12 juin 2024

Analyser ses déculottées pour en éviter une nouvelle

 


A la table à côté de moi, en terrasse, ce midi, quatre cinquantenaires parlaient politique parlaient politique avec les conséquences de la dissolution, dont une petite dame qui tenait un peu le crachoir et était dictatoriale comme si elle s’exprimait dans un blog politique. Cela m’amusait car je n’avais pas encore fait mon billet du jour et m’imaginait avoir à déborder… d’imagination, en fin d’après-midi, pour raconter plus de conneries tout en étant aussi sérieux.

Cela étant, ces conversations m’énervent : j’aime bien faire l’étanchéité entre les réseaux sociaux (dont les blogs) et ma vie du bistro. Ca me rappelle quand un type, au comptoir, me parle d’un sujet, y compris très personnel, qu’il a vu dans mon Facebook. Je le comprends mais il pourrait se mettre dans le crâne que je n’ai pas nécessairement envie de parler avec lui de ce dont je cause dans le grand internet public ! Même quand je fais du hors sujet dans mes propres billets de blog. Il y a quand même une exception : nos repas de blogueurs… Le prochain KdB aura lieu samedi soir, au fait !

 

Pendant ce temps, j’ai un mois pour donner mon avis sur ce que devrait faire la gauche et soyez assurés que je ne vais pas m’en priver.

 


Tout d’abord, les sympathiques militants oublient qu’ils luttent contre le Front National depuis 40 ans… Tu parles d’une réussite ! Maintenir les mêmes recettes, engueuler les électeurs, insulter les fachos et j’en passe ne sert à rien. Dimanche soir, les jeunes qui manifestaient au nom de « la jeunesse emmerde le Rassemblement National » ne devraient pas oublier que les jeunes qui manifestaient sur ce thème, en 2002, votent maintenant pour l’extrême droite (ce que me rappelait, pas plus tard qu’hier, un commentateur).

Je ne sais pas trop ce qu’il faut faire… Mais on peut affirmer que manifester ne sert pas à grand-chose, pas plus que rappeler les origines du parti, ce qu’il voulait au départ et j’en passe. Il faut donc tourner la page.

On peut essayer d’imaginer d’où viennent ces électeurs maintenant fanatisés par la mèche sur le front et la petite moustache de Marine et Jordan. L’occasion pour moi de sortir une première théorie fumeuse suite au résultat de la dernière élection, résultat qui a été un peu occulté par l’annonce de la dissolution.

La chose est pourtant évidente. Le « bloc de la gauche nupsiale » fait, en gros, le même score qu’en 2019, tout comme LR. La vérité est là, à vue de nez : 8 « points » parmi les électeurs ont été perdus par la macronerie et 8 ont été gagné par le jordanage. Cela ne fait tout de même pas un CQFD… mais tout de même ! Les gens qui avaient choisi le « ni de droite ni de gauche » en 2017 (le confirmant en 2019), après avoir constaté que les partis de gauche et de droite traditionnels ne répondaient pas à leurs attentes ont choisi le je ne sais quoi mais à droite de la droite en 2024 après avoir constaté que les centristes sans moelle épinière n’étaient pas à la hauteur.

A noter aussi au sein du bloc de gauche que les électeurs ont fui les écolos pour les insoumis et surtout les socialos. Ca apprendra aux dirigeants verdâtres à faire les cons et Mme Rousseau ferait mieux de rentrer au couvent plutôt que de fanfaronner devant M. Ciotti !

 


Puisque je suis remonté à 2002, étudions plus en détail la déroute électorale de la gauche, cette année-là. Je me rappelle que, pendant des années, on a cherché qui était le fautif : Jospin ou les hurluberlus qui lui ont piqué des voix, Mme Taubira et MM. Chevènement et Mamère. Tous les militants avaient des idées précises. C’est sûr que si Jospin avait eu les voix de Taubira, il aurait été devant Le Pen mais rien ne dit que si elle ne s’était pas présentée, ses électeurs auraient choisi l’alors vénéré. Mais c’est sûr que si Jospin avait préparé sa candidature autrement, en négociant avec ses compères, il n’aurait pas échoué dans le rôle du grand couillon. Je pense que 22 ans après, certains se posent toujours des questions, comme s’il n’y avait pas un tout. Je ne vais pas détailler mais nous en sommes au même stade : comment négocier avant une élection ?

Notons que je parle d’une présidentielle alors que nous allons vers des législatives (le sujet n’est pas le même mais nous n’avons pas souvent des législatives sans présidentielle juste avant, c’est la première fois depuis 1997, qui était aussi la première fois depuis ma naissance, il me semble).

 


Pour 2007, c’est pareil ! On cherche toujours les responsabilités… La déroute était-elle à cause du candidat qui aurait été mauvaise ou du parti – dont son premier secrétaire – qui ne l’aurait pas soutenue comme il fallait ? Je n’ai pas de réponse mais je m’étonne toujours de voir des militants et sympathisants autant formels !

Par contre, on ne note pas assez la particularité de 2007 : le faible score de la gauche « cumulée » au premier tour et le fait que les centristes avaient déjà un très joli pourcentage, à plus de 18. En d’autres termes, le centre n’a pas commencé à 2017 à emmerder la gauche.

 


Pour 2012, on ne va pas analyser la défaite, vu qu’il n’y en a pas eue ! Même si les sondages donnaient le candidat de la gauche largement victorieux face à Nicolas Sarkozy tant celui-ci provoquait du rejet… Mais force est de constater que l’avance de François Hollande a fondu comme glaçon dans pastis. Il y avait 20 points d’écarts en février, au second tour, cette fois, mais, en mai, dans les urnes, il en est resté 3. Personne ne s’interroge vraiment sur les raisons de cette baisse. On va tout de même noter que la baisse a à peu près commencé à se voir à partir du moment où un accord électoral a été signé avec les écolos mais qu’il a été confirmé que les mêmes écolos maintenaient une candidature concurrente pour la présidentielle (à ce stade, autant vous dire que je me fous totalement du contenu programmatique de l’accord en cours de réalisation).

Parallèlement, au cours de cette période, François a multiplié les annonces « gauchistes », comme à l’occasion du discours du Bourget et le fameux « mon adversaire est le monde de la finance » ou la taxation à hauteur de 75% des hauts revenus. Des électeurs, a priori plutôt centristes et libéraux, ont commencé à se barrer. On pourrait assez facilement conclure, sans mauvaise foi mais en sifflotant discrètement tout de même que, au fur et à mesure de son gauchissement (du moins celui du discours), François Hollande a perdu des points…

 


Cela nous amène à 2017 avec le fiasco que l’on connait, expliqué en partie par la mauvaise campagne de Benoit Hamon. Mais il se trouve que ce dernier n’aurait pas dû être candidat, dans la logique des institutions de la Cinquième République : François Hollande aurait dû se représenter. Il en a été empêché (du moins, il n’était pas assuré d’arriver dans les cinq premiers ce qui aurait fait sale). Une des raisons est statutaire (les statuts du PS exigent l’organisation de primaire ce qui est totalement ridicule). Vous imagineriez qu’Hollande ne gagne pas les primaires de sa propre formation politique ? Le bordel…

François Hollande a continué à perdre de la popularité tout au long de son mandat et militants s’entretuent pour savoir si c’est de la faute de sa politique ou de celle des frondeurs. J’ai moi-même fait quelques concessions pour tenter de calmer le jeu.

Les électeurs de gauche devraient tout de même arrêter d’avoir la mémoire courte. Début 2011, les deux favoris pour la primaire étaient DSK et pépère. Autant dire que ce n’étaient pas des purs gauchistes… Strauss-Kahn était président du FMI mais intéressons-nous à Hollande. Il était bien connu des socialistes. Il avait 11 ans premier secrétaire du parti. Il était qualifié comme un homme de la synthèse (ben oui, il faut aussi cela pour gagner, arrêtez donc de rester arcboutés sur vos positions, on a une négociation à faire) mais aussi comme un social-démocrate, voire un social-libéral (relisez donc ses écrits de l’époque). DSK a été annulé et l’analyse doit changer (mais on peut rigoler de voir un libéral remplacé par une femme réputée assez gauchiste). Hollande a gagné le premier tour de la primaire (avec 39%) et a été soutenu par tous les autres candidates, sauf la seconde, pour le second. Il l’a donc emporté, avec 56%, soutenu par un socle de votants représentés par des candidats à 70% au premier tour.

Il a mené, pendant son mandat, la politique logique issue de son parcours politique et on lui a reproché de ne pas avoir mis en œuvre des promesses qu’il avait été obligé de tenir suite à des accords électoraux et pour gagner le premier tour mais qui ont failli le faire perdre.

 


On ne va pas trop s’occuper de l’élection de 2022. Je n’ai toujours pas compris comment la candidate du deuxième partie politique de France (pour les élections locales) issue de la « grande social-démocratie » a pu se retrouver avec un score aussi ridicule sauf par le fait que ses électeurs naturels ont préféré, sans doute, faire une espèce de vote utile en vue du second tour (on vote Macron pour éviter Mélenchon face à Le Pen ou on vote Mélenchon pour éviter Macron face à Le Pen… Un truc comme ça ; moi-même j’ai voté Macron, pensant que Le Pen ne pouvait gagner que face à Mélenchon).

 

Aujourd’hui, il faut peser les stylos et arrêter le billard à trois bandes, même si l’élection n’est pas la même (il ne s’agit pas d’avoir le plus d’électeurs aux deux tours d’un scrutin national mais  de gagner 577  élections locales avec des conditions drastiques de présence au second tour, des règles de triangulaires…).

Parier sur un socle électoral bien à gauche n’a jamais vraiment réussi. Par contre, l’union des candidatures pourrait sembler nécessaire pour éviter des absences aux seconds tours. Mais l’union fait perdre des voix. « Je » ne vais pas voter pour un candidat qui représente une coalition menée avec antisémites pas républicains et le seul argument de ceux qui pensent que je dis n’importe quoi étant que je dis n’importe quoi, leurs propos ne pèsent rien. LFI (et une partie d’EELV) s’est éloignée des valeurs de la République.

C’est ballot.

 

Et si on arrive à obtenir un joli nombre de députés, il faudra bien pratiquer une ouverture vers le centre, voire vers la droite, pour permettre de barrer la route à un parti politique d’extrême droite qui arrivera nécessairement en bonne position.

Baisser un peu sa culotte n’est pas obligatoirement le déshonneur. S’enfoncer dans des principes mortifères, si !

4 commentaires:

  1. Comment ça, il y a un KdB samedi et je n'ai pas reçu de carton ?

    Mais qui va tenir le rôle du nazi repoussoir, alors ?

    C'est pas du boulot, ça !

    DG

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    1. Vois ça avec ta secrétaire. C’est dans FB. Il y aura Trublyonne et la VP. Sans compter Anthony Ndika dont tu connais le blog.
      NJ.

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  2. Trop loin pour le KDB dommage, ça va donner .

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