En salle

10 juin 2024

Dissolvons... Et après ?

 


Entendons-nous bien ! Je veux bien que le RN arrive au pouvoir mais s’il doit virer les immigrés, qu’il évite les patrons de bistro. Un peu de sérieux, tout de même. Hier soir, on s’attendait aux résultats. Je suivais ça de loin dans Twitter toujours amusé des commentaires des zozos qui pensent savoir pourquoi on en est arrivé là en omettant un certain nombre de responsabilités. Elles sont pourtant multiples et il ne faut pas oublier les conneries de la gauche depuis quelques années…

Toujours est-il que, alors que je sirotais mon orangeade en terrasse (ce billet est un peu romancé), le patron débarque et crie « mais quel con ! » J’ai opiné pour ne pas le contrarier et, surtout, parce qu’il avait probablement raison compte tenu du nombre de cons que l’on peut rencontrer dans un bistro. Il a compris que je n’y étais pas et m’a dit : « Macron a annoncé la dissolution. »

« Ah oui, quel con » ai-je répondu, tout à fait sincère. La nuit a porté conseil… J’ai commencé par avoir une pensée pour mère. La dernière fois qu’elle avait voté, c’était en 2022, avant d’opter pour l’urne funéraire (c’est une image, elle n’a pas été incinérée à cause du réchauffement climatique). Je pense que pour les quatre votes de cette année-là, elle avait suivi mes recommandations (il est probable que mon frère et ma sœur sont persuadés qu’elle les a écoutés, faut dire). Après chaque élection, on se téléphonait et on faisait un vague « débriefing »… Cette habitude avait commencé en 2002. Allez savoir pourquoi… Au moins, cette fois, elle se retourne dans sa tombe…

 


La nuit a porté conseil, disais-je. Peut-être Emmanuel Macon a-t-il eu raison de dissoudre. La manipulation était sans doute prévue de puis longtemps (j’ai vu dans Twitter une photo d’un article : il semble que tout cela se soit décidé au cours d’un déjeuner, il y a plusieurs mois). De toute manière, sa majorité n’est pas « valable » et le gouvernement n’aurait sans doute pas tenu. Ensuite, il est possible que le Rassemblement National et ses acolytes n’obtienne pas de majorité absolue et qu’il faudra une coalition. Enfin, mettre ces zozos au pouvoir avant la prochaine présidentielle permettra peut-être de démontrer leur incompétence.

Les différentes options du billard à trois bandes ont été évoquées par les journalistes et les réseaux. Je n’ai pas grand-chose à ajouter sauf que jouer avec le feu est toujours dangereux.

 

On a eu, évidemment, des andouilles qui ont comparé avec les précédentes dissolutions. J’ai vu des bêtises au sujet de 1988 mais c’est toujours les analyses de 1997 qui m’amusent… Chirac avait réussi à avoir la paix pour cinq ans puis est devenu une espèce de père de la nation pour cinq ans de plus. Alors une dissolution pour avoir une majorité, je n’y crois pas trop.

 


Se pose alors la question de la stratégie à adopter par la gauche. Olivier Faure a appelé à un « Front Populaire » et Manuel Bompard a rétorqué qu’il était d’accord à condition que le programme retenu soit celui de la Nupes (donc celui de LFI de 2017, en gros). Il faut être baisés de la caisse pour penser qu’un programme qui a déjà fait perdre autant de fois ceux qui le portaient puisse devenir subitement salvateur !

En outre, il ne faut pas oublier que ce n’est pas que le programme qui a fait échouer le gauche mais aussi les postures non républicaines de certains d’entre eux et leurs débilités habituelles. Par exemple, LFI a fait campagne contre Glucksmann (tout en se plaignant d’être eux-mêmes les victimes des attaques de ce dernier) et pour la Palestine. Il faut absolument que cela cesse.

Je ne vais néanmoins pas lutter contre cette union mais vais émettre des conditions pour que je puisse y adhérer. Tout d’abord, le projet ne peut pas être défend par les braillards habituels. Peut-être pourrait-il être porté par François Ruffin ?

Ensuite, il ne faut pas tenter de faire croire qu’on va vers un « parti unique » à l’image de la Nupes qui empêche la diversité des points de vue.

Je propose tout d’abord une espèce de pacte de non-agression. Les partis de gauche ne doivent pas mettre de candidat en face des députés sortant et il doit y avoir un accord de désistement systématiques : les différents partis du périmètre de la Nupes ne doivent pas maintenir un candidat au second tour si un autre de leurs candidats arrive avant. Il faut le dire dès le départ et annoncer que l'on gouvernera ensemble si l'ensemble des forces du "Front Populaires" ont la majorité.

C'est d'ailleurs comme ça que la gauche a toujours réussi à arriver au pouvoir, les candidats défendant les projets de leurs partis.


Enfin, il faut aussi négocier avec la majorité présidentielle (qui se retrouve à gauche, d’un point de vue géométrique – vive les mathématiques ! -, car les partis plus à droite représentent 45% des électeurs, arrêtons de jouer aux malins). Il faut un front popublicain : en cas de triangulaire avec la gauche, le centre et l’extrême droite, la gauche et le centre ne doivent maintenir qu’un seul candidat (celui arrivé devant l’autre au premier tour).

 

La gauche ne gagnera pas si elle se replie sur elle-même.


P.S. : j'évoque François Ruffin. Ce n'est pas par conviction de sa capacité à faire gagner. Disons que je suis obligé de faire des compromis...

12 commentaires:

  1. Quand j'ai entendu Macron hier soir, alors que je rentrais tout juste du dépouillement des votes dans ma commune, j'ai eu la même réaction que toi : « Mais quel con ! ». Un gamin qui joue avec ses jouets ! Est-ce que les Français n'ont pas mieux à faire que de retourner voter dans 3 semaines ? Et quand on sait ce qu'est une élection législative, de la préparation des candidatures jusqu'à l'organisation même, on nage en plein délire.

    Surtout que, de toute façon, il n'y aura probablement pas beaucoup de changement au niveau de l'Assemblée. Pour que le RN prenne le pouvoir il faudrait qu'il gagne 200 députés de plus par rapport à aujourd'hui. Or, on le sait tous, les élections législatives, ce ne sont pas les européennes. Les gens votent pour des idées mais aussi – et surtout – pour des personnes, avec une élection à deux tours. On va se retrouver avec une répartition sensiblement identique à l'actuelle, sans majorité absolue avec simplement un peu plus d'extrême droite. Et ensuite ? A part faire perdre du temps à tout le monde et retarder les départs en vacances, ça va mener à quoi ?

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    1. Le RN peut se retrouver majoritaire, tout de même...

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  2. Je ne sais pas ce qui a fait le plus perdre la gauche : le programme de la NUPES en 2022, pour sauver les meubles ou le quinquennat de Hollande en 2012 ?

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    1. Dans vingt ans on critiquera encore Hollande (en oubliant ceux qui ont foutu la merde pendant le quinquennat). Le programme de la Nupes en 2022 n'a sauvé aucun meuble. Mais relis ce que j'ai écrit... Je parle des "commentaires des zozos qui pensent savoir pourquoi on en est arrivé là en omettant un certain nombre de responsabilités." C'est trop facile de nier être une des causes des maux.

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  3. Si une décision pouvait être cataloguée, je dirais qu'elle était la meilleure.
    Que faire d'autre ?
    Continuer a coup de 49.3,
    nier la dégringolade de la France ?
    Subir l'agressivité de plus en plus dangereuse de l'extrême gauche avec les mouvements de rebellions qu'elle entraîne ?
    Continuer le combat de coqs entre renaissance et le rn ?
    Tout cela en sachant les Français écrasés de toutes part ?
    Ça aurait l'air de quoi voyons !
    Hélène

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  4. ... Je continue : avec ce vote les électeurs décideront mieux que jamais la suite qu'ils souhaitent donner à l'histoire de leur pays. Mieux que jamais.
    Il y a sans doute des scénarios attendus, de la cuisine d'arrière boutique, des "ceusses" (comme on dit a Marseille) qui pensent plus à leur siège qu'à celui de la France en Europe, mais les Français sont au clair. Ils savent donc ils choisiront en toute connaissance de cause que ce soit pour les un ou les autres. Tout est ouvert.
    Hélène

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    1. Je suis d'accord avec vous, je ne vois pas ce qu'il pouvait faire d'autre. Cette dissolution ne ressemble à aucune autre de la Veme république et je crois que si elle ne lui redonne pas une majorité, ce qui est très probable, il faudra qu'il démissionne. Le pire serait qu'il s'amuse à bloquer le système institutionnel pour démontrer que le RN est inopérant. Ce serait une démonstration qui couterait très cher à notre pays.

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    2. Non, il ne devra pas démissionner. Il devra être président en phase de cohabitation... C'est le principe des instituions.

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  5. j'avais déjà zappé la soirée électorale depuis pas mal de temps quand j'ai découvert qu'EM avait dissout l'AN. Ca m'a rappelé le sketch des guignols avec Jacques Chirac disant "j'ai voulu dissoudre l'assemblée, j'ai dissout la droite, quel con" et bien pareil. premier réflexe "quel con". Bon après, quelques braillards en moins qui ont fait plus de mal à la gauche qu'autre chose, c'est tout ce qu'on peut espérer.
    Se désister avant, pendant, après? ca va dépendre des têtes d'affiches aussi. Il y a un bloc de droite dure (pour ne pas dire extrême) de 40% visiblement et un marais allant de la droite du PS à la gauche des LR qui ne peut pas se saquer de toute façon, alors travailler ensemble.... et une gauche de la gauche qui s'en fout des élections, ils préparent le grand soir...
    Alors se retrouver sur un programme commun acceptable, j'avoue que je ne vois pas trop comment. Du nucléaire à l'écologie, du travail à l'éducation en passant par la politique étrangère, ils n'ont plus vraiment grand chose en commun.

    Ce qui me rassure, c'est que mes congés d'été sont en aout. Rien à changer pour aller voter

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    1. Il n'y a pas de programme commun acceptable. Si la gauche est majoritaire, elle devra faire un accord de gouvernement sur la base d'un consensus et la proposition du groupe en tête, en gros...

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  6. La gauche ressort le mythique front populaire : il faudrait leur dire que 54% des ouvriers votent RN.
    Marco

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