16 juin 2024

Chroniques de pré-campagne

 


Ce qu’il y a de bien, avec la préparation de cette législative, c’est que le blogueur trouve toujours des commentaires à faire tant l’actualité est riche. Prenez ce brave François Hollande qui est maintenant candidat et qui va le faire au nom d’une coalition regroupant ce lot d’antisémites et Philippe Poutou, du NPA. La difficulté est de savoir par où commencer, en fait.

Prenez l’éviction de Danielle Simonet, Raquel Garrido et Alexis Corbières que j’évoquais hier. A la place de Mme Garrido, LFI a donné l’investiture à un certain Aly Diouara. Le Figaro en brosse le portrait.  A la lecture, il faudrait être tordu pour ne pas voir le côté antisémite du garçon, sans compter une obsession pour les blancs. On me dira qu’il y a de l’antisémitisme de tous les côtés mais ce n’est pas une raison !

En outre, nommer un tel type est une provocation à l’heure où, justement, il serait bon que LFI fasse du ménage dans certaines de ces obsessions, ne serait-ce que parce qu’elles vont à l’encontre de la coalition, des gens comme moi considérant que je ne peux pas sacrifier mon honneur à une élection.

 


Manuel Valls, qui n’est pourtant pas ma référence au niveau des pratiques politiques a déclaré que « Ce soi-disant front populaire est une faute politique et morale. » Le Point publie une interview de Valls. Je suis à peu près d’accord avec ses propos (mais lui-même ayant tenté de se faire élire dans des conditions louches, je pense qu’il pourrait faire attention aux termes utilisés ! Traiter les autres d’apparatchiks, heu…).

Un observateur dûment accrédité ironisait au sujet de la position que j’exprimais dans mon dernier billet : « Donc, si j'ai bien lu, vous souhaitez la victoire d'un conglomérat dont vous prévoyez déjà l'échec s'il vient au pouvoir ? C'est amusant... » Il n’a pas tort. Je souhaite la victoire de la gauche et seul ce conglomérat existe aujourd’hui et, donc, pourrait apporter une victoire. Mais comme Manuel Valls, j’aurais souhaité « un autre conglomérat ». Je ne veux pas de la victoire du RN et je considère que les autres (la majorité présidentielle et LR) ne peuvent pas l’emporter même si une autre coalition, plus dans mes goûts et ceux de Valls, pourrait se mettre en place dans l’hémicycle. Les résultats du Nouveau Front Populaire pourrait y participer, d’ailleurs, si des députés de centre gauche arrivent massivement à l’Assemblée.

Par contre, l’Alliance de gouvernement qui pourrait sortir du NFP ne pourrait pas fonctionner (comme le disait une amie dans Facebook, elle connaitrait rapidement « un tournant de la rigueur »).

Tant pis si je traine des paradoxes. Ca ne va d’ailleurs pas s’arrêter là.

 


Revenons à l’éviction des trois personnalités que je citais. Il est évidemment gonflé de la part la direction d’LFI de les virer alors qu’ils ont fait partie des gens qui ont permis la réussite (relative) de cette formation politique. François Ruffin a tenu des propos très justes : « Je ne vous ai demandé aucune investiture, aucune autorisation. Je ne suis pas passé sous les fourches caudines de votre bêtise, votre sectarisme. Vous préférez un homme qui frappe sa femme, auteur de violences conjugales, à des camarades qui ont l'impudence d'avoir un désaccord avec le grand chef. Notre démocratie mérite mieux que vous. » Autant dire qu’il vient d’envoyer chier sa propre formation politique. Voter pour lui ne serait pas un déshonneur, bien au contraire. J’ose espérer qu’ils sont des centaines, dans le NFP, a partager ce point vue.

Nous avions, hier, une soirée d’anciens blogueurs politiques de gauche (proches du Parti Socialiste de la grande époque). Un d’entre nous a déclaré qu’il ne comprenait pas que des gens de gauche puisse avoir des réticences à voter pour le NFP et que nous devrions changer. C’est toute la pensée des socialistes typiques ! Ne pas comprendre que l’on puisse être en désaccord et que l’on refuse de changer.

On ne peut pas obliger les gens à changer leurs pensées, surtout, en l’occurrence, quand il y a des principes moraux, au cœur.

La même personne nous disait que les électeurs qu’il croisait dans les marchés pensaient tous comme lui. Il est tant que les militants politiques qui sillonnent les marchés se rendent compte que les gens à qui ils expliquent qu’il faut l’union de la gauche ne peuvent pas aller contre leur avis et… souhaitent se débarrasser des importuns pour poursuivre leurs emplettes. Moi aussi, je rencontre des électeurs, pas au marché mais au bistro (on me l’a assez reproché) et au bureau. Je pense savoir mieux que le pote en question les idées qu’expriment les gens spontanément (surtout que, passant une partie des mes loisirs à tenir un blog politique, je fuis la politique quand je suis au bistro : les propos entendus sont vraiment spontanés).  

 


Il y a eu pas mal de débats au cours de notre repas. Je ne crois pas avoir souvent vu le ton monter autant (même de ma part). Je suis tout de même sidéré de voir des partisans de l’union expliquer que la gauche a toujours du faire une coalition pour gérer un gouvernement et, surtout, nier, que la gauche n’avait jamais gagné avec un accord de ce type, que ça soit en 36 (pour le vrai Front Populaire), en 1981 (Mitterrand a gagné après avoir mis fin au « Programme commun » avec ces propos que je cite de mémoire : « vous me faites chier, allez-vous faire enculer »), en 1997 (qui a permis la fameuse gauche plurielle) ou d’autres occasions…

Mon énervement a néanmoins tourné à l’hilarité quand le pote en question a déclaré que nous analysions mal la période de la gauche plurielle en question alors que nous n’avions rien dit… Je n’ai même pas compris ce qu’il pensait que nous pensions…

 


Il reste la question de François Hollande. Vous savez que j’ai toujours été partisan de ce type qui m’est particulièrement sympathique. Pourtant, je ne comprends pas. A ce sujet, Manuel Valls s’est aussi exprimé et je suis, encore, d’accord avec lui. Pourquoi Hollande va-t-il se vautrer dans ce bordel ?  

On peut difficilement dire qu’il aille à la soupe (il gagne assez d’oseille en tant qu’ancien président et il a déjà un rond de serviette sur la plupart des plateaux de télévision). Peut-être a-t-il une stratégie pour 2027 ? Je ne vois pas trop laquelle mais on ne lui retirera pas le fait d’être un excellent stratège électoral (non seulement, lui, il a réussi à gagner la présidentielle, mais, en plus, les résultats qu’il a eu aux élections intermédiaires lors qu’il était premier secrétaire du Parti Socialiste étaient très bons : rappelez-vous, le Sénat avait même basculé à gauche suite aux victoires aux élections locales…).

 

Comme il n’y a pas de mal à se faire du bien, on va dire que c’est un atout pour la future coalition à l’Assemblée et qu’il pourra contrebalancer certains fous furieux…

Pour ma part, j’ai la chance de ne pas avoir à voter. Mathilde Panot, ma députée, est assurée de retrouver son siège. Il n’empêche que je comprends très bien les électeurs de gauche qui ne veulent pas voter pour LFI voire on des difficultés à voter pour des candidats d’autres partis qui s’allient avec les lascars de cette formation.

25 commentaires:

  1. Et si, je ne sais pas si c'est possible et ça foutrait certainement un beau bordel, mais rien n'empêche les PS et affiliés à chercher une autre alliance (donc de gouvernement) qu'avec LFI? Après tout, le PCF a déjà été dans le coup. La gauche de la macronie, la gauche socdem et les cocos intelligents (il y en a quand même pas mal). Je sais je rêve et suis une bille en politique

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    1. Je pense que c'est possible. C'est même ce que j'espère... Formulé différemment, je dirais que le NFP n'a aucune chance d'être majoritaire, pas plus qu'un blog "centre + LR" et que si une majorité peut-être formée face à LR, elle sera sur la base d'une coalition partant de la gauche (mais pas la gauche de la gauche) jusqu'au centre droit. Le PS serait alors nécessairement au centre de la coalition... Un regroupement autour de Hollande (l'homme de la synthèse) et de François Ruffin (qui a déjà expliqué qu'il pourrait gouverner avec des socdems vu que son courant de pensée resterait minoritaire) aurait quelque chose de sympathique.

      Mais cela ne saurait se faire que sans l'aile gauchiste de LFI et on serait bien loin des volontés affichées aujourd'hui. Ca ne serait pas un mal pour le pays.

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    2. Cela étant, je reste plus rêveur qu'adepte du billard à quatre bandes...

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  2. Pourrais-tu, très concrètement, nous donner une citation de ces gens que tu qualifies d'antisémites et qui nous permettrait de pouvoir l'affirmer ? J'ai peut-être loupé quelque chose. Car, même qualifier le Hamas de mouvement de libération ne rend pas ces abrutis antisémites.

    A titre personnel, je suis pour une solution à deux États. Et, en même temps, je dénonce ce sionisme messianique aux antipodes du sionisme de Ben Gourion qui amène les ultra-orthodoxes et Netanhayou à revendiquer la Cisjordanie.

    Quant à Mélenchon dont tu ne parles pas, entendre tous ces abrutis qui le qualifient d'antisémite, alors qu'il est franc-maçon au GO, relève de l'inculture crasse. Je tiens à préciser que je n'ai aucune espèce de sympathie pour ce sinistre personnage.

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    1. Je ne pense pas avoir à beaucoup citer d'autant qu'il y a un lien dans mon billet (au sujet du "remplaçant" de Garrido. Je te rappelle l'épisode de l'été dernier et de l'accueil de Messine, je te rappelle l'invitation de Corbyn à des meetings... Alors, même si comme toi on peut ne pas vouloir assimiler la lutte contre Israël et ses abominations à de l'antisémitisme, on peut douter... On peut douter, par exemple, quand on voit la direction d'LFI refuser de qualifier les événements du 7 octobre à du terrorisme ou de ne pas exiger la libération des otages en préalable à un cessez le feu. Ca fait beaucoup de présomption. On peut aussi se demander pourquoi LFI soutient autant l'islam radical, braves gens pas vraiment connus pour leur complaisance envers les juifs.

      Cela étant, il s'agit plus d'un sentiment d'antisémitisme, comme on dit, que de la preuve d'un antisémitisme. Je ne peux pas avoir de la complaisance envers de gens pour qui j'ai de sérieux doutes et les injonctions que l'on me donne, comme toi mais aussi le pote dont je parlais, ne sont pas de nature à me faire changer d'avis et on ne fera pas changer d'avis les électeurs qui partagent les mêmes doutes.

      Vous représentez bien la gauche : penser que l'on peut exiger des gens qu'ils soient d'accord avec nous et en faire une base électorale.

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    2. En 1974, Arafat était invité à prononcer un discours à l'ONU. Il fut reconnu à l'époque comme représentant du peuple palestinien. Et pourtant, dans la charte de l'OLP, il était question d'en finir avec l’État hébreu. Il a fallu attendre 1988 pour qu'il reconnaisse que la charte était caduque. On oublie vite.

      Je n'ai jamais exigé que tu sois d'accord avec moi. Simplement, j'en ai un peu ma claque d'entendre ânonner sur l'antisémitisme supposé ou putatif de la part de gens qui n'ont jamais eu d'expressions antisémites. Et crois bien que, si c'était le cas, je serais le 1er à les dénoncer haut et fort.

      Il ne faut pas confondre la recherche d'un vote communautariste à des fins bassement électorales de la part des Insoumis et d'autres lascars à l'extrême-gauche et l'antisémitisme.

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    3. Arrête de nier. Je mets en lien par exemple un type qui parle sioniste Glucksmann, c’est antisemite.

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    4. Non, s'il défend la politique de Netanyahou et des ultra-orthodoxes.

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    5. Bonjour

      Le 11 novembre dernier un député LFI (David Guiraud) participait à un débat au Maroc (enfin débat, c'est vite, dit ; pour qu'il y ait débat il faut un minimum d'opinions différentes...) dans lequel il affirmait notamment qu'Israël était responsable des massacres de Sabra et Chatilla. Alors de deux choses l'une : soit c'est un crétin de niveau olympique, soit c'est effectivement une franche ordure qui sert la soupe aux antisémites. Et la question de savoir s'il l'est lui-même est assez secondaire. Quand ça s'entend comme de l'antisémitisme, que ça produit les même effets (+300% d'actes antisémites en France qualifiés de "résiduels" par la Méluche), c'est de l'antisémitisme, même si on jure la main sur le coeur qu'on ne l'est pas. Tout le reste n'est que de la parlotte.

      On pourrait aussi citer les accointances de LFI avec Houria Bouteldja, qui considère que quand on nait juif on nait de facto responsable (de quoi ?)

      Et puis je ne vois pas en quoi la Franc-maçonnerie de Mélenchon le disculperait de facto de toute dérive antisémite ; perso je connais des syndicalistes CGT qui votent RN.


      Gadebois

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    6. On est d'accord. Dans la poursuite de ma réponse à Denis, il ne s'agit pas de repérer les propos antisémites (en plus tenus sur le sol de la République et donc condamnables) mais plus le fait de servir la soupe aux antisémites. Ce qui est de l'antisémitisme.

      Et effectivement tout le reste (dont la différence entre l'antisémitisme et l'antisionisme - c'est facile de limiter le sionisme à la colonisation, d'ailleurs) n'est que de la parlotte.

      Pour Méluche, je me fous de son antisémitisme et encore plus de son volet "franc-maçon". Je ne crois pas qu'il soit antisémite mais, pour des raisons électorales, il sert la soupe, comme vous dites, aux antisémites...

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    7. @Gadebois

      La commission Kahane a reconnu la responsabilité indirecte de plusieurs dirigeants israéliens, du fait qu'ils ont permis aux phalangistes de le perpétrer.

      A part au sein de la GLNF et encore, je ne vois pas qui pourrait bien être antisémite chez les FM. Pouvez-vous nous donner des noms ?

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    8. @ Denis

      Responsabilité indirecte, oui. Mauvaise estimation du danger, manque de réactivité, voire refus d'intervenir effectivement. Responsabilité également partagée (toujours selon la commission Kahane) avec les Etats-Unis et les dirigeants libanais de l'époque. Rien à voir avec les propos dégueulasses de Guiraud au Maroc (à qui on pourrait également rappeler ce commentaire de la commission Kahane qui constatait que les massacres de Sabra et Chatilla n'étaient ni les premiers ni les plus graves).


      Je n'ai pas de nom de Franc-maçon antisémite à vos donner, mon commentaire avait juste pour but de dire que l'appartenance à une loge (ou un parti ou un club etc) ne vous dédouanait pas automatiquement de toute présomption.


      Bonne journée

      Gadebois

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  3. Tu es donc d'accord avec Valls quand il dit "Et le seul moyen, c'est un sursaut républicain dont la gauche doit fait preuve, en bâtissant une vraie alliance avec la majorité actuelle et même une partie des républicains. Or, pour l'instant, on court tout droit vers un séisme politique dont les gens commencent à se rendre compte" ?

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    1. Oui. Je l’ai toujours dit. Et je l’ai rappelé dans un billet cette semaine (pas nécessairement sous cet angle mais sur le fait que les socialistes n’auraient pas dû tourner le dos à des gens dont ils sont proches d’autant qu’en tournant le dos, ils les ont obligé à aller chercher à droite.

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    2. je pense a peu près la même chose. Mais cette idée de coalition est difficile à mettre en oeuvre.

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    3. Oui mais il y a un tas de pays qui y arrivent. C’est ce qu’on appelle la démocratie. Je pourrais en faire un billet, de cet incapacité de tous à faire des compromis.
      NJ

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    4. En effet dans les pays voisins ils y arrivent par ce qu'ils ont la culture de la négociation, mais en France on a des gauchistes qui prennent la gauche en otage, et donc le centre gauche aussi.

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    5. Ils vont exploser en plein vol…
      NJ

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    6. je l'espère aussi : une coalition qui va du NPA aux soc-dem comment dire, ça ne me semble pas très stable. Surtout que ces soc-dem vont se présenter avec un projet économique radical (et dépensier) qui contredit leur action quand ils étaient au pouvoir.

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    7. C'est ridicule, tout ça ! Comment peut-on voir Hollande avec une bande de tordus qui veulent la retraite à 60 ans tout en disant que ce n'est qu'un objectif et complètement à la ramasse...

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  4. cela étant, méluche a peut-être fait bonne œuvre en virant garrido, corbiere et simonnet. à sa décharge, ils sont tous les trois connus pour avoir traîné des pieds avant de quitter leur hlm parisien. j'ajouterais à propos du siège de Panot que peu de candidats pourraient y tenir tout seuls. capthaka

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    1. Sauf qu'ils n'ont été virés cela mais pour avoir gueulé contre la ligne officielle.

      Panot a une position assise.

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  5. Encore un bon billet, argumenté et censé. Je partage bien de tes constats et tes interrogations. La "purge" de LFI qui par exemple investi chez moi un fiché S à Avignon me laisse songeur, autant que des messages entendus hier dans les manifestation.

    Ce Aly Doura est particulier. Il est en fait plein de haine contre tout le monde. Mais cette extrême gauche est haineuse...

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    1. Oui. Pourquoi ont-ils été cherché des cons alors que l'heure devrait être à l'apaisement ?

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