« Désormais tout vote pour
un candidat qui se déclare pro-européen serait du masochisme. Bien sûr, se
déclarer pro-européen est la cotisation obligatoire pour entrer dans le club
fermé de la représentation médiatique. » Voila ce que déclare Seb
Musset dans son
billet réquisitoire contre l’Europe (ou, du moins, contre l’Union
Européenne dont au sujet du parlement de laquelle nous allons voter, si je puis
me permettre cette déformation d’une expression bérurienne).
Je suis d’accord avec la plupart de ses propos (et si vous
voulez savoir lesquels, le mieux à faire est de le lire) mais je suis pro-européen
(même si je me contre-pignole de la représentation médiatique).
Je m’en vais exposer quelques arguments mais je vais bien
conclure (si je n’oublie pas) par le fonctionnement de la démocratie au sein de
ses institutions : nous avons des élections dans une paire de semaines et
je compte bien m’abstenir préventivement, pour ne pas être complice d’une débandade
annoncée...
Tout d’abord, en préambule, je dois dire que je vais parler
d’Europe dans les sections suivantes de ce papelard mais je vous prierais,
comme ci-dessus, de lire « Union Européenne ». Rappelons tout de même
que la vraie Europe (dans
notre contexte politique) est « est un
territoire considéré conventionnellement comme un continent, délimité à l’ouest
par l’océan Atlantique et la mer du Groenland, au nord par l’océan Arctique. Sa
limite méridionale est marquée par la mer Méditerranée et le détroit de
Gibraltar qui la sépare de l'Afrique, tandis que la mer de Marmara (avec les
Dardanelles et le Bosphore) et la mer Noire marquent sa frontière avec l'Asie
de l'Ouest. Sa limite à l'est, fixée par Pierre le Grand aux monts Oural, au
fleuve Oural, à la côte nord-ouest de la mer Caspienne et au Caucase est la
limite traditionnellement retenue. »
C’est bien de l’Union Européenne (UE) dont nous
parlons aujourd’hui, une espèce de rassemblement entre les états du territoire
européen. Il ne faut pas, non plus, confondre, ce territoire et l’union avec d’autres
machins politique comme le Conseil de l’Europe et la Cour Européenne
des Droits de l’Homme (CEDH) que ce conseil a institué.
Dans notre UE, nous avons un Conseil de l’Union Européenne,
un Conseil Européen et une Cour de justice de l’Union Européenne.
Je suppose que les pères fondateurs étaient saouls comme des cochons quand ils
ont créé trois institutions pour deux entités avec « Conseil » et « Europe »
dans le titre et ayant généré deux machins avec « Cour » et « Europe ».
L’alcool, c’est mal.
Je conseille de dissoudre le Conseil de l’Europe et la CEDH
et les machins liés dont je n’ai pas parlé ci-dessus, comme la Convention
Européenne des droits de l’homme, le Comité des ministres, l’Assemblée
parlementaire, le Congrès des pouvoirs locaux et régionaux et la Conférence des
organisations internationales non gouvernementales (quitte à reprendre les compétences,
au sein des trucs de l’UE, ce qui exclura certains pays, tant pis pour leurs
gueules. Ou tant mieux). N’allez pas croire à mon infinie culture, je me fais
aider par Wikipedia.
C’est un impératif démocratique : comment peut-on
organiser des élections européennes qui n’aura aucun rapport avec des machins
politiques « au nom de l’Europe » ? Profitons-en pour dissoudre
un autre machin sans lien exact avec l’UE : l’Association européenne de
libre-échange. Vous ne saviez pas que cela existait : je vous rassure,
moi non plus. Mais il y a aussi des pays différents de ceux des autres bazars.
Tant que j’y suis, je propose d’obliger tous les pays de l’Union
Européenne à passer l’euro. Ou à quitter l’UE. Point barre. Sont concernés :
Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Suède et Tchéquie. C’est quoi ce bordel
avec des institutions aux concours géographiques variables… Dans la même
logique, d’ailleurs, on pourrait virer l’Irlande et Chypre qui ne sont pas dans
l’espace Schengen (le pire, avec Schengen, est qu’il y a des pays hors UE (Islande,
Liechtenstein, Norvège et Suisse). Tout cela est aussi un impératif
démocratique. Je ne suis pas contre ces machins à « géométrie variable »
mais, à l’époque où l’Union Européenne est en train de crever, il faudrait la
définir plus précisément.
L’Union Européenne, pour fonctionner au niveau démocratique,
doit être un machin avec une monnaie commune et où les zozos peuvent circuler
en toute liberté, avec un certain nombre de choses communes. Je me répète, les
pères fondateurs ont bien abusé de substances un peu louches…
Ne voyez pas de populisme de ma part. L’Europe devrait être
une entité géographique (de l’Atlantique à l’Oral à tout ça) et, voire ou, une
entité politique bien définie et pas un ramassis de constructions éparses que
le citoyen ne peut pas connaître.
Prenons deux exemples.
Tout d’abord, Bardella parle beaucoup de frontières (l’autre
jour, avec Attal, il parlait de « double frontière », je crois). Il faut
que cela cesse : le sujet n’est pas de la prérogative du Parlement (on
peut le regretter, ce n’est pas le sujet) vu qu’il n’a pas l’initiative
parlementaire et l’espace de libre circulation des andouilles dépasse l’UE donc
le « périmètre géographique » du Parlement.
Ensuite, nous avons la CEDH (sans rapport avec l’UE… à part le
mot « Europe » dans l’intitulé) qui a pris une décision, la semaine dernière :
les interdictions du port du voile à l’école, en Belgique, ne seraient pas
contraire aux droits de l’homme. Comment peut-on affirmer cela sans rigoler :
dire aux gens comment s’habiller ne serait pas contraires aux droits de l’homme
(et de la femme…) ? Je me réjouis, évidemment, de cette décision (je suis
viscéralement opposé aux tenues qui marque l’appartenance à une religion) mais
que viennent foutre les droits de l’homme dans cette histoire ? A croire
que c’est une décision purement politique à l’approche des élections
européennes (qui ne couvrent d’ailleurs pas le territoire de la CEDH) et qui va
foutre dans la merde les couillons de gauche musulmanistes qui défendent « le
voile » et parlent toujours des droits de l’homme.
Au moins, c’est rigolo.
La construction de l’Union a été progressive. On va dire qu’elle
a démarré après la guerre avec le marché commun et tout ça. Il y a eu une étape
clé, en 1992, avec le traité de Maastricht et la création de l’Euro. L’Europe
est devenue une union financière (avec nécessairement des règles qui dépassent
le strict de cadre de la monnaie, comme ses règles d’utilisation : les
déficits, l’inflation…). Dans mon job, je suis avec passion l’évolution des moyens
de paiement et vous en parle souvent, mais on peut dire que la construction s’est
arrêtée là. Je pensais sérieusement que nous aurions poursuivi cette
construction avec, par exemple, une progressive harmonisation fiscale et sociale,
par exemple.
C’est raté. L’Europe est un échec (voir le billet de
Seb Musset même si on n’est probablement pas d’accord avec les causes). Ca fait
mal au cul au cœur d’un défenseur de l’Europe comme moi de l’admettre
mais je voudrais bien que nous fassions tous la même démarche plutôt que de
faire des démarches d’autoconviction pour tenter de convaincre des électeurs…
J’ai donc voté pour en 1992 et j’ai récidivé en 2005. Cette
fois, j’ai perdu ! Je suis intimement persuadé que le rejet du texte par
les électeurs est plus lié au fait que soit annexé au traité le texte de
traités antérieurs, imposant une ligne politique très libérale à l’Europe et
non pas au mode de fonctionnement des institutions proposé dans la première
partie, noyé par l’utilisation du pompeux terme « constitution ».
D’ailleurs, on nous a imposé le « mode de
fonctionnement » quelques années plus tard (le traité de Lisbonne, je
crois). Cela a impliqué des confusions. Les institutions devaient évoluer pour
bien fonctionner alors que les ressentiments portent sur le contenu politique.
Du moins, je crois. En d’autres termes, je crois aussi que l’on peut être pour le
cadre « juridique » de l’élaboration des textes européens du contenu
de ceux-ci.
Je pense que ce cadre doit dépendre exclusivement des chefs
d’Etat (à condition qu’ils aient été élus démocratiquement) alors que le
contenu des textes doit être voté par le Parlement pour lequel nous allons voter
(ou pas) sur la base, dans le cadre actuel, de directive proposées par la
Commission européenne qui dépend surtout du Conseil de l’UE mais avec le
président élu par le Parlement.
Ce qui nous amène donc au parlement pour lequel nous allons
voter.
Je parlais de la double frontière défendue par Bardella. C’est
une double ineptie le fait de mettre ça dans le programme. D’une part, le Parlement
n’a pas l’initiative parlementaire. Ce n’est pas parce qu’il vote pour le président
de la Commission (l’espèce de conseil des ministres) qu’il peut imposer un
programme politique qui reste du ressort essentiel du Conseil, donc des chefs d’Etat.
D’autre part, la libre circulation des imbéciles est aussi du ressort des
textes créateurs et pas du Parlement.
C’est donc une tromperie.
Il est temps (je crois qu’on vote pour ce machin depuis 45
ans) de bien rappeler le rôle du parlement et d’éviter que cette élection se
transforme en une élection nationale (pour ou contre le gouvernement en place…).
Peut-être faudrait-il que l’élection soit à l’échelon du
territoire concerné (les pays de l’UE) avec des listes correspondantes et qu’on
laisse bien aux Etats, ce qui doit rester de leur ressort, comme la défense (même
si on peut être contre ou être partisan de la mise en œuvre progressive d’une
vraie politique internationale européenne) et, dans notre contexte, la construction
de l’Europe et l’exercice de la souveraineté.
Dans l’attente, je ne vais pas voter. Pourquoi le faire alors
que je conteste le cadre démocratique de la chose tout en soutenant l’Europe.
Celle qui n’aurait pas dû échouer, celle qui aurait dû faire une industrie
européenne et renforcer nos économies tout en favorisant le progrès social et
environnemental…
Où sont mes cachets ?
à l’époque où l’Union Européenne est en train de crever, il faudrait la définir plus précisément.
RépondreSupprimerJ'adore cette phrase ! Toute votre puissance comique s'y trouve concentrée.
DG
Il faudrait toujours définir les cadavres. Et ma phrase est claire même si elle pourrait être mieux branlee.
SupprimerNJ
Sinon, je me suis moi aussi trouvé en large accord avec le sieur Musset... ce qui est légèrement perturbant.
RépondreSupprimerDG
Mon pauvre…
SupprimerSalut à toi,
RépondreSupprimerJe continue à te lire assez régulièrement, même si je ne commente plus.
Mais en l'occurrence le sujet m'intéresse particulièrement ...
C'est quoi l'UE ?
On a transféré la souveraineté monétaire, composante essentielle de la politique économique, à une banque supranationale composée de technocrates dont les orientations sont connues,
On a piétiné allègrement le refus référendaire massif du traité constitutionnel pour le remplacer par le traité de Lisbonne, lequel se réfère expressément à une vision économique : l'ordo-libéralisme qui confine l'Etat dans un rôle de gardien sourcilleux du sacro-saint marché régulateur,
On a confié à un organisme non élu, la Commission, des pouvoirs exorbitants, instaurant ainsi une forme de césarisme bureaucratique...
Etc,
Tout cela au détriment de la démocratie et pour quel réel développement, dans un espace ouvert à tous les vents de la concurrence mondiale ?
C'est bien le mot régression qui me vient à l'esprit quand on parle de l'UE.
P.CASTOR
Bon retour...
SupprimerLe transfert de souveraineté date de Maastricht, pas du machin de 2005, refusé par le peuple mais remis sous une autre forme par ls dirigeants. Or très peu de gens tapent sur Maastricht, justement parce qu'il y a eu un referendum et un texte adopté par le texte. Alors on préfère taper sur les machins ultérieurs qui ne sont qu'un dépoussiérage. Déjà, c'est à la limite de la faute politique.
Tous ceux qui ont voté pour, en 1992, s'attendaient à une suite, l'harmonisation fiscale et sociale dont je parlais. On s'est fait entubés. C'est bien 1992, pas 2005. Tout ce dont tu parles, en gros, date de 1992. Tu dis par exemple que la commission n'est pas élue... Sauf que depuis les modifications, son président est élu par le Parlement. Tu parles de Commission pas élue ? Et le gouvernement, en France ? Il est élu ?
Tu dis "tout cela au détriment de la démocratie". Pourquoi ? Le texte est beaucoup plus simple que le bordel d'avant mélangeant différents traités. Mais le TCE était beaucoup plus clair que le traité de Lisbonne... sauf que les deux rendent difficiles la modifications des textes antérieurs, eux franchement libéraux mais le sujet n'est jamais abordé sous cet angle.
Cela étant, on ne va pas refaire le débat. On s'est fait entubés en 1992 (en votant) et en 2007 (sans voter), si tu veux.
Toujours est-il qu'on a un vrai bordel qu'il faudrait modifier (et supprimer des trucs hors UE, ce que je dis) et que les élections portent sur un Parlement qui agit sans programme pour différentes raisons, notamment parce qu'il n'a pas l'initiative des textes (mais ça n'est pas nouveau) et que les candidats disent n'importe quoi (du moins des choses qui ne sont pas du ressort du Parlement ou de la Commission mais des Etats membres).
La participation à l'élection est en baisse presque continue depuis le début... sauf la dernière fois... Quand l'extrême droite est arrivée en tête. Et on nous dit toujours, à gauche, que le désamour vient du libéralime mis en oeuvre...
Tiens ! Le déficit commercial de la France (en forte baisse) est de l'ordre de 100 milliards. L'Ue est en large excédent. Vous en tirez les conclusions que vous voulez mais j'aurais tendance à penser que la France est surtout victime de la concurrence dans l'UE et pas de celle avec les grandes puissances économiques extérieures. D'où mes propos sur l'harmonisation fiscale et sociale... Mais je suis moi-même hors sujet de mon billet.
RépondreSupprimer