15 juin 2024

Pour sauver la gauche, sauvons le centre !

 


Heureusement qu’on a des popcorns. Assis sur nos bancs trouvés par hasard, on regarde les manœuvres politiques au sein des mouvements politiques (et même en dehors, puisque la justice a donné raison à Eric Ciotti…) et les psychodrames divers (comme la non-investiture de figures historiques de LFI, bien critiquée par un de ses hommes clés, François Ruffin), voire les soubresauts de militants de gauche (comme Jérôme Guedj, qui a refusé l’investiture de la nouvelle alliance).

Entendons-nous bien. Je me présente ici comme simple observateur. Nous sommes des millions et peu peuvent l’écrire dans un blog, surtout un comme le mien (ce qui ne veut rien dire ; j’entends qu’il est ancien et a été connu mais il a suffisamment peu de lecteurs pour avoir le moindre impact sur la vie politiques française ce que ne semblent pas avoir compris des milliers d’ânes qui continuent à balancer des « vérités » dans les réseaux sociaux).

Entendons-nous bien, disais-je. Je souhaite la victoire du Nouveau Front Populaire (NFP) mais je n’y crois pas. Je souhaite ensuite sa réussite quand il sera au pouvoir (mais je n’y crois pas non plus, rien que financièrement, leur projet ne tient pas, alors quand on aura à se positionner sur un certain nombre de sujets, ça va être un peu délicat).

 


J’ai, en quelque sorte, la chance de pouvoir ne pas voter vu que ma circonscription est acquise au candidat du NFP (la liste LFI était en tête aux européennes, par chez moi). Je crois parfois Mathilde Panot vu qu’on fréquente le même bistro ce qui ne provoque, en moi, qu’une envie d’entente cordiale.

Je plains sincèrement tous les braves gens, issus de la gauche, qui ne veulent pas d’une alliance avec un parti toléra
nt des antisémites en son sein et pratiquant l’exclusion, comme on vient de le voir avec Daniel Simonet, Rachel Garrido et Alexis Corbière ! Une vraie purge… Ils veulent pourtant faire barrage au Rassemblement National et porter des idées bien à gauche. Je n’ai qu’un seul conseil à leur donner : prenez une pince à linge et mettez-la-vous sur le nez au moment de mettre le bulletin dans l’enveloppe.

Il faut battre le Rassemblement National. Point barre.

 

Je ne pense pas, pour autant, que le NFP puisse gagner à ce scrutin. J’imagine un scénario où le RN aura 40% (des députés), le NFP et les divers gauche 30, les centristes 20 et LR 10 (voir ce sondage dont je tire l'illustration). On pourrait alors imaginer un gouvernement soutenu par une frange des NFP et les centristes, pratiquant une vraie politique d’ouverture, avec des négociations au cas par cas (« tu votes mon budget, je supprime ma réforme du chômage »). Un tel scénario parait utopique… en France. Il serait certainement appliqué dans la plupart des démocraties du monde qui préfère le consensus aux haines, comme chez nous.

D’ailleurs, dès le lendemain du premier tour de la présidentielle de 2017, le Parti Socialiste a chié dans la colle, refusant de voir que les électeurs d’Emmanuel Macron venait de chez lui et qu’une partie des cadres n’était pas du tout opposés à l’actuel chef de l’Etat… On aurait alors eu un camp majoritaire tel que voulu par Macron et ses électeurs (« ni de gauche ni de droite ») mais qui n’aurait pas été surtout « ni de gauche ». On aurait alors évité la déroute de l’alors principal parti de gauche qui a fini par se dissoudre dans une gauche radicale de laquelle, on le voit encore aujourd’hui, il n’a pas réussi à émerger… Nous n’aurions évidemment pas eu une politique de gauche. Mais, de toute façon, nous ne l’avons pas eue !

 


Vous me direz que j’ai un peu souvent tendance à réécrire l’histoire (d’ailleurs, quand je le fais, comme cette semaine, mes billets font un bide tant les militants refusent de voir le passé). Je vais tenter d’arrêter quelques semaines. Je vais aussi tenter d’arrêter de taper sur la coalition foireuse des forces de gauche, qu’elle soit nupsiale ou néofrontiste. Je ne vais pas, pour autant, oublier ce que je préconisais dans mon premier billet après la dissolution. Je vais le rappeler, pour rigoler. Il fallait que la gauche maintienne l’investiture des différentes composantes aux députés sortants mais arrête ces histoires de candidats uniques dans les autres circonscriptions.

Ces crétins (je pèse mes mots) ont réussi à faire exploser la partie la plus crédible de cette espèce de proposition, avec l’exclusion des trois personnalités dont je parlais plus haut. Ils sont fous.

 

J’ai dit que j’allais tenter des trucs mais je n’ai pas prétendu que cela serait immédiatement…

 

Ils sont fous, ai-je dit. Dans les réseaux sociaux, une espèce d’infographie traine, présentant les grosses mesures du programme. Ils ont oublié que ces grosses mesures n’avait pas permis la victoire lors de précédents scrutins (ne serait-ce que parce que les gens ne croient plus aux programmes) et y ont mis les mêmes codes couleurs que lors de la précédente législative, celle qui a été perdu.

Et il faudrait que cela marche, maintenant !

Ils ont tout oublié

Hier, je suis tombé sur un long thread, très bien écrit, d’un type voulant expliquer pourquoi la gauche ne prenait pas pour thème de campagne la sécurité et l’immigration. Il démontrait qu’arrivée au pouvoir, elle ne gérait pas plus mal que les autres ces volets mais que ce n’était pas porteur pour le cœur de l’électorat de la gauche : les ouvriers et autres travailleurs. Je n’avais jamais lu une telle fumisterie, en fait ! Les études ont montré que les employés et ouvriers ont voté à 49% pour le RN aux européennes… Et les intellectuels de gauche viennent nous expliquer qu’on ne peut pas s’adresser à leurs cœurs de cibles des lascars qui vont voter en fonctions des thèmes de « l’ennemi ».

 


A propos de l’immigration, je discutais, hier soir, avec des immigrés (peut-on appeler ainsi des types nés en France, de parents marocains et algériens ?). Ils sont les premiers à dire, en tentant d’expliquer la montée de l’extrême droite, que l’immigration – ou du moins ses conséquences – est un vrai problème. A titre de démonstration, l’un d’eux a dit : « il suffit de voir les prisons ». Un autre a surenchéri sur les émeutes d’il y a un an. Tous étaient d’accord pour des solutions, comme l’expulsion des chieurs (même nés en France, pour vous dire…) tout en insistant sur celles de gauche qui peuvent être mises en place, autour de l’intégration et de la mixité sociale (à « notre » décharge : Le Kremlin-Bicêtre, au cœur d’un fief de la gauche radicale, est un champion de la mixité sociale, on ne voit pas nécessairement des problèmes qui peuvent exister ailleurs).

Si je cite cette discussion, c’est aussi parce que les participants, qu’ils soient Kabyles, Normands ou Bretons, se sont mis d’accord sur le fait que les partis politiques faisaient n’importe quoi et avaient perdu toute crédibilité. C’est une évidence (mais ça ne mange pas de pain de le rappeler) et ils attendent de suivre des personnalités sérieuses, voire exemplaires. Ce mélange des boyaux ne peut rien donner et les Français le pensent.

 


Macron a réussi un tour de force : après avoir dissolutationné la gauche et la droite « de gouvernement », il vient de torpiller le centre. Il ne reste que des extrêmes avec des pauvres types courant derrière pour sauver des postes ou, du moins, quelque chose.

C’est de la folie.

Alors remettons-nous ! On avait un vieil adage qui disait qu’une élection, notamment présidentielle, ne pouvait que se gagner au centre. Nous avons maintenant une élection, certes législative mais sans présidentielle juste avant, qui pourrait aboutir sur la victoire de l’extrême droite et notre seule chance d’éviter le désastre que créerait un gouvernement avec ces pingouins est de faire un gouvernement de coalition.

Au centre.

23 commentaires:

  1. attendons les nouveaux sondages pour voir comment tout ça évolue.

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  2. Donc, si j'ai bien lu, vous souhaitez la victoire d'un conglomérat dont vous prévoyez déjà l'échec s'il vient au pouvoir ? C'est amusant...

    DG

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    1. C'est un peu plus compliqué et ma formule est consensuelle (je ne peux pas dire que je souhaite la défaite de la gauche mais j'aurais souhaité la victoire d'une autre gauche). Je prévois sans doute l'échec mais je pense faire entendre que cet échec ne pourra déboucher que sur une autre coalition de pouvoir.

      Sous un autre angle, ça donne que je ne crois pas à la victoire de ce conglomérat alors je me fous un peu de ce qu'il donnerait s'il pouvait gagner.

      Un autre angle ? Je ne crois pas la victoire des macronistes possibles mais je ne veux pas de la victoire de l'extrême droite alors je souhaite celle du conglomérat en question et, quoiqu'il arrive, victoire du NFP ou du RN, je crois sincèrement que ça ne fonctionnera pas.

      Un dernier ? Depuis près de dix ans (disons huit ou neuf), je dis que la gauche "pas du centre" se plante et les faits me donnent raison (la gauche n'a pas gagné grand chose depuis...). Ca m'amuserait beaucoup de continuer à avoir raison.

      Et dire maintenant qu'elle n'a pas de chance de gagner et que si elle gagne, elle ne réussira pas, n'en est que la prolongation. Mais ce que je souhaite (une victoire de la gauche "à l'ancienne") ne risquant pas d'arriver, je souhaite le moins pire et je vais boire pour oublier l'échec à venir.

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    2. tu es la 2e personne que je lis 'je vote front pop, mais ils vont se planter' façon Rigueur de 1983 sans doute. On en parle tout a l'heure !

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  3. Je trouve ton billet intéressant. La période est à la fois passionnante pour ceux qui comme nous aiment la politique. Elle est aussi, je trouve, anxiogène (je ne la vis pas très bien).

    Je pense aussi que pour sauver la droite, il faut sauver le centre.

    Maintenant, je pense aussi modestement que nous avons un responsable du bordel qui est à l'Elysée (enfin aujourd'hui en Italie). Que la gauche et la droite républicaines ne soient pas au rendez vous est une chose. Mais peut être que pour sauver le centre, il faut que changer sa tête.

    Bon billet sinon.

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    1. Merci !

      On ne peut pas dire que Macron est ressemble de l'échec de ses opposants. Ces derniers ont été nuls, point barre. La droite "de gouvernement" est nulle depuis 2010, en gros (pas tout le monde mais dans sa majorité), son homologue a eu un sursaut de 2010 à 2013 ou 2014 et s'est enfoncé après (mais avait eu l'occasion d'être plus nulle que la droite auparavant).

      Pour changer une tête, en démocratie, il n'y a pas trente six solutions et nous n'y pouvons rien.

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    2. J'ajoute que sauver le centre ne sauvera pas la droite qui est largement débordée par son extrême. La droite, y compris l'extrême, est à environ 45%. La gauche officielle (dont son extrême) est à 30. "Mathématiquement", le centre tout aussi officiel est plutôt dans la moitié gauche. Le temps où le centre était réellement de droite est révolu...

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    3. J'ajoute enfin que, n'étant pas de droite, je ne peux savoir ce à quoi inspire ses sympathisants alors que je peux parler pour la gauche. La droite (tout comme la gauche) a voulu se durcir du côté d'une aile "Wauquiez Ciotti" (tout comme la gauche a voulu se durcir avec des alliances avec la gauche radical qui était encore dans "l'arc républicain"). C'était une erreur. Ca a commencé (dans une "histoire" plus récente que la fin du quinquennat Sarkozy que j'évoquais) ou, du moins, été mis en évidence, par la victoire de Fillon a la primaire pour 2007 alors qu'il est à peu près évident que, compte tenu du principe d'une victoire qui s'obtient au centre, il aurait mieux valu "pour vous" la candidature de Juppé.

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    4. "ce à quoi inspire"... Je me cite. Navré.

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    5. En fait je suis d'accord avec toi. Aussi sur ta vision de l'histoire de la droite, et de Fillon (je commence toujours le bordel par les frondeurs et la défaite de Juppé par l'aile radicale de la droite).

      Aujourd'hui, les oppositions se sont réunies autour des pôles extrêmes et radicaux. Il ne faut pas que les militants décident car ils vont aller vers le "plus". Fillon et Ciotti à droite, Hamon et Melenchon à gauche.

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    6. Hamon a quasiment disparu et est loin d’être le pire parmi les personnalité en vue du PS. Faure, par exemple, est beaucoup plus nuisible. Pendant sa campagne 2017, Hamon avait une bonne vision de la société. Mais il a été mauvais et reste musulmaniste.

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    7. Le problème est qu'il y avait trop de blancs à Brest dixit Hamon... (il a eu des postures gravissimes)

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    8. Il parlait du vin blanc.

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    9. Mais on se fout d’Hamon. Ce que je veux dire, c’est qu’avec ma sensibilité économique et la nécessité de prendre en compte l’évolution du travail, Hamon n’est pas hors sujet.

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  4. Merci pour le lien !

    Bon. Je suis un peu plus optimiste que toi.
    Le programme est un peu utopiste, et bien que le Méluche frétille encore de fiel en ne reconduisant pas certains élus, c'est la marque qu’il est hors d’eau comme le Ciotti.
    François rempile en Corrèze.
    Ça c'est un signe positif.
    De toute façon les électeurs du RN sont déterminés à ‘ESSAYER’ c'est dire si l'ex banquier les a usés.
    je suis donc à fond pour le front … POPULAIRE, je précise.
    Maintenant si ils peuvent fermer leurs ego trois petites semaines ce serait bien.
    Mettre leurs boîtes à camembert 21 jours et plus sous leurs postérieurs de futur sénateurs.
    Et virer les verrues genre le baffeur de gonzesses et le cahusac qui veut une seconde chance. La seconde chance il l’a eu, il a pas pécho quarante ans de service d’intérêt général à nettoyer les sorties de la A3

    Bon kdb !🍻

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    1. Merci ! Tu es bien plus optimiste que moi et nous ne sommes pas en désaccord.

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  5. D'accord avec ton analyse et (par défaut) avec tes objectifs. Mais aujourd'hui, avec la formation du nouveau front populaire (qui n'a rien à voir avec l'original, ne serait-ce que parce qu'il n'a de populaire que le nom vu la sociologie de son électorat), le risque de voir le RN arriver au pouvoir dès cet été est limité : même s'il obtient le groupe le plus important à l'Assemblée et disposera de l'appui d'un petit groupe de députés ex-LR, il n'a guère de chance d'y obtenir la majorité absolue, et rien n'obligera Macron à nommer un premier ministre RN.

    Selon ma boule de cristal (qui dit à peu près la même chose que la tienne), le RN avec ses supplétifs ex-LR ne dépassera pas les 260 députés, alors que le "front populaire" en aura au moins 170 (sous réserve que ses représentants ne commettent pas de faute politique majeure durant la campagne), les macronistes avec leurs alliés de centre-droit 100 à 120 et ce qu'il reste des LR quelques dizaines (grâce à des accords plus ou moins officiels avec les macronistes sur des candidatures uniques au premier tour, sans lesquels LR n'atteindrait 12,5% des inscrits que dans une poignée de circonscriptions et les macronistes risqueraient aussi de subir une déroute plus sévère). Disons 150 à 170 au total du centre(-droit) et de la droite républicaine, probablement moins que la gauche si celle-ci reste unie, mais assez pour qu'une hypothétique coalition à l'allemande soit majoritaire.

    Je ne sais pas si c'est souhaitable, mais c'est la seule alternative au RN à court terme - tout en sachant qu'à plus long terme (2027) ça pourrait être contre-productif, si cette coalition s'enfonce dans l'inaction faute de compromis entre gauche et droite républicaines sur un certain nombre de sujets. Cela ne ferait probablement qu'accentuer la crise politique actuelle et renforcer le RN, d'autant plus que le contexte économique et géopolitique ne permet guère d'espérer que la situation s'améliore d'elle-même d'ici 2027. Bref je crains que ce ne soit que reculer pour mieux sauter...

    Reste à voir quels seront les rapports de force à gauche suite aux législatives : si LFI, purgée de quelques-uns des principaux opposants internes à Mélenchon (et tenants d'une ligne réellement unitaire à gauche), conserve le groupe de gauche le plus important à l'Assemblée et sa capacité de nuisance vis-à-vis du reste de la gauche, ça rendra impossible la constitution d'un gouvernement de coalition à peu près stable et capable d'agir (ne risquant pas d'être censuré chaque fois qu'il prendra une mesure déplaisant à l'un ou l'autre des camps radicaux).

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    1. Tout d'abord, je précise que mes objectifs sont aussi "par défaut". Pour le reste, je pense comme toi qu'une coalition "à l'Allemande" est souhaitable. Pour rebondir sur ton dernier paragraphe, si LFI s'opposait à la mise en oeuvre d'une coalition, ça serait une catastrophe pour elle. Et elle pourrait exploser. Un gars comme Ruffin, par exemple, c'est déjà montré bien ouvert et indépendant.

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  6. Je suis nostalgique d’une époque où il y avait des frondeurs au sein de l’ass Nat.
    On les traitait de tous les noms et pourtant ils étaient des sages.
    Tout ça pour s’allier avec le NPA !
    Jérôme Guedj chapeau bas ! son chemin est droit.

    Pour le reste la France est financierement dans une mouise épouvantable qui nous emmène vers de gros problèmes.
    A mon avis et le gros sujet actuel est le suivant : à qui on refile le mistigris ?
    ’C’est pas ma faute à moi ... lalalala”
    Hélène

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    1. "c'est pas ma faute". Ils peuvent le dire. Mais si les résultats montrent que j'ai bien prévu et senti à peu près tout (non pas parce que c'est moi mais parce que je ne suis pas tout seul à avoir cette pensée), ils auront du mal.

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  7. Tes post sont difficilement contestables, ça en devient démotivant.🙄
    Hélène

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