18 janvier 2025

Divorce prononcé au sein de la gauche ?

 


Ainsi, le PS a décidé de ne pas voter la censure et c’est une excellente nouvelle ! Je vais y revenir, d’autant que je n’ai pas vraiment écouté les justifications d’Olivier Faure et d’autres cadres du parti. Rien que voir les ronchonnements de Jean-Luc Mélenchon me met en joie. Je cite un de ses tweets : « Ceux qui ne voteront pas la censure qui suivra le vote du budget seront avec le Gouvernement et non plus dans l'opposition. Nous, insoumis, voteront la censure. Nous voulons que Bayrou parte et Emmanuel Macron aussi. Que le suffrage universel décide et qu'on arrête de perdre du temps avec cette comédie grotesque. Voilà notre objectif ! »

La menace…

Rappelons-lui tout de même que le suffrage universel a parlé et a désigné Emmanuel Macron comme président de la République et qu’il a choisi François Bayrou comme premier ministre ce qui est bien dans ses prérogatives. Que ça vous plaise ou non ! Je n’aime aucun de ces deux lascars mais « les urnes ont parlé ». En outre, on peut rappeler que la gauche aurait pu obtenir le premier ministère à l’issue des dernières législatives mais elle est a totalement refusé le jeu démocratique en refusant d’admettre qu’elle n’avait pas la majorité absolue et en tentant d’imposer une candidate qui n’avait rien à faire là.

 


Notons d’abord que le PS a obtenu quelques avancées. On pourra bien sûr juger que ce n’est pas assez mais c’est ainsi que fonctionnent des négociations. En l’occurrence : tu fais ça ça et ça et on ne te censure pas.

Le Rassemblement National avait fait l’erreur, avec Michel Barnier, de voter la précédente censure après avoir obtenu quelques résultats. Il a sans doute montré ainsi qu’il n’était pas encore un parti de gouvernement (la gauche est tellement lunaire que cela va sans doute changer).

Le PS a enfin redressé la barre, en montrant qu’il n’est pas seulement un parti d’une opposition dure mais inutile ! Mélenchon, cette andouille, n’a pas compris qu’être dans l’opposition, ce n’est pas de censurer tous les gouvernements mais aussi de négocier et, tout simplement, de ne pas voter des lois ! En fait, il l’a très bien compris mais pas que son discours ne « convaincrait » que quelques sympathisants.

 


A un moment, il faut voir ce que veulent les électeurs ! Ce n’est certainement pas d’avoir un gouvernement instable et un mépris des institutions au point de vouloir virer celui qui a tout de même été élu au suffrage universel !

En outre, on peut être persuadé de la justesse de nos propositions politiques mais il faut savoir ce que les citoyens entendent ! Je conseillerais d’écouter Pascal Praud. Je ne suis pas du tout d’accord avec lui mais il est écouté par des millions de gugusses qui sont périodiquement amenés à verser des bulletins dans l’urne… Le lendemain du non-vote de la censure, dans son espèce d’éditorial, il fustigeait Bayrou pour avoir accepté des propositions de la gauche qui ruineraient le pays et tout ça. Il ne faut pas oublier qu’il aura été écouté par tous les auditeurs d’Europe 1 et de CNews qui auront pour la plupart été convaincus (même si, évidemment et je me répète, c’est un ramassis d’âneries). C'est un peu ce que je dis dans mes billets au sujet des réseaux sociaux : les militants gagneraient beaucoup à éviter l'entre-soi et à ne plus écouter uniquement ceux avec qui ils sont d'accord.

En plus, voir Pascal Praud gueuler devrait provoquer chez tout progressiste normalement constitué une certaine réjouissance.

 

Toujours est-il que je suis persuadé que les citoyens attendent aussi une certaine stabilité… Ca peut se discuter mais si vous êtes sûr du contraire, je n’en ai pas envie.

 


Revenons à Mélenchon. Il a visiblement décidé qu’il serait le prochain candidat d’une gauche unie à une présidentielle qu’il voudrait anticipée. Il n’y a, derrière tout cela, aucun semblant de démocratie, aucun vote de militants… De la part d’un gugusse qui prétend que « le suffrage universel doit décider ». C’est cocasse.

Reprenez ses récents tweets. Par exemple, il y a peu, il s’en prenait violemment à François Hollande, Olivier Faure et au PS. « C'est au tour du ministre Lombard de le vérifier : le PS ne respecte aucun accord. Celui qu'il a conclu avec Hollande et Faure ne vaudra rien. Heureusement. La girouette votera la censure du budget car toute la gauche va l'y obliger. Au sommet et à la base. » On pourrait se demander pour qui il se prend à vouloir représenter toute la gauche mais le sujet n’est pas là… Pourquoi cite-il Hollande ? « Notre confiance est égale à zéro à propos de François Hollande et de son équipe. Il avait promis d’amnistier 1000 syndicalistes condamnés sous Sarkozy. Il n’a rien fait. Ni pardon, ni oubli. François Hollande est un menteur. Il nous a trahis et trompés. »

Ouh la la ! Je rappelle à Mélenchon que la gauche ne gagnera pas sans être rassemblée et insulter une grande partie d’entre elle n’aidera en rien.

 


Je ne peux m’empêcher de penser que si Mélenchon a choisi d’être à nouveau candidat c’est qu’il se rend compte maintenant qu’un autre candidat insoumis (ou proche) serait probablement battu par n’importe quelle quiche d’une autre formation de gauche. Rappelons-lui que les personnalités politiques de gauche préférées des Français sont, dans l’ordre : Roussel, Glucksmann, Ruffin et Cazeneuve (il n’y a qu’à droite qu’ils arrivent à avoir des gonzesses, dans ce classement, mais je suis hors sujet ; le résultat complet du sondage est par ailleurs ici).  

Objectivement vous iriez voter pour Panot ou Rousseau à une présidentielle ?

 

Le PS a ainsi parfaitement raison de se distinguer des fous furieux de la gauche radicale, ne serait-ce que parce que s’il ne le fait pas, il perd toute particularité. C’est presque un pléonasme et je le serine depuis longtemps.

3 commentaires:

  1. Voilà c'est une bonne chose : ils discutent enfin entre eux, et on annonce une méthode qui fait appel aux partenaires sociaux, le PS ne pouvait pas être contre. Après Melenchon pense qu'il est l'élu et gueule, c'est le bruit et la fureur. Rien ne va changer.

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  2. Pour une fois je suis entièrement d'accord avec toi. Il s'est bien trouvé un certain nombre de gugusses au sein du PS pour gueuler que si le PS ne censurait pas il se couperait du reste de la gauche. Je pense au contraire que c'est la bonne méthode. D'abord parce que par rapport à ce qu'il s'est passé depuis 2017 il y a une inflexion et que dans les avancées négociées il y a des trucs qui vont dans le bon sens (rediscuter ce problème de retraites, maintenir des postes dans les hostos et à l'éducation ce qui ne peut pas faire de mal), et aussi parce que majoritairement les gens en ont assez de l'instabilité qui dure depuis juin (et la décision débile de dissoudre) et qu'ils veulent pouvoir se projeter un tant soit peu dans l'avenir (au moins sur un an).
    L'alliance électorale à gauche en juin était la moins mauvaise solution à l'époque. Se détacher des éructations de Mélenchon et de sa clique est nécessaire. Les Insoumis font plus peur aux électeurs que Le Pen, et les 20% de Mélenchon à une présidentielle (avec un report des voix favorable pour cause de vote utile) sont son plafond maximum. Même s'il accédait à un second tour il ne gagnerait pas.
    Le PS n'est pas en mesure aujourd'hui de gagner une présidentielle non plus, mais il s'agit de permettre pour le moment de permettre au pays d'avancer, de se positionner comme un parti de gens "raisonnables" et de se positionner pour les échéances locales à venir (y'a des municipales bientôt). Et Faure l'a dit, ne pas censurer maintenant ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de censure. Si le budget penche beaucoup trop à droite il sera censuré. C'est une ligne d'équilibre que beaucoup attendaient.

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  3. Et merde je me suis pas identifié dans le commentaire précédent

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