Dans son billet du jour, mon confrère Cincinnatus se met à la
place d’un nouveau premier ministre et imagine ce qu’il pourrait prononcer
comme discours de politique générale. Je dois avouer que j’ai imaginé beaucoup
de choses, dans mon blog (j’avais même présenté une « fausse candidature »
à une présidentielle) mais je ne m’étais jamais livré à un tel exercice. Et à
un tel billet, tout de même vraiment très long. A faire passer mes tartines habituelles
pour un ticket de métro.
Je suis bien souvent parfaitement d’accord avec lui,
notamment quand il parle de la République mais aussi de l’école (je parlais par
exemple dans mon blog, récemment, de ce que devaient être le brevet et le bac ;
je m’étais fait engueuler par les éternels pédagogues industriels ; Cinci,
dit la même chose que moi).
Je vais donc faire un billet pour expliquer ce en quoi je ne
suis pas d’accord avec lui ce qui devrait vous inciter à le lire avant mes
traditionnelles âneries… Mais je persiste : je suis totalement en phase
avec les principes généraux, notamment ceux qu’il énumère en début de billet et
qui concernent essentiellement les ministères de l’éducation nationale (ou de l’instruction
publique), de la justice et de l’intérieur
Et ne gueulez pas parce que je suis trop long, je n’ai rien
glandé dans ce blog depuis une semaine.
Commençons.
Le ministère de l’égalité territoriale
On ne peut pas installer tous les services publics partout
et il faut arrêter de vouloir faire croire aux gens qu’ils seront plus heureux
avec un bureau de poste à côté, bureau de poste où ils n’auront jamais besoin d’aller
d’autant qu’ils prennent leurs voitures pour aller à l’hypermarché le plus
proche.
Il faut tenir compte du type de service, de la population
cible (on ne va pas mettre un hôpital dans un bled de 1000 habitants, il serait
impossible de trouver du personnel) et donc du nombre de personnes dans un « bassin
de vie » et de la distance à parcourir (en kilomètres ou en temps)…
Pour les petites communes, on privilégiera des « maisons
des services publics » avec du personnel polyvalent (et formé…) permettant
d’assurer une grande partie des fonctions « de bureau » (de la
réservation du billet de train, aux fonctions de « France Emploi »,
la CAF…).
Dans ce contexte, il faut renforcer les intercommunalités
tout en supprimant quelques travers mais en arrêtant cette démagogie habituelle
et réfléchir, service par service, comment il doit être organisé et réparti
dans l’intercommunalité. Notre divergence, avec Cinci, n’est pas énorme mais il
dit, par exemple, que les communes doivent être « libres
de coopérer et de s’associer comme elles le souhaitent. » Certes,
mais encore faut-il définir un cadre légal et démocratique à ces associations
de communes pour éviter qu’un maire d’une petite ville se prenne pour un baron
et coupe les relations avec les voisins ou que celui d’une grosse commune se
prenne pour un duc et veuille tout régenter… Il y a par ailleurs, une gestion
des moyens financier (seules les grosses villes peuvent s’offrir une piscine
mais leurs habitants n’ont pas à payer pour subventionner des infrastructures
ouvertes aux habitants des patelins avoisinants.
Il applique un peu le même raisonnement aux régions.
Pourtant, par exemple, il n’est pas idiot que la structure publique gérant les
transports en région parisienne dépende… de la région ou que, Bretagne (ma
région de prédilection avec une géographie particulière) ait en charge les
transports intercommunaux.
Il parle par ailleurs de « retisser
le maillage ferré dense qui permettait à tant de territoires de vivre
décemment. » Un service public ferré ne peut être supportable
financièrement et écologiquement que s’il a suffisamment d’usagers. Si un
service public de transport est sûrement souhaitable, il faut arrêter de penser
que le rail est la seule solution ! Pour poursuivre cet exemple, rouvrir
les gares n’est pas souhaitable s’il n’y a pas de train et une maison des services
publics, telle que j’évoquais, pourrait rependre la partie « guichet ».
Le ministère de la Réindustrialisation nationale
Encore une fois, je ne suis pas en désaccord avec Cinci mais
il ne faut pas sombrer dans certains travers dont je parle régulièrement. Par
exemple, il ne faut pas oublier que moins de 15% des salariés travaillent dans
le secteur industriel et que seuls 30% des salariés travaillent dans des grandes
entreprises. Ce qui me chiffonne, au fond, c’est qu’on a plus de la moitié de
la population voire plus des deux tiers qui passent au travers de ces logique d’une
part de concurrence avec les autres pays et d’autre part de « défense »
(réservée essentiellement aux grandes entreprises).
Par ailleurs, il faut se mettre au clair avec les aides aux
entreprises. Sont-ce seulement des entreprises privées qui sont aidées et pour
des missions autre que de service public ? Est-ce, par exemple très gênant,
qu’un opérateur de télécommunication reçoive des aides pour élargir la
couverture des territoires en haut débit ?
Et, comme je le dis souvent, ne peut-on pas arrêter de dire
qu’il faut aider la production en France sans vouloir jouer sur les taxes et
autres cotisations des entreprises ? Je ne dis pas qu’il faut diminuer ces
machins ce qui pousse inexorablement à la baisse des services publics et de la
redistribution mais qu’il faut arrêter les raisonnements de zinzins.
Le ministre de la Justice sociale
Il s’agit essentiellement du ministère de la santé (et je ne
vois pas l’intérêt de l’appeler autrement, comme si on appelait le ministère de
l’industrie celui du redressement productif… ou de la réindustrialisation
nationale). Je suis un peu sec mas il me semble que la médecine de ville doit
être prioritaire (du moins, on ne peut pas avoir une idée des
dysfonctionnements des hôpitaux en se basant sur les propos scandalisés des
mères de familles – ou de pères, hein ! – qui n’ont pas réussi à faire
prendre leurs enfants grippés en urgence !). Je pense d’ailleurs que les
maisons des services publics dont je parlais devraient participer à l’aide à l’accès
au soin, au respect des parcours médicaux… (dans la limite du secret médical) ou
que des maisons « de la santé » soient créées.
Le ministre de l’Économie
J’ai seulement deux remarques, à la limite des bricoles…
« Pourquoi les dettes des
investisseurs privés devraient-elles être assumées par les contribuables ? »
On est bien d’accord… Mais d’une manière
générale, aucun investissement privé ne doit être financé par les impôts. Ca va
faire mal au cul mais c’est le cas, par exemple, des rénovations des logements.
Pourquoi, même au nom « du climat », les contribuables devraient payer
pour des travaux qui vont donner plus de valeur à un bâtiment privé ?
« La justice sociale
nécessite la justice fiscale. Et pour cela nous engageons une refonte profonde
des impôts et taxes afin de les rendre justes et compréhensibles. »
On est toujours parfaitement d’accord mais il faudrait donner des pistes… Le seul
à avoir fait des progrès, depuis longtemps, c’est un des gouvernements d’Hollande
qui a aligné la fiscalité du capital sur celle du travail et il est pourtant vilipendé
par nos gauchistes en herbe.
On va résumer : je suis d’accord avec environ 99% du
billet de mon confrère. Je n’ai donc pas parlé de nombreuses parties qui me
font rigoler uniquement parce qu’elles vont effrayer des gauchistes et des
réactionnaires.
N.B. : je ne suis pas d’accord, non plus, avec la GPA
mais le sujet ne me parait pas devoir être évoqué dans un billet de blog « général »
pour répondre précisément à son argumentation. Je suis contre le principe mais
je ne vois pas comment nous pourrions empêché les gens d’avoir des mômes à l’étranger
(avec des gonzesses « autres ») et de les récupérer en France après.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
La modération des commentaires est activée. Je publie ceux que je veux. On ne va pas reprocher à un journal de ne pas publier tous les courriers des lecteurs...