Quand je fais des billets sur l’état de la gauche, les
réactions sont généralement assez rares et on tourne en rond. Nos camarades
militants préfèrent surfer sur une actualité démente ! Tenez ! On a eu
une catastrophe à Mayotte ce qui débouche sur un débat au sujet de l’identité
nationale et le droit du sol. Ils ont plongé dedans sans oser hurler, par exemple :
« mais quel rapport entre une catastrophe naturelle liée à un cyclone et
le droit du sol ? ». La droite a réussi à mettre en avant leurs
sujets de prédilection et la gauche bienheureuse et unie (heu…) se laisse avoir !
Nos amis gauchistes tapent sur leurs congénères qui n’ont
pas voté une censure dont personne ne veut et s’étonnent, ensuite, de passer
plus facilement à la trappe que dans les urnes.
J’ai commencé hier à revoir la saison 3 de Designated
Survivor. Notre héro entre en campagne pour les présidentielles américaines
sans être membre des deux principaux partis politiques. Il a des côtés
réactionnaires et d’autres progressistes. Les membres de son équipe ont réussi à
lui faire faire campagne contre le mariage des mineurs (certes marginal aux
Etats-Unis mais des cas se présentent, généralement pour des motifs religieux
comme des gamines qui « tombent enceinte » et dont les « communautés »
cherchent à normaliser la situation). On partage « évidemment » cette
position mais la directrice de campagne a fait une réponse assez juste :
les électeurs ne vont pas se déplacer pour voter pour un candidat voulant
interdire le mariage des mineurs mais pour éliminer un type qui veut supprimer
une de leurs libertés (qu’ils appellent surement « droits fondamentaux »)
en disant que ce n’est pas du ressort du pouvoir.
Ainsi, nos amis de la gogoche feraient mieux de s’interroger
sur les impacts des différents propos ! Au sujet de Mayotte, pour
reprendre mon exemple, ils devraient se demander quelle pourrait être la
réaction des électeurs indécis. Pour ma part, et je suis un indécis, j’aurais
tendance à refuser de voter des lascars qui approuvent un débat sur le droit du
sol en réponse à une catastrophe naturelle.
On a, en France, un problème : les électeurs qui se
détournent de la politique parce qu’ils n’y croient plus, que les vieux partis
ont fait des conneries et que sais-je ? Et on a une gauche « toxiquement
alliée » qui ne parle que de censure, qui ne rêve que de casser un
gouvernement… En oubliant tous les électeurs qui souhaitent, justement, que la France
redevienne gouvernée, sagement, calmement, par des politiciens responsables… Et
pas par des andouilles qui n’ont comme seul projet d’empêcher des mômes nés sur
le territoire de la République de devenir Français.
Cela nous amène au bilan de François Hollande, qui était au
centre de mon billet d’hier ! Il y a peu de réaction mais quand je dis que
pépère est le seul type de gauche à avoir fait gagner son camp, on me répond
que ce n’était pas la peine si c’était pour tenir une politique de droite. On
peut évidemment se demander qui définit ce qu’est une politique de droite. Ils
vont reprocher à Hollande, par exemple, d’avoir voulu déchoir de leur
nationalité française les terroristes avec double nationalité qui attaquaient
la France. On peut débattre sur le fait que ça soit de droite ou pas mais il ne
faut pas oublier le contexte : la France avait été attaquée et pépère voulait
un consensus national et, objectivement, a choisi un thème dont tout le monde
se fout mais qui est de bon sens.
Or, à force de communiquer sur le fait que ce n’est pas de
gauche, les gauchistes ont tiré à côté de la cible. Il fallait montrer une
union nationale et ces cons critiquent pépère en parlant de la nation, comme si
c’était un thème de gauche !
Vous allez me dire que je passe mon temps à défendre
Hollande mais ce n’est pas plus qu’hier le sujet de mon billet. J’appelle simplement
à plus de discernement dans certains analyses et propos… On pourrait parler de
toutes les actions d’Hollande mais je vais m’abstenir. Ces ânes ne veulent plus
de lui et rétorquent qu’il n’était pas de gauche quand je dis qu’il a réussi à
se faire élire. Sans doute préfèrent-ils directement Macron qui n’est, quant à
lui, officiellement pas de gauche. C’est surréaliste.
Alors, changeons carrément de sujet et venons-en à l’arrêt
de la chaîne C8 confirmée hier. Je vois des types de gauche se réjouir de la
cessation d’activité d’une chaîne avec une émission emblématique, populiste et
réactionnaire. Tant pis au passage pour les salariés qui seront virés. A
gauche, on a nos priorités !
Ils se réjouissent, donc, de la fermeture d’une chaîne plus
encline à défendre un projet trumpien qu’un programme mélenchoniste (sans que
ça les dérange, d’ailleurs, d’avoir des chaînes d’information publiques qui soutiennent
exactement leurs propres idées et sans s’inquiéter de la pluralité). Ils ne
pensent pas à l’impact de cette fermeture mais ne pensent pas du tout au public !
Les braves gens qui regardaient cette bouse n’ont pas commencé à voter à l’extrême
droite devant leur poste : ils se sont mis à voir cette chaîne quand elle
a commencé à produire cette émission réactionnaire. Nuance.
Maintenant, ils sont « orphelins ». La fermeture
de la chaine fera bien plus de mal « à la gauche » que ne l’aurait
fait son maintien.
Les fraudeurs d’Hollande n’ont pas persuadé les gens que la
politique de la gauche était mauvaise, ils ont juste apporté la preuve que les
politiciens de gauche sont incapables de s’entendre et de ne pas sombrer dans
le pire bordel imaginable ! Et le cirque continue depuis. La gauche a du
mal à dépasser les 30%.
Cette foire, en revanche, n’est pas récente. Je suppose que,
en 2002, des andouilles ont expliqué que Lionel Jospin n’était pas de gauche.
Certains ont dit que l’échec tonitruant est de la faute du premier ministre
sortant qui ne s’est pas adressé à sa gauche. D’autre ont dit que c’est de la
faute à Christiane Taubira et Jean-Pierre Chevènement. Personne n’évoque le mal
qu’ont pu faire les autres formations de gauche (le NPA, LO et Les Verts), ancêtres
de la gauche radical, qui ont recueilli 15% en tapant sur la gauche.
Au fait, Jospin, c'est pas le type qui avait ouvert le capital de France Telecom, d'Air France, privatisé le GAN, Thompson, du CIC et je ne sais combien de société d'autoroute, ratifié le traité d'Amsterdam, favorisé les intercommunalités... ?
C’est assez facile de pondre des tartines pour expliquer que
la défaite de Jean-Luc Mélenchon est de la faute à Anne Hidalgo ou Fabien
Roussel mais quand on tape sur le centre gauche, le seul résultat est que les
électeurs vont voir à droite.
C’est con, disais-je hier…
Les réactions des gauchistes asilaires à la fermeture de la chaîne de télé (dont j'ignore tout) sont exemplaires : ces dangereux abrutis ne prennent même plus la peine de cacher leur haine de la liberté.
RépondreSupprimerDe toute façon, quand on cesse de parler de LA liberté pour invoquer LES libertés, c'est signe que la liberté est en train d'agoniser dans un coin. Et que tout le monde s'en fout.
Pour la chaine en question, je pense être aussi ignorant que vous.
SupprimerPour LA liberté on est d'accord même si c'est moi qui parle de "une de leurs libertés" dans le billet (à un sujet autre que la chaîne). Mais c'est un vaste sujet (et surtout un vieux sujet) : je suis pour la liberté mais pas celle, pour les commerçants, de vendre le demi de bière ordinaire à plus de trois euros au comptoir dans des zones non touristiques...
Pour la chaine, c'est un peu différent, tout de même. Il n'y a pas de question de liberté à part celle de ne pas avoir respecté un contrat (le cahier des charges pour avoir le droit d'émettre sur une des fréquences de la TNT) : la chaine peut toujours émettre sur Internet et donc avoir des canaux de diffusion utilisable par les gens (tout comme, tous les deux, nous passons par Netflix voir Youtube pour regarder des trucs). Donc ceux qui critiquent la décision de l'Arcom validée par le Conseil d'Etat se trompent de sujet. Et ceux qui s'en réjouissent aussi : ce n'est pas une question de liberté d'expression qu'ils souhaitent limiter. C'est la TNT qui agonise dans son coin, pas la liberté.
Canal+ ou Bolloré (c'est pareil) vont développer une application qu'on pourra installer dans les télés pour qu'on puisse regarder leurs trucs en passant par "la fibre" et on n'en parlera plus : de toute manière, c'est l'avenir et la TNT est morte d'avance. L'Arcom n'a fait qu'accélérer un processus naturel. Et je n'ai jamais regardé autre chose que des films sur C8.
Donc, je reprends : c'est moi qui parle DES libertés dans le billet mais à un autre sujet que C8 vu qu'il n'a rien à voir et votre commentaire va m'obliger à réfléchir alors que c'est l'heure d'aller au bistro. C'est malin.
Le plus remarquable c'est le décalage avec le peuple de gauche sondé par les sondeurs sur des tas de sujets et ... en décalage avec l'élite de la gauche politique et militante , celle-ci étant en générale et a 99% bloquée dans des bulles de filtre.
RépondreSupprimerPour résumer : ils sont tous cinglés.
SupprimerMais moi, ça m’arrive de regarder tpmp, quand j’en ai ras la timbale d’écouter le "prêt à penser pour les incompétents”
RépondreSupprimerquelle que soit la chaîne d’info.
Et je n’ai pas honte de le dire, j’ai pris des fous rires à me faire mal au ventre. C’est complètement déjanté, et quand j’en ai marre, je m’en vais.
Hélène
Chacun regarde ce qu'il veut et il n'y a pas de honte à avoir. Si je dis que je n'ai jamais regardé TPMP (et je ne crois pas l'avoir dit), c'est surtout parce que je ne regarde jamais la télé ou presque.
SupprimerSurtout, je ne critique pas ceux qui regardent TPMP, au contraire, je dis qu'ils vont être orphelins.
J’ai bien compris le sens de ce que tu écris.
SupprimerEn fait je "parlais" à la cantonade, cad a ceux qui vomissent sur c8 et entre les mots sur ceux qui regardent la chaîne (donc pas à toi)
Hélène
Ouf ! Ce qui me fait rigoler, dans cette histoire, c'est qu'il y a des imbéciles qui ne regardent cette émission que pour pouvoir la critiquer. C'était le cas avec l'émission de Ruquier, le samedi soir, quand il avait des chroniqueur réactionnaire... On a des imbéciles qui regardent la télé en s'y faisant chier uniquement pour pouvoir taper sur la meute...
SupprimerPour ma part, je ne regarde que des trucs qui me plaisent (et comme rien ne me plait, c'est vite réglé).
Vous parlez souvent des victoires électorales de FH. C'est incontestable.
RépondreSupprimerEt dans le billet précédent, vous le dédouanez des déroutes électorales suivantes parce qu'il n'était plus aux affaires. Il est difficile de dire que le mandat de FH n'ait pas eu de conséquences sur la suite.
Sur la déchéance de nationalité par ex, vouloir "resserrer les rangs" est une chose. Mais je doute que ces mesures aient fait réfléchir les terroristes… De plus le prix à payer sur le plan politique était important.
Vous dîtes qu'il faut quitter les alliances "toxiques" avec l'argument qu'il ne faut pas perdre en route ses principes. Et je suis d'accord. Mais là…
Marc
Je reconnais volontiers défendre François Hollande mais il faut remettre les choses à leur place : l’influence de mon blog n’est pas suffisante pour que je puisse espérer convaincre la moindre personne qu’il pourrait être l’homme de la situation (d’ailleurs, je ne fais absolument pas campagne pour son retour, le seul type que je vois étant Cazeneuve mais le sujet n’est pas là).
SupprimerCe que j’espère, par contre, via de tels billets, c’est ouvrir une fenêtre de réflexion pour mes camarades de gauche. Tiens ! C’est un peu pour ça que je parle de Jospin en citant des « mesures de droite » qu’il a prise. Je n’ai néanmoins pas critiqué ces mesures. Ce n’est pas le sujet, ce qu’il faut, c’est prendre du recul : Yoyo pouvait bien privatiser ce qu’il voulait, il n’a pas jeté des services publics et il faut vivre avec son temps (les autoroutes sont à part compte tenu qu’elles nécessitent une infrastructure lourde et ne sont pas ouvertes à la concurrence mais le sujet n’est pas là).
Je reprends ton commentaire point par point. Tout d’abord, mon intention n’était pas de dédouaner Hollande des déroutes électorales qui ont suivi son mandat mais je pense sincèrement que c’est trop facile de les lui attribuer ! Ca fait 10 ans que ça dure, que l’on dit « c’est parce que la politique d’Hollande n’était pas assez à gauche ». Il est temps de tourner la page et de trouver d’autres raisons. Tiens ! Revenons à Jospin. Il est entré à Matignon (ayant été le principal acteur de la gauche) quatre ans après une déroute historique de la gauche. Quatre ans. Deux ans après la déroute, il se qualifiait pour le second tour (où il obtenait plus de 47% des voix). Nous sommes huit ans après une déroute de la gauche et on ne voit pas le bout du tunnel.
Sur la déchéance de nationalité, je n’ai pas parlé de resserrer les rangs mais d’unité nationale. Les mesures n’ayant pas été mises en œuvre, elles ne pouvaient pas convaincre les terroristes mais ce n’était pas le but. Le prix payé était parce que certains en ont fait un marqueur de gauche et en ont profité pour fusiller pépère…
Enfin, si je dis depuis 2022 qu’il faut quitter les alliances toxiques, c’est surtout parce qu’elles n’ont jamais fait gagner… Aux législatives de 2017, la gauche a fait un peu moins de 30% (au premier tour). Et 33 en 2024. Tu parles d’un progrès ! (en 1993, la déroute dont je parlais, elle était à près de 40).
Je ne vois que deux personnes pour représenter la France dans le nouveau monde qui se profile :
RépondreSupprimerGodefroy de Montmirail et Jacqouille.
Hélène