J’ai fait l’erreur d’être un peu déconnecté de l’actualité
entre mardi et mercredi soir, en partie à cause des méchants services publics (je
suis trop gros et dans le train, je n’arrive pas à ouvrir la tablette et à y
poser mon PC). En fait, c’est aussi bien : ça me donne l’occasion de découvrir
par hasard de nouvelles polémiques dans les réseaux sociaux. Hier soir, je n’ai
pas été déçu ! Tout le monde tapait sur Emmanuel Macron mais je ne savais
pas pourquoi…
En fait, le chef de l’Etat avait adressé une « Lettre
aux Français », ce qui est bien aimable, il faut au moins le
reconnaitre. A propos des élections, il déclare : « si l’extrême-droite est arrivée en tête au premier tour
avec près de 11 millions de voix, vous avez clairement refusé qu’elle accède au
Gouvernement. Enfin, personne ne l’a emporté. Aucune force politique n’obtient
seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces
élections sont tous minoritaires. »
On ne peut pas lui donner tort. Juste après, il dit :
« Divisées au premier tour, unies par les
désistements réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs
anciens adversaires, seules les forces républicaines représentent une majorité
absolue. La nature de ces élections, marquées par une demande claire de
changement et de partage du pouvoir, les oblige à bâtir un large rassemblement. »
Il aurait pu être plus clair à propos des forces républicaines qui représentent
seules une majorité absolue. On comprend qu’il veut dire que le cumul des formations
politiques hors RN (je suppose que c’est cela qu’il appelle les forces en question)
peuvent avoir la majorité absolue.
On ne peut pas lui donner tort, non plus, mais on
peut penser qu’il considère LFI en dehors des forces machin. Concrètement, on peut avoir une « MA »
si on prend les groupes de « LFI » à « Ensembles ! »
(avec le Modem mais sans Horizons, le machin d’Edouard Philippe) ou sans « LFI »
mais avec Horizon, l’UDI et les Républicains.
C’est la stricte vérité.
Si, comme moi, on ne veut pas du RN, on peut souhaiter,
toujours comme moi, la mise en place d’un tel conglomérat (que j’ai déjà évoqué
deux ou trois fois dans mon blog). Je considère même que c’est la seule
solution pour assurer la gouvernance du pays en attendant de nouvelles
élections nations ou, du moins, d’avoir un pacte de « non-agression »
entre les membres de ce pataquès pour éviter des motions de censure et un
blocage total des textes importants (comme le budget), le pacte devant donc
avoir des conditions.
M. Macron demande donc « à
l’ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions
républicaines, l’Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne
et la défense de l’indépendance française, d’engager un dialogue sincère et
loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays. »
J’approuve totalement cette demande (mais je ne suis
pas sûr que ça lui fasse plaisir compte tenu que, à ma connaissance, il ne
souhaite pas me filer le job).
Je ne vais pas tout citer. Il finit par dire qu’il se donne
un peu de temps avant de désigner un nouveau premier ministre. C’est à peu près
ce que je prévoyais dans mon billet du 29
juin (avant même le premier tour, alors que les dernières « projections
en siège » semblaient dire que le RN n’aurait pas la MA).
Il termine par « Votre vote
impose à tous d’être à la hauteur du moment. De travailler ensemble. Dimanche
dernier, vous avez appelé à l’invention d’une nouvelle culture politique
française. »
C’est la stricte vérité (même si « l’appel »
n’est pas volontaire).
Depuis cette lettre, tous les partis politiques hurlent,
pourtant. La gauche, la droite et… la majorité présidentielle. Pour résumer,
ils disent tous pouvoir assumer le rôle (on a même les lascars de LR qui disent
qu’ils veulent le poste).
Un des arguments les plus utilisés pour demander une nomination
immédiate n’est pas lutte contre les logements vides (pour Matignon) mais le
fait que le Président ne respecte pas la Constitution ou, pour les plus calmes,
« son esprit » ou les traditions républicaines. C’est évidemment
une grosse connerie car nous sommes dans une situation inédite : c’est la première
fois qu’aucun groupe parlementaire n’est en mesure de former une majorité
autour de lui ! La tradition républicaine a bon dos… Je ne vais pas
citer ces réactions qui me navrent toutes.
Seulement une pour illustrer ma pensée. Mon copain Valerio
dit : « Au final, la question restera la
même pour les ex-macronistes que celle qui s’est posée au mouvement 5 étoiles
en Italie : préfèrent-ils voir gouverner la gauche ou l’extrême droite ? »
(on ne dit pas « au final », bordel !,
les mots noms ont un sens, mais
ce n’est pas le sujet).
Le problème est que la gauche ne peut pas gouverner. Elle ne
trouvera pas de majorité pour faire voter ses textes ou alors, on appelle les
députés macronistes à voter les textes alors qu’ils n’ont pas été élus pour… C’est
un déni de démocratie. S’il n’y a pas la volonté de travailler ensemble, sans
se foutre sur la gueule, on aura assurément la victoire de l’extrême droite, au
bout, et il ne suffira pas de traiter les macronistes de traitre pour s’en
sortir les couilles propres…
Il faut être objectifs.
Il faut aussi l’être en se rappelant que la gauche n’a qu’un
tiers des députés et qu’on a reproché à Elisabeth Borne et Gabriel Attal de
gouverner avec seulement 40% des députés. Il faut être objectif pour prendre
compte le résultat des élections. Il faut être objectif pour ne pas qualifier d’hold
up démocratique (dixit Mathilde Panot) le fait ne pas changer de premier
ministre alors que la session parlementaire n’est pas encore ouverte, que la
nouvelle assemblée n’est pas en place.
Je crois bien que beaucoup de monde manque de recul. On
pourra commencer à s’impatienter dans huit ou neuf jours : hurler dans
les médias en attendant ne rend pas service à la République.
Je précise que je n'ai pas viré macroniste et que je souhaite que la gauche puisse gouverner, dans des conditions que j'ai déjà exprimées ces derniers jours.
"une orientation européenne" : oui, mais laquelle ? Tout cela ne veut strictement rien dire ! Mais quel galimatias ?
RépondreSupprimerLa question n'est pas de savoir laquelle mais que les groupes aient la même vision de l'orientation en question. C'est écrit très clairement et tu chipotes de travers...
SupprimerAlors que c'est si agréable de chipoter droit !
SupprimerDG
Andouille.
SupprimerNJ
l’invention d’une nouvelle culture politique française faut en parler à Filippetti LOL
RépondreSupprimerOui, j'ai vu les conneries qu'elle a sorties.
Supprimerj'ai vu sur FranceInfo un député PS réclamer la même chose : un front républicain à l'assemblée, et donc pas de vote de motion de censure. Ils sont cinglés.
SupprimerLa seule chose qui manque et pourtant elle est de taille, c’est que dans le cas présent, on fédére autour d’un projet au moins pour une année, pas autour des personnalités.
RépondreSupprimerÉvidemment si le projet est basé sur l’application de mesures épouvantables pour les Français (les milliards trop dépensés qu’il faut que la population avale), ça va etre
coton.
Hélène
Il n'est plus question de projet, les élections sont passées. Il faut maintenant faire avec ce qu'on a et trouver une base de députés qui pourraient accompagner un gouvernement, quel qu'il soit.
SupprimerHein ?
SupprimerAccompagner un gouvernement qui ferait quoi.
Je les vois tous se gratter la tête en se demandant ce qu’ils pourraient bien glander et comment passer l’écueil du budget (véritable piège pour les prochaines législatives).
J’ai pas tout compris mais c’est pas grave.
Hélène
tu vires macroniste... capthaka
RépondreSupprimerPas du tout. C'est un peu comme du temps d'Hollande, je ne supporte pas qu'on tape sur une personnalité par principe ou par réflexe. Prends pépère, il en a pris plein la gueule au moment où il a parlé de déchéance de nationalité alors qu'il l'avait promis devant le congrès, à peu près unanime, à un moment, après les attentats, où la France avait besoin de "concorde nationale". Il avait été applaudi. Quand il en a reparlé, alors que c'était moins chaud, il s'est fait taper dessus par la gauche. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle ait manqué d'objectivité... et de réflexion : qu'en a-t-on à foutre de la nationalité française (en plus d'une autre, on ne va pas faire des apatrides, non plus) d'un type qui s'attaque à notre pays ?
SupprimerJe me rappelle même du temps de Sarko quand je l'avais défendu... La première fois, c'était quand il avait arrêté les amnisties du 14 juillet suite aux infractions au code de la route. Ces amnisties étaient un scandale historique et leur suppression était normale. Ces couillons de gauchistes gueulaient quand même car c'était une loi sécuritaire et j'en passe.
Alors, je ne suis pas d'accord avec la politique économique menée par Macron, notamment en début de quinquennat (la flattaxe et ces conneries) mais je le défends quand les coups sont portés à tort.
je faisais une remarque ironique. je suis d'accord pour dire qu'il ne faut pas taper bêtement. les militants sont cons, surtout les débilos de lfi. capthaka
SupprimerJe sais que c'était ironique mais je tenais à rappeler ma position pour les passants...
SupprimerIl y a un député modem du Finistère Erwann Balanant, qui vient de dire sur lci, mieux que moi ce que je pense (peut-etre à tort).
RépondreSupprimerJe ne suis plus dans la politique, j’espère seulement stopper le convoi avant de se ratatiner dans le trou insondable de la dette.
Hélène
Je ne sais pas ce qu'il a dit mais je crois qu'il faut que toutes ces andouilles se mettent autour d'une table et décide quelle politique menée, en prenant en compte le résultat des urnes, le très fort score du RN et l'incapacité de dégager une majorité sans faire un compromis foireux.
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