30 juin 2024

Un peu de sérieux !

 


Hier, les réseaux sociaux étaient étonnamment calmes, au niveau politique. C’est une vieille habitude : les campagnes électorales s’arrêtent à minuit le vendredi qui précède le scrutin. Je crois bien qu’il y a une bonne quinzaine d’années, on s’était fait remonter les bretelles par quelques vieux acteurs du web politique, parce que nous militons jusqu’au bout. Cette tradition a du bon, au fond, on a la paix et on ne voit plus de messages de propagande.

Cela étant, la loi est assez précise et on peut faire tout ce qu’on veut à condition que cela ne soit pas interdit (par définition). En tant qu’internaute « lambda », vous faites ce que vous voulez sauf si vous faites partie de l’équipe de campagne d’un candidat, ce qui reste à définir (en 2022, par exemple, je faisais campagne pour Roussel sans avoir le moindre contact avec ses proches : peut-on dire que je faisais campagne voire que je risquais quelque chose ou faisait prendre des risques à « mon » candidat ?). C’est, du moins, mon interprétation des textes… Je vous laisse juge. Le calme qui précède la tempête est fort agréable.

Je n’ai fait aucune campagne depuis la présidentielle de 2022. Et encore…  Et il y a une seule règle absolue : il faut arrêter de péter plus haut que son cul.

 

En cette journée où la quiétude nous guette, j’ai quand même envie d’apporter quelques précisions sur mon engagement politique, sous différents angles. La première est que je n’ai jamais adhéré à un parti politique, je n’ai jamais été proche des équipes de campagne de candidats à l’exception de la présidentielle de 2012. Aux élections locales, il n’y a qu’une seule personne « de la vraie vie » que j’ai soutenue, Jean-Luc Laurent qui a été élu maire à l’issue de la dernière élection municipale (et qui est morte en début d’année). Mon engagement le plus fort fut à l’occasion des primaires de la gauche en 2011, ce qui ne nous rajeunit pas.

Tout cela ne m’empêche pas d’avoir un profond respect pour les gens qui s’engagent, qui défendent leurs opinions jusqu’au bout, participent à des réunions, même uniquement pour information, distribuent des tracts… et ceux qui font un vrai travail pour faire vivre la démocratie, comme tous ceux qui tiendront des bureaux de vote, aujourd’hui.

Quand je parle de respect, je fais référence aux actes et pas nécessairement aux idées défendues. A contrario, je n’ai aucun respect pour les andouilles qui se contentent de balancer des slogans dans les réseaux sociaux et s’imaginent utiles… S’ils développaient des argumentaires, ne serait-ce que sous la forme de billets de blog, ça changerait beaucoup mon acceptation.

 


Hier soir, je suis rentré chez moi (au bistro en bas…) après une dizaine de jours en Bretagne. Plusieurs copains m’ont dit « c’est bien, tu es rentré pour voter ». J’ai nié. Je suis rentré parce que j’ai un rendez-vous demain. Je ne vote pas. La réaction des copains en question a généralement été du genre « hein, quoi, comment, toi, qui suis toute la politique, qui tiens un blog, nous en causes souvent tu ne votes pas, ce n’est pas possible ! »

Je vote assez rarement car j’ai horreur de cela, du rituel (interrompre ma journée, marcher jusqu’au bureau de vote, prendre un bulletin, me foutre dans un isoloir et tout ça). Je ne vais voter que quand je pense utile de voter. Au premier tour de la présidentielle de 2017, je me suis déplacé pour voter Macron car je voulais éviter un second tour Macron Le Pen. En 2022, je suis allé voter Roussel pour tenter de marquer un ancrage à gauche hors LFI (j’ai échoué…). J’ai voté à des municipales car j’aimais bien le candidat et que mon vote était « utile » : il était prévisible que les trois listes au second tour seraient dans un mouchoir de poche (ce qui a été le cas : mon candidat a été élu avec 50 voix d’avance…).

Je ne vais pas voter à cette législative car la candidate de gauche est à peu près sûre d’être élue, sans doute au premier tour, même. Je n’ai pas envie de voter pour elle : c’est Mathilde Panot.

Il y a toujours des types qui m’expliquent que je devrais aller voter blanc. Je n’ai pas que ça à foutre. L’objet d’une élection est généralement de choisir une personne. Le vote blanc ne sert strictement à rien malgré ce que disent les habituels peine-à-jouir. Je ne suis, en outre, pas plus outragé que cela par les taux de participation et j’emmerde tout de même les donneurs de leçon. Il revient aux politiques de faire en sorte qu’on ait envie de voter pour eux. Le reste n’est pas mon problème.

Les élections sont biaisées par les mensonges et les comportements des candidats. Pour moi, le fait que, aujourd’hui, plus de la moitié des électeurs vont choisir un candidat d’un camp populiste en est une preuve. Le fait que les élus soient généralement empêchés de réaliser leurs programmes (vous voulez le Nouveau Front Populaire ? Dans deux ans vous aurez « le tournant de la rigueur ». Vous avez voter Sarkozy en 2007, il a eu la crise des subprimes. Vous avez voté Macron en 2017, il a eu la crise sanitaire) en est une autre.

 


Hier, dans le blog, j’ai fait un billet de « politique fiction ». Je l’avais appelé « uchronie ». C’est une erreur de ma part. J’ai honte. Certains lecteurs pensaient que je me livrais à un jeu de prévisions pour la poursuite de la séquence électorale. C’est faux : je ne fais aucune prévision. Les chiffres que j’ai fournis sont la moyenne de ceux annoncés dans l’article avec une synthèse des sondages (que j’avais mis en lien).

Ce que j’ai écrit est tout simplement ce que je pense qu’il devrait se passer et, comme nous sommes en période de gel de la campagne, j’ai choisi de le romancer. Point barre. Je suis fatigué de voir que certains pensent que je fais de la propagande dans le blog. Si, depuis les dernières législatives, je fais des billets pour dire que l’accord « Nupes » est mauvais c’est tout simplement parce que je crois qu’il est mauvais.

Les lecteurs manquent de recul sur l’influence des blogs alors que le taulier est le seul à pouvoir « estimer » son public. Mon avant-dernier billet a eu 130 lecteurs, c’est dérisoire. Je l’avais rédigé pour dire que je ne considérais pas à l’identique le RN et FLI et que les gens suspicieux envers ce dernier feraient mieux de tout faire pour faire barrage à l’extrême droite. C’est mon point de vue. Point barre. Bis. Mon dernier billet (la fausse uchronie) a eu moins de 200 lecteurs. C’est assez peu, aussi. Les précédents frisaient les 400… Mon dernier billet à plus de 500 lecteurs date de février.

 


Ce matin, je voyais une publication Facebook d’un copain qui disait, un peu comme moi, ce qu’il voudrait que l’on fasse : « Il faut que le NFP annonce dès ce soir qu'il accepte le principe d'une coalition NFP-Ensemble (dirigée par une personnalité NFP et n'excluant pas LFI a priori) à la condition qu'une convention citoyenne tirée au sort soit réunie immédiatement pour rédiger une nouvelle constitution (cela s'est fait au Chili et en Islande) soumise à référendum et appliquée dès sa ratification. On peut y ajouter aussi des conditions programmatiques, comme le rétablissement de l'ISF et l'abrogation des réformes des retraites et de l'assurance chômage. »

Je vous passe l’aspect « croquignolesque » de vouloir changer la constitution parce qu’on n’est pas d’accord avec le résultat d’élection et qu’on a échoué à se faire élire (avec une mauvaise stratégie) depuis des années. Je ne parlerai pas du tirage au sort de citoyens incompétents…

Il faut remettre les pieds sur terre : si on accepte de participer à une coalition, c’est pour éviter que des gens à qui on est radicalement opposés prennent le pouvoir. Point barre (encore une fois). Inclure des conditions programmatiques aussi précise et aussi en opposition par rapport aux projets de l’autre membre de la coalition est une forme de folie : les textes ne trouveront pas de majorité, tout simplement parce que la coalition en question ne pourra pas avoir la majorité absolue. Ca serait un coup à s’étriper jusqu’aux prochaines élections nationales, sans doute anticipées, que le RN n’aurait, alors, aucun mal à emporter haut la main.

 


J’étais, hier soir, en terrasse de bistro. A côté deux mois, il y avait deux jeunes qui font partie de l’équipe de Mathilde Panot. J’écoutais, amusé, leurs échanges qui tournaient évidement autour de l’élection. Ils sortaient un tas de théorie pour expliquer le résultat probable et donc les motivations des électeurs pour voter RN.

C’est fou ! Ils n’ont rien compris et surtout pas le fait que les 30 ou 40% de la population concernée choisissent ce camp, c’est parce que les autres les ont plantés…

Hier, il y a eu une manifestation pour l’anniversaire de la mort de Nahel. La mère à appeler à « lutter contre les impunités policières et réclamer justice ». C’est très bien. Mais ne pourrait-on pas se foutre dans le crâne que l’électorat ne supporte pas le fait d’avoir un jeune sans permis conduire une voiture de luxe et fuir les flics…

Ce n’est pas une question de droite ou de gauche, ni même, à mon avis, d’immigration, mais d’ordre, de banlieue pourrie et de cadre de vie lamentable, de respect des représentants de l’ordre et j’en passe.

 

Qu’on se le foute dans le crâne. Quand on aura rétabli tout cela (pas seulement à Nanterre...), quitte à participer à un gouvernement hétéroclite, on pourra enfin parler de progrès social et envisager des mesures que l’on prend à cœur comme la baisse de la TVA sur la bière.

29 juin 2024

L'heure de l'uchronie à l’envers

 


Nous sommes le 14 juillet 2024, il est 21 heures. Merci de nous retrouver pour ce journal audioteamsé. C’est une bien curieuse fête nationale que nous avons vécue aujourd’hui d’autant que les gros barbus n’aiment pas perdre des jours fériés ! La nouvelle du jour est bien entendue la première victoire d’un Français sur le Tour de France, cette année, avec la victoire inespérée de Romain Bardet, pour sa dernière participation, au Plateau de Beille ! Nous y reviendrons en fin de journal mais l’on peut d’ores et déjà dire que c’est de très bon augure à quelques jours de l’ouverture des Jeux Olympiques.

L’ambiance était particulière lors des cérémonies, notamment sur les Champs Elysées dans la mesure où c’est la première fois de l’histoire de la Cinquième République qu’elle se déroule entre le deuxième tour d’une élection législative et la réouverture de la session parlementaire, jeudi prochain, 18 juillet. Compte tenu des circonstances particulières, le Président de la République n’était pas accompagné de celui de l’Assemblée mais il avait tenu à ce que Gabriel Attal soit présent, pour rappeler qu’il est le chef de la majorité présidentielle. Il était également entouré de différents chefs d’Etat incarnant le progressisme comme Giorgia Méloni, Viktor Orban et  Andrzej Duda.

Nous reviendrons sur le déroulé de cette journée, après la météo au cours de laquelle nous verrons que les prévisions sont étonnantes vu qu’il pleuvra quand il ne fera pas beau mais que le soleil sera dignement caniculaire entre deux averses.

 


L’actualité est bien évidemment centrée sur la politique nationale, une semaine après le deuxième tour des élections législatives. Au cas où vous dormiez depuis une semaine, nous vous rappelons le résultat. La première surprise est que le résultat est conforme aux derniers sondages d’avant le premier tour, y compris pour ce qui concerne les projections en siège. Comme prévu, le Rassemblement National est arrivé en tête avec 36% des voix ce qui lui a permis d’avoir 245 députés, à moins de 40 sièges, donc, de la majorité absolue.

Le Nouveau Front Populaire obtient 160 élus, la majorité (pardon, l’ex-majorité) présidentielle à 105, LR en a 35 et 32 députés sont, pour l’instant, classés non-inscrits. Les tractations vont bon train, depuis une semaine, alors que les groupes ne sont pas encore constitués au Palais Bourbon. On voit déjà que le parti en tête, le RN, n’arrivera pas à constituer une majorité absolue même s’ils arrivent à rallier les forces de LR, ce qui serait hautement improbable vu que plus de la moitié des députés de l’ancien grand parti de droite, le parti gaulliste, refuse catégoriquement cette alliance.

 


Le Président de la République a reçu les différentes formations politiques, cette semaine. Jordan Bardella s’est rendu à l’Elysée avec Marine Le Pen et a déclaré que, en l’état, il serait fort peu probable qu’ils revendiquent Matignon. Notre grand analyste, dit Jégoun, a d’ailleurs résumé : ça serait le bordel, putain, et la popularité des guignols de l’extrême-droite s’effondrerait avant la prochaine présidentielle car ils n’arriveraient pas à faire voter une loi sans que les débats ne partent en couilles.

Aux grands concours de pronostics, une hypothèse semble donc tenir la corde avec la nomination d’un gouvernement qui serait soutenu par une grande partie des autres députés, avec un chef qui pourrait faire l’objet d’un consensus même s’il apparait guignolesque d’imaginer une majorité courant de Mathilde Panot à Corentin Le Fur (respectivement députés du Kremlin-Bicêtre et de Loudéac, Monsieur Le Fur étant le fils de son père, député sortant, qui avait montré des positions proches de l’extrême droite catholique à l’occasion de « la manif pour tous ») ! On a tout de même pu observer de nombreuses rencontres entre les dirigeants de tous ces partis.

Le suspens devrait prendre fin rapidement… du moins jusqu’à l’étude des prochains textes de loi.

 

Au sein du Nouveau Front Populaire, le nombre de députés est ainsi passé de 147 (dans le périmètre de feue la Nupes) à 160, ce qui ne représente qu’une petite hausse, par rapport aux espoirs des militants, après l’annonce de la dissolution. LFI accuse une petite baisse, de 75 à 70 députés. Les écologistes et les communistes et ses alliés perdent également des élus. Le Parti Socialiste est donc le premier bénéficiaire de la hausse du nombre de sièges, passant de 27 à 40 élus mais il n’y a pas de quoi en chier une pendule, non plus.

Sortant d’une rencontre à l’Elysée, Mathilde Panot et Manuel Bompard, représentant évidemment Jean-Luc Mélenchon, ont déclaré qu’ils étaient prêts à participer à un gouvernement à condition que le programme du Nouveau Front Populaire puisse être mis en application. Des représentant de l’ancienne majorité présidentielle auraient déclaré officieusement que LFI pouvait toujours courir même si Renaissance accepte volontiers de participer à un gouvernement d’union nationale.

 


La première surprise vient donc d’un communiqué de presse de François Ruffin, soutenu par Clémentine Autain, Rachel Garrido et Alexis Corbière, ces deux derniers ayant été élus sans le soutien d’LFI. Je vous le cite : « putain de bordel de merde, cette pantalonnade doit cesser ! Nous ne pouvons pas continuer à agir en opposant ou essayer de chercher une majorité impossible. Il nous faut participer au redressement de la France, selon ce que électeurs ont montré dans les urnes, en respectant le choix des nôtres mais aussi ceux qui ont choisi de maintenir les députés macronistes, sans oublier ce qui a motivé le choix de ceux qui ont préféré l’extrême-droite à l’ensemble des pingouins que nous représentons à leurs yeux. Nous sommes donc ouverts à toute proposition du président Macron. En tout état de cause, nous nous désolidarisons des députés de ce qui pourrait être notre groupe et qui ne prennent l’assemblée que pour un véritable cirque et qui n’ont aucun respect pour le mandat que leur a confié les Français ».  

 


Dans le recherche d’un consensus, le président Macron est proche de l’impasse. Il doit arriver à faire une majorité qui ne saurait qu’être relative avec les députés de son camp, ceux du PS, du PCF d’EELV, des non-inscrits et des deux tiers des insoumis et des LR, mais, même dans ces conditions miraculeuses, il n’arriverait qu’à un socle de 280 députés (contre 289 pour une majorité absolue).

Il faudrait qu’il choisisse une personnalité au centre de ce conglomérat. On pense évidemment à François Hollande mais notre petit doigt nous dit qu’il préfèrerait viser la présidence de l’Assemblée nationale où, d’ailleurs, sa capacité de synthèse pourrait être indispensable. Il apparait tout de même qu’il vise ce poste plutôt pour l’Hôtel de Lassay et les petits fours…

 


Nous savons que le président Macron n’est jamais très pressé pour choisir un premier ministre et, au fond, il pourrait garder Gabriel Attal pour mettre tout le monde au pied du mur. Les experts autodésignés pensent plutôt qu’il nommerait Raphaël Glucksmann qui dispose d’une bonne popularité suite aux élections européennes, à condition que ce dernier choisisse, par exemple, François Ruffin comme numéro 2 du gouvernement et ministre des finances et Sandrine Rousseau en numéro 3, en charge des barbecues végétariens, féministes et éthiques…

Le prochain événement politique pourrait donc, dès jeudi, une scission du groupe LFI à l’Assemblée et l’élection d’un nouveau président de la chambre qui, dans cette période de cohabitation un peu spéciale, aura un très fort pouvoir.

 

Maintenant, la suite de nos informations… Commençons par le sport et Romain Bardet, à deux doigts du maillot jaune depuis que Tadej Pogacar a annoncé qu’il souffrait d’une inflammation hémorroïdales des amygdales…

28 juin 2024

S'il le faut, voter LFI, quoi qu'il en coûte !

 


Depuis le début de la campagne pour les législatives, il y a à peine deux semaines, j’ai beaucoup critiqué la stratégie de la gauche, de ce fourniment d’ectoplasmes. J’ai expliqué pourquoi une telle alliance était mauvaise, surtout avec LFI : elle empêche les électeurs de gauche éloignés de LFI de voter à gauche alors que beaucoup pourraient voter PCF, par exemple.

J’ai dit que c’était une erreur de revenir avec ce programme qui a déjà échoué mais qui n’en est pas un. C’est à peine un inventaire de mesures prises par des « parisiens » pour faire plaisir à des militants en s’imaginant que le peuple allait voter pour.

J’ai dit que c’était une erreur de désigner le RN comme principal adversaire, parce que cela fait 40 ans qu’on le fait et que ça n’a jamais fonctionner, parce qu’on ne se pose pas la question de savoir pourquoi les gens votent pour les nazis en culotte courte, sans même s’interroger sur ce que veut le peuple qu’ils s’imaginent représenter, nos braves gauchistes.

 

Pourtant, l’heure est au vote. Alors je vais m’adresser aux gens de gauche qui n’ont, à gauche, qu’un candidat LFI… Vous devez voter pour lui, même avec des pinces à linge sur le nez.

 

Il ne faut pas avoir peur : la gauche ne gagnera pas et Mélenchon n’ira pas à Matignon. Le seul risque, maintenant, est d’avoir un Rassemblement National avec la majorité absolue.

Ne l’oublions pas.

 

Pour le second tour, il faudra une discipline parfaite mais tout se joue au premier.

Et après, il nous faudra, il vous faudra, rebâtir un projet de gauche solide. Je le dis à chaque élection. Il faut le faire en prenant la mesure ses échecs électoraux passés. Vous ne le faites jamais.


Et je continue les mêmes billets de blog.

26 juin 2024

Voila comment je fais monter le RN...

 


« A force de taper sur la gauche comme vous le faites, vous serez, bien avant les autres, les plus grands artisans de l'accession du RN à la tête de la France.

Oui, il y a une différence de nature entre le RN et LFI, entre le RN et le NFP. En disant que c'est bonnet blanc et blanc bonnet, vous reprenez la rhétorique de tous ceux qui veulent la défaite de la gauche.

La gauche de droite est de droite. CQFD. »

C’est le camarade Denis qui met cela en commentaire de mon dernier billet. C’est gentil de sa part : ça m’a énervé (avant-hier soir) et ça me donne l’occasion de publier une réponse en bon uniforme (à l’école).

Deux points en introduction. Tout d’abord personne n’a comparé le RN et LFI dans mon billet. Son commentaire est donc totalement hors sujet et c’est assez typique des gens qui n’ont aucune argumentation valable. Si j’ai fait des comparaisons par le passé, c’est uniquement pour dire aux gens de LFI de faire attention à certains propos très limites alors que le RN a réussi sa dédiabolisation.

Ensuite, il faudrait tout de même se mettre en tête l’influence des blogs… A l’heure où je vous cause, mon billet a été lu 328 fois en trois jours (dont, probablement une centaine, par mon troll sénile). La plupart des lecteurs sont mes potes qui me connaissent et sont opposition avec moi. Les autres sont des personnes « de la même famille politique que moi » et qui cherchent des gens sur la même longueur d’onde qu’eux.

Je suis mal armé pour promouvoir le fascisme…

Néanmoins…

 

Lumière anti RN

Je parle souvent, dans ce blog, des raisons qui font monter le FN en précisant systématiquement que chacun oubliait ses propres torts, moi-même me mettant dans le lot (à ceci près que je ne suis candidat à rien et que je ne suis plus militant sans compter que je suis assez consensuel sur beaucoup de sujet). Cette fois, Denis vient de dire : « à force de parler des raisons de la montée du RN, vous faites monter le RN » ou un truc comme. Admettez que c’est drôle.

Si je comprends bien, si je dis que les braillements de Mathilde Panot, de Manuel Bompard, de Louis Boyard et bien sûr du chef suprême, Jean-Luc Mélenchon, sont fort peu « républicains » et font fuir les lecteurs, je fais monter le RN. Si je dis que c’était une erreur de la part de LFI et d’EELV (voire du PCF) d’avoir fait venir causer un antisémite dans leurs festivités estivales (sans compter la présence de Corby dans des manifestations à l’occasion d’une législative, je fais croire que LFI est antisémite et je fais monter le RN ?

Si je dis qu’à force que de prendre systématiquement le parti des musulmans pour des motifs électoraux et que les musulmans ont une certaine tendance à un antisémitisme (par mégarde, hein !), je fais monter la suspicion d’antisémitisme au sein de LFI ?

Si je dis que LFI a fait voter une motion de rejet sur la loi « immigration » et que ça a permis de faire passer les idées du RN, ça fait monter ce dernier ?

Si je dis que LFI a fait de l’obstruction parlementaire à l’occasion de la réforme des retraites ce qui a obligé le gouvernement à utiliser des articles spécifiques de la Constitution pour faire passer le texte sans qu’il puisse être étudié par l’Assemblée, cela montre aux électeurs que les parlementaires de gauche ne défendent pas leurs intérêts, ça fait monter le RN ?

 

Question subsidiaire : le "fond" de
cette illustration fait-il monter le RN ?

Faisons une courte pause en chanson (malgré une publicité trop longue ce qui pourrait faire le lit du RN).

 

 Reprenons… Et résumons : si LFI fait tout pour démontrer qu’ils ont des « accointances antisémites », même sans estimer que, à part quelques exceptions, les membres du mouvement sont antisémites et si je dis que ça fait mal à ma gauche et si ça donne suspicion d’un niveau de moralité de parti proche de celui du RN et bien à droite, ça fait monter le RN. Et si je dis que LFI, par un comportement inconsidéré fait passer des lois de droite, ça décourage les électeurs de faire confiance à la gauche, ça fait monter le RN et ça permet aux types qui se prétendent de gauche de prétendre que je suis un type de droite de gauche ou vice versa ?

Tout ça est bien compliqué, je le conçois. Nous allons tenter une nouvelle approche.

 

Tweet d'un dirigeant de gauche bien
décidé à affaiblir le RN tout en faisant
rire les méchants blogueurs.

A la fin de son quinquennat, Nicolas Sarkozy a fait un certain nombre de bêtises, ce qui faisait suite, d’ailleurs, a un manque de bol vu que la crise des subrimes avait empêché la politique pour laquelle il avait été élu. Il a été balayé lors des élections présidentielles suivante. Par la suite, son parti politique, l’UMP devenu LR, a multiplié les erreurs. Rappelez-vous les conneries pour sa présidence, la concurrence débile entre des cadres, la COCOE, la primaire ratée… A la suite de cela, le parti a été décrédibilisé et a perdu des voix au niveau national. Beaucoup de voix. Les électeurs sont partis ailleurs et, en parallèle, le Rassemblement National a prospéré. Vous voyez le rapport de cause à effet ?

François Hollande est, entre temps, arrivé à la tête de l’Etat, notamment grâce à des cadres du parti ayant incité les électeurs à voter pour lui. Trois ou quatre ans après, les cadres en question ont expliqué que pépère faisait n’importe quoi. C’était peut-être la réalité, ce n’est pas la question. Des gens qui avaient fait la promotion de pépère ont démontré que, collectivement, ils n’arrivaient à conduire une politique bonne pour les Français.

Le parti de la gauche radical a, ensuite, augmenté son électorat pendant que les partis plus proches de « la gauche de gouvernement » se sont effondrés.

Vous voyez le rapport de cause à effet ?

 

Faire monter le RN
donne chaud aux fesses.

Nous allons faire une nouvelle pause avec un exercice intellectuel didactique : la droite traditionnelle ayant sombré dans le ridicule avant la gauche de même métal mais cette dernière ayant tout de même plus vite chuté dans les urnes, peut-on dire que la droite est plus progressiste que la gauche ?

 

Reprenons. Après l’effondrement de la droite puis de la gauche, un candidat jeune est brillant s’est présenté et a proposé de faire une politique ni de droite ni de gauche et a été élu. Il a embrayé par une politique fiscale de droite, puis a pris des mauvaises décisions, comme au sujet de Notre-Dame-des-Landes (en abandonnant le projet, il a énervé des soutiens) ou de la crise des gilets jaunes (écouter prioritairement des manifestants en dehors du cadre démocratique de nos institutions n’était pas d’une grande finesse).

Ensuite, il a dû faire face à une crise sanitaire effroyable. Il a probablement pris un certain nombre de mauvaises décisions comme obligé ma concierge à remplir une attestation pour déposer les containers à ordure sur le trottoir mais on peut aussi se dire qu’elles n’étaient pas si mauvaises vu que nous ne sommes pas tous morts, au fond ! On peut néanmoins ajouter que, je cite : il a franchement chié au niveau de la communication… On peut évidemment citer le coup des masques qui étaient inutiles puis indispensables mais aussi l’obligation vaccinale cachée dans un « passe » abject.

Il a quand même été réélu en augmentant son score de premier tour de près de quatre points (forcément, les autres partis « de gouvernement » traditionnel ont continué à chier dans la colle) pendant que celui de sa concurrente de l’extrême droite prenait deux points. En revanche, cette dernière a pris 8 points au second tour montrant qu’Emmanuel Macron avait perdu la confiance d’une partie des électeurs.

Au cours de ce second mandat, il a montré franchement un tournant à droite, d’autant que les conneries des partis de la gauche ont fait que ce sont les textes les plus à droite qui sont passés.

Lors du dernier scrutin, le score de son parti politique a chuté bêtement pendant que le parti traditionnellement fort de « la gauche de gouvernement », représenté par un type de l’extérieur pour la seconde fois de suite, a repris du poil de la bête (prenant sans doute des voix à un parti politique qui avait adopté des positions proches de LFI).

 


Je résume, sans la moindre pause publicitaire : les trois partis qui ont occupé le pouvoir depuis le début de la cinquième République se sont cassé la gueule après avoir multiplié les conneries (dont celle dont on ne parle pas assez : ils n’ont pas satisfait les électeurs…) et c’est le blogueur politique du centre gauche qui fait monter le RN.

J’ai bon là ?

Pendant ce temps-là, les militants de la gauche ont multiplié les sujets qui n’intéressent pas les électeurs (je parlais récemment du changement de genre ; je n’ai pas dit que le sujet n’était pas important) qui commencent donc à en avoir plein la marmite. Les militants en question ont également continué à traiter de fascistes et de racistes tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec eux ce qui, au fond, a normalisé le fait d’être fascistes et racistes (« et ducon, tu penses que je suis raciste parce que je dis que l’immigration peut-être un problème ? Je n’ai plus aucune raison de ne pas voter pour les fachos, donc ! »).

La Marine et Jordy n’ont pas eu beaucoup de mal à dédiaboliser leur bordel, il leur a suffit de fermer leur gueule.

Et c’est toujours moi qui fais monter le RN ? Alors que le blogueur de la vraie gauche a passé le temps à sauver la gauche pendant la crise sanitaire en démontant les vérités scientifiques au profit d’immondices provenant de charlatans assurant ainsi la promotion de théoriciens du complot… (non mais, faut pas me chercher non plus).

 


Je continue (et termine, hein…).

Le président de la République qui avait monté rapidement puis a perdu la confiance des électeurs a fait la dissolution. Il y a une probabilité importante pour que le Rassemblement National arrive bien en tête (par ma faute, sûrement).

J’ai d’ailleurs fait monter le RN en préconisant à la gauche de ne pas adopter les méthodes qui l’avait fait perdre.

Par contre, je n’ai pas vu les blogueurs de gauche (à part moi) et les dirigeants de la gauche expliquer que le seul moyen d’empêcher l’arrivée du RN à Matignon est de pouvoir mettre en place une majorité « alternative ».

Ce qui passe un petit peu par un cessez-le-feu mais aussi par des annonces de désistement systématique de la part des candidats de gauche qui arriveraient en troisième place et seraient qualifiés pour un second tour dans une configuration de « triangulaire ».

Je n’ai vu personne à gauche déclarer cela ce qui donne la porte ouverte au « ni LFI ni RN », voire au « ni NFP ni RN »…

 

Ca va, j’ai presque fini !

Le conglomérat des forces de gauche qui aurait intérêt à faire ami-ami avec les centristes ont publié leur programme dans lequel ils annoncent une augmentation de 150 milliards des dépenses publiques (soit 25% du budget de l’Etat, tout de même) alors que nous sommes un des pays champions de cette dépense publique. Et on voudrait que les libéraux du centre nous soutiennent pour lutter contre le RN.

C’est toujours moi qui fait monter le RN, au fait !

 


Intéressons-nous maintenant au cœur du programme du NFP mais prenons souhait, par pure facétie, à aller le chercher sur le site de LFI (pdf). Il y est écrit : « Agir pour la libération des otages détenus depuis les massacres terroristes du Hamas, dont nous rejetons le projet théocratique, et pour la libération des prisonniers politiques palestiniens ». Je vous demande pourquoi ces andouilles ont dit pendant des mois que ce n’était pas du terrorisme avant de l’avouer discrètement au fond d’un projet.

C’est bien évident moi qui fait monter le RN en prenant les électeurs pour des cons…

Pour rigoler tout autant, vous pouvez aller lire la partie réservée à l’Ukraine…

 

Et si je dis qu’il est temps que les militants politiques de gauche ouvrent les yeux sur ce qui fait réellement monter le RN, je participe à la montée du RN ?

23 juin 2024

Ne jamais mentir aux électeurs !

Illustration hors sujet mais elle m'amuse

 

Je voyais récemment une vidéo de Jean-Luc Mélenchon expliquer la position de Nouveau Front Populaire à propos de la retraite. Il disait, en gros, que l’objectif restait 60 ans, à terme, mais que, dès l’élection, les « 62 » seraient mis en œuvre. Je ne crois pas trop « aux 60 ans », mais, d’une manière générale l’objectif de 62 me semble réaliste.

Ce qui me chiffonne, c’est qu’il est impossible que le NFP obtienne la majorité absolue à l’issue du second tour. Selon les probabilités, et même si je ne vais pas parier mes couilles contre un bidon de lait quant au nombre d’élus par formation politique dans les différentes circonscriptions, le Rassemble National sera en tête, suivi par le NFP puis par le centre et la droite traditionnelle, celle qui ne fait pas des alliances honnies.

Il y a aura alors deux solutions. Si le nombre de députés RN est très élevé (disons 45% des sièges, soit 360 députés pour une majorité absolue qui est à 389), Emmanuel Macron « donnera » Matignon a une personnalité du RN. S’il est inférieur, c’est sans doute une personnalité de la formation de gauche arrivée en tête (François Ruffin, peut-être, François Hollande est-il en embuscade ? Raphaël Glucksmann est le favori des sondages) qui aura la lourde tâche de former un gouvernement qui puisse être soutenu par au moins la moitié des députés.

Il devra donc établir une plateforme bancale (c’est une façon de parler, c’est ce qui se passe dans beaucoup de pays) et négocier. On pourrait avoir ce que je disais l’autre jour : « Ben mes cochons, on ne touche pas à la retraite mais on annule votre réforme du chômage. On est d’accord ? Sujet suivant. »

 

Illustration à peine moins hors sujet

Le mensonge n’est pas de faire une promesse électorale (la retraite à 62 ans), on sait ce qu’elle valent, mais de ne pas dire la vérité aux électeurs par rapport à ce qu’on souhaite faire en plus : participer à une majorité « bancale » en y étant la principale force politique (avec les différents partis du NFP) ou refuser de le faire et voir ce qui pourrait se passer (à savoir, sans doute, espérer la démission de Macron et risquer de mettre Marine Le Pen à l’Elysée, qui nommera Jordy à Matignon qui mettra en œuvre le programme de son parti avec les négociations dont je parlais mais avec d’autres)…

Ces mensonges sont très graves car ils participent au rejet de la politique par les citoyens et à la montée « des populismes » : on va encore assister à des tractations délirantes. Il faut prévenir l’électeur et leur dire qu’on a besoin d’élus pour peser plus et pas pour bricoler une énième réforme des retraites.

 

Mon confrère Authueil faisait récemment un billet sur le désintérêt des Français pour la politique. Je ne suis pas en désaccord avec ses arguments mais je pense qu’il oublie l’essentiel : on nous prend pour des cons et nous ment.

Laissez-moi citer quelques exemples sans remonter jusqu’à la nuit des temps, comme pour l’élection présidentielle de 2002 (oui, on nous a menti : on nous a fait croire que Jospin serait nécessairement au second tour, on nous a menti en 2007 quand on nous a expliqué qu’il y avait une espèce de ferveur populaire autour de Ségolène Royal).

 

illustration en plein
 dans le sujet(des militants
s'imaginent que
les électeurs votent en fonction
du poids du programme)

On peut mentir à l’insu de son plein gré comme disait l’autre. En 2012, François Hollande a été élu pour différentes raisons dont faire cesser la fraude fiscale. Il a donc missionné son ministre des Finances, Roger Cahuzac (le prénom a été volontairement modifié), pour la lutte contre la fuite du pognon. Mais le dit Cahuzac avait lui-même du pognon en Suisse ou dans d’autres riantes contrées. Il nous a menti (rappelez-vous le « les yeux dans les yeux ») mais dans l’esprit des électeurs, c’est François Hollande, le menteur.

Un peu avant, à l’issue des primaires du Parti Socialiste, les principaux dirigeants de gauche ont dit « votez Hollande ». Quelques années après, il y a eu l’épisode des frondeurs, où une partie des lascars qui ont conseillé de voter pour pépère ont dit : « la politique qu’il mène est nulle, il soit qu’ils s’étaient trompés en 2012 soit qu’ils avaient carrément menti.

Bilan des courses : perte totale de confiance de la part des électeurs de gauche…

 

Bien plus récemment (la semaine dernière), on a eu le retour d’Attali qui nous raconte des carabistouilles depuis 40 ans qui a déclaré : « Le peuple de gauche, moi compris, veut l’union. » Je passe le fait qu’il ne chie pas la honte, vu que c’est tout de même lui qui a propulsé Macron. Je passe le fait que je n’ai pas besoin qu’on me dise ce que je veux, en tant que type qui pense faire partie du peuple de gauche. Un sondage dit clairement que LFI et surtout son chef sont un handicap pour la gauche. Un autre montre que les Français préfèreraient clairement un premier ministre socialiste. Un dernier (pour ce billet) montre 30% des électeurs EELV et PS (aux européennes) ne choisiront pas le Nouveau Front Populaire (et ce taux serait très certainement plus important si on regardait dans les circonscriptions où le candidat est LFI).

Attali raconte n’importe quoi. En français : il ment.

 

Illustration hors sujet
(je n'ose pas imagine un
internaute pensant que la
gauche va gagner des 
voix avec ça).

Revenons maintenant aux propos de Mélenchon, au sujet de la retraite. Il dit que les 60 ans ne sont plus un objectif immédiat. Je traduis : on vous a fait croire pendant des années que c’était possible mais on vous a menti.

Quand on consulte les réseaux sociaux, on voit un tas de militants de gauche, tous partis confondus, défendre le programme de la NFP, sur la forme (plus épais que les autres, avec plus de points), sur le chiffrage (tout le monde sait que ce n’est pas crédible) et sur la nature des mesures (y compris de la part de zozos passés du PS à LREM en 2017 puis revenus vers la gauche officielle).

Pas un seul ne dit la vérité : le programme ne sera pas appliqué parce qu’on ne peut pas avoir la majorité absolue (contrairement à 1997 ou 2012, par exemple).  En 2017, on nous a menti sur les 600 000 voix manquant à Mélenchon. En 2022, on nous a menti sur le « votez pour Mélenchon premier ministre ».

 

Cette année, on nous ment sur le projet. On nous ment sur l’intérêt de l’union (je conçois qu’on puisse ne pas être d’accord avec moi mais on risque de perdre, tout de même, un certain nombre de second tour avec des candidats LFI…). On nous ment sur ces histoires d’union depuis 2012 : jamais des candidatures uniques à gauche l’ont amené au pouvoir.

 

Hors sujet idiot.
Quoi que... Des lascars s'imaginent
que mettre des panneaux
"on a déjà essayé le fascisme"
permettra d'éviter le RN.

Il faut dire la vérité : le projet de chaque parti, projet qui entrera dans les négociations pour une plateforme de gouvernement dépassant la gauche. Il faut que l’on dise que ce programme doit avoir un maximum de députés en soutien. Il faut promettre des désistements systématiques au second tour de la part d’un parti de gauche qui arriverait troisième.

Il faut montrer qu’on est des politiciens qui cherchent une voie raisonnable pour la France et qui arrête de s’agiter en faisant croire que manifester contre l’extrême-droite est la clés de tous nos maux.

Au boulot !


Mitterrand avait gagné avec un beau programme. Deux ans après, il a fait le tournant de la rigueur, parce qu'il n'avait pas le choix. Il faut aussi montrer qu'on a appris.

19 juin 2024

Ne changeons pas de sexe en période électorale !

 


Consultant Google News, ce matin, la première dépêche que je trouve est celle-ci : « «Transphobie crasse»: Macron attaqué à gauche après une déclaration sur le changement de sexe ». Je résume. « La sénatrice écologiste @Melanie_Vogel_ dépose aujourd'hui une proposition de loi visant à simplifier le changement de la mention du sexe à l'état civil pour les personnes trans ». Emmanuel Macron a déclaré que cette proposition fait partie « des choses complètement ubuesques » portées par le Nouveau Front populaire.

Mon avis est que la transition de genre est forcément un processus compliqué, ne serait-ce que psychologiquement, d’autant qu’il implique des parents et autres proches qui risquent de ne pas être spécialement ravis. Je ne suis pas persuadé que les démarches administratives au niveau de l’état civil soient réellement les premières choses à simplifier (je ne suis évidemment pas spécialiste des démarches de ce type !).

Je suppose que peu de personnes sont concernées de près ou de lien (je le suis, pour ma part, pour une personne que je ne vois pas souvent, ce qui ne l’empêche pas de descendre de deux de mes grands-parents – de sexes opposés, hein !   et j’ai donc un peu réfléchi au sujet). Les militants qui s’indignent des propos du Président n’y connaissent évidemment absolument rien et réagissent à cause du wokisme qui nous submerge.

La Sénatrice fait une erreur en présentant cette proposition de loi pendant une campagne électorale car elle met le sujet, momentanément, au centre des débats ou des enjeux.

 

La Sénatrice a déclaré que Macron se vautre dans la transphobie crasse et Mélenchon a déclaré « Que se passe-t-il ? Est-il toujours dans la réalité ? Il veut couper les routes de la résistance au RN au deuxième tour ? Alerte. »

Je vais moi-même déclarer : « Jean-Luc, ça suffit, il faut fermer ta gueule, maintenant ! » Ce sont précisément ce genre d’inepties qui font fuir les électeurs qui voient clairement que la gauche se vautre dans des sujets sociétaux qui n’intéressent presque personnes et réservés à une infime minorité, alors qu’elle devrait être là pour améliorer le quotidien des Français.

2 543 093 d’électeurs viennent de penser « ah mais ils font chier ». Et ont ajouté « ben je vais aller voir ailleurs ». Peut-être pour un parti qui propose de rendre plus viable la boite qui me verse mon salaire ou qui m’aidera à payer le logement de mon fils, à « la préfecture », pour mon rejeton pendant la durée de ses études ou qui permettra un hébergement de mes parents âgés dépendant sans que le coût dépasse les revenus…

C’est précisément ce genre de propositions (de loi) qui fait monter les extrêmes parce que leurs porteurs apparaissent complètement déconnectés du quotidien des Français.

 


Une ancienne députée a déclaré : « L'extrême droite n'a plus besoin de faire campagne. Macron fait le travail. En pleine offensive transphobe, c’est irresponsable et immonde. Le Nouveau Front populaire est la seule alternative aux haines et aux discriminations. » La dernière partie est vraie mais tout le reste est un ramassis de conneries : il n’y a pas d’offensive transphobe et c’est bien la gauche qui prépare le terrain à l’extrême droite.

Je citais Mélenchon, plus haut, mais son tweet était : « Et maintenant le Président dénonce notre programme "totalement immigrationniste" ! Que se passe-t-il ? Est-il toujours dans la réalité ? Il veut couper les routes de la résistance au RN au deuxième tour ? Alerte. » Quel est le rapport entre le changement de genre en mairie et l’immigration ? Les sécateurs sont importés ? De tels propos sont de la folie, pure et simple, mélangeant (Mélenchant ?) tous les sujets sociétaux proches du wokisme. Jankuk n’a pas vu les sondages qui montrent que la sécurité et l’immigration sont deux des sujets principaux de préoccupation des électeurs ? Evidemment qu’ils vont aller voir ailleurs !

Autant je suis d’accord avec lui quand il parle d’immigration (on ne va pas foutre tout le monde à la porte, ça coûtera trop cher et ils ne viennent pas chez nous pour le plaisir de nous grand-remplacer), autant je ne supporte pas qu’on fuit les préoccupations des électeurs (il faudrait parler intégration, rôle de la police ou que sais-je…).

 

Je ne dit pas que les projets dits sociétaux, comme le remplacement d’un sexe par un autre, ne sont pas importants à traiter mais ils ne doivent pas devenir clivant.

Je dénonçais dans deux derniers billets les catalogues de décrets que sont devenus les programmes des partis de gauche avec une succession de mesures précises. Il vaudrait mieux montrer ce que l’on veut. Je citais trois exemples : l’aide aux entreprises qui en ont le besoin, la fourniture de logements pour les étudiants et l’accueil des personnes âgées dépendantes sans pognon… On peut ajouter la facilitation de la vie pour les grands remplacés de sexe.

Ca serait trop demandé ? Arrêtez des points chiffrés que personnes ne croit et des propositions qui paraissent, effectivement, totalement ubuesque pour les gens qui mettront des enveloppes dans les urnes…

 

Non mais sans blague.


N'oublions pas : pour appliquer des mesures de progrès, il faut être élus, auparavant... Peu importe, parfois, le fond des dossiers... 

18 juin 2024

Législatives : comment vont voter les orphelins de la social-démocratie ?


 

Devinez de quoi je vais parler, ce matin ? Des législatives… Et plus particulièrement des électeurs habituels des PS ou du moins, certains, égaré dans cette campagne, ceux représentés par ceux qui ont voté Hollande à la primaire de 2011. Désolé de remonter si loin mais on connait les événements ultérieurs : nos héros ont succombé aux quelques erreurs de pépère ou de sa bande (assister au retour de Cahuzac, la semaine dernière, fut un moment grandiose) ou aux coups de boutoirs des frondeurs ou d’une gauche radicale et de son leader, qui s’en sont donnés à cœur joie…

Nous allons les appeler les orphelins.

Je vais en exclure les « purs militants » qui respectent à fond les consignes des partis. Ils ont reçu l’ordre de soutenir le Nouveau Front Populaire : ils y vont. Je le disais dans mon billet d’hier ou d’avant-hier, ils sont parfois exaspérants tant ils s’imaginent que les électeurs (les « sympathisants ») vont les suivre. Ils sont persuadés qu’ils vont les convaincre.

 


Qui sont-ils, ses orphelins ?

A la primaire, ceux qui ont voté pour François Hollande, Manuel Valls et Ségolène Royal (et Baylet... ; j'y repense en cherchant une photo d'illustration) ont représenté un peu plus de 50% des électeurs. Il ne semble pas idiot de considérer qu’ils représentent la moitié des électeurs de François Hollande au premier tour, soit 14% des votants. François Bayrou avait alors obtenu 9% des voix.

Rappelez-vous 2017. Emmanuel Macron a obtenu 24% des votes, soit à peu près la somme des 14 et des 9%. Vous commencez à voir où je veux en venir ? Notons une pique qui va agrémenter ma théorie (je fais bien une théorie, je n’ouvre pas un débat sur le sujet) : la majeure partie de l’électorat de Macron vient de celui d’Hollande et le reste du centre (j’ai toujours considéré Bayrou comme un homme de droite). On nous dit parfois que les exhollandophiles ont déserté la gauche. C’est incontestable. Mais on nous dit que s’ils sont partis, c’est parce que la politique de François Hollande n’était pas assez à gauche.  Le fait qu’ils soient partis plus à droite parce qu’Hollande n’était pas assez à gauche m’a toujours bien fait rigoler.

Au fond, c’est évident, mais vu sous cet angle, c’est aussi la connerie de la gauche qui a permis à Macron d’émerger. Et à nos orphelins d’exister.

 


Reprenons les éléments de ma théorie.

En 2012, environ 44% des électeurs avaient choisi un candidat de gauche. Si on y ajoute les voix obtenues par Bayrou, on monte à 53%. En 2017, le cumul des candidats de gauche plus Macron obtient à peu près le même score. Comme vous aimez les chiffres, le même « périmètre » couvrait 54% en 2007 (alors qu’il montait à 58% en 2022 mais j’y reviendrai, oublions cela pour l’instant ; notons aussi qu’il était aussi un peu supérieur à 46% en 2002 ce qui semble montrer que la dispersion des voix n’explique pas, à elle seule, la défaite).

J’espère que vous voyez toujours où je veux en venir… Désolé de vous titiller le paradigme en cumulant les voix de la gauche et du centre. Je veux en venir aussi au fait que, si on prend en compte ce fait, les équilibres entre la droite et le reste n’ont pas tellement changé. Mais j’en étais à la recherche de mes orphelins.

 


Je dois donc poursuivre l’exposé évidemment passionnant de ma théorie.

En 2022, il y a une grosse fuite à droite, environ 8% des électeurs mais aussi une augmentation à gauche, environ 4%. Macron a donc augmenté son score de 4 points… C’est mathématique.

4 de mes 14% d’électeurs Hollandistes de 2012 à être devenus Macronistes en 2017 étant partis, il reste 10% des électeurs à aller pêcher… si l’on considère que le fond de l’électorat du parti centriste est maintenant issu de l’ancien électorat plutôt centriste (n’allons pas jusqu’aux 18% de Bayrou en 2007…) et de réfugiés de la droite vers un parti qui, en fin de compte, a fini par se révéler plutôt à droite.

 

J’ai fini ma théorie et je vais en livrer le résumé devant vos yeux émerveillés : il y a 10% des électeurs qui sont prêts à passer du centre à gauche (et vice versa…) selon la tête du candidat, sa personnalité et le projet qu’il porte. Vous me direz que j’ai usé des pixels pour démontrer une évidence mais encore faut-il le rappeler.

Car il y a une conclusion : ces 10% peuvent évidemment faire basculer la majorité (la gauche est donnée à 32% alors que la droite est à 47, dont 36 à l’extrême) en permettant à la gauche d’avoir une majorité absolue sans bouger les oreilles. En conséquence, nos ferions mieux de travailler sur le projet et la personne qui le porte que sur des alliances d’autant plus délirantes qu’elles vont faire fuir une partie de ces 10%.


 

Ne me dites pas que ma démonstration (j’aurais dû mettre des guillemets à ce mot) a des limites : je le sais. D’abord, je parle de taux d’électeurs au niveau national alors que ce qu’il nous faut est une majorité d’élus à l’occasion de 577 élections (une par circonscription). En outre, elle est basée sur le fait que le transfert des voix d’une année à l’autre serait binaire, ce qui n’est évidemment pas le cas.

 

Toujours est-il que le conglomérat n’a pas de chef pour le porter. Jean-Luc Mélenchon est tellement haï par une partie de la population que ses partisans ont intérêt à ce qu’il ferme sa gueule. Il y a François Ruffin mais, malgré toute la sympathie que je peux avoir pour lui, je ne pense pas que mes orphelins puissent le retenir. Et il reste un type à très forte notoriété (pas nécessairement popularité) : François Hollande. Et je me demande s’il n’a pas quelque chose derrière la tête.

Et il faut étudier le programme.

 

Vous avez le droit de comparer le programme d’Hollande en 2012 (et pas en 2011, je ne trouve pas de document avec Google) et ce que propose le Nouveau Front Populaire. Un projet de transformation de la société s’oppose à un catalogue de décrets…

On ne va pas aller loin pour motiver les troupes.

 

Il fallait travailler avant. La Nupes a deux ans, maintenant… Mes orphelins ne vont pas s’y retrouver. C'est le problème de la gauche depuis des années : rien n'y fait plus envie. 

Débrouillez-vous.


Et n'oubliez pas les enjeux : 

  • augmenter le nombre de "nos" électeurs ne réside pas dans le fait de récupérer des voix au FN... Les vagabonds ne sont pas là...  Mais les orphelins ne supporteront pas qu'on touche à leurs camps d'adoption.
  • bâtir une majorité pour faire passer nos idées est la priorité, cela ne se fera pas nécessairement à la gauche de la gauche.