14 novembre 2024

Donald in Paris ?


Quand j’ai vu que Donald Trump avait gagné l’élection présidentielle américaine et lu les commentaires des journalistes et des militants politiques, j’ai eu immédiatement une très bonne idée de billet pour ce blog : comment ces braves gens peuvent se tromper lors des analyses politiques et quels parallèles peut-on faire la France ?

J’étais content.

Mais j’ai trainé et mes confrères blogueurs politiques ont sorti leurs papelards avant moi (plusieurs blogueurs endormis en ont profité pour se réveiller, même El Camino ! Voir ma blogrolle), et écrire un peu ce que je voulais faire… Je vais me contenter de citer quelques exemples.

 

En préambule, je précise que je regrette cette victoire mais je n’ai jamais vraiment cru en celle de kamala Harris. Au début, je pensais que les gens allaient revoter pour Biden pour éliminer Trump mais papi a commencé à être gâteux et a été obligé d’abandonner sa campagne. Dès que j’ai vu qui était sa remplaçante, j’ai commencé à douter et ça a empiré.

Avoir cru jusqu’au bout à la victoire de la dame relève tout de même de la folie furieuse.

 

Avant de revenir aux USA, j’aurais voulu revenir sur deux erreurs d’analyse. En début de semaine dernière, Eric Ciotti, lors d’une interview, a déclaré que la défaite de Nicolas Sarkozy, en 2012, était due au fait qu’il n’ait pas fait campagne assez à droite. C’est évidemment faux : il a surtout perdu parce que les gens ne voulaient plus de lui, au fond ! Et la raison principale est qu’il a beaucoup parlé de sécurité, d’immigration et autres sans aboutir au moindre résultat autre qu’énerver les gens. En outre, c’est délirant de penser qu’un candidat de gauche ait été préféré à un type de droite parce que la politique de ce dernier n’était pas assez droite ! On trouve d’ailleurs la même erreur auprès des gens de gauche qui expliquent que la gauche a été virée, cinq ans plus tard, parce que la politique menée par elle n’était pas assez à gauche.

La deuxième erreur vient de Nicolas Sarkozy vient d’une espèce de conférence qu’il a donnée ce week-end où il a expliqué qu’on ne travaillait pas assez, en prenant les profs pour exemple. Je ne suis évidemment pas d’accord avec lui, mais la question n’est pas là ! Outre le fait qu’il se met à dos un électorat potentiellement très déçu par la gauche actuelle et qu’il s’est déjà vautré avec son « travailler plus » et qu’il parait encore plus ringard (en plus de passer pour un clown), il ouvre un débat sur un sujet qui n’est plus du tout une préoccupation des électeurs : personne n’interdit aux gens de travailler plus et de faire des heures supplémentaires si les employeurs le proposent et on ne va pas obliger les instituteurs à faire classe pendant 39 heures (c’est un métier épuisant, tout le monde le sait, et les élèves ne sont pas disponibles pour recevoir tant de leçons…). Il s’est enfermé dans une espèce de paradoxe : dire du bien des enseignants, souligner la pénibilité du travail mais dire « en même temps » que c’est une bande de fainéasses !  

 

Cela me rappelle les gauchistes au moment, au cours du quinquennat de François Hollande, le gouvernement voulait libérer le travail le dimanche. Ces ânes hurlaient comme des veaux en oubliant deux principes de base. La famille qu’on cherchait à protéger avec les limitations n’est pas un thème de gauche et ces limitations ont été mises en place pour permettre aux gens de participer aux offices religieux. Pas vraiment de gauche non plus. Surtout, le public concerné va se demander pourquoi une bande de couillons vivant aux frais de la princesse veut absolument les empêcher de travailler certains jours et de gagner plus de pognon.

Cette volonté de liberté « du peuple » nous rapproche des Etats-Unis avec l’autorisation du port d’arme. En France, on est majoritairement contre, évidemment, mais vu de la campagne des US, les braves gens ne veulent pas de contraintes, imposées par un état fédéral.

 

On a dit souvent que les sujets progressistes (pour ne pas dire wokes) des partisans de Mme Harris font fuir les électeurs et c’est probablement vrai. N’oublions tout de même pas que c’est pareil chez nous. Il y a un an, on faisait inscrire dans la Constitution la liberté d’interruption volontaire de grossesse alors qu’elle était déjà autorisée. Autant dire que ce la revient à pisser dans un violon (surtout que, si on peut changer nos textes fondamentaux dans un sens, on peut le faire dans l’autre) et donne le sentiment à des gens qui ont des problèmes (pouvoir d’achat, sécurité…) que les politiciens s’occupent d’âneries.

Je vais citer un seul exemple. Pour lutter contre le racisme (ou l’homophobie ou ce que vous voulez), les militants de gauche aiment bien des slogans comme « le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit ». C’est faux. Ce qui est délictueux est ce qui est prévu par la loi, comme l’incitations à la haine, les discriminations…

Mais en aucun cas, une opinion ne peut être un délit !

 

Les deux principales erreurs faites en commentant les résultats des présidentielles aux USA sont évidemment de ne pas imaginer ce que le peuple peut penser et de prendre les électeurs pour des demeurés (en se croyant évidemment plus intelligents). Je ne sais pas ce que pensent ou veulent les électeurs américains. Pour les français, j’ai déjà du mal mais on voit bien qu’ils rejettent les idées de gauche radical et celles de droite modérée.

On a tous de bonnes idées mais il faut arrêter de croire que l’on peut forcer les autres à les prendre à leur compte. Les débats politiques tournent autour de la taxation des riches, de la réforme des retraites, de l’augmentation du SMIC… Or les électeurs ne sont pas convaincus par l’idée de taxer les opulents (peut-être parce qu’ils espèrent le devenir ?). Ils ne veulent pas partir plus tôt en retraite (évidemment qu’ils ne vont pas répondre aux sondeurs qu’ils veulent travailler jusqu’à 65 ans !) mais d’avoir les moyens de passer une vieillesse heureuse. Ils ne veulent pas d’une augmentation du SMIC qui sera compensée, nécessairement, par de l’inflation et qui mettrait les petites boites en difficulté.

On peut toujours argumenter et trépigner mais cela ne changera strictement rien.

 

Il faut arrêter de vouloir que les électeurs s’adaptent à nos pensées et, au contraire, imaginer ce qu’ils pensent et faire avec. C’est ainsi qu’on a fait les grands progrès comme l’abolition de la peine de mort ou l’autorisation de l’IVG dont je parlais, pas par des effets de manche dans Twitter.  

 

Enfin, après l’élection de Trump, les frayeurs se sont exprimées. Evidemment que c’est un mauvais coup pour la lutte contre le réchauffement climatique mais n’oublions pas que, quand il était en poste, il n’a déclaré aucune guerre, contrairement à beaucoup de présidents de ce patelin, à d’autres époques !

Méfions nous des arguments que l’on donne en pature… Trump ne va pas laisser tomber l’Ukraine… et l’Europe.


N.B. : désolé, mais je n'arrive pas à mettre des illustrations avec le PC que j'utilise. Encore un bug ?

12 commentaires:

  1. Dommage tu aurais mis une photo de Donald devant la Tour Eiffel.

    Ton billet me rappelle un dessin que j'ai vu d'étudiants américains : "je ne comprends pas : on a passé deux ans à envahir des facs, à bruler des drapeaux d'Israel, à lutter contre la police raciste et contre les gens qui pensent que les filles sont des filles et des garçons des garçons. Et Trump est quand même passé".

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    1. C’est à peu près ça. Le pire est que ces andouilles arrivent à passer pour ridicules auprès des gens normaux de gauche.
      NJ

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  2. Si Trump est passé, c'est que les élections américaines sont mal organisées: Le vote des Français n'a pas assez été pris en compte!
    Quant au rôle de Trump sur l'augmentation de la concentration du CO2 dans l'atmosphère, le moins que l'on puisse dire est que sa première présidence est passée assez inapercue d'après cette courbe disponible sur Wikipedia: https://fr.wikipedia.org/wiki/Courbe_de_Keeling
    Va t il faire mieux la seconde fois ? Peut être que les électeurs américains ont voulu lui laisser une deuxième chance pour inscrire son nom dans les relevés atmosphériques de l'observatoire de Mauna Loa à Hawaï. Allez savoir, on ne sait jamais avec la démocracie et ce satané peuple!

    La Dive

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  3. Pourtant, sur la peine de mort par ex, les électeurs ont évolué suite à des décisions de politiques. Et c'est aussi cela qu'on doit pouvoir attendre des politiques, montrer la voie, quand évidemment la distance entre eux et nous n'est pas trop grande.
    Quant à Trump, c'est plus pour moi sa façon de faire de la politique qui m'inquiète, en mettant au pouvoir des Musk qui poursuivent un rêve (?) plutôt que l'intérêt général.
    Marc

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    1. On est d'accord.

      Ta première partie est vraie : les actions des politiques sont essentielles pour faire bouger les esprits. Tu cites l'abolition de la peine de mort. Plus récemment, il y a eu le mariage pour tous (j'étais contre mais uniquement parce que je suis contre le mariage...) qui a bien contribué à faire rentrer l'homosexualité dans des pratiques plus courante.

      Mais peu d'électeurs ont voté pour Hollande en pensant à ce truc...

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    2. Disons que les réformes sociétales me semblent les plus "faciles" à faire. Avec un vrai risque électoral, bien sûr.
      Résoudre les problèmes des français, c'est autre chose. Des sujets comme l'emploi, le pouvoir d'achat, les services publics, les retraites, l'international… Je ne sais pas s'il y a une solution à "tout ça". Surtout après des choix politiques lourds (avec lesquels j'ai un désaccord profond) et sur la durée.
      Mais je n'aime pas trop quand dans un bilan de mandat on met plus en avant une réforme sociétale. Une sorte d'aveu d'impuissance. On peut en retenir un certain courage politique, mais cela reste pour moi limité.
      Pourquoi les gens ont voté Hollande ? Je ne sais pas trop. Tout n'était pas à jeter évidemment dans le bilan. Mais je sais pourquoi je serai très circonspect à l'avenir.
      Marc

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  4. Trump a contribué fortement à armer l'Ukraine. Comme toi, je pense qu'il n'a aucun intérêt à laisser tomber l'Europe.

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    1. Ca me parait évident : il ne peut pas se permettre d'isoler son pays alors que d'autres, comme la Chine, deviennent de plus en plus puissants.

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  5. Qu’il est doux de réécouter les podcasts sur les élections US publiés avant les élections… n’étant ni pro Donald ni pro Kamala, c’est jouissif d’entendre des « spécialistes » se fourvoyer mais avec une prétention et une assurance sans limite.
    Le seul point positif de cette élection et que tu as republié et ça c’est une petite victoire

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    1. Je ne publie pas encore beaucoup... Ca va peut être revenir. J'ai déjà deux idées pour aujourd'hui.

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