Pour rebondir sur mes précédents billets, j’en suis à un
stade où je pense qu’il faudrait que le PS travaille plus sur le fond que les
sujets qui buzzent. Au fond, je ne sais pas ce qu’il fait mais je vois
seulement ce que la presse en dit… Faites l’exercice, cherchez « Parti
Socialiste » dans Google News et vous tomberez sur des tonnes d’articles
qui parlent des batailles de chef ! Il n’y en a qu’un qui m’intéresse parmi
la cinquantaine de titres que j’ai pu lire, c’est le quatrième, du Huffington
Post : « Au Parti socialiste, derrière
les batailles intestines, l’absence de débat de fond ». Et s’il
m’intéresse, c’est un peu parce que c’est le thème « sous-jacent » de
mes récents billets.
J’te jure, c’est le hasard si je suis tombé dessus : je
ne cherchais pas des informations sur le PS mais des listes d’articles
susceptibles d’arriver aux oreilles du grand public. J’ai donc lu… Au début, le
texte évoque les batailles d’égos (du moins, les chefs s’engueulent autour de
la stratégie) mais, en suite, je retrouve tout à fait ce que je pense. Je vais citer
une partie, pour l’exemple :
« « Le PS n’a pas de projet
», reconnaît un cadre du PS proche de Boris Vallaud. Il explique : « Après le
congrès de Marseille [en 2023], on a passé deux ans à se demander si on aime
bien Jean-Luc Mélenchon ou pas. Pendant ce temps-là, on n’a pas bossé ». Il
appelle son parti à « se retrousser sérieusement les manches » et à « arrêter
les conneries ».
« Les gens ne savent plus ce que
pense le PS »
[…]
Un sénateur […] raconte : « À
chaque bureau national, [on parle] calendrier, alliances, tactiques...
Concentrons-nous sur les Français, la stratégie viendra après ». Il aimerait
que des sujets nouveaux, comme le numérique et l’intelligence artificielle,
imprègnent le débat politique. Mais regrette : « On est dévitalisé.
Aujourd’hui, les gens ne savent plus ce qu’on pense. Toutes nos discussions
portent sur la stratégie, mais normalement c’est ce qui arrive à la toute fin
».
Le constat est d’autant plus
terrible qu’en face, les Insoumis s’activent sur le fond. Ils ont présenté, en
début d’année, une version réactualisée de leur programme l’Avenir en commun,
qui comporte plusieurs centaines de mesures, alimentées par des auditions de
chercheurs, d’associations, de syndicats... En 2022, si le programme de la
Nupes s’était largement inspiré de celui de La France insoumise, c’est aussi
parce que les socialistes n’en avaient pas à faire valoir. »
N.B. :
par honnêteté, je précise que, si j’ai tronqué des morceaux, c’est parce qu’ils
ne vont pas spécialement dans le sens de ma démonstration… Vous pouvez lire l’article
au complet !
Le sénateur cité semble vouloir que le PS parle notamment du
numérique et de l’intelligence artificielle. Il me semble que c’est ce que j’ai
fait dans mes derniers billets. J’ai aussi parlé d’Europe, de sa construction
progressive (dans un domaine que, d’une part, je connais bien et que, d’autre
part, il n’est pas régi par les instances connues par les français : c’est
celui des paiements numériques). Le PS devrait en parler ou, dans l’esprit du
public, l’Europe restera ce machin qui définit la courbure des courgettes, comme
disais Nicolas Sarkozy à une époque. D’autant que, maintenant, on parle surtout
de la défense européenne or l’Europe, ce n’est pas que cela…
Parmi les sujets dont devrait parler le PS, il y en a deux
qui me semblent importants : l’organisation territoriale de la République,
ce qu’on appelle le millefeuille, et l’aménagement du territoire (ce n’est pas
du tout la même chose) du point de vue de l’écologie.
Je vais tenter d’expliquer pourquoi je pense qu’il faut
traiter ces deux sujets…
Le millefeuille territorial
Tout d’abord, rappelons que l’organisation actuelle est
essentiellement issue de réformes lancée par la gauche au gouvernement, de la
décentralisation à la Defferre à la réforme territorial d’Hollande. Ne pas
défendre ce qu’on a fait équivaut à donner raisons aux opposants et à avouer qu’on
a pris les mauvaises décisions. Excusez du peu (vraiment peu, d’ailleurs, je
disais ça pour faire joli, je vais en venir à l’essentiel).
La gauche et la droite ont fait des conneries. Par exemple,
la gauche a réformé le scrutin pour les élections départementales en tripatouillant
un échelon, le canton, et y créant un délire, le fait de désigner un homme et
une femme. Les cantons ne servent pas à grand-chose dans la mesure où leur
étendue correspond souvent aux communautés de commune et autre EPCI, mais seulement
à peu près. On a créé un découpage électoral qui ne correspond pas au « découpage
organisationnel ». Je ne sais pas ce qu’il faudrait faire (supprimer les
cantons, avoir un scrutin départemental par listes…). Corriger le bordel qu’on
a mis en place est aussi nécessaire.
La droite a « décentralisé le RSA » (c’est les
départements qui le payent) alors que c’est un des éléments de la solidarité
nationale (défini par la loi de la République, tout comme le montant versé :
il n’a rien à foutre dans les départements même si ces derniers ont en charge
une partie de l’aide sociale). On peut aussi corriger le bordel voulu par les
autres pour casser cette solidarité nationale.
En ces temps de gros déficits budgétaires, le gouvernement a
beau jeu d’expliquer qu’une grande partie des dépenses sont dues aux échelons
territoriaux mais ce ne sont pas eux qui provoquent les dépensent. Par exemple
(à moitié inventé) : si l’UE impose de nouvelles normes de tri des
déchets, les communes auront en charge leur mise en application. D’où leur déficit…
En outre, elles « délèguent » généralement la gestion des ordures aux
communautés de communes qui ont déjà mauvaise presse alors qu’elles me paraissent
indispensables, justement pour gérer les sujets trop lourds pour les mairies.
Par ailleurs, on a souvent tendance à expliquer les surcoûts
de ces échelons par les doubles emplois entre eux. Pourtant, ce qui coûte cher, ce ne sont pas les gugusses dans
les bureaux (même s’il y a des abus) mais la gestion de ce qu’elles ont en
charge : l’entretien et la construction des routes, les lycées et autres
écoles, les ordures et un tas de trucs (selon l’échelon considéré).
Il faut rétablir les vérités et sortir des schémas débiles
entrés dans les esprits (surtout que les « vieux partis de gouvernement »
gèrent souvent les échelons en question : on risquerait de tout perdre).
Et ça ne coûte pas de rappeler à quoi sert la dépense publique…
C’est un sujet que je n’ai pas abordé depuis longtemps dans
ce blog.
L’aménagement du territoire et l’écologie
Ca, c’est un sujet que j’évoque souvent. Récemment, on parlait
de l’A69 et j’ai été jusqu’à faire un billet au sujet d’un lascar qui voulait
transformer le périphérique en boulevard urbain. Au niveau de l’écologie, c’est
douteux (mais chacun son avis, hein !) et au niveau électoral, c’est
gravissime.
Il y a un volet dont je parle beaucoup mais plus dans Facebook
que dans les blogs. Dans les programmes de tous les partis de gauche, il y a
des passages sur les transports publics de proximité (c’est normal et très
bien) mais on laisse entendre que la solution serait « le rail ». Et
c’est ce développement du rail qui sort dans Facebook parce que la plupart des
militants pensent que c’est un sujet central : réhabiliter les voies
ferrées, multiplier le nombre de gares…
Il y a pourtant un certain nombre de problèmes. En premier lieu,
il faut arrêter de croire que le train est forcément plus écologique que la
bagnole. Les trains régionaux sont lourds et consomment beaucoup, il faut
maintenir des infrastructures spécifiques. Le nombre d’utilisateur est
nécessairement réduit parce que les gens continueront à préférer la voiture. C’est
presque désastreux ! En second lieu, les gens n’en veulent pas. Il n’y a
que très peu d’utilisateurs potentiels, surtout si l’on considère que des cars
peuvent très bien rendre un service meilleur. Alors ils voient le développement
du rail (« de proximité rurale ») comme une vraie gabegie et ils ont
raison.
On parle souvent des territoires perdus de la République qui
expliquerait en partie le vote pour l’extrême-droite mais on se plante
complètement ! On peut alors tirer un tas de ficelles et multiplier les
raisonnements ! Je n’ai pas besoin d’un magasin de bricolage accessible en
train : j’ai Amazon pour commander les trucs dont j’ai besoin. Vous aurez
beau tourner tous ces thèmes dans tous les sens. Tiens ! On veut maintenir
des bureaux de poste alors que les gens vont dans les hypermarchés de la grosse
commune d’à côté pour acheter de la bouffe… C’est délirant de penser que les
électeurs peuvent voter à des élections nationales pour des bureaux de poste.
Pendant ce temps, les communes de 50000 habitants ont vu leurs zones
commerciales s’étendre, celles plus petites ont été obligées de construire les leurs
et on arrive à la désertification des centres villes en expliquant aux gens qu’on
veut leur faire prendre le train ! On marche sur la tête.
Et on leur tape dessus parce qu’ils achètent des
cochonneries par Internet… Alors qu’ils n’ont pas le choix s’ils veulent vivre « comme
les autres ».
Je n’ai pas de solution. J’ai bien de vagues pistes, comme
tout le monde. J’imagine, qu’il faudrait des « maisons de services publics »,
améliorer ceux de livraisons des colis, aider les communes rurales à maintenir
des commerces et les plus grosses à dynamiser leurs centres…
Arrêtons immédiatement d’expliquer que le salut viendra des
gares et des trains, du maintien de bureaux de poste et tous ces artéfacts à
chier.
Et la santé !
Mais pas des pieds.
C’est un des autres sujets que devraient traiter les partis
politiques. En arrêtant de faire le buzz sur l’hôpital qui va mal (ça rime). Le
domaine de la santé a un tas de problèmes mais il ne faut pas se tromper de
combat. Peut-être que celui des urgences vient de la baisse de la médecine de
ville et pas du manque de moyens. Peut-être que la baisse du nombre de
soignants est expliquée par les progrès qui font que les hospitalisations durent
moins longtemps. Peut-être que les toubibs ont trop de responsabilités (il faut
six mois pour avoir un rendez-vous chez l’ophtalmo mais les visites durent 45
minutes parce qu’ils doivent faire un tas de contrôles alors que la plupart des
gens veulent simplement avoir une ordonnance pour changer de lunettes…).
Le buzz génère souvent plus de mal que de bien !
Insister sur les problèmes pousse les gens à vouloir changer le système. Proposer
de mauvaises solutions est encore plus désastreux. Et de toute manière, dans
cinq ans, l’IA aura remplacé la moitié des toubibs : ça n’empêche pas que
tout le monde veut en former plus.
Amen
La presse préférera toujours titrer avec les querelles de
personnes qu’écrire sur les solutions proposées par les partis. Il n’empêche qu’en
continuant de se foutre sur la gueule et oubliant de travailler pour montrer
que les sujets sont maitrisés et que les solutions sont les bonnes, on n’est
pas près de retrouver une majorité.
Il y a un tas de sujet ! L’Education Nationale. Je n’y
connais rien. Mais arrêtons d’avoir pour principe qu’il faut éviter les groupes
de niveau, les électeurs ne le comprennent pas et les progrès technologiques,
comme l’IA, feront que l’enseignement sera adapté en fonction de chaque élève.
Alors travaillez ! On veut un projet de société,
quelque chose qui tienne la route… Pas un catalogue de la Redoute d’idée qui
font « de gauche ».
Qu’est-ce qu’on en a à foutre qu’un proche de Faure
(Vallaud) se présente contre lui alors qu’ils finiront probablement par s’unir
lors de la phase finale des élections internes ? Et qu’on espère qu’ils
seront tous unis par la suite…
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