On va résumer l’actualité politique récente : la gauche
(le NFP) n’arrive pas à se mettre d’accord pour une personne à proposer comme
premier ministre et gueule parce que le président de la République ne se dépêche
pas de nommer une personne issue de ses rangs, au NFP, comme premier ministre. Je
me moque de la gauche parce c’est mon camp (qui aime bien, châtie bien, n’est-ce
pas ?) mais, à droite, ils sont encore plus grotesques, il faut le reconnaître.
J’entendais, par exemple, Gérard Larcher, déclarer qu’il appelait ses amis à
censurer le gouvernement si le chef de l’Etat désignait un type de gauche à sa
tête. C’est de bonne guerre. Mais la justification est grotesque. Le gros Gégé
a dit que c’était parce que les Français n’avaient pas choisi cela.
Il faut quand même rappeler que les Français ont choisi de
mettre en tête la gauche pour ce qui concerne le nombre de sièges et l’extrême
droite en pourcentage des voix. Les autres partis subissent des défaites :
la « macronnerie » et les descendants des gaullistes ont largement
perdu (ces deux camps « cumulés » – ce qui n’a aucun sens, tout de
même, on n’est plus à l’époque du RPR et de l’UDF – n’arrivent pas à la
majorité et ont perdu un tiers de leurs élus).
J’entendais aussi François Ruffin (que j’aime bien) expliquer
que les partis officiellement à gauche ne menaient plus de politique de gauche
depuis 83 ou 84 ce qui expliquait la désertion des ouvriers. Je vais quand même
lui rappeler que c’est sa formation politique (ou, du moins, l’ancienne) que
les ouvriers ont désertée et qu’un peu d’humilité ne nuit pas (il n’en manque
pas mais n’est pas avare, non plus, d’incantations diverses).
Depuis le début de cette séquence électorale, je suis en mode
popcorn geek : le regarde ce qui se passe et lance des conneries dans les
réseaux sociaux et surtout les blogs (si vous me lisez, vous savez ce que j’attends…).
Stéphane. Ce qui m’étonnera toujours est nos différences de point de vue alors que nous espérons tous qu’une majorité de centre gauche dirige le pays. Enfin, je crois…
A part pour le premier point, si je les cite, ici, ce n’est
pas pour les « montrer du doigt » mais pour s’interroger sur les
désaccords.
Alors, je commence par Stéphane. Au sujet du projet du NFP,
il dit : « si les gens retrouvent le
chemin de la consommation, ça génèrera de la croissance, même un élève de
première sait ça ». On est d’accord mais, avec la fin de sa phrase,
il montre qu’il prend les gens pour des cons. Ca me gêne franchement, sans même
rappeler que le PS est allié avec des gens qui ne prônent pas franchement la
croissance (comment peut-on soutenir la défense de l’environnement et vouloir favoriser
la consommation ?). Le problème est dans le « si », au départ.
Un type de droite pourrait dire la même chose. Et continuer : l’augmentation
du SMIC va générer de l’inflation, d’une part, parce que les patrons seront
obligés d’augmenter les prix pour faire face à l’accroissement de la masse
salariale et, d’autre part, parce que l’augmentation des revenus disponibles
permet aux entreprises d’augmenter les tarifs. En outre, rien ne garantit que
le surcroit de pognon touché par les pue-la-sueur ne sera pas dépensé en
cochonneries importées.
Le « même un gamin » sait ça a tout de même des
limites…
Revenons au reste. Je commence par le billet de CC. Rien à
dire sur l’introduction. Macron a voulu jouer à Jupiter, il ne finit même pas
en Bacchus. C’est un petit président. Comme l’ont été Sarkozy et Hollande. Et Chirac,
tiens ! Avec ses faibles scores aux premiers tours, ses « pschitt »
et « abracadantesques ». Et Mitterrand avec ses avions renifleurs et
ses diamants. Et Giscard avec ses écoutes, son Rainbow Warrior, son carrefour
du développement, les suicides de ses proches.
Elle dit « Après avoir décidé unilatéralement de dissoudre le
parlement, ce qui a provoqué une période incertaine et dangereuse pour la
République, pour les institutions, pour la stabilité du pays, pour l'économie,
il revient maintenant sur les résultats pour finalement ne rien changer en
demandant à ce qu'on ne prenne pas en compte ce qu'ont exprimé les Français. »
Mitterrand et Chirac n’ont pas pris leurs décisions de dissolution
unilatéralement ? Il est arrivé une fois, dans l’histoire, un cas où les
français n’ont pas « exprimé » le fait de ne pas avoir une majorité
franche au Parlement ?
Je répondais hier à un commentateur qui me traitait de
macroniste, pour rigoler, que ce n’était pas le cas mais que j’aimais bien un
tantinet d’objectivité.
« Tout le monde s'accorde à
dire, pourtant, que nous sommes à un moment critique de notre histoire. Un
moment de bascule durant lequel nos institutions ont vacillé, où l'on a évité
que notre constitution fragile tombe aux mains de ceux qui veulent la modifier. »
Faut-il rappeler qu’un des points du programme du NFP est de changer la
Constitution ? J’y suis d’ailleurs opposé : l’actuelle, la cinquième,
est supposée ne pas être fragile et garantir des institutions solides. Vous
changez la Constitution et si vous n’y inscrivez pas que des blondasses quinquagénaires
ne peut pas être présidente, le RN arrivera en tête la prochaine fois…
« Ce moment laisse
forcément des cicatrices, profondes, ouvertes. Sanglantes encore. Les électeurs
du RN se sentent trahis. Leur message est encore une fois ignoré. »
Je suis le premier à dire qu’il faut écouter ces braves gens mais le message
est quand même clair : les vieux partis nous cassent les burnes et les
immigrés sont à l’origines de nos maux. En d’autres termes, en ne changeant pas
de politique, en n’ayant pas de résultat, je ne vois pas comment on peut
écouter leur message sans coller des basanés dans des charters…
« Et le président propose
le néant, le mou, le centrisme consensuel, la gestion des affaires courantes,
aucun changement, surtout. Ne changeons rien, ne faisons rien. » N’oublions
pas que le lascar à provoquer la dissolution et que c’est ce qui est
susceptible de créer du changement, que c’est bien cette gestion des affaires qui
est importante parce que le moment n’est plus aux réformes emblématiques qui
gonflent tout le monde. Et font le lit patati patata.
« La réponse d'Emmanuel
Macron appelle clairement à la violence. Le sait-il ? En a t-il conscience ?
Cherche-t-il, lui aussi, comme les électeurs d'extrême droite, le pire ? »
Non, ce sont les forces de gauche qui appellent à la violence, comme les
syndicats qui disaient, hier, souhaiter bloquer les Jeux Olympiques…
Revenons à Stéphane. Il rappelle que le NFP est le gagnant
des élections et commence par sortir des chiffres. Le NFP étant composé de
plusieurs partis, générera plusieurs groupes à l’Assemblée. C’est donc le RN
qui aura le premier groupe. Vous pouvez reprendre sa démonstration avec ce
fait.
Il en déduit que le NFP a gagné. Il n’a pas tort. Mais les « majorités »
ont toujours été absolues sauf, à peu près, en 1988 alors que le président de
gauche avait eu le plus haut score à un premier tour depuis longtemps. Et
évidemment en 2022. Le groupe vainqueur était évident mais n’avait pas du tout
la majorité absolue. Nous l’avons critiqué pour avoir gouverné dans ces
conditions. Peut-être faire les marioles maintenant (sans avoir la majorité en
voix) n’est-il que de la communication politique pour faire croire à une large
victoire et revendiquer les plein-pouvoir.
« On entend çà et là des
personnalités politiques de tous bords nier l’évidence : Gérard Larcher, Aurore
Bergé […], Valérie Pécresse […], et une foultitude de personnalités de droite
et macronistes (pardon c’est pareil) appellent à la constitution d’une
coalition, chacun demandant que le futur Premier Ministre soit issu de son camp ? »
Ce n’est pas, un peu, ce que font les
gens de gauche ? A des détails près : s’ils n’appellent pas à une
coalition, ils appellent à ne pas être censurer par les autres… Des clowns.
« Et surtout, ils [les
zozos cités] sortent tous la menace de la censure d’un gouvernement qui
comporterait des membres issus de LFI : ces cons-là oublient, encore une fois,
qu’ils ont été élus en partie grâce au désistement des candidats NFP arrivés
3ème dans leurs circos, et grâce au report massif des électeurs de gauche sur
leurs candidatures. » Ah… Les gens de gauche n’ont pas gagné de
putatives triangulaires grâce à des désistements ? En outre, soyons
précis, ils menacent un gouvernement avec des membres sortis de LFI (en pensant
surtout à un premier ministre sorti de LFI) pas du NFP.
Nommer un premier ministre issu du parti socialiste
permettrait sans doute de faire exploser cette menace. Il faut le dire !
On appelle à gouverner au nom de notre camp politique, pas d’un conglomérat mis
en œuvre de façons opportuniste pour avoir des élus.
Une bricole, maintenant, parce qu’on entend l’argument
souvent : « Si la bérézina annoncée n’est
pas arrivée dans le groupe centriste, c’est parce que les électeurs du NFP ont
massivement appliqué, encore une fois, le barrage républicain (à 74%), alors
que seuls 52 % des électeurs macronistes l’ont fait en faveur des candidats du
NFP. » On peut prendre cela sous un autre angle : les
électeurs ont voté pour les candidats les moins éloignés « d’eux ».
Il est donc plus facile pour un mélenchoniste de choisir un attalien qu’un
bardellonieur que pour un macroniste de faire un choix entre sa droite et sa
gauche.
« Pour être clair, si on
avait été dans une élection « normale », le camp macroniste compterait
probablement moitié moins de députés que ce qu’il détient aujourd’hui. Admettre
cette réalité devrait les amener à adopter une attitude des plus modestes. »
Pour être clair, s’il n’y avait pas eu ces principes de désistements, les nfpien
compterait moins de député que le RN compte tenu des différences en termes de
pourcentage des scrutins.
Reprenons. « On aura donc
une majorité de députés de gauche raisonnables, prêts à gouverner le pays et en
capacité de discuter, texte par texte, avec les autres groupes parlementaires
pour créer des majorités de circonstance. » Je pense qu’il n’a pas
tort mais je ne veux pas de discussion au cas par cas, d’autant que l’essentiel
tient dans les budgets. Il faut que la gauche arrête de dire « tout le
programme, rien que le programme ». Le reste est simple. Il y a les sujets
sociétaux, comme « la fin de vie », qui feront l’objet d’un consensus,
et les sujets économiques, comme l’abrogation de la réforme des retraites, qui ne
trouveront pas de majorité !
Stéphane conclut qu’on aura « un
gouvernement issu du camp vainqueur des élections [qui] aura toute latitude
pour gouverner, et – espérons-le – éviter qu’on rejoue à se faire peur dans 3
ans (sans garantie que cette fois le front républicain fonctionnera encore). »
Il n’aura aucune latitude, on se fera peur à chaque fois,
avec des 49.3 et des motions de censure. Comment croire que le camp
macronistalien votera tout ce qu’on souhaite sans mais céder sur rien ? On
ne se fera pas peur dans trois ans : le bordel qu’on aura semé garantira la
victoire du RN.
Je vais arrêter là. J’ai atteint ma taille limite pour un billet
et j’ai un risotto de saucisses aux poivrons et oignons à préparer.
C’est maintenant qu’il faut négocier un accord, pour
garantir la stabilité pendant les prochaines années, quitte à ne fasse pas tout
ce que l’on souhaite. N’oublions pas que les deux précédents quinquennats ont tourné
en eau de boudin (ou tout comme) avec des frondeurs et des gilets jaunes
refusant de reconnaitre la légitimité des zélus.
CC parlait d’un moment spécifique de notre histoire. Nous y
sommes. Ne le gâchons pas nos réflexes militants qui, au fond, consistent à
dire : nous on est bien et les autres c’est du caca.
Un moment critique de notre histoire ? C'est l'évidence, mais dans un sens plus profond, plus dramatique aussi, que ne le voit votre amie blogueuse. (Il me semble bien, à moi, que nous sommes à la fin de notre histoire, mais c'est trop long à développer...)
RépondreSupprimerD'un point de vue étroitement politique, je ne vois pas ce qu'a de "critique" le fait de n'avoir pas de majorité claire : ce fut le cas durant une bonne partie de la IIIe République, et le lot presque quotidien de la IVe.
Encore une fois, il faudrait développer, nuancer, approfondir tout cela : la flemme...
DG
Pas besoin de développer vu que je crois qu’on est d’accord.
SupprimerNJ
Cela fut effectivement le lot des première, seconde, troisième et quatrième républiques ... qui se sont terminées de façon assez peu républicaines. Pensez-vous la Vème meilleure ou le problème est-il intrasèque à la république elle même ?
SupprimerLa Dive
Pas à la République mais à la démocratie. Même si ça ne change pas grand chose.
SupprimerTout le monde compare l'époque actuelle à la IVème république, mais finalement, je trouve qu'elle ressemble plus à la IIème: La gauche est divisée entre des révolutionaires et des libéraux qui n'arrivent pas à se mettre d'accord. La droite a une aile bonapartiste qui monte. Les Orléanistes, dont notre président actuel est une sorte de descendant, viennent de se prendre une avoinée, Paris vote à l'opposé des campagnes ... Quel progrès en presque deux siècles!
SupprimerLa Dive
Je ne connais pas assez l'histoire pour me livrer à des comparaisons... Mais vous avez sans doute raison : on est bien loin de la quatrième...
Supprimer”Et Mitterrand avec ses avions renifleurs et ses diamants. Et Giscard avec ses écoutes, son Rainbow Warrior, son carrefour du développement, les suicides de ses proches.”
RépondreSupprimerAgaga mon Nicolas ? 🥳🤭
Hélène
il a fait une "biden" , il devait avoir soif , je ne vois que cette explication pour cette erreur.
SupprimerJ’ai tout simplement fait une vanne dans mon billet.
SupprimerWesh une BIDEN il est bien trop jeune, mais l'expression est rigolote. Moi qui commence à en faire des méli-mélo, pour jacter la France et ne pas se faire ouspiller par didier, je me la stocke l'expression, à gauche forcément 😆
SupprimerNicolas, on sait bien que c’était une vanne, nous aussi on en fais !
SupprimerHélène
si les gens retrouvent le chemin de la consommation, ça génèrera de la croissance, ah oui ça va partir en produit importés, coucou TEMU et autres aliexpress.. et en bouffe avec un peu de chance dans les services ou tourisme.
RépondreSupprimerArrête ! On va dire que tu es de droite car tu dis que la politique de la demande ne fonctionne pas !
SupprimerCes ânes sont resté à l’époque Keynes…
oui mais ils sont en tête vont ils dire... donc doivent TOUT décider. Ca promet du LOL à l'assemblée avec 370 députés contre eux.
Supprimerbah le centre c'est la droite... donc c'est déjà fait.
SupprimerJ'ai répondu : https://stephgauthier06.fr/blog/2024/07/13/discussion-de-comptoir/
RépondreSupprimerTu. Tu progresses mais il reste de la marge…
Supprimer« Lu » pas « tu ». Connerie d’iPhone.
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