« Un groupe d’experts scientifiques vient de rendre un
rapport à Emmanuel Macron, sur l’exposition des enfants aux écrans. » nous
dit mon confrère Authueil. Le sujet a en effet récemment fait la une des
médias et n’ayant absolument aucun enfant, du moins connu des services d’état
civil ou de police, j’ai toutes les compétences requises pour donner mon avis.
Il est parfaitement clair et je crois volontiers aux
conclusions du groupe d’experts tant il est évident que ces machins sont
mauvais pour les mômes. Il n’empêche que j’ai bien peur que les décisions qui
en découlent soient mauvaise.
Tout d’abord, il faut relativiser. D’une part, des groupes d’experts
qui auraient été mandatés à l’époque de ma jeunesse (les années 70) auraient certainement
tiré la conclusion que l’on passait trop de temps devant la télé. D’autre part,
si les gamins deviennent à moitié con, ce n’est pas la faute des écrans… ou alors
du temps passés par leurs darons à faire les guignols dans les réseaux sociaux
ou devant des séries débiles.
On nous parle de tablettes ou de smartphone spécialement conçues
en fonction de l’âge, par exemple pour empêcher les mômes de moins de 13 de s’inscrire
à TikTok, Instagram et autres machins mais il ne serait par surprenant qu’une
partie des appareils refilés à ces chiares soient les anciens de leurs vioques
ou que l’on trouve des trucs moins onéreux ailleurs. Pisser dans un violon n’aide
jamais à faire un politique.
Le rapport (pdf)
est réellement intéressant (notamment le peu que j’en ai lu, sur mon écran) mais
je pense que la commission oublie quelques aspects. Si un type va au bistro
avec son gamin de trois ans et lui prête son iPhone pour avoir la paix, en
sélectionnant un dessin animé ou un jeu, le problème n’est pas l’accès au
smartphone mais la présence d’un gamin au bistro, ce pourquoi la commission n’est
pas mandatée. Et heureusement.
Bien sûr, il est possible de réglementer et de légiférer. On
peut aider les écoles à récolter les smartphones pendant la journée ou les
industriels à promouvoir des solutions propres à chaque âge par des espèces de
labels mais n’oublions pas que les jeunes connaissent mieux l’utilisation des
produits. L’autre jour, alors que je ne suis pas spécialement nul, je n’arrivais
pas à enrôler mon iPhone pour avoir accès à la messagerie du boulot : je l’ai
refilé à un collègue d’une trentaine d’années qui m’a résolu tout ça en
quelques minutes.
Par contre, il ne faut surtout pas faire des réglementations
qui touchent le grand public et faire des campagnes de sensibilisation qui
seront rapidement la risée de toute la population qui finira par se braquer.
Certains expliqueront, comme toujours, que leur progéniture
est plus intelligente que les autres. D’autres nous diront que leurs gamins
ayant des particularités, ils doivent pouvoir être joints en permanence ou
pourvoir appeler leurs vieux. Comme si on avait cette possibilité, il y a
encore vingt ans… Des andouilles prétendront avoir permis aux andouillettes
(diminutif d’andouilles ?) d’avoir des activités ludiques et pédagogiques.
On n’est pas sortis de l’auberge.
Et ils penseront tous : mais occupez-vous de vos fesses
et laissez-nous gérer nos gamins, ce sont ceux des autres qui posent problème !
Foutez-nous la paix !
D’un autre côté, ça me permettra de faire des jolis billets
de blog sur le thème « vous faites le lit du RN »… Forcément…
Je suis au stade de me dire que tout fait le lit de l’extrême-droite.
Tenez ! Je suis empêtré dans des histoires bêtes avec ma maison, comme le
fait de ne pas pouvoir foutre tout ce que je ne peux pas garder à la déchèterie
ou prévoir un écoulement de mes gouttières ailleurs que dans le tout-à-l’égout
standard car la pluie qui tombe sur mes 150 mètres carrés de toiture serait
plus mauvaise que celle qui a la politesse de tomber directement sur la pelouse.
Je conçois bien les « problématiques » environnementales et
financières derrière. Mais, bien que progressif, l’entrée dans le monde moderner
commence à me les briser.
Alors si l’on commencer à nous pondre des règles d’utilisation
de nos smartphones, je pense que ça va ronchonner grave alors qu’on n’est pas
capable de faire comprendre à un abruti qui téléphone en terrasse qu’il dérange
ses voisins.
Ainsi, pour nos braves écrans, le plus sages serait de ne
rien faire. Des actions gouvernementales ne supprimerons pas la connerie des
parents.
"C'est marrant chez les marins ce besoin de faire des phrases" est la version originelle de la propension de nos dirigeants à légiférer sur tout. Comme tu l'as dit, je pense que la très grande majorité des parents savent qu'il faut limiter le temps d'écran et éviter l'exposition quand ils sont petits. Après avoir dit ça, il reste deux catégories :
RépondreSupprimer- Ceux qui le savent, évitent mais restent des être humains et, je suis bien placé pour savoir, parfois tu craques parce que tu as besoin de temps pour faire un truc (et c'est pas forcément faire caca )...
- Ceux qui le savent mais n'en ont rien à foutre, car c'est quand même peinard de les coller devant Tibère et la maison bleue ou les histoires de père castor
il y a d'autres catégories mais ceux là ne seront jamais ni convaincus, ni contraints par quoi que ce soit, ils s'en foutent ou sont cons.
Ca me rappelle vaguement les polémiques autour de la loi pénalisant la fessée ou la baffe (je ne sais plus). On va y retrouver les mêmes. Les saints, ceux qui craquent rarement mais qui craquent et ceux qui les élèvent comme ça... Aucune loi n'y changera rien parce que c'est humain (ou inhumain, chacun jugera).
Ouais. On peut envoyer devant la justice un type qui colle une baffe à son gamin. Celui qui l’autorise à faire un jeu sur un smartphone, ça va être compliqué.
SupprimerNJ
Ils se tripotent la tige devant des pornos dès l'âge de trois ans... alors les jeux vidéo, tu parles. capthaka
RépondreSupprimerOuais... Les tabous devant la sexualité m'étonnent toujours...
SupprimerÀ des parents qui cherchaient des conseils pour élever leurs enfants, Freud répondait : « Faites ce que vous voulez : de toute façon, ce sera mal. »
RépondreSupprimerDonc, laissez les momes se demerder comme ils veulent !
DG
Voila !
SupprimerJe vais lire ce rapport. En tant que professeur, je ne sais pas si les écrans sont responsables du fléau que constitue le manque de concentration chez des élèves de 6ème. L'adolescence amène ensuite d'autres problèmes qui rendent actuellement le travail scolaire particulièrement inefficace.
RépondreSupprimerJ'ai des doutes avec un point : "n’oublions pas que les jeunes connaissent mieux l’utilisation des produits". Cela dépend beaucoup selon moi du niveau social. Ne serait-ce que changer un mot de passe sur tel ou tel site bloque énormément de mes élèves en collège. Le problème est qu'ils apprennent seuls.
On disait la même chose pour l'utilisation d'un ordi. Les connaissances en informatique étaient en réalité très variables, mais en moyenne assez faibles jusqu'à il y a 10-15 ans. Maintenant, avec l'avènement des smartphones, c'est pire.
Marc
La phrase que tu cites (entre guillemets) doit être précisée, en effet. Il y a effectivement le niveau social mais on entre aussi dans des catégories où les parents sont largués, donc les mômes se débrouillent mieux. Surtout, je pense que les gamins se débrouillent très bien avec ce qu'ils utilisent (ils n'ont aucun mal à créer un compte TikTok, par exemple) et finiront par ne pas avoir de mal pour finir des fausses identités numériques et ce genre de trucs (on peut évidemment augmenter la sécurité mais cela sera au détriment des libertés individuelles et de l'accessibilité au numérique).
SupprimerJ'imagine ce que peuvent être les autres problèmes dont tu parles (manque de respect voire délinquance, manque d'exercice à la lecture... J'en passe forcément, n'étant pas concerné) et je pense que les écrans ne sont annexes. Dans ma jeunesse, par exemple, on avait des vrais travaux à menés "à la maison" et les parents nous mettaient sur la voie (je me rappelle en sixième, il fallait qu'on fasse un herbier et les vieux - les miens étant prof, donc plus sensibles - nous envoyaient en promenade en foret... Je souviens aussi d'exercice de physique - mon père ayant été mon prof de la cinquième à la troisième ce qui nuit à mon objectivité - où on nous demandait des recherches à la maison).
Enfin, je me souviens d'une époque où on était vraiment jugés sur la qualité du travail et j'ai l'impression que les élèves n'étaient pas traités à la chaine... (on était dans une petite ville de province, ce qui change surement beaucoup... avec le retour que j'avais de mes vieux ce qui change également beaucoup aussi).
Je comprends que légiférer ne va rien solutionner. Mais actuellement la très grande majorité de mes élèves de 6ème (11 ans) sont sur 2 ou 3 réseaux sociaux tous les jours après 17h. Les élèves de 5ème, 4ème et 3ème, n'en parlons pas. Pas le temps d'apprendre les leçons.
RépondreSupprimerEt l'impact sur le travail scolaire est largement sous-estimé par notre société. En gros, il n'y a pas grand monde qui veut vraiment savoir.
Marc
Toujours d'accord mais si les gamins n'étaient pas sur les réseaux sociaux, ils seraient sans doute ailleurs, pas forcément dans le travail ou la lecture.
SupprimerTu as raison : personne ne peut savoir.
C'est le côté addict qui pose problème, surtout pour les plus jeunes. Je ne pense pas que les générations précédentes aient été exposées de la sorte. La tv n'était pas comparable selon moi. Le manque de concentration est une vraie maladie chez les plus jeunes, un problème grave de santé publique.
RépondreSupprimerJe sais qu'on a des quinquas accros, mais ils ont connu autre chose, se sont construits différemment, ne sont pas en pleine phase d'apprentissage.
Je vous laisse, j'en ai assez dit.
Marc