En salle

28 juillet 2024

A gauche : suivre la flamme pour revenir au pouvoir


 

Le sport ne m’intéressant pas du tout, la trêve olympique est terminée pour moi. La cérémonie fut magnifique mais je n’aime pas du tout la façon avec laquelle les gauchistes se moquent des réacs. Laissons ces derniers patauger. La cérémonie était magnifique. Point barre. J’espèce que ce simple constat tout comme les dégradations à la SNCF permettra à certains de se rendre compte que l’on pouvait attendre un peu pour la nomination d’un gouvernement…

Alors que je continue à défendre une sorte de gouvernement d’union national (un « gun »…), un copain me disait ne pas croire à la possibilité de le mettre en place sans trahison des électeurs et qu’il fallait un gouvernement bien à gauche. Il disait qu’il finirait censuré, que Macron devrait utiliser l’article 16, qu’il pourrait alors être destitué et, s’il reste, il pourra faire une nouvelle dissolution. Il disait aussi que la macronerie partirait en vrille et que si ce n’était pas déjà fait, c’est parce que les députés du centre avaient été élus grâce à une stratégie de désistement.

 


Alors reprenons…

La trahison des électeurs a commencé au moment où l’on a voulu vendre des programmes alors que le but de l’élection est de choisir des représentants, ces derniers pouvant évidemment s’engager à soutenir des mesures prises par tel ou tel gouvernement et prévues dans un programme. La nuance est délicate mais nous sommes dans un système où le programme est porté à une élection nationale par un candidat, la présidentielle. Aux législatives, soit on donne une majorité au président pour appliquer ce qu’il avait promis, soit on choisit un candidat qui ne soutiendra pas le président mais telle ou telle orientation. La nuance, je disais…

Ensuite, les députés du centre doivent leurs postes aux stratégies de désistement, certes. Mais ceux de gauche aussi. Il ne faut pas oublier où on est.

 


Après, il nous faut penser à un avenir sans gun. On aura certes ce qui est prévisible (l’article 16, la dissolution, la destitution) et l’on débouchera sur un vote qui ne peut avoir que deux issues : soit donner les clés au Rassemblement National, soit poursuivre avec le même bordel. Alors que vaut-il mieux ? Baisser sa culotte et accepter de travailler avec une droite modérée ou espérer le cahot pendant un an pour aboutir à une nation aux mains de l’extrême droite ?

A un moment, il faut redevenir sérieux !

En outre, chaque militant de gauche « tendance radicale » doit bien se dire que, depuis la nuit des temps, chaque militant de « gauche radicale » s’est toujours imaginé être le seul à gauche et que tous les autres étaient à droite. La première chose à faire me semble être d’admettre la gauche dans sa diversité et pas la limiter à 10 ou 20% de la population. Sinon, on ne peut pas avoir de majorité (je ne parle pas d’une majorité de sièges mais d’une majorité dans la population même s’il est de bonne guerre que chaque militant pense pouvoir faire admettre son opinion auprès d’une majorité d’électeur).

Enfin, il faut rappeler que la gauche n’a jamais été, sous la cinquième, à la tête de la politique de la Nation plus de cinq ans… A chaque fois, l’alternance a fait que la « droite réactionnaire » revenait au pouvoir (j’ai mis des guillemets pour plusieurs raisons dont celle qu’un vrai réactionnaire prendra un Sarkozy pour un gauchiste…).

 

Au stade où nous en sommes, il est ainsi à peu près sûr que si la gauche ou le centre allié à la droite arrive au pouvoir « seul », on est assurés d’avoir le RN aux commandes prochainement, avec l’application de son programme assez inhumain. Donc la seule possibilité d’éviter cette hypothèse, sans toutefois de garantie, est d’accepter de travailler sur la base d’une large coalition allant de la gauche relativement modérée à la droite républicaine et que la gauche aurait tout à y gagner en mettant en avant un des siens pour diriger le gouvernement qui sera mis en place.

Dans mon précédent billet, je disais que Bernard Cazeneuve ferait un parfait candidat car il a une certaine notoriété et que, n’étant pas réputé proche du Nouveau Front Populaire, donc de LFI, le centre et la droite ne pourraient pas se payer le luxe de le refuser. Je vois des gens balayer cette idée de notoriété au prétexte que des premiers ministres sont déjà sortis du chapeau et pas du cénacle, comme Jean Castex (alors qu’il avait déjà été élu) mais jamais dans des périodes de cohabitations où c’est bien le Premier Ministre qui est le chef du truc qui « détermine et conduit la politique de la nation. » (hors cohabitation, c’est une marionnette).

Je ne fais pas une fixation sur Nanard mais simplement un constat.

 


Après, s’il l’on tient avec ce gouvernement d’union nationale, il faut se positionner pour les prochaines élections (qui, dans mon hypothèse, auront bien lieu en 2027). Emmanuel Macron ne pourra plus se présenter. Son camp (qu’on appelle la macronnerie parce qu’il y a plusieurs partis mais on devrait dire « les centristes ») n’aura d’autre candidat à proposer que des personnalités bien connotées comme étant de droite, soit modérée comme Edouard Philippe, soit plus « sarkozystes » comme Darmanin ou Le Maire.

Ses défenseurs issus de la gauche seront donc orphelins comme l’ont été, comme moi, les types de gauche modérés qui ont vu leur centre gauche partir en fumée à la fin du quinquennat d’Hollande.

Une gauche modérée, disons ce qui était le périmètre du Parti Socialiste de 2012, aurait tout à gagner dans l’opération… à condition de trouver un meneur satisfaisant (un premier ministre n’a jamais été élu président dans la foulée).

 


J’ai toujours dit (vous pouvez relire mon blog) que le PS avait fait une connerie, en 2017, en se prosternant dans l’opposition alors qu’il était la seule formation avec un projet intéressant (mais porté par un guignol). Il a tourné le dos à sa base électorale historique, même si elle avait choisi un centriste « ni de droite ni de gauche » (officiellement) et s’est mis sous la tutelle de la gauche radicale et il n’arrive que ponctuellement à s’en démettre. Le résultat est que le centre a pu facilement se droitiser pour aller couler LR, d’une part, et que le PS n’arrive plus à faire de score honorable aux élections nationales, d’autre part.

Alors ne laissons pas passer notre chance de revenir dans les rangs, maintenant qu’on a une « fenêtre de tir »…

Mes copains de la gauche socialiste se sont plongés eux-aussi dans une ligne radicale, comme s’ils avaient besoin de prouver aux autres ou à eux-mêmes qu’ils étaient de gauche. Nous n’avons pas besoin de cela. Il faut peut-être revenir à la base. A l’origine, la gauche n’a pas de contenu politique, il s’agit uniquement de la position dans l’hémicycle. Je rappelle souvent, d’ailleurs, cette notion de centre de gravité et ces aspects géométriques. C’est depuis que la gauche est devenue synonyme de progrès et de justice sociale. Pour promouvoir ces notions, il n’est pas utile de plonger dans l’excès d’autant que l’excès en question rebute les électeurs.

Soyons raisonnables. Il ne faut pas se planter.

 


Vous avez vu ce tableau en illustration ? C’est le Festin des dieux de Jan Harmensz van Biljert (vers 1645). Il est fort probable que ça soit lui ait inspiré la fameuse scène pendant la cérémonie des JO… et la « La Cène » de Léonard de Vinci. Pourtant, on en arrive à des polémiques ridicules, les réactionnaires se plaignant que les catholiques soient pris pour cible et les gauchistes sont bien heureux de taper sur les cathos.

Est-ce qu’on ne pourrait pas redevenir raisonnables ?

Sociaux-démocrates, quoi !

L'outrance ne mènera qu'au chaos. On aura le RN au pouvoir et pas des banquets avec des gonzesses à poil : ils seront interdits. Ce qui ne pourrait que satisfaire nos gauchistes inclusifs.

13 commentaires:

  1. Ça fait un moment que je le dis : Cazeneuve (oui, il existe encore...) est la personne qu'il faut pour sortir du bourbier politique dans lequel Macron a mis le pays.

    Son parti, La Convention, social-démocrate, progressiste, solidaire, europhile, humaniste, républicain, laïc,... représente bien la gauche dont on a besoin. Le PS s'est discrédité en se mettant sous les ordres de Mélenchon avec la NUPES puis le NFP. Passons à autre chose.

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    1. Ce n'est pas vraiment pour cette raison que je cite Cazeneuve. Je n'ai pas de culte de la personnalité et je ne sais pas de quoi est capable le gars. Ca me rappelle vers 2000 quand les gens parlaient de DSK en disant : il est compétent. Oui mais compétent pourquoi ?

      Le PS reste un grand parti. Avec LR, ce sont les deux partis qui ont le plus d'élus locaux, ne l'oublions pas. On ne va pas les enterrer.

      Alors je me répète : je cite Cazeneuve parce qu'il est proche du PS mais loin du NFP et de LFI et que, à ce "titre", il pourrait être toléré par les autres forces politiques du pays.

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  2. Est-ce qu’on ne pourrait pas redevenir raisonnables ? dans un pays qui aime la polémique ça risque malheureusement pas possible. Surtout avec une LFI en mode bruit et fureur. Tu as remarqué un truc , on entend plus Glucksman : il a fait le clown soc-dem pendant quelques semaines et hop il est plus là. Au moins aura-t-il permis au PS de claquer un peu la FI et de recupérer 100 circos. Mais si c'est pour faire élire des marionnettes qui reproduisent le fond (projet) de la FI ... l

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    1. Quand j'appelle à être raisonnables, je veux surtout dire : envoyer chier les fous de LFI... Quant à Glucksmann, je ne sais pas ce qu'il devient et ce qu'il cherchait. Mais il ferait peut-être un bon compromis, comme Cazeneuve, même si sa notoriété ne doit pas être bien grande. Je ne crois pas qu'il ait de l'expérience politique hors du Parlement européen...

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    2. si le Ps envoie chier LFI alors LFI se vengera lors des élections. C'est ce que craint le PS, la FI a encore un poids électoral important dans les villes "de gauche" . T'as qu'a avoir dans le 93, ou même dans Paris où des FI ont été élus au premier tour.

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    3. Quand Méluche sera en retraite, les cartes seront rejouées.
      NJ

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    4. Tu parles de Melenchon à la retraite ? il crèvera sur scène plutôt que de se retirer. On en a encore pour 10 ans au moins

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    5. Bah. On verra.

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  3. On a le choix entre 2 bons candidats pour le poste de premier ministre : Léon Marchand our Antoine Dupont
    Ils feront l'unanimité!
    Ce tweet de Michel Denizot qui résume la situation "Pour celles et ceux qui n’aiment pas ce qui va bien ça doit être pénible ces jours-ci."
    Marco

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  4. Avec ou sans outrance, nous aurons le RN, hélas, au pouvoir en 2027.

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    1. Il ne faut pas partir perdant.
      NJ.

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    2. ils devaient déjà gagner les législatives, ce qui ne s'est pas fait.

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