En salle

17 juillet 2024

Quel pacte pour un gouvernement technique ?

 


Emmanuel Macron a accepté la démission de Gabriel Attal et de son gouvernement mais je pense que « le jeunot » restera en poste jusqu’en septembre pour gérer les affaires courantes (il faut « passer les JO », nommer un gouvernement en août n’aurait pas trop de sens et, ensuite, il y a les « paralympiques »). Il n’y a donc pas de raison de s’affoler et nous avons de quoi rigoler, d’ici là, comme demain avec l’élection du président de l’Assemblée nationale et des autres guignols, les vice-présidents, questeurs et autres présidents des différentes commissions, dont la grosse.

Ces imbéciles joviaux vont continuer à s’écharper. Les présidents de groupe du NFP ont écrit à leurs homologues pour supplier qu’aucun poste ne soit accordé au RN. Je n’ai pas d’avis : j’entends leurs arguments mais, d’un autre côté, peut-on ignorer le tiers des Français qui ont voté pour ces apprentis fachos ?

Toujours est-il que cette histoire de « gouvernement technique » (lire aussi mon confrère Politeeks) me plait de plus en plus. Au point que j’en fasse un billet.

 


Tout d’abord, même si je vais beaucoup me moquer de la gauche (car « qui aime bien châtie bien »), il faut quand même admettre que les autres andouilles, à savoir les décombres de l’ancienne majorité et la droite traditionnelle, battent des records de ridicule ! Ils semblent « appeler » à construire une majorité ensemble. J’ai vu des interviews de Wauquiez et de Darmanin qui me font un peu rigoler d’autant qu’ils se tirent tout de même la bourre, bien aidés par Edouard Philippe, pour se placer comme successeurs d’Emmanuel Macron…

Seuls, ils pourraient représenter 230 députés ce qui est bien loin de la majorité absolue. Lors de la précédente législature, la majorité avait 248 députés et elle a tellement échoué que le Président a été obligé de dissolutationner. Ils n’ont, en outre, aucune légitimité particulière ! Certes, la gauche n’a « même pas » 200 élus mais, au moins, ils avaient annoncé, avant les élections, vouloir gouverner sur la base du même programme.

Il n’empêche qu’aucun de ces deux agrégats ne pourrait tenir les rênes de la nation. Au bout de quelques semaines, nous obtiendrions des oppositions fortes, des 49.3 obligatoires, des motions de censure… Bref, tout le cirque que nous avons depuis deux ans qui a abouti au résultat que nous avons eu mais que l’on oublie un peu vite : en termes de nombre de voix, l’extrême droite est bien en tête, ce qui semble une des preuves que nos concitoyens rejettent ce foutoir ou cette pétaudière.

En outre, n’oublions pas qu’une partie non négligeable des électeurs « Renaissance » vient de la gauche qu’ils n’ont fuit qu’à cause des outrances de LFI…

Evidemment, on pourrait discuter pendant des heures de ces histoires de légitimité mais les faits sont là : aucun agrégat de politicards pourrait approcher du fameux seuil de 289 députés… Personne, à gauche, ne voudra supporter un gouvernement qui mettrait en œuvre le projet de LR et nos amis de gauche doivent bien convenir que la droite ou le centre ne peut pas tolérer le projet du NPF.

 


Cette phase intermédiaire où de piètres ploucs qui se croient responsable tentent de prouver le contraire est pitoyable. Il est impératif de trouver un regroupement de groupes politiques représentant plus de 300 (pour ne pas dire 289) députés (ce qui très est possible sans LFI, sans LR, même si ces deux hypothèses ne me semblent pas souhaitable, et surtout sans le RN) pour assurer que le pays soit gouvernable : que le 49.3 ne soit pas nécessaire, que le gouvernement ne puisse pas être censuré et qu’un budget puisse être voté.

Pour cela, il faut un accord (voir par exemple, la tribune signée par Mme Tubiana). Il doit être, à mon sens, orienté à gauche vu que c’est tout de même le NFP, ou, du moins, ce qu’il était quand il s’est présenté devant les électeurs, qui est arrivé en tête lors des élections qui ont permis la mise en place de cette Assemblée. Le projet du NFP peut même servir de base à la discussion, même s’il est convenu que LFI ne participerait pas au gouvernement à condition, évidemment, que les mesures qui ne sont pas recevables par le centre et la droite en soit « expurgée » (je ne vois pas le centre ou la droite accepter une annulation de la réforme des retraites, par exemple).

 

Il ne faut pas sombrer dans le piège de vouloir impérativement définir maintenant une plate-forme de gouvernement mais plutôt une définition des thèmes qui devront faire l’objet d’un vote, sans 49.3 ou motion de censure. Par exemple, si la gauche domine, ce qui est mon souhait (mais pas un impératif, hein !, on est dans la construction d’un accord), pour reprendre celui de la réforme des retraites, il faut un engagement des « autres groupes » à ne pas bloquer le tout, sauf potentiellement par un vote contre, si la gauche ne s’attaque pas à l’âge légal ou à la durée de cotisation. Cela n’empêchera pas le progrès social, par exemple en mieux gérant les carrières longues, les fins de carrière, la pénibilité, le niveau des petites pensions…

En contrepartie, la partie majoritaire du gouvernement doit s’engager à ne pas faire usage du 49.3 sauf sur le budget. De même, si la gauche est majoritaire, elle doit prendre en compte certaines exigences de la droite comme la défense du nucléaire, l’ordre, la laïcité… (d’autant que je me demande comment certains de ces machins sont arrivés à droite… ce qui est un peu la preuve que l’on doit gouverner sans LFI).

 


Il reste que l’on peut dépasser le cadre du « gouvernement technique » même si les principaux ministres ne doivent pas être des figures emblématiques de certaines orientations politiques mais il faut que nos élus s’engagent à ne pas entamer de « grandes réformes » qui ne feraient pas l’objet d’un consensus préalable.

On n’est pas obligés de toute faire au cours de la législature, avant qu’une vraie majorité se dessine. C’était le sens de mon récent billet au sujet de l’alternance : autant ne pas faire de modifications qui seraient remises en cause par le gouvernement suivant.

Il faut avancer.

Il peut par ailleurs y avoir des contreparties en dehors du projet, voire indépendamment, comme l’élection de Courson à l’Hôtel de Lassay ou l'interdiction des vestes vertes…

 

Et je suis optimiste (pas sur le fait que ça va se faire… sur le fait que cela soit possible).

10 commentaires:

  1. ”peut-on ignorer le tiers des Français qui ont voté pour ces apprentis fachos ?”

    Sais tu que Biden a décidé de ranger dans un placard cette rhétorique au sujet de Trump ?
    Il serait plus que temps en France qu’on en fasse de même, d’abord parce que les
    députés RN ont été élus démocratiquement, ensuite parce que ce genre de non argument commence à devenir limite, il semblerait qu’il pousse les électeurs à voter en leur faveur et enfin ça tendrait à renvoyer un son d’écho : facho-o facho-o facho-o
    Bien reçu lui répondit l’écho.

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  2. Je partage ton avis sur les vestes vertes.

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  3. Sinon :
    Article 8 modifié : en cas d’obstruction, le Président pourra s’adresser à Manpower qui sera chargé de lui présenter plusieurs premiers ministrables, parmi lesquels il choisira le meilleur d’entr’eux. 🤭

    Hélène

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  4. un gouvernement technique devrait avoir une feuille de route signée par les partis qui le soutiennent et s'engagent à ne pas le censurer. Cette feuille de route ne sera pas le projet du NPF (coucou la LFI) mais autre chose, débattue pendant le temps qu'il faudra entre les partis. Surtout qu'en Septembre on doit présenter la politique budgétaire pour 3 ans à l'UE... puis voter le budget de la nation ce qui est essentiel.

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  5. Mais comment veux-tu qu'il y ait un accord à gauche avec les macronistes dont tu dis, toi-même, qu'ils ont versé à droite ?

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    1. Je n'ai pas parlé formellement d'un accord à gauche mais d'un accord qui, à mon sens, devrait être plutôt à gauche. Je ne dis pas que les macronistes ont versé à droite mais que leurs pratiques ont montré un mouvement plutôt à droite tout en accaparant des valeurs que la gauche a laissé partir à droite comme la laïcité.

      Par ailleurs, ils ne sont pas plus idiots que la moyenne : ils connaissent le résultat des urnes (tout cela est à relativiser et c'est le thème de mon billet du jour) et qu'une majorité ne se dessinent : un accord est donc nécessaire et, voir aussi le billet d'Authueil, un changement de culture politique est nécessaire pour gérer les compromis.

      Ne pas respecter ce compromis serait un manque de respect de la démocratie... tout comme jeter le fait que les députés de gauche soient majoritaires.

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  6. Le résultat prévisible de l'élection à la présidence de l'Assemblée a un peu clarifié la situation. L'alliance qui se dessine va du centre ex-macroniste "et de droite et de gauche" à la droite républicaine. Mais les dirigeants du NFP considèrent tous dans leurs déclarations publiques ce centre comme étant de droite, et ont exclu d'office toute possibilité d'accord de gouvernement avec lui au nom du respect du programme "pour lequel les Français ont voté" (en fait seulement 28% d'entre eux...). Selon leur logique, cette alliance n'a donc rien de contre-nature, contrairement à leurs déclarations après l'élection de Braun-Pivet.
    Et, à part pour les électeurs du RN, ce n'est pas choquant qu'elle dispose d'une (faible) majorité relative à l'Assemblée, au vu des résultats du premier tour des législatives, lors duquel les électeurs ont pu voter en fonction de leurs préférences partisanes : le total des voix des candidats des diverses composantes du centre et de la droite républicaine représente 32,7% des suffrages exprimés, alors que celui des candidats du NFP et divers gauche n'atteint que 29,7%. C'est en fait l'extrême-droite qui est arrivée en tête avec 34,4% des suffrages au premier tour, et seul notre mode de scrutin et la constitution d'un "front républicain" au second tour ont évité que le RN dispose d'une majorité relative, voire absolue.

    Mais en aucun cas ce prétendu front républicain ne s'est constitué sur la base d'un projet de gouvernement commun, et encore moins sur la base du programme du NFP. Il n'a existé brièvement (grâce aux désistements entre les deux tours de la part du NFP et des macronistes) que parce que plus de 60% des Français refusent encore de laisser l'extrême-droite arriver au pouvoir. Sauf qu'une grosse moitié de ces 60% refuse aussi de laisser le NFP arriver au pouvoir tel quel (en tant que coalition de partis dominée idéologiquement par LFI, comme au temps de la NUPES, et dans laquelle LFI est encore sur-représentée).
    Tant que le NFP existera ou restera sous la coupe de Mélenchon, il ne pourra pas être question d'un pacte législatif auquel une partie de la gauche serait associée. Et il ne faut pas rêver, le NFP ne recueillera pas plus de 30% des suffrages aux prochaines élections nationales, et probablement moins au premier tour de la présidentielle (qu'elle ait lieu en 2027 ou avant) si il est représenté par un candidat unique issu de LFI, Mélenchon ou autre.

    Dans la situation actuelle, si pacte législatif il y a, il ne peut que réunir le centre et la droite républicaine. Certes il ne disposera que d'une majorité très relative, encore plus faible que celle des macronistes dans l'ancienne Assemblée, mais un gouvernement issu de ce pacte ne pourra être censuré que par un vote commun des députés de gauche et de ceux du RN. Faudrait vraiment qu'il fasse très fort pour y arriver...

    Contrairement à ce que tu dis, les députés de gauche ne sont pas majoritaires. C'est le consensus sur la plupart des sujets (au-delà des désaccords de façade que les LR entretiennent pour justifier leur existence) entre les macronistes et la droite républicaine qui reste encore majoritaire à l"Assemblée. Mais ce serait le RN si les élections avaient eu lieu à la proportionnelle.

    Je ne vois pas en quoi l'absence d'un compromis avec une partie de la gauche (celle qui serait favorable à ce compromis, et qui représente moins de 20% de l'électorat) serait plus un manque de respect de la démocratie que le fait de ne pas tenir compte du vote d'un tiers des électeurs pour le RN (et des causes de ce vote, qui est maintenant bien enraciné dans une grande partie du pays), sauf à considérer que ces électeurs ne sont pas des citoyens comme les autres - mais ce n'est pas comme ça qu'on les dissuadera de voter pour le RN, bien au contraire.

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    1. Ben on n'est pas d'accord. Et j'avais rédigé ce billet avant l'élection au perchoir.

      L'alliance à gauche, même si elle était batarde, a été "validée" par les urnes. Les gens ont aussi voté d'une part pour virer contre une droite qui n'ont produit rien de bon et d'autre part contre un centre qu'ils ne veulent plus voir...

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