Les aventures de nos représentants dignement élu avec, au
centre et à droite, le gain de la présidence de l’Assemblée national et, à
gauche, un bordel sans nom autour la désignation d’un candidat pour Matignon. L’élection
de Yaël Braun-Pivet est la lamentable. Qualifions-là d’erreur tragique. Elle
serait même historique si on n’était pas sûr d’en rigoler dans quelques années.
Mon espèce d’attaque n’est pas contre Yaël BP, bien sûr !
Je n’ai rien contre cette dame sauf qu’elle ne perche pas nue. Elle n’est pas,
non plus, contre le processus démocratique qui a fait cette élection. Après
tout, je dis souvent qu’une élection se gagne au centre. En l’occurrence, il
est logique que des lascars de droite votent pour le centre plutôt que pour la
gauche.
Mais il faut bien reconnaitre qu’on n’a pas besoin d’être
très complotiste pour imaginer des magouilles derrière tout ça. Surtout, si c’est
une erreur, c’est que les électeurs n’ont pas désigné de majorité, ont mis en
deuxième position les « sortants » et leur permettre de récupérer le
perchoir est montrer qu’on se fout totalement du vote. Il ne serait par
surprenant qu’une grande partie des votants montre encore plus clairement son
exaspération lors du prochain scrutin national.
Ce n’est tout de même pas compliqué de voir qu’on a basculé
dans une nouvelle ère, qu’un compromis est nécessaire, que le centre de gravité
de l’Assemblée est plutôt à gauche si on considère les élus d’extrême-droite
comme des pestiférés et que le perchoir, par ailleurs poste sans intérêt sauf pour
celui qui l’occupe vu qu’il hérite de Lassay, aurait dû revenir au conglomérat
d’élus le plus importants.
Il est tout de même important de rappeler les forces en
présence, ce que j’appelle des conglomérats. Nous avons par ordre de représentativité :
la gauche (avec les quatre principaux partis, réunis sous la bannière du
Nouveau Front Populaire pour les élections), le centre (dit « les
macronistes », également avec différents partis, le plus important, Renaissance
mais aussi, de mémoire, le Modem et Horizon), l’extrême-droite (essentiellement
avec le RN mais aussi quelques LR décomplexés) et la droite traditionnelle (les
LR, issue de l’UMP, voire du vieil RPR de Chirac).
Il y a donc quatre groupes dont un tout petit et un
pestiféré. Rien n’indique, à ce stade, que les électeurs qui ont choisi les représentants
à l’Assemblée ont voulu des magouilles entre deux de ces groupes. Je répète que
je m’en fous à titre personnel mais il s’agit d’image voire de survie de notre
démocratie.
Ainsi, comme
le dit l’Humanité qui n’est tout de même pas un journal neutre : « Le piège LR-Macronie se referme sur la gauche à
l’Assemblée nationale ». C’est la triste réalité, la gauche s’est
fait piéger (elle en porte une partie de la responsabilité, je vais en parler)…
Et c’est contraire au résultat des dernières élections. Je me répète : c’est
un déni de démocratie qui risque bien d’avoir des conséquences tragiques (j’aime
bien ce genre de phrase ; disons qu’on court à une immobilité de l’Assemblée
avec un bordel sans nom qui aboutira à l’arrivée des fachos patati patata).
Par ailleurs, on voyait les jours derniers ce
genre de titre : « Xavier Bertrand à
l’offensive pour s’imposer à Matignon ? » ou « Législatives : Laurent Wauquiez dévoile les objectifs du
«pacte législatif» de La Droite républicaine » voire, à l’instant :
« Emmanuel Macron-Laurent Wauquiez, qui sera
le jouet de l’autre ? ».
Il faut tout de même rappeler à ces trois zozos que Wauquiez
et Bertrand sont maintenance dans ce qui est réduit à l’état de groupuscule.
Ils n’ont absolument aucune légitimité pour peser réellement sur la politique
de la nation et surtout pas pour avoir à la diriger. Macron a beau jeu de vouloir
se constituer une telle majorité mais il n’a pas été élu pour cela.
Vous n’êtes sans doute pas habitués à me voir taper autant
sur le centre et sur la droite. Je dois avouer que je me concentre sur la
gauche pour montrer ce qu’elle devrait faire… et ne pas faire. Il n’empêche que
mes copains, blogueurs à droite, tels que FalconHill et Authueil, tapent, eux,
sur la gauche comme si leur camp n’avait aucun tort. Sauf que leur camp n’existe
plus. Ce sont des copains et je suis pour la pluralité : j’espère que LR s’en
remettra (au fond, chez les socialos, on connait un peu les traversées du désert,
aussi…).
Il n’empêche que les électeurs ont mis fin au bipartisme
depuis quelques temps, déjà, et, cette fois, ils ont montré qu’il fallait
changer les pratiques de « gouvernance » via des compromis et des alliance.
Enfonçons le clou ! Voire le cloud à l’occasion de
cette panne mondiale de Microsoft. La future coalition « centre et droite »
aura 233 élus, bien loin de la majorité absolue, alors que dans la précédente « macronnerie »
en avait 15 de plus et qu’il a fallu provoquer une dissolution car le pays
était difficilement gouvernable.
Autant dire qu’ils sont fous et conscients. Et sans doute
aussi cons que les lascars de gauche qui ne veulent pas « composer »…
Alors, comme promis, venons-en à la gauche et, plus précisément au NFP. Contrairement à ce que peuvent penser mes lecteurs, je ne leur reproche pas d’être gauche même si je ne suis pas forcément d’accord avec le programme. Je ne leur reproche pas non plus, contrairement à beaucoup de militants de gauche d’avoir du mal à se prononcer sur le nom d’un candidat pour Matignon.
Outre le fait que c’est parfaitement anecdotique à l’échelle
de notre histoire, il n’y a pas d’urgence (j’avais pensé et écrit qu’Emmanuel
Macron attendrait l’élection du président de l’Assemblée et imaginé qu’il
attendrait même la fin de l’été et des JO paralympiques) et il ne revient pas à
des coalitions de faire des propositions au chef de l’Etat.
Ce que je leur reproche par contre, outre le fait d’insister
pour faire une proposition « anticonstitutionnelle », c’est d’en
faire un psychodrame sur la place publique et d’étaler de grosses divergences.
Et, disons-le franchement, on a l’impression que LFI ne veut pas gouverner. Ils
ont commencé par soutenir une candidate issue du Parti Communiste donc difficilement
tolérable par les partis hors de la gauche tout en mettant les torts sur le dos
du Parti Socialiste qui, lui, a cherché une candidate « acceptable »
par les centristes. Mais cela n’empêche pas LFI d’accuser le PS !
Pourvu que le NFP et toute idée d’association des partis
traditionnels de gauche avec des zombies soit enterrée rapidement si ces
conditions doivent perdurer (trois législatures dans l’opposition à cause de
ces clowns ne comprenant rien aux attentes du peuple, c’est trop ; une c’est
possible, voir mon récent billet au sujet des alternances, deux, ça arrive,
trois, ça frise la folie furieuse).
La gauche est en train de tout perdre ! Je l’ai dit le
lendemain de la dissolution : il faudra une large entente entre les partis
pour gouverner, dans le contexte de l’époque où l’on voulait sabrer le
Rassemblement National. Le contexte a un peu changé, le RN est troisième, mais
le fond ne change pas : il faut une large entente entre les partis pour
trouver une majorité qui, au moins, nous mette à l’abris des censures et autres
49.3.
Et si la gauche a tout perdu (ou va tout perdre), c’est qu’elle
aurait dû être au centre de cette espèce de coalition ou de conglomérat vu qu’elle
est arrivée en tête des élections.
Et, en fin de compte, tous les partis dits républicains vont
y laisser des plumes.
Il y a quand-même une logique (et pas seulement une logique d'appareils) à voir la macronie et ce qu'il reste de la droite républicaine s'allier : ils sont d'accord sur la plupart des sujets, au moins depuis le virage à droite assumé de Macron.
RépondreSupprimerNe serait-ce la présence d'un quart de députés RN et associés (qu'il est un peu léger sur le plan démocratique de considérer sans distinction comme des pestiférés, ne serait-ce que par respect pour leurs électeurs qui ne sont pas tous des racistes bas du front), on serait dans une situation assez classique, avec un bloc de droite (centre inclus) représentant environ 10% d'électeurs de plus que le bloc de gauche (32,7 contre 29,7 selon les résultats du premier tour), et disposant d'une majorité des députés.
Ce n'est pas illogique... Mais ce n'est pas le résultats "des urnes" : les électeurs du centre n'ont pas voté pour la droite.
SupprimerA tout le moins ils ont voté pour la coalition gouvernementale (Ensemble) qui mène clairement une politique de droite depuis plusieurs années. Et je ne pense pas que la plupart d'entre eux soit choquée par un "pacte législatif" avec les Républicains canal historique, à défaut de pouvoir élargir ce pacte vers la gauche modérée - dont les leaders le refusent obstinément au nom de la prétendue victoire électorale du NFP et du respect de son programme.
SupprimerLa sénatrice PS (et ancienne ministre) Laurence Rossignol a bien résumé ça en deux tweets :
"Quand le 7 juillet a 20h01 Melenchon dit : on a gagné on va appliquer tout le programme et rien que le programme, avec à peine 190 députés ce n’est ni vrai ni possible. C’est le Front Républicain qui a gagné et dans ce front républicain la gauche est en tête”;
puis
"quand on annonce d’emblée qu’on ne cherchera aucun élargissement, que ceux avec lesquels on pourrait s’associer devront se rallier, quand on insulte ses partenaires, ne soyons pas surpris que d’autres s’organisent pour constituer des majorités. Quel gâchis!"
Cette droite n’a rien à voir avec le rpr canal historique. Loin s’en faut.
RépondreSupprimerJuillet Garault Pasqua et le jeune Chirac l’ont fondé pour faire front à Giscard trop atlantiste par rapport aux valeurs et à l’heritage laissés par le General.
Hélène
Ce canal historique a disparu et de Gaulle a foutu pas mal la merde, aussi...
SupprimerAutant de visions que de prismes.
SupprimerC’est pourquoi il appartient aux historiens de mettre à plat tout ce que les hommes politiques d’importance ont fait. Chacun retiendra ce qu’il voudra.
Je me contentais de rappeler que le rpr - jusqu’autour de 1992 je crois - était celui de 1976 et que la droite d’aujourdh’ui relève plus de l’UDF Giscardienne.
”C'est un grand agrément que la diversité :
Nous sommes bien comme nous sommes.
Donnez le même esprit aux hommes,
Vous ôtez tout le sel de la société.
L'ennui naquit un jour de l'uniformité.
Je parle peu, mais je dis bien :
C'est le caractère du sage.”
Houdard de la Motte
🙂
Hélène
on découvre qu'il y a eu un bourrage d'urne lors du vote du premier tour, 10 enveloppes de trop. Qui a triché ?
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