Pour qu'elle puisse appliquer son projet, la gauche doit faire le ménage

 

Je disais hier que j’aimais bien le programme économique (et fiscal) du Nouveau Front Populaire mais ce n’est pas pour autant que j’aimerais voir ces gugusses arriver au pouvoir « en tant que tel ». D’une part, comme je le dis depuis l’annonce de la dissolution, je suis persuadé qu’une formation politique qui arriverait au pouvoir sans majorité absolue et sans accord de gouvernement n’aurait aucune chance d’échapper à une motion de censure dans les quelques mois et donc d’être dans l’incapacité d’appliquer une politique (tout en favorisant l’arrivée au pouvoir du RN quand les citoyens auront constaté que les partis traditionnels sont incapables de gérer la boutique).

D’autre part, les élus LFI ont encore raconté n’importe quoi au sujet des délégations israéliennes et palestiennes aux JO et, pas plus tard que cette semaine, au sujet des dirigeants de formations terroristes zigouillés par les Israéliens dans des patelins du coin.

 

Par exemple, Le député LFI Antoine Léaument sur la mort d'Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas tué à Téhéran : « Est-ce qu'on accepterait que la Belgique vienne à Paris pour cibler quelqu'un avec qui elle n'est pas d'accord ? »

Je rappelle que le Hamas de ce type a provoqué un massacre en Israël le 7 octobre et qualifier cela d’un simple désaccord relève de la folie furieuse (ou, du moins, d’une vaste connerie). En outre, ces clowns ont critiqué Israël quand ils bombardaient des cibles « au hasard » à Gaza, en tuant des pauvres civils, à juste titre (les critiques…), gueuler quand ils abattent de manière cibler un dirigeant terroriste est tout de même débile.

Il est aisé de vérifier, par exemple dans Twitter (X) que LFI n’a pas un comportement conforme à celui qu’on attend des élus de la République. C’est rédhibitoire, pour moi, de les voir prendre une place importante dans un gouvernement.

 

J’allais dire que j’attendais une ferme condamnation par les alliés de LFI au sein du Nouveau Front Populaire. En fait, c’est partiellement chose faite par Olivier Faure qui republie une publication de Choé Ridel (porte-parole du PS) : « Penser que l’assassinat d’Ismail Haniyeh, négociateur du Hamas pour un cessez-le-feu et la libération des otages, ne fera que renforcer la branche militaire du Hamas et nous éloigne de la paix est une chose. Relayer des contenus qui l’érige en martyr en est une autre, indigne. Cet homme fut le chef de la branche politique du Hamas, mouvement ouvertement antisémite et prônant la destruction de l’État d’Israel. Il dansait sur l’assassinat de civils israéliens le 7 octobre. »

En revanche, le tweet de Faure n’est pas assez formel : « Nécessaire mise au point de @ChloeRidel. Aucune ambiguïté possible. Le programme du #NouveauFrontPopulaire est très clair. @chikirouparis n’engage qu’elle même par ses provocations qui ont pour seul effet de susciter des polémiques qui minent le travail collectif. »

Il ne s’agit pas que de Sophia Chirikou mais de la plupart des cadres de LFI. J’attends d’Olivier Faure, chef du seul parti pour lequel je pourrais envisager de voter, une plus forte dénonciation voire une rupture de l’alliance.

 

Je maintiens donc mes souhaits, présentés depuis plusieurs semaines : il faut un gouvernement d’union pour éviter l’arrivée prochaine du RN, sur la base d’une partie du programme de la gauche vu qu’elle est arrivée en tête et qu’il est bien meilleur que celui des autres (voir mon billet d’hier) mais il faut qu’il soit dirigé par quelqu’un n’ayant aucune affinité pour LFI, donc pour le NFP.

 

En aparté, j’ajoute que les sympathisants de gauche qui s’expriment dans les réseaux sociaux doivent arrêter de mentir et de raconter n’importe quoi. Je suis tombé, cette nuit, sur une vidéo TikTok qui disait que le président de la République avait pour obligation constitutionnelle de nommer un premier ministre issu du groupe arrivé en tête aux élections. C’est faux. Cet imbécile parlait d’ailleurs des législatives européennes ce qui montre la faiblesse de son QI ou de sa culture politique.

Or, pour que les sympathisants arrêter de raconter des conneries voire de se bourrer le mou entre eux, il faut que tous les dirigeants de gauche décrètent une espèce de cessez-le-feu et redevienne sérieux. Au fond, il s’agit de la possibilité qu’ils pourraient avoir de mettre en œuvre la majorité de leur projet.

Il n’y a pas d’obligation Constitutionnelle. Il n’y même pas de tradition républicaine vu qu’une telle situation (sans majorité vraiment claire) ne s’est jamais présentée. Il y a seulement une question de bon sens : si on veut éviter de travailler avec le RN, il faut que les mouvements politiques arrivés en tête et qui sont indispensable pour arriver à une majorité absolue puisse voir un des leurs à Matignon.

 

Il reste à savoir si on peut éviter de travailler avec les élus du RN dans la mesure où ils représentent un tiers des citoyens. Et dans la mesure où une des composantes importantes de la gauche continue à avoir des positions basées sur l’antisémitisme d’une potentielle cible électorale, on peut bien se torcher le cul avec l’histoire du RN.

Depuis l'annonce de la dissolution, les députés LFI ont largement eu le temps de "calmer le jeu". Ils ont choisi de ne pas le faire. Il faut en prendre acte.