Dans la semaine, j’ai rapidement parlé de la fermeture de
C8, dans le blog, et j’ai fait en court billet au sujet de l’A69. Les deux
sujets ont le point commun de réjouir une partie de la gauche mais aussi celui
d’échapper totalement à mes domaines de compétences… Je n’ai, en particulier,
aucune idée des problèmes d’infrastructure routière dans le sud-est de la France
(à moins que ce ne soit pas à l’est, d’ailleurs, pour vous dire à quel point la
géographie du coin m’intéresse) et je n’ai jamais « vraiment »
regardé TPMP (je regarde moins de 10 films par an à la télé, il m’est donc
arrivé d’en voir sur C8 et d’assister à la fin de l’émission phare).
Cela n’empêche pas que les andouilles continuent de donner
leurs avis dans les réseaux sociaux ce qui a l’intérêt de me donner de la
lecture et de me documenter à ces sujets… Ce qui me frappe est que, comme d’habitude,
les militants en culotte courte ont tous une opinion tranchée et manquent totalement
de recul.
C’est particulièrement vrai, à gauche, il me semble (mais je
ne lis que peu de publication de droite). Il FAUT être pour la fermeture de C8
qui héberge une émission ostensiblement réactionnaire et populiste, propriété d’un
milliardaire magnat de la presse ayant des positions politiques totalement
opposées aux nôtres. Il FAUT être pour l’arrêt de travaux soutenus par un
gouvernement de droite et bénéficiant, financièrement, surtout à des
industriels des travaux publics bourrés de pognon.
Si je critique ce manque de recul (ou d’objectivité), et pas
seulement sur ces deux dossiers, je n’ai évidemment rien contre le fait d’avoir
des opinions fortes mais je regrette une argumentation qui balaie
systématiquement les points de vue des autres.
Au sujet de C8, il me semble (c’est un euphémisme) que la
vérité est que l’organise (l’Arcom qui a pris la succession du CSA) avait
attribué une fréquence de la TNT à C8 en fonction d’un cahier des charges avec,
notamment, des exigences de pluralité et que la chaine n’a pas respecté, malgré
des rappels à l’ordre et des condamnations, ces exigences. Le « retrait »
de la fréquence en est donc une conséquence logique. L’Arcom n'a pas décidé de
l’arrêt de C8 pour des raisons politiques (contrairement à ce que prétendent
les défenseurs de cette mesure… et les opposants). D’ailleurs l’Arcom n’a pas
décidé l’arrêt de C8 mais la suppression de son émission sur les chaînes de la
TNT. C8 aurait pu continuer à émettre sur d’autres canaux comme celles que l’ont
reçoit par le câble, avec nos abonnements à un opérateur ou par d’autres moyens
comme ce qui, au fond, représente surement l’avenir : la diffusion via une
application dans la télé, comme Amazon, Netflix, Disney machin et Apple truc.
C’est donc bien le groupe Bolloré qui a décidé de l’arrêt de
la chaîne et ce, probablement, parce que malgré des années d’existence, elle n’a
jamais atteint son seuil de rentabilité et perdait de l’argent.
Avant de rentrer un peu dans le détail au sujet de l’A69, je
vais rappeler ce que j’ai dit à ces deux sujets. Ils vont tous les deux énerver
les opposants aux décisions qui vont encore plus ce braquer contre les
institutions de l’Etat, le tribunal administratif d’un côté et les agences gouvernementales
de l’autre, ce qui ne pourra que jeter les braves électeurs dans les bras du
Rassemblement National. C’est un raccourci et je vous présente mes excuses mais
cela rejoint ce que je disais dans un récent
billet (le 20 février) : les électeurs ne vont pas se déplacer pour
des candidats qui prennent de bonnes décisions (ce n’est pas pendant) mais pour
voter contre ceux qui les font hurler et les privent de leurs libertés.
De regarder une émission distrayante ou de circuler comme
ils le souhaitent, en l’occurrence.
De fait, j’ai un de mal à exprimer mon opinion au sujet de
C8 contrairement à ceux qui braillent dans un sens ou dans l’autre. Le retrait
de la fréquence est probablement justifié et ce n’est pas une agence gouvernementale
qui a provoqué la fermeture de la chaîne mais les conséquences sur le paysage électoral
français pourraient ne pas être neutre. Sans compter que la gogoche me les
brise sérieusement en défendant la liberté d’expression uniquement de ceux qui
sont d’accord avec eux…
Venons-en donc à l’A69 et à ma compréhension du sujet, comme
je l’ai fait pour C8. Je suis néanmoins beaucoup moins à l’aise au sujet de cette
autoroute dans la mesure où j’ai horreur de contester des décisions de justice
(et je le dis souvent dans ce blog : on doit faire confiance à la
justice). J’en suis au point d’espérer que les recours contre la mesure
aboutiront pour pouvoir dire : on a eu raison de faire confiance à la
justice… Je parlais d’objectivité, nous y voilà.
J’ai par ailleurs un goût assez peu modéré pour la construction
d’infrastructures et surtout du progrès qu’elles apportent. Par exemple, je
roule souvent « à partir » du Centre Bretagne et j’ai le permis de
conduire depuis 40 ans, ce qui m’a permis de mesurer les gains avec les routes
qui « nous traversent », notamment vers Saint Brieuc, Lorient et
Vannes (pendant une époque j’habitais à Vannes et j’allais souvent à Paris, c’était
l’enfer en voiture) et aussi Rennes : la quatre-voie entre la capitale
régionale et les grosses villes de l’ouest, par le centre, est en cours de
finalisation ce qui, par ailleurs, devrait permettre de désengorger celles
contournant les trois villes que je citais.
Qu’on ne se trompe pas dans mes propos, je voyage surtout en
train et en car et n’ai donc pas grand-chose à foutre de ces routes. C’est
seulement mon bon sens qui parle !
Vers Castres et la ville de naissance de notre ancien
champion cycliste national (Laurent Jalabert, je ne parle pas de Bernard Hinault
qui doit aussi se réjouir du progrès des axes routiers autour de Saint Brieuc…),
la construction des infrastructures a commencé à l’issue de phases d’études
normale, d’enquêtes d’utilité publique, suite à la volonté d’élus. La décision
de l’arrêt, par le tribunal administratif, a été prise ensuite et ne porte pas vraiment
sur le fond mais sur le fait que « le projet ne répondait à aucune « raison impérative
d'intérêt public majeur » justifiant de porter atteinte à
l'environnement » ».
La décision est donc purement politique, sans peu de rapport
avec la justice (et foutant un coup de pied au cul à la séparation des pouvoirs,
en passant). On pourrait toujours négocier mais il n’en reste pas moins que c’est
sans doute une première en France.
On pourrait étudier les arguments des partisans et des
opposants mais, je me répète, je ne connais pas du tout la région. Il n’empêche
que les ouvrages d’art sont construits, que les travaux de terrassements et
tout ça sont déjà faits. Les dommages sur l’environnement sont déjà faits. Mais
je me demande si le tribunal avait bien toutes les cartes en main. L’arrêt de l’autoroute
se fera au détriment de l’activité économique dans la région concernée. Les
gens vont la déserter progressivement (l’exode rural n’a pas été faits en quelques
jours dans d’autres régions du pays) mais l’industrialisation de la région
toulousaine et son étalement urbain vont augmenter. Je salue bien bas les gains
pour l’environnement.
Ainsi, ma position n’est pas du tout tranchée mais je me
demande si la justice n’a pas pris une décision à moultes tranchants (du moins
si elle est confirmée). D’une part, il deviendra très difficile d’entamer de
nouvelles constructions. D’autre part, il revient à n’importe quelle andouille
de penser qu’elle aurait pu décider avant que les travaux soient largement
engagés et que sa lenteur est préjudiciable (j’ai oublié de mentionner le
pognon déjà dépensé et les braves gens qui se retrouvent au chomdu). Enfin,
elle est de nature à faire vaciller les défenseurs de l’Etat de droit dans la
mesure où elle se base expressément sur des critères politiques.
J’ai bien conscience de ne pas avoir repris ici les
arguments des opposants mais je voulais aborder ce sujet sur un aspect qu’on
voit peu.
Le tribunal a pris une décision qui ne devrait pas lui revenir et l’ARCOM n’a pas pris la décision qu’on lui reproche. Et la gauche l'a dans le dos mais les militants les plus radicaux se réjouissent de ces nouvelles. L'objectivité a, quant à elle, disparu.