04 juillet 2024

Que faire de ma queue plate ?

 


Il est bien connu que je suis un gros stratège en analyse des prévisions de résultat des élections et je peux donc me permettre, avec l’amabilité qui me caractérise, vous divulguer les résultats possibles du second tour de nos élections législatives de dimanche prochaine, avec trois solutions alternatives.

Petit 1 : le RN obtient la majorité absolue.

Petit 2 : le RN arrive tout de même bien devant mais ne pourra pas faire de majorité absolue sans branler la nouille d’autres candidats.

Petit 3 : le RN arrive devant mais sans possibilité d’avoir une majorité au point que le président de la République n’ira pas lui proposer de soumettre le nom d’un premier ministre et ira chercher parmi les autres locdus.

 

Les sondages nous donnent quelques éléments de prévision qu’ils appellent les projections en siège. C’est un média qui ne m’est pas familier qui nous fourni la dernière (du moins la dernière disponible dans Google News) avec des fourchettes. On est mal barré pour avoir des prévisions un peu plus précises (mais l’exercice est impossible, compte tenu du système électoral). La première solution que je citais est sans doute à éliminer d’emblée !

Nous n’hésiterons pas à qualifier que le fait que les méchants machistes n’ouvrent pas totalement la porte du pouvoir est une victoire sinon nous pourrions être qualifiés de pessimiste.

Si on prend la moyenne des fourchettes, on apprendra, outre le fait que mon maniement du langage n’est pas au mieux, que le RN est peu susceptible d’avoir l’occasion de proposer un premier ministre au Président mais, s’il arrive à obtenir un accord de toutes les forces de droite (ce qui est hautement improbable), il peut tendre vers 296 soutiens (toujours avec la moyenne des fourchettes). De toute manière, c’est au Président de déterminer à partir de quel nombre de députés, il n’a pas d’autre choix que de confier au RN la constitution d’un gouvernement. Nous allons tout de même considérer que l’hypothèse 2 est assez improbable vu que ça m’arrange, sinon je n’aurais plus rien à dire dans ce billet.

 


Nous allons faire barrage. Enfin, je compte sur vous pour le faire, ma députée ayant été élue dès le premier tour. Sans compter que je ne suis pas un grand partisan des barrages. Au fond, si les électeurs veulent désigner une chèvre ou un bouc à la tête de la nation, c’est bien leur droit. Au fond, on est démocratie… Même Hitler pourrait démontrer qu’il est arrivé au pouvoir par la volonté du peuple même si ce dernier répondrait : « ah oui mais on savait pas ».

Auparavant, quand nous faisions barrage, c’était pour choisir un président de la République qui pouvait avoir une majorité à sa botte, au Parlement. Cette fois, on fonce directement dans la botte du bocal à députés et on ne sait pas ce que fera le gouvernement finalement choisi. Imaginez qu’il soit majoritairement LFI et qu’il veuille annuler la réforme des retraites, il ne trouverait pas une majorité dépassant le NFP, au Palais Bourbon ne serait-ce que pour ne pas voter contre la réforme (à moins de faire des concessions dans d’autres domaines).

Ainsi, en 2002, dans j’ai dit à mes équipes d’afficionados de voter pour Chirac, je leur proposais de permettre au grand d’appliquer son programme. Cette fois, si je dis « heu votez donc pour le gugusse qui n’est pas RN par chez vous », je suis incapable de leur dire la politique qui serait mise en œuvre. Il y a comme un début de brèche dans mon barrage et ma queue plate aura du mal à réparer même en se faisant sucer par un canard.

 

J’estime qu’il faut être honnête avec les électeurs et leur dire la vérité. La prochaine majorité pourrait être composée de forces hétéroclites allant du bout de la gauche à une grande partie de la droite « traditionnelle de gouvernement » avec un centre de gravité probablement situé vers la position politique traditionnelle du PS (ce n’est qu’une supposition de ma part et, comme je le disais dans mon dernier billet, ça m’arrange bien mais ce n’est pas le sujet). La politique menée devrait dépendre des compromis qui résulteront de ce conglomérat d’élus. Il faut le dire aux électeurs et il faudra le rappeler en suite sinon ces andouilles vont dire « vous ne nous avez pas écouté et vous pouvez être sûr qu’on mettra le RN en place la prochaine fois ».

Mes confrères Denis et Seb, disponibles dans les meilleurs bloguerolles, l’ont expliqué chez eux : tous les partis politiques traditionnels ont déjà baisé le peuple ce qui explique en partie le manque de confiance et l’irrésistible envie de voter pour la quiche Bardella.

Nous entrons dans une nouvelle ère, celle des compromis fait par les députés, comme cela se pratique dans de nombreuses démocraties qui ne sont pas emmerdées par les gilets jaunes, et bien loin des affrontements entre deux blocs, la droite et la gauche, que nous avons connus pendant tant d’années.

Et c’est aussi bien (même si je ne suis pas spécialement optimiste).

 


On l’a vu, le barycentre de la majorité forcée serait proche de mon positionnement politique (d’ailleurs, un éléphant ne barrit-il pas ?). Mon confère blogueur et néanmoins ami d’enfance depuis près de vingt ans est proche d’une droite héritière de de Gaulle (je ne suis pas son porte-parole, hein !) et n’arrive pas à croire à ce nouveau fonctionnement de nos dirigeants (je suis d’accord avec sa dernière phrase). J’ai envie de lui dire, comme à tous mes potes de droite ou de gauche : il faut y croire, on n’a pas le choix, d’autant que nos partis traditionnels, le PS et LR sont dans un état proche du coma…

 

Dans l’attente, il faut qu’on fasse barrage. Il faut qu’on dise aux électeurs de la droite de voter pour un candidat potentiellement très à gauche et aux électeurs d’une gauche assez radical de voter pour des candidats parfois bien à droite, ayant potentiellement été proche de Sarkozy, par exemple. Ce n’est pas simple.

J’ai vu qu’il y avait eu plus de désistement de candidats de droite que d’autres plus à droite mais on ne va pas faire un concours de queue même pour jouer aux castors.

Par contre, j’entends des gens de la gauche de la gauche sortir des grosses bêtises. Par exemple Clémence Guetté a dit que son parti voulait sortir du nucléaire. Honnêtement, ce n’est pas la chose la plus intelligente à prétendre quand on veut recueillir des voix de sociaux-démocrates, de purs centristes et de droite modérée. Elle aura évidemment mieux fait de fermer sa gueule.

Beaucoup de cadres de LFI disent que le NFP sera en tête et que, LFI étant la plus grosse composante du NFP, le premier ministre sera issu se ses rangs. Je dois dire que c’est complètement con. Une majorité, surtout dans notre contexte, ne peut se faire qu’au centre de la coalition. Si on explique aux gens qu’on voudrait faire voter pour nous qu’ils devront s’embourber la politique présentée dans le programme proposé, on peut déjà aller à la pêche. Dans un barrage que nous aurons détruit.

Mélenchon lui-même a accepté un débat avec Bardella, se positionnant ainsi comme chef du conglomérat. Comme il est haï par la plupart des acteurs, c’est de la pure folie, pour ne pas dire une belle connerie.

 


François Ruffin a déclaré, à raison, que Jean-Luc Mélenchon est un boulet. On peut mettre dans le sac à munitions un tas d’autres tordus qui n’ont rien compris à la démocratie.

Si on veut faire un vrai barrage contre le Rassemblement National, il faut aussi faire un barrage à la mélenconnie.

C’est valable pour ces élections mais aussi pour l’avenir. On ne peut pas dire qu’on va mettre en place un programme qu’on ne sera pas en mesure d’appliquer, sinon, on va se griller définitivement. On ne sera pas en mesure de l’appliquer d’une part faute de majorité, comme je le disais, mais aussi, sans doute, parce que l’on va sombrer dans « un tournant de la rigueur ».

Il nous faudra bien travailler ensemble et dans un seul objectif : le bien du peuple. Le vrai, pas ce qu’on a élaboré dans des salons parisiens pour faire plaisir à des militants.


Il ne s'agit pas de baisser sa culotte. Mme Guetté peut très bien préparer la sortie du nucléaire et militer pour. Mais, il faut bien reconnaître que, avant de l'envisager, il faut qu'on sache produire assez d'énergie, disponible en permanence, avec des moyens ne participants pas au réchauffement climatique via l'émission de gaz à effet de serre.

il faut travailler et arrêter les conneries qui poussent les méchants au pouvoir.

6 commentaires:

  1. il est urgent d'attendre dimanche soir pour voir le visage de l'assemblée, et l'effet que cela fera sur le cheptel politique : est-ce que l'idée d'une coalition fera son apparition si l'assemblée est sans majorité et un RN contenu par un front républicain ? et cette dite coalition aura une conséquence immédiate : ceux qui n'en feront pas partie hurleront pour les uns, et attendront son échec pour les autres. Surtout que dans certains domaines, elle devra prendre des décisions urgentes, et ne pas mentir aux français.

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    1. Oui, on peut attendre. Ce qu'il y a d'urgent est surtout de rigoler avec les copains dans les réseaux sociaux...

      On peut aussi attendre la fin de l'année, après les six premiers fois de fonctionnement d'une future majorité délirante, avec le vote du budget.

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  2. Imaginons que notre président démissionne et qu’il y ait des présidentielles en novembre puis que l’assemblée soit dissoute dans un an, avec les legislatives dans la foulée, nous serions alors raccord avec les élections États Uniènes... il y a des hasards parfois 🙄🙂
    Hélène

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    1. Bof... Ca arrive souvent qu'on soit "raccord" à six mois près.

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  3. Toutes ces combinaisons républicaines sont une peu trop subtiles pour un royaliste comme moi. Si un castor veut à la fois faire barrage à la Melencronie et au RN, comme vous le suggérer, pour qui doit-il voter alors ? J'avoue être un peu perdu à la fin de votre billet ... je vais devoir le relire.
    La Dive

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    1. Je n'ai peut être pas indiqué de réponse...

      Je résume ma pensée obscure : il faut voter pour le candidat qui n'est pas RN mais certains, à gauche, méritent des baffes.

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