14 juillet 2024

On retient quoi des alternances ?



1981, 1986, 1988, 1993, 1997, 2002, 2012… Nous avons connu sept alternances au gouvernement depuis… Depuis quand, au fait ? Le début de la Cinquième, ma naissance, les événements de mai 68, le début de la crise économique entamée par les chocs pétroliers… ? On pourrait débattre du pourquoi mais ça ne m’intéresse pas, à ce stade et les réponses risquent d’être assez tartiflettes…

Revenons au début du siècle, soit vingt ans après le commencement de la série. Il y a eu deux événements. Tout d’abord, la montée assez progressive de l’extrême droite a fait qu’elle est arrivée au second tour mais c’est un peu anecdotique : la gauche avait battu des records de divisions. Ensuite, il y a eu la fusion de l’UDF et du RPR dans l’UMP ce qui fait que le centre a doucement pris son envol jusqu’à 2017, où son nouveau chef a réussi à réunir une partir de la gauche, le centre et une section de la droite et à arriver au pouvoir (on va évidemment voir des types de droite déclarer que le centre a toujours été à gauche et des types de gauche prétendre que le centre a toujours été à droite mais il vaut mieux en rire ; la vérité est bien que le parti qui se prétendait centriste était réellement à droite avant 2002).

Depuis 2012, les conglomérats politiques qui faisaient cette alternance, la gauche « socialiste » et ses alliés et la droite traditionnelle sont parties en couilles. Cela a peut-être commencé par la droite, avec la fusion de ses deux composants dont je parlais et qui a amené à la victoire de 2007 avant une chute longue, accentuée dans la période après 2012. Elle n’a jamais su se redresser.  Pour la gauche, quand on y au chœur, c’est plus compliqué à analyser. Disons que, au cours de la dernière période de gouvernement, elle s’est divisée et la partie la plus à gauche s’est rapproché d’une nouvelle formation politique, devenue LFI, porteuses d’espoirs (grotesques) de victoire à gauche. Le reste de la gauche a préféré se rapprocher du centre.

Et nous sommes quelques abrutis à être restés comme des cons.

 


Nous sommes maintenant à un tournant. En 2017, un vrai centre a gagné (un militant politique continuera à dire que c’est le camp opposé). Il a fini par mener une politique franchement à droite ou, du moins, assez proche de ce que ferait l’ancienne UMP pour la plupart des sujets en rapport avec l’économie. En 2022, l’élection législative n’a pas réussi à donner une majorité claire un camp. Celui du centre était largement en tête et a pu former un gouvernement. Une élection de « mi-mandat », les européennes de 2024, ont montré qu’il n’avait plus du tout la majorité et le président, issu de ce camp (dont il est d’ailleurs plus ou moins le créateur) a fait la dissolution.

Les élections n’ont pas su donner une majorité claire, trois formations faisant presque jeu égal dans notre ancien système bipartite, aucun ne pouvant prétendre à une majorité suffisante pour former un gouvernement.

 

A l’heure où je vous parle, Pogacar a réussi à foutre 1 minute dans la vue à Vindegaard, son second et précédent vainqueur du tour dans une étape avec une arrivée au sommet, le tour semble joué, vu que l’écart se monte maintenant à 3 minutes au général.

La constitution du nouveau gouvernement n’est plus dans les premiers sujets de Google News. Il arrive cinquième. On pense qu’Emmanuel Macron a trois solutions. La première est de nommer une personnalité consensuelle, comme Bernard Cazeneuve ou Michel Barnier, voire les deux en les priant de travailler de concert. La deuxième est qu’il nomme quelqu’un issu « de la société civile », genre le Président de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, en association avec un illustre retraité, François Molins. J’ai oublié la troisième alors que je n’ai pas encore commencé à picoler.

 


Au centre et à ce qui reste de la droite (hors l’extrême), ils font un peu n’importe quoi et se contentent de dire qu’ils veulent un gouvernement sans le Nouveau Front Populaire et le Front National. Ils sont très drôles à revendiquer une majorité minoritaire. Ils ont complètement vrillé et sont sortis du champ républicain en ne cessant de faire du chantage sur le thème « nous censurerons tout gouvernement ne correspondant pas à nos exigences », comme si les autres pingouins ne pouvaient pas faire la même chose.

A gauche, le PCF a proposé de mettre en avant Huguette Bello ce que j’ai trouvé saugrenu. LFI a accepté cette proposition sentant bien qu’un candidat issu de ses rangs ne pourrait être toléré. Les écolos ont suivi avant de se rétracter mais je n’arrive pas à suivre. Le PS n’arrive pas à faire de proposition mais a réussi, avec raison, à refuser Bello qui a par ailleurs refusé la proposition. Les écolos fustigent maintenant la position du PS qui ne veut pas de la personne que les écolos ont refusé de soutenir.

Admettez qu’il y a de quoi rire.

 


Pour une fois, je suis assez d’accord avec Olivier Faure. Il a en effet dit que « il n’est pas anormal que dans une situation aussi particulière (…) le NFP prenne le temps de discuter de celui ou celle qui aura à conduire la vie politique de la nation dans les prochaines années. Le fait de prendre quelques jours est tout sauf un drame » puis, surtout : « L’idée d’un vote n’a pas la faveur des groupes parlementaires. Il faut construire un consensus, ça prend du temps ». Il a quand même dit des conneries ensuite, à propos des censures promises par le centre et la droite : « Que censureront-ils ? L’abrogation d’une réforme des retraites que 80 % des Français ont rejetée ? La proposition de mettre fin aux déserts médicaux ? De taxer les superprofits qui s’envolent pour financer la transition écologique ? De mettre en place une police de proximité ? »

On ne désigne par un premier ministre par le vote d’un regroupement de partis politiques et on ne décide pas de ce que doivent faire les autres partis sur la base du sondage. Mais on peut effectivement se foutre de la gueule de centristes qui vont se couler s’ils torpillent toutes les propositions d’un gouvernement.

Mais le consensus doit être global.

 


Mais je parlais « des alternances » et des mutations de la vie politique en France. Le bipartisme est mort. Il faut en tirer des conclusions. Je me fous, par exemple, qu’un gouvernement de gauche arrive au pouvoir s’il doit subir des votes de censure puis disparaitre à l’issue d’une nouvelle dissolution dans 14 mois ou des nouvelles élections nationales, dans trois ans.

Je parlais un peu d’histoire, avec ces alternances, la Cinquième et tout ça. Reprenons un peu. Quelles sont les grandes époques de progrès pour le peuple mises en avant par les militants de gauche. Il y a la Révolution française, le vrai Front Populaire et mai 68. Le premier a fini par la terreur puis par les guerres napoléoniennes. Le second par Vichy. Le troisième par le retour d’une droite dure puis par les chocs pétroliers aboutissant à une crise économique dont nous n’arrivons pas à sortir.

Je ne fais pas de relation de cause à effet, évidemment ! De même que je n’aime pas les débats sur les motifs des alternances d’autant que les victoires de la gauche sous la cinquième ont surtout été par « la volonté populaire » d’écarter les guignols de droite au pouvoir alors que les Français sont majoritairement de droite même si la gauche prétend le contraire mais uniquement quand elle dit représenter le peuple. 

Celui qui vote d’ailleurs à l’extrême droite…  

Je constate : toute période a une fin. Et pour éviter la victoire du RN en 2027, le mieux est tout de même de montrer que les autres partis peuvent efficacement gouverner le pays, pour les besoins du peuple sans se livrer à une bagarre devant un stand de poissonnier.

 

Continuez donc à chercher le consensus.

A part ça, je suppose qu’il y a eu, aujourd’hui, le défilé du 14 juillet. Il y a eu une tentative d’attentat contre Trump ce qui pourrait très bien lui tracer le chemin de la victoire.

Et Alcazar a largement dominé Djokovic en finale de Wimbledon. Il y a tout de même des gugusses, qui furent certes brillant, qui devraient penser à prendre leurs retraites…

Compte tenu des photos que j'ai choisi de mettre pour illustrer ce billet, en songeant à l'alternance, je me demande s'il ne faudrait pas trouver une gonzesse. Pas pour battre Alcazar ou Pogacar, hein !

8 commentaires:

  1. Rien que pour revoir les bobines de Balladur, Chirac, Jospin et Mitrand, sympa :)

    Je vais lire maintenant ;)

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  2. on ne retient rien, mais les militants sont en mode "tout va mal depuis" (la dernière alternance) s'ils sont dans l'opposition.

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    1. Nos militants en question pensant qu'Hollande est de droite, limite facho, la dernière alternance en faveur de la gauche date de 1997.

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    2. Il y en a une fixent l’alternance à la nomination de Fabius… Je renonce à comprendre.
      NJ

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    3. Nicolas,
      Fabius s’est positionné en faveur du non en 2005. Qu’il le pensa réellement ou pas, ça peut lui conférer un étiquette plus protectionniste que celle de Hollande.
      Moyen en quoi ce sont des libéraux pour moi.
      Hélène

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  3. je pense qu'il ne faut pas mettre tous les maux du pays sur le dos de ses habitants. En plus, ça ne change pas grand chose : ils finissent par voter en dehors des partis traditionnels.

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