25 avril 2025

Pourquoi le PS doit travailler ? Et sur quoi...


 

Pour rebondir sur mes précédents billets, j’en suis à un stade où je pense qu’il faudrait que le PS travaille plus sur le fond que les sujets qui buzzent. Au fond, je ne sais pas ce qu’il fait mais je vois seulement ce que la presse en dit… Faites l’exercice, cherchez « Parti Socialiste » dans Google News et vous tomberez sur des tonnes d’articles qui parlent des batailles de chef ! Il n’y en a qu’un qui m’intéresse parmi la cinquantaine de titres que j’ai pu lire, c’est le quatrième, du Huffington Post : « Au Parti socialiste, derrière les batailles intestines, l’absence de débat de fond ». Et s’il m’intéresse, c’est un peu parce que c’est le thème « sous-jacent » de mes récents billets.

J’te jure, c’est le hasard si je suis tombé dessus : je ne cherchais pas des informations sur le PS mais des listes d’articles susceptibles d’arriver aux oreilles du grand public. J’ai donc lu… Au début, le texte évoque les batailles d’égos (du moins, les chefs s’engueulent autour de la stratégie) mais, en suite, je retrouve tout à fait ce que je pense. Je vais citer une partie, pour l’exemple :

« « Le PS n’a pas de projet », reconnaît un cadre du PS proche de Boris Vallaud. Il explique : « Après le congrès de Marseille [en 2023], on a passé deux ans à se demander si on aime bien Jean-Luc Mélenchon ou pas. Pendant ce temps-là, on n’a pas bossé ». Il appelle son parti à « se retrousser sérieusement les manches » et à « arrêter les conneries ».

« Les gens ne savent plus ce que pense le PS »

[…]

Un sénateur […] raconte : « À chaque bureau national, [on parle] calendrier, alliances, tactiques... Concentrons-nous sur les Français, la stratégie viendra après ». Il aimerait que des sujets nouveaux, comme le numérique et l’intelligence artificielle, imprègnent le débat politique. Mais regrette : « On est dévitalisé. Aujourd’hui, les gens ne savent plus ce qu’on pense. Toutes nos discussions portent sur la stratégie, mais normalement c’est ce qui arrive à la toute fin ».

Le constat est d’autant plus terrible qu’en face, les Insoumis s’activent sur le fond. Ils ont présenté, en début d’année, une version réactualisée de leur programme l’Avenir en commun, qui comporte plusieurs centaines de mesures, alimentées par des auditions de chercheurs, d’associations, de syndicats... En 2022, si le programme de la Nupes s’était largement inspiré de celui de La France insoumise, c’est aussi parce que les socialistes n’en avaient pas à faire valoir. »

N.B. : par honnêteté, je précise que, si j’ai tronqué des morceaux, c’est parce qu’ils ne vont pas spécialement dans le sens de ma démonstration… Vous pouvez lire l’article au complet !

 


Le sénateur cité semble vouloir que le PS parle notamment du numérique et de l’intelligence artificielle. Il me semble que c’est ce que j’ai fait dans mes derniers billets. J’ai aussi parlé d’Europe, de sa construction progressive (dans un domaine que, d’une part, je connais bien et que, d’autre part, il n’est pas régi par les instances connues par les français : c’est celui des paiements numériques). Le PS devrait en parler ou, dans l’esprit du public, l’Europe restera ce machin qui définit la courbure des courgettes, comme disais Nicolas Sarkozy à une époque. D’autant que, maintenant, on parle surtout de la défense européenne or l’Europe, ce n’est pas que cela…

Parmi les sujets dont devrait parler le PS, il y en a deux qui me semblent importants : l’organisation territoriale de la République, ce qu’on appelle le millefeuille, et l’aménagement du territoire (ce n’est pas du tout la même chose) du point de vue de l’écologie.

Je vais tenter d’expliquer pourquoi je pense qu’il faut traiter ces deux sujets…

 


Le millefeuille territorial

 

Tout d’abord, rappelons que l’organisation actuelle est essentiellement issue de réformes lancée par la gauche au gouvernement, de la décentralisation à la Defferre à la réforme territorial d’Hollande. Ne pas défendre ce qu’on a fait équivaut à donner raisons aux opposants et à avouer qu’on a pris les mauvaises décisions. Excusez du peu (vraiment peu, d’ailleurs, je disais ça pour faire joli, je vais en venir à l’essentiel).

La gauche et la droite ont fait des conneries. Par exemple, la gauche a réformé le scrutin pour les élections départementales en tripatouillant un échelon, le canton, et y créant un délire, le fait de désigner un homme et une femme. Les cantons ne servent pas à grand-chose dans la mesure où leur étendue correspond souvent aux communautés de commune et autre EPCI, mais seulement à peu près. On a créé un découpage électoral qui ne correspond pas au « découpage organisationnel ». Je ne sais pas ce qu’il faudrait faire (supprimer les cantons, avoir un scrutin départemental par listes…). Corriger le bordel qu’on a mis en place est aussi nécessaire.

La droite a « décentralisé le RSA » (c’est les départements qui le payent) alors que c’est un des éléments de la solidarité nationale (défini par la loi de la République, tout comme le montant versé : il n’a rien à foutre dans les départements même si ces derniers ont en charge une partie de l’aide sociale). On peut aussi corriger le bordel voulu par les autres pour casser cette solidarité nationale.

 


En ces temps de gros déficits budgétaires, le gouvernement a beau jeu d’expliquer qu’une grande partie des dépenses sont dues aux échelons territoriaux mais ce ne sont pas eux qui provoquent les dépensent. Par exemple (à moitié inventé) : si l’UE impose de nouvelles normes de tri des déchets, les communes auront en charge leur mise en application. D’où leur déficit… En outre, elles « délèguent » généralement la gestion des ordures aux communautés de communes qui ont déjà mauvaise presse alors qu’elles me paraissent indispensables, justement pour gérer les sujets trop lourds pour les mairies.

Par ailleurs, on a souvent tendance à expliquer les surcoûts de ces échelons par les doubles emplois entre eux. Pourtant, ce qui  coûte cher, ce ne sont pas les gugusses dans les bureaux (même s’il y a des abus) mais la gestion de ce qu’elles ont en charge : l’entretien et la construction des routes, les lycées et autres écoles, les ordures et un tas de trucs (selon l’échelon considéré).

 

Il faut rétablir les vérités et sortir des schémas débiles entrés dans les esprits (surtout que les « vieux partis de gouvernement » gèrent souvent les échelons en question : on risquerait de tout perdre). Et ça ne coûte pas de rappeler à quoi sert la dépense publique…

C’est un sujet que je n’ai pas abordé depuis longtemps dans ce blog.

 


L’aménagement du territoire et l’écologie

 

Ca, c’est un sujet que j’évoque souvent. Récemment, on parlait de l’A69 et j’ai été jusqu’à faire un billet au sujet d’un lascar qui voulait transformer le périphérique en boulevard urbain. Au niveau de l’écologie, c’est douteux (mais chacun son avis, hein !) et au niveau électoral, c’est gravissime.

Il y a un volet dont je parle beaucoup mais plus dans Facebook que dans les blogs. Dans les programmes de tous les partis de gauche, il y a des passages sur les transports publics de proximité (c’est normal et très bien) mais on laisse entendre que la solution serait « le rail ». Et c’est ce développement du rail qui sort dans Facebook parce que la plupart des militants pensent que c’est un sujet central : réhabiliter les voies ferrées, multiplier le nombre de gares…

Il y a pourtant un certain nombre de problèmes. En premier lieu, il faut arrêter de croire que le train est forcément plus écologique que la bagnole. Les trains régionaux sont lourds et consomment beaucoup, il faut maintenir des infrastructures spécifiques. Le nombre d’utilisateur est nécessairement réduit parce que les gens continueront à préférer la voiture. C’est presque désastreux ! En second lieu, les gens n’en veulent pas. Il n’y a que très peu d’utilisateurs potentiels, surtout si l’on considère que des cars peuvent très bien rendre un service meilleur. Alors ils voient le développement du rail (« de proximité rurale ») comme une vraie gabegie et ils ont raison.

 


On parle souvent des territoires perdus de la République qui expliquerait en partie le vote pour l’extrême-droite mais on se plante complètement ! On peut alors tirer un tas de ficelles et multiplier les raisonnements ! Je n’ai pas besoin d’un magasin de bricolage accessible en train : j’ai Amazon pour commander les trucs dont j’ai besoin. Vous aurez beau tourner tous ces thèmes dans tous les sens. Tiens ! On veut maintenir des bureaux de poste alors que les gens vont dans les hypermarchés de la grosse commune d’à côté pour acheter de la bouffe… C’est délirant de penser que les électeurs peuvent voter à des élections nationales pour des bureaux de poste. Pendant ce temps, les communes de 50000 habitants ont vu leurs zones commerciales s’étendre, celles plus petites ont été obligées de construire les leurs et on arrive à la désertification des centres villes en expliquant aux gens qu’on veut leur faire prendre le train ! On marche sur la tête.

Et on leur tape dessus parce qu’ils achètent des cochonneries par Internet… Alors qu’ils n’ont pas le choix s’ils veulent vivre « comme les autres ».

 

Je n’ai pas de solution. J’ai bien de vagues pistes, comme tout le monde. J’imagine, qu’il faudrait des « maisons de services publics », améliorer ceux de livraisons des colis, aider les communes rurales à maintenir des commerces et les plus grosses à dynamiser leurs centres…

Arrêtons immédiatement d’expliquer que le salut viendra des gares et des trains, du maintien de bureaux de poste et tous ces artéfacts à chier.

 

Et la santé !

 

Mais pas des pieds.

C’est un des autres sujets que devraient traiter les partis politiques. En arrêtant de faire le buzz sur l’hôpital qui va mal (ça rime). Le domaine de la santé a un tas de problèmes mais il ne faut pas se tromper de combat. Peut-être que celui des urgences vient de la baisse de la médecine de ville et pas du manque de moyens. Peut-être que la baisse du nombre de soignants est expliquée par les progrès qui font que les hospitalisations durent moins longtemps. Peut-être que les toubibs ont trop de responsabilités (il faut six mois pour avoir un rendez-vous chez l’ophtalmo mais les visites durent 45 minutes parce qu’ils doivent faire un tas de contrôles alors que la plupart des gens veulent simplement avoir une ordonnance pour changer de lunettes…).

Le buzz génère souvent plus de mal que de bien ! Insister sur les problèmes pousse les gens à vouloir changer le système. Proposer de mauvaises solutions est encore plus désastreux. Et de toute manière, dans cinq ans, l’IA aura remplacé la moitié des toubibs : ça n’empêche pas que tout le monde veut en former plus.

 


Amen

 

La presse préférera toujours titrer avec les querelles de personnes qu’écrire sur les solutions proposées par les partis. Il n’empêche qu’en continuant de se foutre sur la gueule et oubliant de travailler pour montrer que les sujets sont maitrisés et que les solutions sont les bonnes, on n’est pas près de retrouver une majorité.

Il y a un tas de sujet ! L’Education Nationale. Je n’y connais rien. Mais arrêtons d’avoir pour principe qu’il faut éviter les groupes de niveau, les électeurs ne le comprennent pas et les progrès technologiques, comme l’IA, feront que l’enseignement sera adapté en fonction de chaque élève.

Alors travaillez ! On veut un projet de société, quelque chose qui tienne la route… Pas un catalogue de la Redoute d’idée qui font « de gauche ».

 

Qu’est-ce qu’on en a à foutre qu’un proche de Faure (Vallaud) se présente contre lui alors qu’ils finiront probablement par s’unir lors de la phase finale des élections internes ? Et qu’on espère qu’ils seront tous unis par la suite…

 

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