02 août 2024

Le retour de la droite républicaine ?

 


Même si je combats leurs idées, j’ai beaucoup de respect pour ce qui est devenu le parti politique « Les Républicains » d’une part parce que des copains à moi en sont proches et ne me semblent pas tarés et d’autre part parce que je considère qu’il devrait avoir une place plus importante dans la vie politique française et que s’il n’avait pas été dirigé par des abrutis depuis quelques années, il aurait réussi à conserver un électorat populaire qui ne se serait pas barré vers le Rassemblement National.

Je vais tout de même arrêter les amabilités et les phrases trop longues. J’ai vu cette semaine que Xavier Bertrand était sérieusement pressenti pour devenir premier ministre. C’est une aberration doublée d’un fort déni démocratique : ce parti a pris une forte claque aux élections. Ils ont encore perdu 22 débutés. Ils n’en ont plus que 39 alors qu’ils en avaient, par exemple, 229 en 2012 et, surtout, 345 en 2007.

Accorder à l’un des leurs la mission de former puis de diriger un gouvernement est un crachat à la tronche des électeurs !

 


Qu’ils représentent un espoir pour la macronnerie (on ne sait plus comment l’appeler et, en fin de compte, on va regretter LREM) est tout de même à plier de rire vu que ceux qui se revendiquent centristes ont largement basculé à droite, sur les terres de « LR ». J’entendais un député « Renaissance » (je suis obligé de foutre des guillemets partout avec leurs noms de partis à la con) défendre la défiscalisation des heures supplémentaires qu’ils avaient mis en place. Aussi bien, cette andouille était à gauche, en 2007, et critiquait cette mesure portée par Nicolas Sarkozy.

Le vrai parti de droite, en France, est bien, maintenant, cette espèce de centre insipide. Le bilan qu’ils tirent de sept ans de gouvernement est très drôle. Ils se vantent de bons résultats économiques mais les seuls bons chiffres que l’on peut trouver sont liés aux actions de leurs prédécesseurs (ben oui, quoi ! L’inversion de la courbe du chômage, comme disait l’autre, date bien du moment où ce dernier était le patron) et tous les autres chiffres sont mauvais. Le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté a cru, tout comme le déficit de l’Etat et donc la dette ainsi que le trou de la balance des paiements. 

Tout n’est pas à jeter dans ce qu’ils ont fait, notamment la gestion de la crise sanitaire d’un strict point de vue économique (l’attestation, par contre, les a rendu profondément ridicules tout comme le passe vaccinal ; je suis poli et ne redébattons pas de tout cela).

Je ne les incite pas à le reconnaitre publiquement (au fond, il n’y a que les frondeurs socialistes pour clamer qu’ils ont été nuls au gouvernement et qu’il fallait les réélire ; tout le monde en prend pour son grade, avec moi, ce matin) mais à prendre en compte ces quelques éléments dans la réflexion globale. Aller chercher un premier ministre à droite, quand on se vante d’être composé d’une partie de gens de gauche et qu’on a échoué à redresser le pays parce qu’on a mené une politique de droite relève purement et simplement de la démence pure.

 


En aparté vu que je suis là pour parler de « LR », je vais confirmer à mes amis du Nouveau Front Populaire qu’ils ont le meilleur programme économique (et surtout fiscal). Je l’ai étudié pendant cette période de disette politique : il n’y a pas photo. Par contre, il faut arrêter de tout présenter en partant de l’augmentation du SMIC et de l’annulation de la réforme des retraites, parce qu’il a été prouvé que ces sujets n’étaient porteurs.

Les salariés à petits revenus votent dorénavant pour le RN. Pour caricaturer, on pourrait dire que l’augmentation du SMIC est un truc de bobos parisiens, de gens qui croient encore que l’économie est simple, qui pensent que les gens ne sont pas attachés à la réussite de petites entreprises qui n’ont pas les moyens de payer un livreur de pizza 1600 euros par mois en se disant qu’il allait lui-même acheter des kébabs et faire tourner une écolonomie qu’ils vont qualifier de circulaire, de sociale, de circulaire où que sais-je !

Quant à la réforme des retraites, il est facile de faire répondre dans son sens à des sondés qui trouvent que ce n’est pas un progrès de travailler plus, cela n’empêche pas que la préoccupation des braves gens porte plus sur le niveau des retraites et le financement de la dépendance.

En outre, il faut arrêter de dire que la preuve que le programme est bon est qu’ils ont trouvé deux cent économistes pour le valider. Au fond, ils auraient pu trouver 1000 profs d’économie dans des lycées publics pour expliquer qu’un programme de gauche est meilleur… Ils devraient donc tenter de trouver, pour les soutenir, cinquante économistes pas payés par des fonds publics.

Il faut travailler sur le reste, la refonte du barème de différents impôts et tout ça, sans faire de caricature sur les superprofits, les hypers riches et tous ces machins. Il faut en parler, communiquer et arrêter de dire « ah mais ce n’est pas normal que Macron que ne nous nomme pas premier ministre alors que c’est nous qui n’avons pas la plus petite minorité et qu’on a gagné des élus mais moins que le RN qui sent le pâté et on reste devant ».

Il faut quand même bien voir qu’un des plus grands symboles des gens de droite passés « chez Macron », Bruno Le Maire, est allé au G20 pour défendre l’idée d’une taxation des milliardaires pendant que c’est la gauche américaine, en l’occurrence les « démocrates » qui a fait capoté le dossier, tout en étant soutenu, pour leurs présidentielles, par la gauche française.

 


Revenons à « la droite de gouvernement ». D’ailleurs, son nouveau groupe, à l’Assemblée, s’appelle « la droite républicaine » (vous pouvez ajouter des majuscules). Il est amusant de voir qu’elle a sombré parallèlement à « la gauche de gouvernement ». On pourrait chercher l’élément déclencheur. Je pense que les erreurs de Nicolas Sarkozy, quand il était président, notamment en nommant des ministres quiches et en faisant des discours de droite abjecte après avoir échoué sur l’économie (à cause d’une crise financière mondiale) y est pour quel chose sans compter des tergiversations délirantes dans la gestion du parti. Rappelez-vous les conneries des recomptages de voix, de valse des dirigeants, de changement de noms…

Les militants ne sont pas étrangers à ce fiasco…

Rappelez-vous la primaire en vue de la présidentielle de 2017. Ils ont choisi François Fillon (et n’ont pas eu de bol, compte tenu des casseroles qui sont apparues) alors qu’il fallait choisir Alain Juppé. Contrairement à mes amis de gauche, à l’époque, je ne dis pas qu’il aurait été un meilleur président. Je ne sais pas du tout ce qu’est un bon président de droite, au fond, mais il aurait été un bien meilleur candidat (déjà, à l’époque, le candidat à battre au premier pour l’accès au second face à Marine Le Pen était Emmanuel Macron).

Pour la primaire suivante, en vie de la présidentielle de 2022, ils ont réussi à mettre en tête deux quiches (Valérie Pécresse et Eric Ciotti, si si, rappelez-vous) en écartant les deux plus solides (Xavier Bertrand et Michel Barnier) alors que « l’étoile montante », Laurent Wauquiez, jetait l’éponge. A l’issue du premier tour, la future vainqueuse du second, Valérie Pécresse, recevait le soutien des ténors du partis… Mais Eric Ciotti, quelques mois plus tard, en devenait le président… Après l’échec cuisant (moins que celui d’Anne Hidalgo, tout de même) à la présidentielle.

Eric Ciotti a poussé le parti vers la déroute, cette récente législative où il s’est rapproché du Rassemblement National !

 

Tout un parti politique, l’ancienne « droite de gouvernement », avait marché sur la tête.

 


Cette élection législative me semble avoir tout de même marqué un tournant. Au moins deux grandes figures, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez ont montré qu’ils étaient prêts à quitter leurs confortables présidences de régions. Le second a été élu président du groupe avec ce nouveau nom, la droite républicaine, aux majuscules qui me restent incertaines, et le premier est « fortement pressenti » pour devenir premier ministre alors que le résultat de ces élections montrent que ce parti devrait (temporairement, j’espère pour eux) être écarté des affaires de l’Etat…

Après avoir été le principal inspirateur du gouvernement alors qu’il était dans l’opposition. La flat taxe, la réforme des retraites, la loi immigration, la défiscalisation des heures supplémentaires et j’en passe.

Il n’y a pas que les militants « LR » qui ont marché sur la tête.

7 commentaires:

  1. Le vrai parti de droite, en France, est bien, maintenant, cette espèce de centre insipide bah non , le vrai parti de la droite vraie c'est les LR qui ont un projet different de celui du centre sinon y'a longtemps qu'ils seraient d'accord. D'ailleurs c'est Marcon qui en 2017 a commencé à lessiver les LR mal en point avec son ni-ni qui a attiré des LR modérés et électeurs associés.

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    1. CQFD : Macron ayant un programme proche de celui de la droite a attiré les électeurs de cette dernière. Le problème, par ailleurs, c'est qu'on ne voit pas trop ce qu'est le projet de cette espèce de centre. Il a un côté progressiste mais n'a fait que voter des budgets et des grosses lois bien de droite.

      Tu peux dire le contraire mais si ces lois avaient été décidées par Sarkozy (ce qui n'est pas improbable : réforme des retraites, défiscalisation des heures supplémentaires...) nous aurions été bien dans l'opposition.

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    2. J'ajoute, et c'est sans doute le thème de mon prochain billet, c'est que si j'approuve le projet économique du NFP, je ne suis pas près à voter pour les fous furieux de LFI.

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  2. Non le vrai parti de droite c'est l'extrême droite aujourd'hui, les républicains sont désertés parce qu'ils ne répondent pas aux préoccupations des gens ce que prétend faire le RN. La France est un pays globalement socialiste, à droite ou à gauche, c'est la même soupe qui nous raconte que l'Etat peut tout faire en vous faisant les poches.

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    1. Il faut arrêter ce genre de banalité "la France est un pays globalement socialiste", dans la bouche des réacs vu que les gauchistes prétendent que tout ce qui est à droite de l'aile gauche du PS est réacs.
      Il faut aussi arrêter de prétendre savoir pourquoi un parti politique est déserté : en l'occurrence, ce sont les dirigeants de LR qui sont nuls depuis 15 ans.
      Enfin, si j'étais réac, je conchierai le programme du RN qui ne dit rien à part qu'il faut "emmerder" les étrangers, sans se préoccuper des autres sujets.

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  3. Oui LR est nul, et sans doute le RN aussi, il n'empêche qu'il faut arrêter de regarder ailleurs, et voir que les français semblent dirent de plus en plus la même chose au sujet de l'immigration et de la sécurité..et .je ne vote pas RN, et je ne pense pas forcément qu'ils ont raison. Lorsque je dis que la France est socialiste, c'est un fait d'abord idéologique à tel point la doctrine est implantée, et ensuite fiscal au vu des prélèvements obligatoires.

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    1. C'est un peu ce que j'ai dit dans plusieurs billets. Les Français "expriment une inquiétude" au sujet de l'immigration et de la sécurité et même si "on n'est pas d'accord", il faut les entendre et répondre à leurs préoccupations.

      Pour l'aspect "socialiste", j'avais compris. C'est un peu une pique que je lance à l'occasion mais surtout orientée pour des pseudo libéraux tels que Sarkozy qui ne fait qu'augmenter les prélèvements et les dépenses de l'Etat... et que Macron qui a atteint des sommets... A la limite, je me demande si ce ne sont pas les gens de gauche les moins dépensiers...

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