Marine Le Pen viennent d’être condamnée « à quatre ans de prison dont deux fermes aménagées sous
forme de détention électronique à domicile, à une amende de 100 000 euros,
ainsi qu’à une peine d’inéligibilité de cinq ans assortie d’une exécution
provisoire. » Les dépêches se suivent et on ne peut pas tout suivre.
Admettons qu’elle fasse appel, elle n’aura pas à purger sa
peine avant le prochain procès sauf qu’elle sera inéligible jusqu’au jugement
définitif. Ne nous projetons pas encore la présidentielle de 2027 mais si Emmanuel
Macron dissout l’Assemblée à nouveau (ce qu’il ne peut pas faire avant l’été)
et si le nouveau jugement n’est pas fait, Marine Le Pen ne pourra se présenter
à la prochaine législative.
Il n’y a pas que les dépêches qui se suivent, il y a aussi
les avis des uns et des autres, certains se réjouissant, les autres dénonçant
une décision inique…
Pour ma part, j’ai bien du mal à me fixer une opinion sur
cette histoire, partagé, entre, d’un côté, le bonheur d’assister au déboire des
adversaires politiques et la victoire de la justice et, de l’autre, l’assurance
que le camp du bien a encore perdu des points, que les électeurs vont
considérer Marine Le Pen comme un martyr, victime d’une justice « aux
ordres » et j’en passe.
En d’autres termes, je ne vais ni bouder mon plaisir ni reprendre
espoir pour l’avenir…
Je ne vais pas revenir sur les positions énoncées par les
milliards d’andouilles autorisées. Je pense que la justice (jusqu’à l’appel, du
moins) a confirmé qu’il y avait bien détournement de fonds ce qui a permis d’apporter
des moyens à la formation politique qui a pu en profiter pour améliorer sa perception
auprès des votants.
Je pense aussi que si Marine Le Pen est inéligible en 2027,
le candidat du parti sera Jordan Bardella et qu’il aura un argument de plus
dans sa sacoche (« l’ennemi tente tout pour nous éliminer et garder un
pouvoir dont ils n’ont profité que pour leur bien patati patata »), même s’il
n’a pas la popularité de son mentor. L’ironie du sort est que la sentence est
prononcée le lendemain d’un sondage qui donne Marine Le Pen a plus de 30% au
premier tour de cette présidentielle
En outre, Marine Le Pen, dans son rôle de martyr va pouvoir
pilonner la République, voter des censures et foutre un bordel monstre…
En revanche, elle peut aussi vouloir calmer le jeu, soutenir
– par défaut – le gouvernement pour ôter à Emmanuel Macron l’envie de dissoudre
et donc de conserver son poste de députée et profiter de la tribune qui lui ai
offerte en tant que chef de parti. Le RN peut aussi changer immédiatement de
stratégie pour prendre acte de l’impossibilité de Mme Le Pen d’être candidate
en 2027 (on verra l’appel plus tard…) et ne faire que semblant de suivre sa cheffe
historique (au fond, ils pourraient être nombreux à perdre des postes en cas de
dissolution).
Je vous présente donc mes excuses : je ne vais jouer
aux spéculations…
La seule chose qui m’intéresse est ce que devrait faire la
gauche pour en tirer les conséquences. Mis je suis fatigué : quoi qu’on en
dise, on va nous dire « vous faites le jeu du RN ».
Comme si l’élimination de Le Pen ne le faisait pas plus que
nous…
En plus, le titre de ce billet de blog ne veut rien dire.
Le titre du billet ne veut rien dire, mais il est amusant quand même ...
RépondreSupprimerLa Dive
C’est déjà ça…
Supprimermoi ce que je note c'est que c 'est un progrès : les élus qui profitent de leur mandat pour tricher/voler payent devant la justice. Dans d'autres pays plus avancés, cela n'aurait même pas eu lieu, chez eux les élus condamnés disparaissent de la chose publique. Chez nous ce n'est pas encore ça. Ailleurs en Europe, pas trop loin, la justice a même annulé un scrutin. Quelque part je me dis que l'état de droit tient bon. Les populistes vont couiner, la Russie a couiné, Orban a couiné.
RépondreSupprimerOn est d'accord. Et rien que de vois ces ânes couiner est un motif de satisfaction.
SupprimerCe qui est drôlatique, ce sont les propos qu'elle a tenu en 2013 sur l’inéligibilité à vie et en 2004 sur ces "élus qui détournent l'argent public". Une sorte d'antienne qui vire à l'arroseur arrosé !
SupprimerDes millions de voix ne justifient pas d'être au dessus des lois.
Denis.
Moi, je ne trouve pas qu'une condamnation sans possibilité d'appel soit un progrès. Vous me direz, qu'elle peut faire appel, mais l'effet immédiat de sa condamnation ne lui permettra pas de se présenter à l'élection présidentiel avant son appel. Si elle est relaxée en appel, sa candidature sera manquée de toute façon.
RépondreSupprimerJustifier que l'"exécution provisoire", qui en faite est immédiate, par des risques de récidive alors que Marine Le Pen n'est plus présidente de son parti ni parlementaire européenne est également difficile à justifier sinon par une motivation politique.
La justice est rendue au nom du peuple ... mais aujourd'hui j'ai envie de dire pas au mien.
Je vous prie aussi de croire que ma réaction serait exactement la même si c'était Mélanchon, ou Bayou qui était frappé de la même mesure.
Je suis par contre d'accord avec Denis qui parle de l'arroseur arrosé. Cette affaire montre les limites de la dédiabolisation. Quoiqu'il fasse, le RN est maudit pour sept générations. Pourquoi alors donner des gages vis à vis de l"état de droit" dans ce cas ?
La Dive
L'effet immédiat de la "condamnation mais seulement pour l'inéligibilité" permet de ne pas se présenter pour bénéficier d'une immunité (certes, pour Mme Le Pen, "quasi favorite" à la présidentiel, c'est fort mais pour le cas général, c'est logique...).
SupprimerCes braves gens votent des lois mais ne les respectent pas. Les décisions sont bien au nom du peuple qui élit des représentants pour voter des lois.
Pour le reste, l'inéligibilité est ballot puisque permet au RN de se poser en martyr. S'ils n'avaient pas été condamné avec ça mais uniquement le reste, ils auraient eu un atout en moins.
Bonsoir Nicolas, oui le titre tu as fais mieux.
RépondreSupprimerSur le reste, je te remercie de ton commentaire, et j'aime avoir qui me disent 'je ne suis pas d'accord'. Je ne parle de mon billet mais tu tiens, et en fait je n'ai pas de désaccord avec ton billet.
Tu restes sur les actes et sur les faits.
Par contre un truc important. Pour la gauche notamment. Attention, perdre ses ennemis et pire que perdre ses amis. Surtout quand on survit en étant contre quelque chose.
Je comprends que Melenchon n'ait pas envie de perdre son assurance vie :)
Bonne soirée
J’ai fait un autre billet pour parler de Mélenchon. En politique on n’a pas d’ennemi mais des adversaires. Lieu commun.
SupprimerSi on a des ennemis, c’est dans nos propres camps : ceux qui le font perdre.