04 décembre 2024

A gauche, l'unité est loin de faire la force !

 


Alors que l’on pourrait ne plus avoir de gouvernement, ce soir, avec la motion de censure, les discussions vont bon train autour du Président de la République et beaucoup pensent qu’il devrait démissionner. Pas moi et je l’ai dit hier. Certains pensent à la succession et à son organisation, comme Martine Tondelier, dont je parlais en début de semaine. Hier, elle a accouché, sous X, de : « « Le NFP a fait un peu plus de 28% aux élections législatives. Si on veut gouverner, il faut avoir plus de 50%. Donc nous n’avons pas le luxe de la division. » Je ne peux qu’appuyer les mots de @CastetsLucie dans cet entretien que nous avons donné pour l’appel Gagnons Ensemble ! »

C’est énervant car c’est faux et cela entraîne la gauche dans un mur. Toujours le même, d’ailleurs. On devrait la forcer à étudier chacune des élections présidentielles, depuis le début de la Cinquième.

Avant de faire un tour complet, prenons deux exemples autour d’une personne : Jacques Chirac. Il a gagné deux fois la présidentielle, la première en 1995, avec moins de 21% au premier tour et la deuxième en 2002, avec moins de 20% ! Ils sont où les 50% au premier tour, donc avec l’espèce de rassemblement espéré ? En 1995, il y avait deux candidats forts, à droite. Ils se sont bouffé des voix entre eux (et, en cumulant, ils n’ont fait que 40%, bien loin des 50). Cela n’a pas empêché Jacquot de gagner.

En 2002, la droite « de gouvernement » est arrivée à un total de 36, environ, dont 19,88 pour celui qui allait finir par l’emporter, dans les conditions que l’on connait. En aparté, s’il faut garder cet exemple en tête, c’est pour ne pas oublier, par contre, que les divisions du « camp socialiste » (avec les candidatures de Taubira et Chevènement en plus de Jospin) l’ont fait perdre. Ce n’est pas la présence des autres candidats de gauche (Mamère, Laguiller, Besancenot et Hue) qui ont abouti à la déroute même s’ils ont fait, au total, près de 19%.

Jacques Chirac passe maintenant pour un grand président alors qu’il a été très « mal élu ». Mais élu. Seul le résultat compte…

 


Chacune des élections, disais-je ? 1965 : de Gaulle est mis en ballotage par Mitterrand à la surprise générale. Le fait de ne pas atteindre les 50% au premier tour ne l’a pas empêché de gagner. Par contre, regardez bien le détail des résultats : au second tour, il n’a pas fait le plein des voix à droite.

1974 : l’union à gauche est faite. Le candidat qui en découle fait un score proche de celui de de Gaulle neuf ans plus tôt. Il perd tout de même. Il n’avait pas fait 50%, d’une part, et l’union a poussé dans le mur, d’autre part. C’est surréaliste de voir des cadres de partis politiques dire que la même stratégie est indispensable. La gauche a gagné la fois suivante, en 1981, alors que le programme commun avait fait plouf (Liliane, fais les valises !) et la gauche était à nouveau divisée.

1981 : déjà vu… Cela ét

2012 : franchissons le pas. La gauche est divisée : même les alliés du PS, EELV, présentent un candidat contre François Hollande. Cela n’empêche pas ce dernier d’être élu.

1969 : j’ai connu des historiques mieux ordonnés… La gauche est divisée, certes, mais, de toute manière, les deux candidats de droite cumulent près de 70% des suffrages. Aucun risque de perdre… (surtout en étant deux qualifiés au second tour…).

2007 : la gauche n’est pas unie mais ce n’est pas ce qui la fait perdre. Notons tout de même que le cumul des voix de gauche est vraiment très bas alors que le « grand » candidat de droite fait un très bon score (pas vu depuis 20 ans) au premier tour. A noter tout de même un phénomène : le centriste, Bayrou, les 20%. Il était bien à droite dans l’esprit des électeurs de gauche, qui n’ont pas oublié sa présence dans les gouvernements entre 1993 et 1997. C’est pourtant un tabou de dire qu’il a surtout recueilli des voix provenant de la gauche alors que la démonstration est pourtant simple à faire (mathématiquement, par exemple, il semble bien que plus de la moitié de andouilles ayant voté pour lui au premier tour ont choisi Royal au second).

 


Avant d’arriver à « l’ère Macron », notons tout de même que les deux fois où la gauche a piqué le poste à la droite, c’était surtout pour éliminer le représentant de cette dernière. Les gens ne voulaient plus de Giscard puis de Sarkozy…

Dans toutes ces élections depuis 1981, sauf 2007, on a aussi la « règle de l’alternance » : le président élu n’est pas du bord de la majorité parlementaire sortante. En d’autres termes, objectivement, on a plus de chances de gagner en étant dans l’opposition.

Toujours avant de continuer, rappelons le thème de ce billet : « l’unité ne fait pas la force ».  

 


Je ne vais donc pas insister sur les deux dernières élections. A noter quand même :

En 2017, il n’était pas impossible d’imaginer que Macron ait un fond à gauche. Il a gagné pour différentes raisons dont celle qui a fait que les électeurs de centre gauche ont voté pour lui au premier tour, ce qui n’est pas rien. Ne l’oublions jamais, tout comme le score de Bayrou en 2007. On nous a bien bassiné avec le « à 600 000 voix près » mais c’est une polémique de peine-à-jouir. Mélenchon aurait perdu au second tour face à Macron car une grande partie des électeurs ne pouvait pas le blairer. L’unité, à gauche, n’aurait strictement servi à rien vu que Macron s’affichait tout de même en dehors de la gauche. Et je me situe dans le camp macroniste, à cette époque. Je ne l’oublie pas, moi…

En 2022 permet d’assister à la mort (provisoire, j’espère…) des partis traditionnels. Mélenchon et ses sbires continuent à dire que si Roussel ne s’était pas présenté, il serait arrivé au second tour. Non seulement, c’est faux, je le sais, j’étais électeur de Roussel et n’aurais certainement pas voté pour Mélenchon, mais, en plus, ce dernier aurait perdu au second tour. Il y en a qui n’ont vraiment que ça à faire, de se branler la nouille.

Pour ces deux élections, on notera en particulier un manque de travail du parti socialiste, assez compréhensible en 2017 (au fond, on avait le « sortant ») mais totalement délirant dans les cinq ans qui ont suivi. La candidate de 2022, Hidalgo, semble avoir été parachutée et complètement abandonnée par le parti…

 

Avant de passer aux prochaines présidentielles, regardons rapidement les dernières législatives, avec les deux tentatives d’unité à gauche, la Nupes d’abord puis le NFP. Elles ont très certainement permis de gagner ou de conserver des élus à l’Assemblée mais la gauche n’a pas été capable d’avoir une majorité pour gouverner. Et si elle est arrivée en tête la dernière fois, ce n’est pas avec un score exceptionnel, elle n’a pas réussi à « avoir Matignon », étant dans l’incapacité de désigner un candidat tolérable par les partis qui auraient été nécessaire pour former une majorité absolue.

En d’autres termes, cette unité de façade (jusqu’à peu) derrière Castets est grotesque car cette dernière est estampillée « gauche radicale », proche des partis de gauche « non républicains et antisémites » (j’ai mis des guillemets : la question n’est pas de savoir ce que je pense mais de voir l’image qu’ils ont). Le bloc centriste rejetant LFI, elle est embarquée avec l’eau du bain…

 


Nous en arrivons aux prochaines élections présidentielles.

Au fond, elles pourraient avoir lieu peu après Noël si les membres du Conseil Constitutionnel sont saouls et si Macron annonce sa démission ce soir, à l’issue du vote de la motion de censure. Disons vers le 15 janvier… Et elles se tiendront au plus tard en avril ou mai 2027.

Il est évident que j’attends que le PS se mette au travail : les nouilles ont leurs limites. Il faut bâtir un projet qui plaise aux militants et qui soit susceptible de satisfaire les électeurs. Vous me direz que c’est probablement le cas mais le dernier projet soutenu par le PS, aux législatives, est issu du programme de LFI… Ensuite, il faudra trouver un candidat capable de porter ce projet. Cela ne servira à rien, évidemment, si le PS choisit l’unité chère à Tondelier.

 


Tout d’abord, on peut considérer qu’aucun candidat autre que Mélenchon, à LFI, n’est à même d’atteindre le second tour de l’élection. Dans les autres formations de gauche, auxquelles je reviendrai, il n’y a pas grand monde, non plus. Compte tenu de la répartition des cartes, Mélenchon serait désigné comme candidat du NFP (ou le candidat n’aurait aucun intérêt dans nos propos du jour).

S’il est au second tour auquel il ne serait pas opposé à Le Pen (ou Bardella), il ne pourrait pas gagner. N’oublions pas que « une élection se gagne au centre ». La plupart des électeurs voteraient pour le candidat duquel ils sont le moins éloigné. Sans compter que pépère est tout de même un repoussoir pour toute personne normalement constituée (si on vote pour lui, c’est, à la limite, par réflexe « de gauche »).

Ainsi, il ne pourrait gagner que face à Le Pen (ou l’autre machin). Compter sur un front républicain est cocasse et assez peu bandant… Et encore, il n’y aurait rien de sûr au niveau du résultat. C’est tout de même mémère qui a réussi sa dédiabolisation.

 

Je continue… Il est à peu près acquis que Le Pen sera au second tour. Il faudrait donc que Mélenchon arrive devant les autres, quel que soit leur nombre. S’ils sont deux (parmi les « gros »), disons Philippe et Wauquiez, la probabilité de les dépasser, surtout Philippe, est assez faible. Imaginons qu’ils soient trois. Philippe, Wauquiez et un socdem propre sur lui. Arriver devant les trois, pour Mélenchon, deviendrait possible. Le socdem prendrait des voix à tout le monde.

L’autre hypothèse à étudier serait que le troisième homme soit issu de Renaissance. Disons Attal. Le problème est que je ne sais plus trop quelle mouche enculer. Mélenchon aurait des chances.

Donc pour que Mélenchon puisse se qualifier pour le deuxième tour, il faudrait soit une concurrence interne à la gauche soit un sacré coup de bol avec des gougnafiers droito-centristes qui continuent à se foutre sur la tronche. Tout cela pour perdre au second tour ou gagner avec un front républicain improbable.

 


A ce stade, on se dit d’une part qu’il faut arrêter de jouer et d’autre part que l’unité ne mènera à rien sauf s’il y a une vraie division chez les adversaires. C’est une évidence mais je me demande bien pourquoi, à gauche, des lascars continuent à appeler à une candidature unique !

Il y a une variante à ces hypothèses qui pourrait faire gagner la gauche. Que le candidat socdem soit suffisamment fort pour être au second tour, c’est-à-dire soit devant Philippe, Wauquiez voire Attal. Je suis désolé mais il y a peu de personnes pouvant le faire.

 

Il faudrait peut-être essayer de ne pas l’oublier. Il y a plus de chance d’être au second tour si la gauche présente un candidat loin des insoumis puis de le gagner. Je ne vois pas comment on peut imaginer une autre chose quand on constate que l’unité n’a jamais payé, pour des raisons évidentes.

9 commentaires:

  1. le problème de la gauche s'appelle Melenchon : il effraye des tas d'électeurs, tu viens de le rappeler. Il est dans le TOP 3 des politiques les plus détestés je crois bien.

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    1. Oui mais c'est le seul atout de la gauche radicale... Grace à lui, ils peuvent exister. Que seraient les Panot, Boyard, Bompard... sans lui ?

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    2. rien et Melenchon est vieux. Le jour où il rendra l'âme, ils se lyncherons entre eux.

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    3. Ca sera l'occasion de rigoler...

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  2. Tiens un photo de narnar, c'est pour Henri?
    Merci pour ce résumé des différentes élections dont une partie que je n'ai pas connue, je n'ai qu'un peu plus d'un demie siècle. Dans tous les cas, avoir un président et pas de majorité (même si une dissolution consécutive peut amener un sursaut cohésionnel), ca ne sert pas à grand chose. En fait, les électeurs deviennent parfois incohérents entre deux élections même si séparées par peu de temps. Quant au PS, soit il explose en deux soit il reste le laquais du postillon en chef (rapport à l'attelage, pas au crachat)

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    1. Toutes les photos de Nanard sont pour Riton... Et rassure-toi, je n'étais pas né en 1965.

      Quant au PS, il vaut mieux qu'il exploser plutôt que de ne servir à rien...

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    2. la ce soir Boris Valaud a lancé un appel au bloc central. Il parle de "chemin méthodologique" à suivre et de sujets plutôt que de personnes. Il parait que Melenchon s'est barré de l'AN pendant son intervention au perchoir. Il semble que ça bouge enfin au PS. Mais que vont-ils faire avec la LFI qui a déjà dit que ce serait la fin du NPF (youpi). D'autres (cf l'article du monde posté dans FB) ont lancé des discussions dans l'assemblée : ça va peut être bouger.

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  3. Vous avez-vu, quand Cazeneuve est sur la photo avec pépère, la pluie cesse. Ce type a des pouvoirs extraordinaires!

    La Dive

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