02 mars 2025

C8 et A69 : quels numéros de cirque !

 


Dans la semaine, j’ai rapidement parlé de la fermeture de C8, dans le blog, et j’ai fait en court billet au sujet de l’A69. Les deux sujets ont le point commun de réjouir une partie de la gauche mais aussi celui d’échapper totalement à mes domaines de compétences… Je n’ai, en particulier, aucune idée des problèmes d’infrastructure routière dans le sud-est de la France (à moins que ce ne soit pas à l’est, d’ailleurs, pour vous dire à quel point la géographie du coin m’intéresse) et je n’ai jamais « vraiment » regardé TPMP (je regarde moins de 10 films par an à la télé, il m’est donc arrivé d’en voir sur C8 et d’assister à la fin de l’émission phare).

Cela n’empêche pas que les andouilles continuent de donner leurs avis dans les réseaux sociaux ce qui a l’intérêt de me donner de la lecture et de me documenter à ces sujets… Ce qui me frappe est que, comme d’habitude, les militants en culotte courte ont tous une opinion tranchée et manquent totalement de recul.

 


C’est particulièrement vrai, à gauche, il me semble (mais je ne lis que peu de publication de droite). Il FAUT être pour la fermeture de C8 qui héberge une émission ostensiblement réactionnaire et populiste, propriété d’un milliardaire magnat de la presse ayant des positions politiques totalement opposées aux nôtres. Il FAUT être pour l’arrêt de travaux soutenus par un gouvernement de droite et bénéficiant, financièrement, surtout à des industriels des travaux publics bourrés de pognon.

Si je critique ce manque de recul (ou d’objectivité), et pas seulement sur ces deux dossiers, je n’ai évidemment rien contre le fait d’avoir des opinions fortes mais je regrette une argumentation qui balaie systématiquement les points de vue des autres.

 

Au sujet de C8, il me semble (c’est un euphémisme) que la vérité est que l’organise (l’Arcom qui a pris la succession du CSA) avait attribué une fréquence de la TNT à C8 en fonction d’un cahier des charges avec, notamment, des exigences de pluralité et que la chaine n’a pas respecté, malgré des rappels à l’ordre et des condamnations, ces exigences. Le « retrait » de la fréquence en est donc une conséquence logique. L’Arcom n'a pas décidé de l’arrêt de C8 pour des raisons politiques (contrairement à ce que prétendent les défenseurs de cette mesure… et les opposants). D’ailleurs l’Arcom n’a pas décidé l’arrêt de C8 mais la suppression de son émission sur les chaînes de la TNT. C8 aurait pu continuer à émettre sur d’autres canaux comme celles que l’ont reçoit par le câble, avec nos abonnements à un opérateur ou par d’autres moyens comme ce qui, au fond, représente surement l’avenir : la diffusion via une application dans la télé, comme Amazon, Netflix, Disney machin et Apple truc.

C’est donc bien le groupe Bolloré qui a décidé de l’arrêt de la chaîne et ce, probablement, parce que malgré des années d’existence, elle n’a jamais atteint son seuil de rentabilité et perdait de l’argent.

 


Avant de rentrer un peu dans le détail au sujet de l’A69, je vais rappeler ce que j’ai dit à ces deux sujets. Ils vont tous les deux énerver les opposants aux décisions qui vont encore plus ce braquer contre les institutions de l’Etat, le tribunal administratif d’un côté et les agences gouvernementales de l’autre, ce qui ne pourra que jeter les braves électeurs dans les bras du Rassemblement National. C’est un raccourci et je vous présente mes excuses mais cela rejoint ce que je disais dans un récent billet (le 20 février) : les électeurs ne vont pas se déplacer pour des candidats qui prennent de bonnes décisions (ce n’est pas pendant) mais pour voter contre ceux qui les font hurler et les privent de leurs libertés.

De regarder une émission distrayante ou de circuler comme ils le souhaitent, en l’occurrence.

 

De fait, j’ai un de mal à exprimer mon opinion au sujet de C8 contrairement à ceux qui braillent dans un sens ou dans l’autre. Le retrait de la fréquence est probablement justifié et ce n’est pas une agence gouvernementale qui a provoqué la fermeture de la chaîne mais les conséquences sur le paysage électoral français pourraient ne pas être neutre. Sans compter que la gogoche me les brise sérieusement en défendant la liberté d’expression uniquement de ceux qui sont d’accord avec eux…

 


Venons-en donc à l’A69 et à ma compréhension du sujet, comme je l’ai fait pour C8. Je suis néanmoins beaucoup moins à l’aise au sujet de cette autoroute dans la mesure où j’ai horreur de contester des décisions de justice (et je le dis souvent dans ce blog : on doit faire confiance à la justice). J’en suis au point d’espérer que les recours contre la mesure aboutiront pour pouvoir dire : on a eu raison de faire confiance à la justice… Je parlais d’objectivité, nous y voilà.

J’ai par ailleurs un goût assez peu modéré pour la construction d’infrastructures et surtout du progrès qu’elles apportent. Par exemple, je roule souvent « à partir » du Centre Bretagne et j’ai le permis de conduire depuis 40 ans, ce qui m’a permis de mesurer les gains avec les routes qui « nous traversent », notamment vers Saint Brieuc, Lorient et Vannes (pendant une époque j’habitais à Vannes et j’allais souvent à Paris, c’était l’enfer en voiture) et aussi Rennes : la quatre-voie entre la capitale régionale et les grosses villes de l’ouest, par le centre, est en cours de finalisation ce qui, par ailleurs, devrait permettre de désengorger celles contournant les trois villes que je citais.

Qu’on ne se trompe pas dans mes propos, je voyage surtout en train et en car et n’ai donc pas grand-chose à foutre de ces routes. C’est seulement mon bon sens qui parle !

 


Vers Castres et la ville de naissance de notre ancien champion cycliste national (Laurent Jalabert, je ne parle pas de Bernard Hinault qui doit aussi se réjouir du progrès des axes routiers autour de Saint Brieuc…), la construction des infrastructures a commencé à l’issue de phases d’études normale, d’enquêtes d’utilité publique, suite à la volonté d’élus. La décision de l’arrêt, par le tribunal administratif, a été prise ensuite et ne porte pas vraiment sur le fond mais sur le fait que « le projet ne répondait à aucune « raison impérative d'intérêt public majeur » justifiant de porter atteinte à l'environnement » ».

La décision est donc purement politique, sans peu de rapport avec la justice (et foutant un coup de pied au cul à la séparation des pouvoirs, en passant). On pourrait toujours négocier mais il n’en reste pas moins que c’est sans doute une première en France.

 


On pourrait étudier les arguments des partisans et des opposants mais, je me répète, je ne connais pas du tout la région. Il n’empêche que les ouvrages d’art sont construits, que les travaux de terrassements et tout ça sont déjà faits. Les dommages sur l’environnement sont déjà faits. Mais je me demande si le tribunal avait bien toutes les cartes en main. L’arrêt de l’autoroute se fera au détriment de l’activité économique dans la région concernée. Les gens vont la déserter progressivement (l’exode rural n’a pas été faits en quelques jours dans d’autres régions du pays) mais l’industrialisation de la région toulousaine et son étalement urbain vont augmenter. Je salue bien bas les gains pour l’environnement.

Ainsi, ma position n’est pas du tout tranchée mais je me demande si la justice n’a pas pris une décision à moultes tranchants (du moins si elle est confirmée). D’une part, il deviendra très difficile d’entamer de nouvelles constructions. D’autre part, il revient à n’importe quelle andouille de penser qu’elle aurait pu décider avant que les travaux soient largement engagés et que sa lenteur est préjudiciable (j’ai oublié de mentionner le pognon déjà dépensé et les braves gens qui se retrouvent au chomdu). Enfin, elle est de nature à faire vaciller les défenseurs de l’Etat de droit dans la mesure où elle se base expressément sur des critères politiques.

J’ai bien conscience de ne pas avoir repris ici les arguments des opposants mais je voulais aborder ce sujet sur un aspect qu’on voit peu.

 

Le tribunal a pris une décision qui ne devrait pas lui revenir et l’ARCOM n’a pas pris la décision qu’on lui reproche. Et la gauche l'a dans le dos mais les militants les plus radicaux se réjouissent de ces nouvelles. L'objectivité a, quant à elle, disparu.