Il est bien connu que je suis un gros stratège en analyse
des prévisions de résultat des élections et je peux donc me permettre, avec l’amabilité
qui me caractérise, vous divulguer les résultats possibles du second tour de
nos élections législatives de dimanche prochaine, avec trois solutions
alternatives.
Petit 1 : le RN obtient la majorité absolue.
Petit 2 : le RN arrive tout de même bien devant mais ne
pourra pas faire de majorité absolue sans branler la nouille d’autres
candidats.
Petit 3 : le RN arrive devant mais sans possibilité d’avoir
une majorité au point que le président de la République n’ira pas lui proposer
de soumettre le nom d’un premier ministre et ira chercher parmi les autres locdus.
Les sondages nous donnent quelques éléments de prévision qu’ils
appellent les projections en siège. C’est un média qui ne m’est pas familier
qui nous fourni la
dernière (du moins la dernière disponible dans Google News) avec des
fourchettes. On est mal barré pour avoir des prévisions un peu plus précises
(mais l’exercice est impossible, compte tenu du système électoral). La première
solution que je citais est sans doute à éliminer d’emblée !
Nous n’hésiterons pas à qualifier que le fait que les méchants
machistes n’ouvrent pas totalement la porte du pouvoir est une
victoire sinon nous pourrions être qualifiés de pessimiste.
Si on prend la moyenne des fourchettes, on apprendra, outre
le fait que mon maniement du langage n’est pas au mieux, que le RN est peu susceptible
d’avoir l’occasion de proposer un premier ministre au Président mais, s’il
arrive à obtenir un accord de toutes les forces de droite (ce qui est hautement
improbable), il peut tendre vers 296 soutiens (toujours avec la moyenne des
fourchettes). De toute manière, c’est au Président de déterminer à partir de
quel nombre de députés, il n’a pas d’autre choix que de confier au RN la
constitution d’un gouvernement. Nous allons tout de même considérer que l’hypothèse
2 est assez improbable vu que ça m’arrange, sinon je n’aurais plus rien à dire
dans ce billet.
Nous allons faire barrage. Enfin, je compte sur vous pour le
faire, ma députée ayant été élue dès le premier tour. Sans compter que je ne
suis pas un grand partisan des barrages. Au fond, si les électeurs veulent
désigner une chèvre ou un bouc à la tête de la nation, c’est bien leur droit.
Au fond, on est démocratie… Même Hitler pourrait démontrer qu’il est arrivé au
pouvoir par la volonté du peuple même si ce dernier répondrait : « ah
oui mais on savait pas ».
Auparavant, quand nous faisions barrage, c’était pour
choisir un président de la République qui pouvait avoir une majorité à sa
botte, au Parlement. Cette fois, on fonce directement dans la botte du bocal à
députés et on ne sait pas ce que fera le gouvernement finalement choisi. Imaginez
qu’il soit majoritairement LFI et qu’il veuille annuler la réforme des
retraites, il ne trouverait pas une majorité dépassant le NFP, au Palais
Bourbon ne serait-ce que pour ne pas voter contre la réforme (à moins de faire
des concessions dans d’autres domaines).
Ainsi, en 2002, dans j’ai dit à mes équipes d’afficionados de
voter pour Chirac, je leur proposais de permettre au grand d’appliquer son
programme. Cette fois, si je dis « heu votez donc pour le gugusse qui n’est
pas RN par chez vous », je suis incapable de leur dire la politique qui serait
mise en œuvre. Il y a comme un début de brèche dans mon barrage et ma queue
plate aura du mal à réparer même en se faisant sucer par un canard.
J’estime qu’il faut être honnête avec les électeurs et leur
dire la vérité. La prochaine majorité pourrait être composée de forces hétéroclites
allant du bout de la gauche à une grande partie de la droite « traditionnelle
de gouvernement » avec un centre de gravité probablement situé vers la
position politique traditionnelle du PS (ce n’est qu’une supposition de ma part
et, comme je le disais dans mon dernier billet, ça m’arrange bien mais ce n’est
pas le sujet). La politique menée devrait dépendre des compromis qui résulteront
de ce conglomérat d’élus. Il faut le dire aux électeurs et il faudra le
rappeler en suite sinon ces andouilles vont dire « vous ne nous avez pas
écouté et vous pouvez être sûr qu’on mettra le RN en place la prochaine fois ».
Mes confrères Denis et Seb, disponibles dans les meilleurs
bloguerolles, l’ont expliqué chez eux : tous les partis politiques
traditionnels ont déjà baisé le peuple ce qui explique en partie le manque de
confiance et l’irrésistible envie de voter pour la quiche Bardella.
Nous entrons dans une nouvelle ère, celle des compromis fait
par les députés, comme cela se pratique dans de nombreuses démocraties qui ne
sont pas emmerdées par les gilets jaunes, et bien loin des affrontements entre
deux blocs, la droite et la gauche, que nous avons connus pendant tant d’années.
Et c’est aussi bien (même si je ne suis pas spécialement
optimiste).
On l’a vu, le barycentre de la majorité forcée serait proche
de mon positionnement politique (d’ailleurs, un éléphant ne barrit-il pas ?).
Mon confère blogueur et néanmoins ami d’enfance depuis près de vingt ans est
proche d’une droite héritière de de Gaulle (je ne suis pas son porte-parole,
hein !) et n’arrive pas à croire à ce nouveau fonctionnement de nos
dirigeants (je suis d’accord avec sa dernière phrase). J’ai envie de lui
dire, comme à tous mes potes de droite ou de gauche : il faut y croire, on
n’a pas le choix, d’autant que nos partis traditionnels, le PS et LR sont dans
un état proche du coma…
Dans l’attente, il faut qu’on fasse barrage. Il faut qu’on
dise aux électeurs de la droite de voter pour un candidat potentiellement très à
gauche et aux électeurs d’une gauche assez radical de voter pour des candidats parfois
bien à droite, ayant potentiellement été proche de Sarkozy, par exemple. Ce n’est
pas simple.
J’ai vu qu’il y avait eu plus de désistement de candidats de
droite que d’autres plus à droite mais on ne va pas faire un concours de queue
même pour jouer aux castors.
Par contre, j’entends des gens de la gauche de la gauche
sortir des grosses bêtises. Par exemple Clémence Guetté a dit que son parti
voulait sortir du nucléaire. Honnêtement, ce n’est pas la chose la plus
intelligente à prétendre quand on veut recueillir des voix de sociaux-démocrates,
de purs centristes et de droite modérée. Elle aura évidemment mieux fait de
fermer sa gueule.
Beaucoup de cadres de LFI disent que le NFP sera en tête et
que, LFI étant la plus grosse composante du NFP, le premier ministre sera issu
se ses rangs. Je dois dire que c’est complètement con. Une majorité, surtout
dans notre contexte, ne peut se faire qu’au centre de la coalition. Si on
explique aux gens qu’on voudrait faire voter pour nous qu’ils devront s’embourber
la politique présentée dans le programme proposé, on peut déjà aller à la pêche.
Dans un barrage que nous aurons détruit.
Mélenchon lui-même a accepté un débat avec Bardella, se positionnant
ainsi comme chef du conglomérat. Comme il est haï par la plupart des acteurs, c’est
de la pure folie, pour ne pas dire une belle connerie.
François
Ruffin a déclaré, à raison, que Jean-Luc Mélenchon est un boulet. On peut
mettre dans le sac à munitions un tas d’autres tordus qui n’ont rien compris à
la démocratie.
Si on veut faire un vrai barrage contre le Rassemblement
National, il faut aussi faire un barrage à la mélenconnie.
C’est valable pour ces élections mais aussi pour l’avenir.
On ne peut pas dire qu’on va mettre en place un programme qu’on ne sera pas en
mesure d’appliquer, sinon, on va se griller définitivement. On ne sera pas en
mesure de l’appliquer d’une part faute de majorité, comme je le disais, mais aussi,
sans doute, parce que l’on va sombrer dans « un tournant de la rigueur ».
Il nous faudra bien travailler ensemble et dans un seul
objectif : le bien du peuple. Le vrai, pas ce qu’on a élaboré dans des salons
parisiens pour faire plaisir à des militants.
Il ne s'agit pas de baisser sa culotte. Mme Guetté peut très bien préparer la sortie du nucléaire et militer pour. Mais, il faut bien reconnaître que, avant de l'envisager, il faut qu'on sache produire assez d'énergie, disponible en permanence, avec des moyens ne participants pas au réchauffement climatique via l'émission de gaz à effet de serre.
il faut travailler et arrêter les conneries qui poussent les méchants au pouvoir.
il est urgent d'attendre dimanche soir pour voir le visage de l'assemblée, et l'effet que cela fera sur le cheptel politique : est-ce que l'idée d'une coalition fera son apparition si l'assemblée est sans majorité et un RN contenu par un front républicain ? et cette dite coalition aura une conséquence immédiate : ceux qui n'en feront pas partie hurleront pour les uns, et attendront son échec pour les autres. Surtout que dans certains domaines, elle devra prendre des décisions urgentes, et ne pas mentir aux français.
RépondreSupprimerOui, on peut attendre. Ce qu'il y a d'urgent est surtout de rigoler avec les copains dans les réseaux sociaux...
SupprimerOn peut aussi attendre la fin de l'année, après les six premiers fois de fonctionnement d'une future majorité délirante, avec le vote du budget.
Imaginons que notre président démissionne et qu’il y ait des présidentielles en novembre puis que l’assemblée soit dissoute dans un an, avec les legislatives dans la foulée, nous serions alors raccord avec les élections États Uniènes... il y a des hasards parfois 🙄🙂
RépondreSupprimerHélène
Bof... Ca arrive souvent qu'on soit "raccord" à six mois près.
SupprimerToutes ces combinaisons républicaines sont une peu trop subtiles pour un royaliste comme moi. Si un castor veut à la fois faire barrage à la Melencronie et au RN, comme vous le suggérer, pour qui doit-il voter alors ? J'avoue être un peu perdu à la fin de votre billet ... je vais devoir le relire.
RépondreSupprimerLa Dive
Je n'ai peut être pas indiqué de réponse...
SupprimerJe résume ma pensée obscure : il faut voter pour le candidat qui n'est pas RN mais certains, à gauche, méritent des baffes.