11 juillet 2024

Un recul, sinon rien !

 


J’ai fait l’erreur d’être un peu déconnecté de l’actualité entre mardi et mercredi soir, en partie à cause des méchants services publics (je suis trop gros et dans le train, je n’arrive pas à ouvrir la tablette et à y poser mon PC). En fait, c’est aussi bien : ça me donne l’occasion de découvrir par hasard de nouvelles polémiques dans les réseaux sociaux. Hier soir, je n’ai pas été déçu ! Tout le monde tapait sur Emmanuel Macron mais je ne savais pas pourquoi…

En fait, le chef de l’Etat avait adressé une « Lettre aux Français », ce qui est bien aimable, il faut au moins le reconnaitre. A propos des élections, il déclare : « si l’extrême-droite est arrivée en tête au premier tour avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au Gouvernement. Enfin, personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires. »

On ne peut pas lui donner tort. Juste après, il dit : « Divisées au premier tour, unies par les désistements réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens adversaires, seules les forces républicaines représentent une majorité absolue. La nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, les oblige à bâtir un large rassemblement. » Il aurait pu être plus clair à propos des forces républicaines qui représentent seules une majorité absolue. On comprend qu’il veut dire que le cumul des formations politiques hors RN (je suppose que c’est cela qu’il appelle les forces en question) peuvent avoir la majorité absolue.

On ne peut pas lui donner tort, non plus, mais on peut penser qu’il considère LFI en dehors des forces machin.  Concrètement, on peut avoir une « MA » si on prend les groupes de « LFI » à « Ensembles ! » (avec le Modem mais sans Horizons, le machin d’Edouard Philippe) ou sans « LFI » mais avec Horizon, l’UDI et les Républicains.

C’est la stricte vérité.

 

Si, comme moi, on ne veut pas du RN, on peut souhaiter, toujours comme moi, la mise en place d’un tel conglomérat (que j’ai déjà évoqué deux ou trois fois dans mon blog). Je considère même que c’est la seule solution pour assurer la gouvernance du pays en attendant de nouvelles élections nations ou, du moins, d’avoir un pacte de « non-agression » entre les membres de ce pataquès pour éviter des motions de censure et un blocage total des textes importants (comme le budget), le pacte devant donc avoir des conditions.

 

M. Macron demande donc « à l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. »

J’approuve totalement cette demande (mais je ne suis pas sûr que ça lui fasse plaisir compte tenu que, à ma connaissance, il ne souhaite pas me filer le job).

Je ne vais pas tout citer. Il finit par dire qu’il se donne un peu de temps avant de désigner un nouveau premier ministre. C’est à peu près ce que je prévoyais dans mon billet du 29 juin (avant même le premier tour, alors que les dernières « projections en siège » semblaient dire que le RN n’aurait pas la MA).

Il termine par « Votre vote impose à tous d’être à la hauteur du moment. De travailler ensemble. Dimanche dernier, vous avez appelé à l’invention d’une nouvelle culture politique française. »

C’est la stricte vérité (même si « l’appel » n’est pas volontaire).

 


Depuis cette lettre, tous les partis politiques hurlent, pourtant. La gauche, la droite et… la majorité présidentielle. Pour résumer, ils disent tous pouvoir assumer le rôle (on a même les lascars de LR qui disent qu’ils veulent le poste).

Un des arguments les plus utilisés pour demander une nomination immédiate n’est pas lutte contre les logements vides (pour Matignon) mais le fait que le Président ne respecte pas la Constitution ou, pour les plus calmes, « son esprit » ou les traditions républicaines. C’est évidemment une grosse connerie car nous sommes dans une situation inédite : c’est la première fois qu’aucun groupe parlementaire n’est en mesure de former une majorité autour de lui ! La tradition républicaine a bon dos… Je ne vais pas citer ces réactions qui me navrent toutes.

 

Seulement une pour illustrer ma pensée. Mon copain Valerio dit : « Au final, la question restera la même pour les ex-macronistes que celle qui s’est posée au mouvement 5 étoiles en Italie : préfèrent-ils voir gouverner la gauche ou l’extrême droite ? » (on ne dit pas « au final », bordel !, les mots noms ont un sens, mais ce n’est pas le sujet).

Le problème est que la gauche ne peut pas gouverner. Elle ne trouvera pas de majorité pour faire voter ses textes ou alors, on appelle les députés macronistes à voter les textes alors qu’ils n’ont pas été élus pour… C’est un déni de démocratie. S’il n’y a pas la volonté de travailler ensemble, sans se foutre sur la gueule, on aura assurément la victoire de l’extrême droite, au bout, et il ne suffira pas de traiter les macronistes de traitre pour s’en sortir les couilles propres…

Il faut être objectifs.

 


Il faut aussi l’être en se rappelant que la gauche n’a qu’un tiers des députés et qu’on a reproché à Elisabeth Borne et Gabriel Attal de gouverner avec seulement 40% des députés. Il faut être objectif pour prendre compte le résultat des élections. Il faut être objectif pour ne pas qualifier d’hold up démocratique (dixit Mathilde Panot) le fait ne pas changer de premier ministre alors que la session parlementaire n’est pas encore ouverte, que la nouvelle assemblée n’est pas en place.

Je crois bien que beaucoup de monde manque de recul. On pourra commencer à s’impatienter dans huit ou neuf jours : hurler dans les médias en attendant ne rend pas service à la République.


Je précise que je n'ai pas viré macroniste et que je souhaite que la gauche puisse gouverner, dans des conditions que j'ai déjà exprimées ces derniers jours.

16 commentaires:

  1. "une orientation européenne" : oui, mais laquelle ? Tout cela ne veut strictement rien dire ! Mais quel galimatias ?

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    1. La question n'est pas de savoir laquelle mais que les groupes aient la même vision de l'orientation en question. C'est écrit très clairement et tu chipotes de travers...

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    2. Alors que c'est si agréable de chipoter droit !

      DG

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  2. l’invention d’une nouvelle culture politique française faut en parler à Filippetti LOL

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    1. Oui, j'ai vu les conneries qu'elle a sorties.

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    2. j'ai vu sur FranceInfo un député PS réclamer la même chose : un front républicain à l'assemblée, et donc pas de vote de motion de censure. Ils sont cinglés.

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  3. La seule chose qui manque et pourtant elle est de taille, c’est que dans le cas présent, on fédére autour d’un projet au moins pour une année, pas autour des personnalités.
    Évidemment si le projet est basé sur l’application de mesures épouvantables pour les Français (les milliards trop dépensés qu’il faut que la population avale), ça va etre
    coton.
    Hélène

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    1. Il n'est plus question de projet, les élections sont passées. Il faut maintenant faire avec ce qu'on a et trouver une base de députés qui pourraient accompagner un gouvernement, quel qu'il soit.

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    2. Hein ?
      Accompagner un gouvernement qui ferait quoi.
      Je les vois tous se gratter la tête en se demandant ce qu’ils pourraient bien glander et comment passer l’écueil du budget (véritable piège pour les prochaines législatives).
      J’ai pas tout compris mais c’est pas grave.
      Hélène


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  4. tu vires macroniste... capthaka

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    1. Pas du tout. C'est un peu comme du temps d'Hollande, je ne supporte pas qu'on tape sur une personnalité par principe ou par réflexe. Prends pépère, il en a pris plein la gueule au moment où il a parlé de déchéance de nationalité alors qu'il l'avait promis devant le congrès, à peu près unanime, à un moment, après les attentats, où la France avait besoin de "concorde nationale". Il avait été applaudi. Quand il en a reparlé, alors que c'était moins chaud, il s'est fait taper dessus par la gauche. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle ait manqué d'objectivité... et de réflexion : qu'en a-t-on à foutre de la nationalité française (en plus d'une autre, on ne va pas faire des apatrides, non plus) d'un type qui s'attaque à notre pays ?

      Je me rappelle même du temps de Sarko quand je l'avais défendu... La première fois, c'était quand il avait arrêté les amnisties du 14 juillet suite aux infractions au code de la route. Ces amnisties étaient un scandale historique et leur suppression était normale. Ces couillons de gauchistes gueulaient quand même car c'était une loi sécuritaire et j'en passe.

      Alors, je ne suis pas d'accord avec la politique économique menée par Macron, notamment en début de quinquennat (la flattaxe et ces conneries) mais je le défends quand les coups sont portés à tort.

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    2. je faisais une remarque ironique. je suis d'accord pour dire qu'il ne faut pas taper bêtement. les militants sont cons, surtout les débilos de lfi. capthaka

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    3. Je sais que c'était ironique mais je tenais à rappeler ma position pour les passants...

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  5. Il y a un député modem du Finistère Erwann Balanant, qui vient de dire sur lci, mieux que moi ce que je pense (peut-etre à tort).
    Je ne suis plus dans la politique, j’espère seulement stopper le convoi avant de se ratatiner dans le trou insondable de la dette.
    Hélène

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    1. Je ne sais pas ce qu'il a dit mais je crois qu'il faut que toutes ces andouilles se mettent autour d'une table et décide quelle politique menée, en prenant en compte le résultat des urnes, le très fort score du RN et l'incapacité de dégager une majorité sans faire un compromis foireux.

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