Nous venons de tourner une nouvelle page de la vie politique
de notre pays, avec la nomination d’un nouveau gouvernement. Il est probable, d’ailleurs,
que les pages se succèdent assez rapidement. Pendant ce temps, les militants de
gauche semblent de plus en plus déconnectés. Par exemple, dans mon dernier billet,
je leur reprochais de balancer des critiques sur les ministères sans s’intéresser
au fond mais en tapant uniquement sur les personnes. Je prenais pour exemple
Elisabeth Borne et Manuel Valls, non pas parce qu’ils viennent de la gauche,
mais parce que ce sont deux anciens premiers ministres qui entrent au
gouvernement.
Par moment, il y a des fils qui se croisent. Je ne vois pas
le rapport, par exemple, entre l’arrivée de Borne au ministère de l’éducation
nationale avec le traitement de cette institution quand Valls était premier
ministre, sans évoquer que les ministres concernés des gouvernements Valls
avaient leurs propres responsabilités.
En commentaires, dans Facebook, un camarade qui reste sans
doute socialiste « dans le fond », disait « Principe basique que j’assume… darmanin, retailleau,
dati… ben. Faut juste assumer ne plus être ni de gauche, ni être social
démocrate… ce n’est pas sale, ça ne correspond pas à mes valeurs »
Je ne sais pas si tout cela est bien en français (le choc des savoirs a de l’avenir).
Pourquoi parler de Darmanin et de Retailleau (et de l’autre inutile) dans un
billet qui parle de Valls et de Borne ? Je n’ai jamais dit que j’appréciais
le virage clairement à droite montré par François Bayrou autour de ce qui
concerne la justice et la police. J’ai dit que je n’appréciais pas Bayrou et
que Macron a fait une connerie en ne nommant pas un premier ministre issu de la
gauche, sous-entendant assez clairement que les personnalités de gauche n’avaient
rien à foutre dans ce gouvernement.
Je dois avouer que la mise en opposition entre « de
gauche » et « social-démocrate » m’amuse beaucoup et est assez
significative de la dérive actuelle de la gauche radical qui fait en sorte que
toute la gauche se regroupe autour d’elle.
Surtout, je ne vois pas ce que le mot « valeur » a
à foutre dans ce bordel. Surtout que, comme il s’agit d’un commentaire sur un
de mes billets, je ne vois pas comment mes propres valeurs pourraient ne pas
être concernées…
Mes propres valeurs me font faire une autre équation, certes
toujours dans des tentatives de résolution de la quadrature du cercle. La
gauche devrait être occupée à démontrer qu’elle peut gouverner et qu’elle le
fait mieux que les autres. On peut penser, par ailleurs, que le centre gauche l’a
mal fait par le passé (même si ça se discute) mais il faut arrêter d’expliquer
aux électeurs que « nous » sommes mauvais, collectivement. C’est
ainsi que l’on perd assurément et c’est à l’encontre de mes valeurs que de
laisser monter la droite et l’extrême droite ! Or toutes ces andouilles
ont plus ou moins obligé Macron à nommer des types de droite tout simplement en
refusant tout compromis.
Mathilde Panot fait beaucoup de vidéos dans TikTok ces temps-ici
(un peu comme si elle voulait apprendre à améliorer son image devant une caméra)
et expliquait hier (je crois) que la gauche refusait de participer à une
coalition parce que dans tous les pays où l’extrême-droite était arrivée au
pouvoir, c’était par réaction à une coalition.
Ce n’est pas comme si, en France, Marine Le Pen et Jordan
Bardella n’étaient pas arrivés aux portes du pouvoir par leurs propres moyens,
revenant à un premier tour d’élections présidentielles à un moment où la gauche
radicale tapait sur la social-démocratie et manquant, ensuite, de peu la
majorité absolue à des législatives après une période d’alliance débiles visant
à couler le centre gauche.
Un peu de sérieux.
Il faudrait, maintenant, que les socdems et autres soclibs, et,
d’une manière générale, tous les gugusses qui se pensent de gauche (et donnent
des leçons à ce sujet) admettent qu’ils font une erreur en restant à proximité
de la gauche radicale avec son programme dont très peu de français veulent voir
appliquer et se lancent dans une psychanalyse (de comptoir, hein ! La
médecine ne passera pas par moi…).
Je suis d’une constance assez, heu…, constante. Depuis 2017,
je rappelle qu’une majorité des électeurs d’Emmanuel Macron vient de l’électorat
socialiste de 2012 et que c’est une erreur d’avoir tourné le dos à la
macronnerie au lendemain de l’élection. Les scores du Parti Socialiste aux
élections nationales, depuis, sont assez emblématiques.
Macron a pu se bâtir une majorité assez à droite, y
basculant de plus en plus après les scrutins suivant (2022 et 2024), jusqu’à la
nomination d’un premier ministre issu de la vieille droite. S’il est maintenant
acculé (toi-même !) et sera probablement obligé de nommer un type proche
du NFP dans les prochains mois, il est probable que celui-ci soit laminé par la
suite et que l’on finisse par avoir le Rassemblement National gagner haut la
main les prochaines élections.
Je ne comprends pas qu’on puisse se vanter être issu de ce
centre gauche et ne pas militer à fond pour sortir d’un gauchisme un peu radical
au profit de lascars venus de « chez nous ».
Aussi, l’argument « Dati, Retailleau, Darmanin,
gnagnagna c’est la droite » n’est pas satisfaisant quand on ne fait que
soutenir Mélenchon de l’autre côté en poussant à fond la gauche vers une
nouvelle défaite.
Je peux partager certaines de vos positions, et reconnais/subis les errements de certains, LFistes notamment. Mais il y a beaucoup plus de nuances à gauche.
RépondreSupprimerPour nous rassembler, le centre gauche ne peut pas nous mettre tous dans le même sac. Je regrette qu'il n'y ait pas eu d'inventaire du bilan de FH, afin de recoller certains morceaux, et j'attends toujours que les socs-déms s'adressent à nous.
* "balancer des critiques sur les ministères sans s’intéresser au fond"
Les syndicats enseignants se sont toujours intéressés au fond. Et le mien, le SNES-FSU, a selon moi eu très souvent raison sur ses analyses, mais sur un temps long. Une expertise qui nous est constamment déniée. Or des analyses et du temps, c'est ce qu'il manque le plus dans l'EN.
* "c’est une erreur d’avoir tourné le dos à la macronnerie au lendemain de l’élection"
Je pourrais comprendre, mais… E. Macron a été élu en mai 2017, et a annoncé mi-octobre sa décision de ne pas respecter la parole de l’État (!) sur l'application dans la Fonction Publique de l'accord (PPCR).
Il s'agissait de revaloriser (certes à la marge) les fonctionnaires, notamment pour de très petits salaires. Les soutiens d'E. Macron ont passé cela en pertes et profits.
Je ne suis pas de ceux qui délivrent des "certificats de gauche", mais je ne comprends toujours pas pourquoi nous sommes traités ainsi par des gens pour qui on a pu régulièrement voter.
Marc
Il y a beaucoup de nuances, à gauche, mais depuis la fin du quinquennat de François Hollande, tous ceux qui ne pensent pas comme Méluche&co sont montrés du doigt. Ce n'est pas le centre gauche qui met tout le monde dans le même sac, en fait, mais bien cette gauche radicale qui arrive à prendre pour droitiers tous ceux qui ne sont pas d'accord. Les socdems ont toujours pris en compte l'idée de "leur gauche", comme Hollande qui avait intégré la baisse du nucléaire (ce qui était une connerie mais ce n'est pas le sujet) ou la taxation à 75% des hauts revenus.
SupprimerQuand je parle de balancer des critiques sur les ministères (je voulais dire "les ministres"), je parle bien des personnes. Et je parle beaucoup de ce qu'on lit "dans la bouche" des opposants. Quel rapport entre la gestion par les ministre de Valls de l'éducation nationale et de sa capacité, actuelle, à gérer le ministère des Outre-Mer ?
Pour l'élection de 2017, je parle bien du lendemain. Du lendemain du premier tour. quelques mois après, Macron a commencé à prendre des mesures bien loin de la gauche (la flattax, la défiscalisation des heures supplémentaires, la fin de l'IVG...) mais cela serait-il arrivé s'il avait eu une large composante de gauche dans sa majorité parlementaire (plus de la moitié des députés, ou du moins de leurs électeurs, à vue de nez) ?
Ok sur à peu près tout. Pour ma part, je n'ai aucun doute sur la capacité des ministres récemment nommés à diriger un ministère. Malgré leur passé. Mais pour y faire quoi ? Incarner une union nationale ? Sur quelle base ? Et c'est là que j'ai des doutes sur F. Bayrou et M. Valls. Je trouve que pour eux, c'est trop tard.
SupprimerD'ailleurs en qualifiant ce gvt de "poids lourds", F. Bayrou met bien en avant les personnes et les symboles. Pas la ligne politique qu'ils devront mener. Mais peu importe tout ça. On perd du temps…
Pour la campagne d'E. Macron, dès qu'il a mis en avant la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires, et F. Fillon 600 000, je me suis dit que le sujet méritait mieux que cette course à l'échalotte. D'autant qu'à l'arrivée, je sais où on les supprime.
Tout cela présenté sous l'angle du pragmatisme, alors qu'il s'agit d'idéologie. Le pragmatisme aurait été d'expliquer comment on peut faire mieux avec moins. Ou alors faire accepter aux français qu'on fera moins bien. Mais on ne le dit jamais ainsi.
Marc
Ah t'as réussi à mettre une photo de Cazeneuve dont je pense qu'il s"'est fallu de peu qu'"il soit choisi si le psychodrame du choix de Bayrou existe vraiment. Après chapeau, si tu te farcis les vidéos Tiktok de Mathilde Panot...
RépondreSupprimerC’est mon sacerdoce.
SupprimerNJ
Billet intéressant comme toujours. Après la vraie gôche pensera toujours que tout ce qui n'est pas insoumi et un peu moins à gauche que les brailleurs de la bande à Panot est un norrible nazi :)
RépondreSupprimerBah ! Je m’adresse surtout aux non insoumis qui sont tombés dans le piège.
SupprimerNJ
la gauche qui ne sait plus s'il faut chier ou aller se cuire un oeuf n'est plus foutue de faire élire un président de son camp, et quand elle le fait elle s'empresse de le dézinguer vite fait, cf l'autre neuneu de hamon. c'est la politique du clic : tous les 6 mois un gouvernement, et hop on cancel. on imprime le bon de retour et on le fout dans l'urne. remarque ça crée de l'emploi dans la fonction publique comme dirait l'autre, donne droit à des trimestres de retraite en mode quadruple, sans compter les petites sucettes accordées aux pléthoriques anciens PM.
RépondreSupprimerau fait c'etait captainhaka
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