Voila
une des choses que j’ai écrites en mars dernier, dans un billet consacré aux
moyens de paiement sur ce blog : « rappelez-vous
de ce nom, Wero, qui
pourrait devenir la référence pour le paiement entre particuliers après avoir
été déployé pour le commerce électronique. » Malgré mes fermes
instructions, je l’avais évidemment oublié mais Wero a été officiellement lancé
cette semaine. Je disais aussi : « Le
portefeuille numérique d’EPI, dénommé « Wero », doit être lancé à grande
échelle en juin dans cinq pays (France, Allemagne, Pays-Bas, Belgique et
Luxembourg), en s’appuyant sur le Paylib français (la réponse des grandes
banques françaises à Lydia), apporté par ses actionnaires bancaires, mais aussi
le néerlandais iDeal et le belge Payconiq, rachetés par EPI. »
Ces braves gens semblent un peu en retard et nous leurs
pardonnerons mais arrêtons la théorie avec des mots qu’on ne comprend pas
forcément, surtout toi qui a une fâcheuse tendance à t’en foutre en étant
persuadé que tu n’es pas concerné par ces machins, oubliant qu’il y a encore
trois ans, tu jurais ne pas avoir besoin du paiement sans contact…
Tu ne devrais pas t’en foutre, d’ailleurs. Regarde-moi,
coincé à l’hôpital : des copains me font des petites courses et je suis
emmerdé parce que je ne peux pas les rembourser facilement parce que je n’ai
pas la possibilité de retirer des espèces. Un coup de Wero et je leur transfère
le pognon en saisissant leur numéro de téléphone dans l’application !
Avant, je faisais beaucoup d’achats par Internet et je suis
exaspéré d’avoir à saisir mon numéro de carte dans des sites marchands…
Exaspéré et un peu inquiet vu que je ne sais pas s’il est vraiment sécurisé. Un
coup de Wero, je saisis mon adresse mail ou mon numéro de téléphone dans le
site du commerçant et il refile la main à l’application pour faire le
paiement.
Enfin, je fais beaucoup de règlements chez des commerçants
avec mon iPhone avec le sans contact. Un coup de Wero, et l’application
prendra la main, par rapport à Apple Pay pour payer.
Wero regroupe ainsi trois fonctions : le transfert de
fonds de particulier à particulier, le paiement sans contact par téléphone
mobile et le paiement sur Internet. Vous
me direz qu’il n’y a rien de neuf et vous n’aurez pas tort ! Des millions
de gens font des transferts d’espèces avec des applications comme Lydia (mais
pas moi) et je ne compte pas ceux qui utilisent leur smartphone pour payer et,
évidemment, ceux qui font du « commerce électronique » avec leurs
cartes bancaires et les moyens de sécurité donné par leurs banques (utilisation
d’un numéro de carte virtuel dynamique, d’un cryptogramme tout aussi dynamique,
d’une validation par l’application et ses moyens pour authentifier les clients…).
Il y a néanmoins au moins trois nouveautés. Tout d’abord,
Wero a une vocation européenne et est destiné à devenir un des moyens de
paiement en zone euros. Wero est un service de l’Européan Payement Initiative
(EPI), une initiative de la Banque Centrale Européenne visant à concurrencer,
notamment, Visa et Mastercard et, en fin de compte, visant à remplacer les systèmes
nationaux, tels que CB par chez nous (les ambitions ont un peu baissé depuis la
création…). Wero utilise les moyens informatiques du « SEPA » et un
tas de machins existant déjà.
Ensuite, l’application chargée sur le smartphone (pour
initier les transferts de fond, faire les paiements sans contact ou
authentifier les clients en vente à distance) est directement celle de votre
banque. Il n’y a pas de transfert de numéro de carte et la sécurité est
garantie.
Enfin, il n’y a pas de tiers qui s’immiscent dans vos achats,
comme Mastercard, Visa, Apple Pay voire Lydia… Autrement dit, il n’y a pas de
guignols qui se gavent en commissions : tout le pognon reste dans votre
banque et celle du commerçant et ne va alimenter les caisses de multinationales
américaines !
Aussi minimes, voire symboliques, sont ces changements, et
aussi lent sera le déploiement à une part significative de la population, leur
arrivée dans nos habitudes est inéluctable !
Je viens d’ailleurs d’envoyer un Wero à Gilles S. Sauf
que, malgré le mail de ma banque, ça s’appelle encore Paylib dans l’application.
Ca m’évitera de lui « offrir » une bouffe pour le rembourser !
Je pourrai le faire pour le remercier et pour le plaisir !
Faudrait pas que ce machin se déploie trop, tout de même, avant mon départ en retraite, même si, quoiqu'on en dise, la disparition des espèces n'est pas pour demain.