En salle

21 mai 2024

Halte à la vétéranophobie !



Comme je le disais dans mon dernier billet, j’ai été traité de vieux, de boomer, de papy… dans Threads. Un commentateur (parfois) aimable me disait : « Le “racisme anti-vieux” est le seul qui soit non seulement accepté mais même fort bien porté. On devrait d'ailleurs lui trouver un nom : je propose vétéranophobe. » Nous allons accepter même si « vétéran » fait un peu moderne. On pourrait préféré « croutonophobe ».

Dans ces échanges virulents, on m’a fait remarquer que je n’avais rien à faire, à mon âge, dans les réseaux sociaux alors que j’y traine depuis une vingtaine d’année, donc avant l’apparition de Twitter et Facebook (à l’époque, on avait les blogs, bien sûr, mais aussi les chaines Youtube et des trucs comme ça). Donc, sans doute, avant même que ces jeunes ne sachent allumer un ordinateur…  Je ne sais vraiment pas pourquoi ils s’imaginent que ces machins sont des trucs de jeune (d’autant que je dois avoir, maintenant, moins que l’âge moyen des gens qui trainent dans Facebook). Ils prennent leurs rêves ou leurs désirs pour des réalités.

C’est con, un jeune.

 


Ségolène Royal a déclaré l’autre jour, dans Twitter : « #Eurovision2024 Ce n’était pas un concours de talent musical, mais un concours de laideur, de vulgarité, de grossièreté, d’exhibitionnisme (sanctionné par la loi mais diffusé à des millions d’enfants et d’ado !! ). » Elle a parfaitement raison. Elle aurait pu ajouter que cela répond à une logique commerciale, voire bassement libérale mais on s’en fout. Ce que je veux dire aux jeunes qui me traitent de vieux c’est que mes propres darons auraient pu critiquer dans les mêmes termes les chanteurs et musiciens que j’écoutais il y a trente ou quarante ans et je suppose que leurs propres vioques critiquaient ce qu’ils écoutaient dans les années 40 ou 50. Ca me rappelle mon père qui était fan de Gilbert Bécaud (ou du moins qui en avait été fan) qui était très subversif ! « En février 1955, Coquatrix propose d'offrir le spectacle de Bécaud aux étudiants. Plus de 4 000 spectateurs se pressent alors que la salle ne contient que 2 000 places. Les adolescents sont pris de frénésie et s'emballent jusqu'à casser des fauteuils. »

Faut bien rigoler.

Ce que je ne comprends pas (ou que j’espère ne pas comprendre), c’est comment les jeunes d’aujourd’hui mais aussi des autres époques s’imaginent qu’ils ne finiront pas comme des vieux cons. Je ne sais pas si j’étais comme ça. Tout ce que je me rappelle, c’est que je ne pouvais pas supporter Bécaud.

 

Ces jeunes de nos jours qui trainent dans les réseaux représentent le camp du bien. Ils sont antiracistes, féministes, écologistes, antihomophobes… Je ne sais pas s’ils se rendent compte que le « manifeste des 343 » est sorti quand j’avais 5 ans, il y a donc 51 ans, que René Dumont était candidat à la présidentielle quand j’en avais 8, que SOS racisme a été créé quand j’en avais 18. Entre temps, la première gay pride a eu lieu à Paris. J’avais 11 ans.

Les luttes ont évolué mais les « mômes » d’aujourd’hui n’ont pas inventé grand-chose. Elles ont évolué mais parfois dans un domaine délirant, par exemple, par la défense du port du voile par les femmes au nom de la liberté des femmes à s’habiller comme elle veulent et la critique des opposants au nom de l’islamophobie qu’ils considèrent comme du racisme, comme si on pouvait assimiler une religion à une origine ethnique…

 

Je voudrais envoyer une bafouille à ces jeunes.

 


Déjà, tu as vingt-cinq ans et tu regrettes les années précédentes où tu pouvais sortir presque tous les soirs. A 58 ans, je sors tous les soirs. Je n’ai commencé à ralentir que vers 55 ans suite à des problèmes de santé indépendants de l’âge. Je me rappelle mon copain « Casquette » que j’ai connu il y a vingt ans, alors qu’il avait une cinquantaine année. Il n’arrêtait pas de dire que l’important était de rester jeune dans sa tête. En fait, il était déjà un vieux con… comme tu commences sans doute à l’être.

Dans quatre cinq ans, tu vivras avec une gonzesse ou un mec avec qui tu imagineras passer le restant de ta vie. Tu ne sortiras plus, tu recevras des copains à la maison pour regarder les maths de foot (ou je ne sais quoi pour les femmes) mais tu auras acheté seulement un pack de six bières, ton conjoint se chargera de faire à manger alors que tu pensais commander une pizza.

Quelques années plus tard, tu auras des enfants et tu t’installeras dans un « pavillon ». Je m’adresse surtout aux mecs mais tu finiras par passer ton temps dans le jardin à t’occuper des arbustes, de la pelouse, de la haie, des légumes… pendant que ton épouse soignera « l’intérieur ». Tu auras renoncé à faire la lessive car ta compagne n’arrête pas de critiquer ta manière de trier le linge, de plier les caleçons, de ranger les chaussettes… Tu ne feras plus la cuisine (hors barbecue) parce que ta femme insistera pour manger les bons petits plats simples à faire qu’elle tient de sa mère alors que tu te contenteras des steaks hachés nouilles sauce tomate parce que les gamins aiment ça.

Le matin, tu t’occuperas des enfants en question, ça te donnera l’impression de participer à la vie de famille mais, le soir, tu rentreras trop tard pour dîner avec eux car c’est ton épouse qui aura un travail aux quatre cinquièmes car tu trouveras cela normal vu que tu gagneras plus qu’elle.

Au bout de quelques années, tu participeras à quelques afterwork avec des collègues plus jeunes. Ils deviendront tes seules sorties. Ta femme fera la gueule et tu rentreras plus tôt. Tu te feras tellement chier, à la maison, que tu finiras par t’inscrire à une salle de sport car elle ne pourra pas regimber si tu t’occupes de toi et tu auras l’impression de t’y faire des copains sans te rendre compte que tu ne fréquenteras plus que des cons comme toi.

 

Tes gamins deviendront ado. Tu es un parent branché et tu essaieras de les accompagner mais tu empêcheras ta fille de mettre une minijupe alors que, maintenant, tu passes une partie de tes journées à gueuler dans les réseaux contre les types qui matent les gonzesses dans la rue. Tu la surveilleras et feras tout pour qu’elle perde sa virginité le plus tard possible, après le mariage, même, espères-tu…

Et ils quitteront la maison et tu devras t’occuper de tes propres vieux, te sentant plus responsable, plus obligé… que tu ne l’étais avec les vieux de ta jeunesse.

Tu seras un vieux con.

 


Ce racisme antivieux, cette vétéranophobie ou croutonophobie, est vraiment très conne : vieillir et ce que l’on peut espérer à tous. J’imagine mal finir femme, homosexuel, racisé ou que sais-je…

Je comprends que les vieux te fassent chier. Les vieux font toujours chier. Tu viens de quitter la demeure familiale, tu as tes premiers revenus, ton indépendance, tu es content. Mais tu ne fais que vieillir et ne te rends pas compte.

Quand tu auras mon âge, tu perdras tes parents. Avant même d’être à la retraite, peut-être. Tu n’auras plus d’ascendants. Tu seras parmi les plus vieux. 


Déjà, tu es trop vieux pour faire des grosses fêtes sauf si elles sont rares. Participer à un festival te fait de plus en chier et tu continues à y aller par nostalgie.

Je m'en fous, il me reste une heure de taf et je vais aller au bistro avec les copains. Comme quand j'étais étudiant.

21 commentaires:

  1. La fin de ton article me fait penser à cette histoire qu'on m'a racontée il y a très longtemps :

    A une époque les vieux étaient gardés par leurs enfants qui s'occupaient d'eux 24h/24. Julien, on va l'appeler comme ça, s'occupe chez lui de son vieux père. Il lui met notamment tous les jours sur ses genoux une couverture qu'il lave régulièrement. Julien râle à chaque fois que son père bave sur la couverture ou lorsqu'il la laisser traîner par terre. Et puis il a son boulot, des activités, des potes à aller voir. Julien en a marre et il ne se gêne pas pour le faire savoir. Mais tout à une fin, son père meurt de vieillesse et Julien retrouve une certaine tranquillité pendant quelques années. Jusqu'à ce qu'il voit... son propre fils étendre la fameuse couverture sur le fil à linge.

    On est toujours le vieux de quelqu'un.

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    1. Ouais... Le problème est surtout de ne pas le savoir...

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  2. J'ai oublié quand j'étais jeune, mais je me rappelle que j'étais particulièrement con. Mais c'est un privilège de la jeunesse, sinon pourquoi faudrait il attendre la vieillesse pour obtenir la sagesse. CQFD je ne suis pas encore vieux, car je ne suis pas encore vraiment sage,😆

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    1. Ce n'est pas grave d'être con quand on est jeune, c'est la routine. Ce qu'il y a de gênant, c'est de ne pas le reconnaitre.

      Et la vieillesse n'est pas que la sagesse. C'est un peu pour ça que je parle de mon pote Casquette, dans le billet : vieux, il se croyait jeune alors qu'il n'était qu'un vieux con. D'ailleurs, dans le billet, je me moque des gens qui vieillissent qui changent leurs habitudes. Le père de famille qui ne s'occupe des gamins que le matin n'est pas une caricature !

      Le tout est une question de dosage, reconnaître qu'on vieillit ou admettre que l'on va vieillir, que l'on peut changer d'avis, qu'on n'a pas refait le monde...

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  3. Joli. Mon père disait que notre jeunesse finira vieille et conne et que nous n'avions plus qu'à vieillir. Comme il avait raison

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    1. C'est bien ça. On vire vieux con. Mais il faut le reconnaître.

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  4. Deux petites citations:
    Vieillir est encore le seul moyen qu’on ait trouvé de vivre longtemps. (Sainte-Beuve)
    La jeunesse ? Ca leur passera avant que cela me reprenne (Anonyme)
    Hervé (Bretagne)

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  5. Vive les vieux et aux chiottes les jeunes cons, surtout dans les réseaux sociaux et les blogs !

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    1. Surtout dans les blogs et les RS. Pour le reste, ils font bien ce qu'ils veulent...

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    2. Oups ! Ils font ce qu'ils veulent aussi dans ces machins mais on a le droit de se foutre de leur gueule.

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  6. Il ne faut pas se moquer des jeunes : ils sont quand même l'avenir de la vieillesse…

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    1. Je crois que vous ne m'avez pas bien compris… ce qui n'est pas très grave d'ailleurs.

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  7. J'avais 7 ans quand Gigliota Cinquetti a gagné l'Eurovision. C'est dire que vous êtes beaucoup plus jeune que moi!!!!
    Vieillir n'est ni une qualité ni un défaut mais un privilège malgré quelques petits inconvénients!
    Sylvie

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    1. Gigliola et non Gigliota ! Et moi aussi, hélas, j'ai l'âge de me souvenir de cet Eurovision-là…

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    2. Z'étiez pas né...

      DG

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    3. C'est pourtant pas faute d'avoir essayé...

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  8. Halte aux commentaires anonymes sauf quand ils sont de moi.

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  9. voilà ce que ça fait d'être vieux... j'ai même pas signé mon précédent commentaire sur le pouvoir d'érection. capthaka

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