée comme celle qui tombe
sur les deux autres tiers (en d’autres termes, je pourrais cisailler mes gouttières
et laisser la flotte se barrer ailleurs que dans les égouts) ?
On a une solution mise en œuvre, par ailleurs grotesque,
pour éviter que les machines qui « lavent l’eau » ne soient « débordées »
mais personne ne va penser que, petit 1 : je jette moins de produits
chimiques (lessive, savon…) dans les égouts qu’un type qui lave sa voiture
devant chez lui dans les nappes phréatiques et, petit 2, il m’arrive de chier
(ce matin, c’était à 5h30, ça surprend au réveil) mais j’ai du mal à imaginer
que ma production de merde nécessite que je mette en place une évacuation
spécifique des eaux de pluie pour que mes déjections puissent être assainies
paisiblement…
Le cinquième : maintenant que ma mère est morte, je
dois virer ces affaires de la maison, de même que celles de mon père et de sa propre
mère (j’ai réactivé un blog, d’ailleurs,
où je raconte ça, d’ailleurs, en plus d’autres choses). Mes parents étaient
profs et ont longuement milité dans des associations, notamment dans leurs
conseils d’administration. Autant vous dire que j’ai des tonnes de papiers à
éliminer. Figurez-vous que les braves gens qui s’occupent des déchets dans la
commune (mais mettant en pratique des normes nationales ou européennes) ont
décidé que ces papelards ne pouvaient pas être déposées à la déchetterie. Les
particuliers sont invités à les déposer dans leurs containers jaunes
individuels. J’en ai un petit parce qu’une fonctionnaire a décidé, un jour, que
cela me suffisait (je n’ai pas insisté vu que la facturation de l’enlèvement
des ordures dépendait de la taille des poubelles… avant d’être modifiées pour
être calculées en fonction de la valeur locative de la maison).
Le ramassage est toutes les deux semaines mais je ne suis à
la maison qu’une partie du temps. Je ne peux donc déposer sur la rue (au bout
de l’impasse, pour être précis, vu que des imbéciles ont déclaré que les camions
poubelles ne pouvaient pas faire de manœuvre dans des impasses, même si, comme
dans la mienne, il y a largement de la place et si, comme tous les camions de
ce type ont des « rippers », la surveillance pendant les demi-tours
peut-être assurée pour éviter d’écraser des mômes jouant par là, mais c’est un autre
sujet) que toutes les quatre semaines. Pendant ce laps de temps, mes poubelles
se remplissent avec mes propres déchets ménagers (emballages…).
J’ai calculé que je pourrais virer tous les papiers entassés
dans mon garage temporairement avant 2030…
N’arrêtons pas là. Les préposés de la déchetterie ont été incapables
de nous indiquer des « boites à livre » (j’ai aussi un volume
conséquent à utiliser). Ils ne prennent pas les matières textiles (il y a des
boites spécifique mais les vêtements et autres tissus doivent être stockés dans
certains conditions (sacs poubelles de 30 litres… Ils sont vite pleins…).
Je vais raconter une autre anecdote. Avec mon frère, nous
avions commencé à vider les dépendances. Dans la véranda, il y avait deux
meubles avec des étagères (des trucs tout simple, les moins chers chez Ikéa).
On a été ensemble à la déchetterie. J’ai pris la première dans la remorque
pendant que le frangin faisait autre chose ce qu’il fait qu’il s’est occupé
trente secondes après moi de l’autre. Nous nous sommes adressés au même préposé
dans la déchetterie. Il m’a dit, à moi, de la jeter avec les meubles et, à mon
frère, de la jeter avec le bois.
Nous sommes tombés dans une espèce de folie bureaucratique
qui a des conséquences jusqu’à la réflexion des employés de la dite déchetterie
(je pense que s’il a envoyé mon frère ailleurs que moi c’est pour des raisons
de sécurité).
Je pourrais continuer ! Tenez ! Mon frère et moi
étions débordés par le volume. J’ai fini par faire appel à une société
spécialisé et j’ai reçu le devis avant-hier. Il y est précisé ce qu’ils ne prennent
pas en charge… C’est impressionnant. La personne qui était venu visiter la
maison m’avait expliqué pourquoi : ils doivent payer des redevances
spécifiques à la déchetterie pour certaines choses ou cette dernière ne prend
pas tout en charge. Par exemple, si j’ai une bouteille de gaz à virer, je n’ai
rien pour m’en débarrasser (à part, j’espère, une station-service).
Cette folie bureaucratique issue de je ne sais quelles
réglementations, traduites en textes obscures, au fil des années… remplace quoi ?
Ben, je me rappelle quand j’étais môme. Avec mon père, on mettait les ordures
devant la maison, les feuillages issus des coupes d’arbustes et tout ça… Seul
le verre échappait à cette règle (les bouteilles étaient réellement recyclées).
Les boueux passaient deux fois par semaine. Ils appelaient leurs collègues
quand il y avait des encombrants et des déchets verts.
C’était un service public. Maintenant, on paie une redevance
spécifique pour les ordures mais on n’a même plus le service. La technocratie
environnementale a tué, en plus, le service public.
Nicolas Sarkozy, ou du moins son gouvernement, avait mis en
place la taxe carbone et les fameux portiques pour permettre sa facturation. C’était
une connerie. Il n’empêche qu’il avait déclaré « l’environnement, ça
commence à bien faire ». Il n’avait pas entièrement tort !
On a tout de même des règles environnementales qui me
poussent à cacher des ordures recyclables au fond du container pour le « tout
venant »… Et avant ma naissance, un coin du jardin de ma maison
quasi-natale (oui, on avait des maternités, à l’époque, au bled) servait déjà à
mes darons à jeter les ordures susceptibles de donner des composts.
On n’avait pas besoin de hauts-fonctionnaires nous imposant
des composteurs et des sous-traitants vérifiant que je ne mette pas d’eau
propre dans les égouts.
Et ne déformez pas mes propos : je critique les mesures prises mais pas leur justification. Par exemple, j'ai fait des billets de blog pour soutenir la politique d'Anne Hidalgo en matière de circulation automobile et je n'utilise pas de round up. Si j'achète une voiture, elle sera électrique : je fais les longs trajets en train.
Et après, on s'étonne de voir des partis populistes être en tête aux élections européennes.
La photo de Ségolène Royal n'est pas là pour illustrer les déchets mais c'est elle qui a décidé de l'arrêt des portiques pour les camions. Tant qu'à dire du bien de la dame, j'ajoute que j'approuve ses propos sur l'eurovision.