17 janvier 2025

Faut--il abandonner des réseaux sociaux ?

 


Google « a annoncé qu’elle ne souscrit pas à l’intention de Bruxelles de rendre la vérification des faits obligatoire pour la modération des contenus publiés sur les plateformes numériques. » « En plus de Google, Meta a également annoncé la semaine dernière qu’elle mettait fin à son programme de vérifications des faits sur Facebook, Instagram et Threads. » (à lire ici). Denis, sur son blog, a fait un billet pour chacune des deux informations. Je suis assez d’accord avec lui contrairement à la plupart des utilisateurs des réseaux que je connais.

C’est sans doute les mêmes, d’ailleurs, qui défendaient la neutralité du net, il y a quelques années (le principe était que les opérateurs de télécommunication ne devaient pas intervenir sur le contenu des pages proposées aux braves gens). Ici, le principe est un peu équivalent : les opérateurs concernés (moteurs de recherche, réseaux sociaux…) ne me paraissent pas devoir fournir uniquement des « informations plus ou moins officielles » !

Il leur revient de mettre en œuvre ce qu’il faut pour rester crédibles… En français : si Google se met à fournir des résultats suspects, on ira voir ailleurs ! En tout état de cause, l’Union Européenne n’a pas à fournir des consignes pour cela, consignes qui pourraient aboutir à ne donner que des informations conformes à ce que souhaite « le camp du bien institutionnel ».

 

Il y a eu quelques temps une vague d’annonce de départ de Twitter pour différentes raisons comme la multiplication des fakenews ou une orientation franchement réactionnaire (du moins « muskidées »). Je crois que Ouest-France a été le premier grand média français à se barrer. Aujourd’hui, c’est la Voix du Nord ; dans d’autres domaines, on avait hier la ville de Paris ou l’université de Caen…

Je pense que c’est une erreur (sauf qu’ils n’ont sans doute pas de pognon à dépenser inutilement avec ces âneries). Prenons Ouest-France, ils quittent Twitter parce qu’il y a trop de fakenews mais, en arrêtant d’y diffuser des informations qu’ils jugent fiables, ils ne font qu’augmenter la proportion de fakes…

J’en parlais avec des copains blogueurs, récemment, qui estimaient qu’il y avait beaucoup plus de fakes dans Twitter que dans Bluesky (même si on a appris récemment que les sites de « désinformation » russe commençaient à pointer leur nez). C’est presque une erreur de calcul. Imaginons que dans la même période, Twitter (X) diffuse 100 informations que Bluesky qui en diffuserait 20. Si Twitter a 50% de fakes et Bluesky 10, pendant ce temps, Twitter aura diffusé 50 vraies informations et Bluesky 18.

Il n’y a pas photo : pendant longtemps encore, il y aura plus d’informations dans Twitter que dans Bluesky. C’est presque mathématique. Il reste maintenant, à l’utilisateur, de faire le tri mais c’est valable sur chaque plateforme.

 

Il faudrait, en parallèle (mais de quoi donc ?), voir ce que les utilisateurs font sur les réseaux sociaux. Il est probable que la plupart ne regardent pas les informations politiques mais suivent des stars, des clubs de foot… Moi, par exemple, je lis beaucoup ce que publient des personnalités politiques. Ils disent peut-être des conneries mais ce qui m’intéresse tourne autour des messages qu’ils veulent faire passer, pas des informations qu’ils tentent de donner et qui sont, par nature, militante, donc suspectes (prenez la réforme des retraites, certains disent qu’on n’a pas assez de pognon, d’autres qu’on peut en trouver mais, en fin de compte, cela reste subjectif).

Par ailleurs, comme je le dis souvent, les militants politiques tournent entre eux et font circuler des informations qui vont dans leur sens ! Quel est alors l’intérêt des autres ? Fakes ou pas…

 


Dans ses deux billets, mon confrère Denis évoque des informations, pas réellement des fakes mais des éléments qui pourraient infirmer les données officielles. Je ne suis pas d’accord avec lui (de fait, je considère que ce qu’il dit relève du fake) mais je lui reconnais volontiers le droit d’écrire ce qu’il veut. C’est à moi, « utilisateur final », d’évaluer la véracité des propos ! Certes, je circule depuis assez longtemps dans les réseaux pour mesurer la fiabilité de chacun (mais on n’éduquera pas – à la pratique internet, pas à la politique – les « utilisateurs moyens » en quelques minutes).

Par ailleurs, il faut voir les rapports que chacun peut avoir avec l’actualité. Pour ma part, je me fous à peu près de tout. Vous connaissez mes centres d’intérêt : la politique politicienne vue de la gauche, les réseaux sociaux, les moyens de paiement… autant de sujets que je peux traiter dans mon blog. Pour le reste, je me fous à peu près de tout. Vous me trouvez un ouragan qui dévaste Mayotte ou un incident qui détruit Los Angeles : je n’en ai rien à cirer. J’éprouve de la compassion pour les braves gens mais, au fond, cela ne me touche pas plus que cela et je soupçonne beaucoup de gens de verser des larmes de crocodile. D’ailleurs, le drame en Californie leur a rapidement fait oublier celui dans l’Océan Indien vaut mieux que deux tu l’auras. Ou alors ce qui touche l’Abbé Pierre (qui fait encore parler de lui aujourd’hui) m’amuse plus qu’autre chose vu que c’est une espèce d’icône tombée de son piédestal. La réaction de chacun des indignés est réellement très drôle !

La question est de savoir l’impact que peuvent avoir les fakenews sur les utilisateurs et, notamment, sur leurs choix au moment des votes (et là, on retombe dans mes centres d’intérêt gaiement énumérés ci-dessus). Je ne nie pas qu’il y en ait, sinon on ne parlerait pas de l’ingérence de Poutine, Trump, Musk et des trois petits cochons mais j’ai un sérieux doute. En d’autres termes, ce n’est pas les fakenews réactionnaires qui ont fait monter l’extrême-droite en France mais la connerie des formations politiques…

 

Parallèlement à tout cela, il y a eu, récemment, une annonce de Facebook au sujet de la modération… Dorénavant, les insultes homophobes, racistes et autres vont être permises. En fait, ça ne me dérange pas plus que cela. Je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit de traiter un connard de connard. Quand je suis insulté, je bloque l’abruti ou je le méprise et basta ! Je suis un peu soupe au lait quand j’ai bu et je le traite de connard. Meta fait la révolution dans Facebook pour autoriser un peu tout mais ça ne gêne personne que je sois traité de vieux dans Threads.

Pour les propos relatifs aux préférences LGBQImachin ou aux apparences ethniques, je comprends très bien que les gens concernés puissent être choqués. Il n’empêche qu’un système de modération ne peut détecter ce qui relève de la vraie insulte ou d’un caractère méprisant à ce qui ressemble à une simple vanne. Récemment, après être passé chez le coiffeur, j’ai diffusé une photo de moi et j’ai écrit en commentaires que je ressemblais à une vieille lesbienne cancéreuse… Cala n’avait rien de méprisant (je ressemblais effectivement à une copine gouine lesbienne mais avec, en plus, les traits tirés comme si j’étais malade). Le commentaire a été automatiquement supprimé.

Une autre fois, il y a bien plus longtemps, j’avais été banni de Facebook 24 heures parce que j’avais traité un copain de tafiole or, pour moi, tafiole signifiait « homme efféminé »  ou « peu viril » (ce qui n’est pas une critique) et n’avait rien à voir avec la sexualité (et quand bien même, ça ne serait pas une critique).

 


A un moment, il faut tout de même se rendre compte que la loi doit primer dans la restriction de la liberté d’expression (il y a des lois contre les discriminations, les incitations à la haine et j’en passe). On ne peut pas critiquer les IA qui nous envahissent dans tous les sens… et les applications qui ne veulent plus laisser des choix aux mains d’algorithmes foireux.

Sans compter qu’on ne peut pas défendre à la fois la liberté d’expression et prôner des limitations à celle-ci.

Vous pouvez le traiter de vieux, de gros, d’alcoolique… Est-ce une insulte ou la vérité ? Est-ce que la personne qui emploie ces mots le fait par affection ou par haine ? Il est par contre mensonger de prétendre que j’ai une cravate à chier vu que je n’ai plus de cravate.

 

Ca serait donc une fakenews dont personne n’a rien à branler. On y revient toujours.

6 commentaires:

  1. Avec ma "cravate à chier", qui remonte tout de même à 17 ans, j'aurais donc été un précurseur de la fèque niouse ?

    Gloire sur moi !

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    1. À l’époque ce n’était pas une fake news. Cela étant déféquer des cravates à chier…

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  2. oui tu as raison sur un point , faire la différence entre la vanne et l'insulte.Facebook ne sait pas le faire, ni évaluer le contexte des échanges. Mais ce que permet leurs nouvelles CGV ce n'est plus de l'humour, c'est permettre sous base de choix religieux d'injurier les homos. Je me demande quand les trolls muslims et évangélistes aux USA (et chez nous) vont s'emparer de ce nouveau droit en sortant leur livre saint et on ne pourra rien dire, ni les dénoncer. Ça ne te dérange pas, par ce que tu ne serai pas ciblé. Moi si, c'est un recul de 40 ans. Idem sur les femmes d'ailleurs dont on peut dénigrer les qualités avec les nouvelles sorties masculinistes de Zuck . Après je découvre que l'UE voulait que Google chasse les fake news, là ça va vraiment trop loin.

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    1. Les homos ne sont pas des icônes sacrées dont il serait sacrilège de se moquer, de discuter leurs éventuelles outrances, erreurs, etc. Vous avez voulu être traités "comme les autres", ce qui est parfaitement légitime. Eh bien, ce traitement égalitaire comprend, à côté de ses aspects positifs, la moquerie, la contradiction, voire l'injure. À plus forte raison quand on commence à s'exprimer publiquement.

      Même chose pour les femmes, dont les prétentions "intouchables" sont encore plus pénibles (parce qu'elles sont nettement plus nombreuses que vous...).

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    2. il y a une différence entre contredire et se moquer et menacer de mort, harceler.

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  3. * "on ira voir ailleurs" : la question, c'est le "on". Vous connaissez mieux le sujet que moi pour dire ce qui est souhaitable.
    Cependant l'utilisateur ne fait pas forcément le tri. Vous le savez bien. Le citoyen lambda est démuni/plus ou moins armé.
    * "ce qui touche l’Abbé Pierre" : c'est une façon de parler ?
    * "on ne peut pas défendre à la fois la liberté d’expression et prôner des limitations à celle-ci." : moi, je prône une limitation. La liberté d'expression de Trump, Musk et autres n'est pas la même que la mienne. Ce n'est plus une question de liberté, mais de pognon.
    Marc

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